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faire des bottes de feutre que je t'envoye; cela te sera commode pour la voiture. Je t'envoye aussi l'épée du général Dumont. Adieu, mon ami, ménage-toi, je t'en supplie, et pense à nous. Je t'envoye une lettre que je te prie de lire; elle est du jeune Guibon que je t'airecommandé. Tu verras combien il désire seulement te voir: si tu veux le faire demander, tu le rendras bien heureux; tu trouveras dans sa lettre tous les renseignemens. Je te répète toujours la même chose, mais je sais que ton bonheur est de t'occuper de celui des autres, et tu ferais celui du père et du fils. Adieu, mon ami, je t'embrasse comme je t'aime.

CAROLINE.

J'oubliais de te parler d'une chose qui a fait un assez singulier effet. Ton courrier est arrivé au moment où j'allais monter dans le vaisseau, et le hasard fit que je rencontrai le courrier et lui parlai

moi-même. Je lui demandai s'il avait d'autres lettres; il me dit que non; de sorte que je dis aux Ministres qui étaient venus pour mes ordres, que tu n'avais écrit à aucun d'eux. Le lendemain ils m'apportèrent leurs lettres en me disant que le courrier m'avait trompée. On vou lait que je le fisse punir pour m'avoir menti à moi-même, bien sûre que cet ordre ne pouvait émaner de toi; mais je n'ai pas voulu, me réservant de t'en parler, afin que tu susses seulement qui dans tes bureaux a osé donner un ordre aussi inconvenant; car, mon ami, il est essentiel de savoir tout ce qui s'écrit, et comme tu ne peux prendre cette peine, il faut que je la prenne. Par exemple, Julien a dit que l'on avait pris tant de drapeaux, tant de pièces de canon, tant de prisonniers, et il n'en annonçait pas le quart de ce que tu me disais (1); de

(1) Le quart était sans doute plus juste.

manière que le lendemain, quand on a lu le Moniteur, on a démenti avec la lettre de Julien ce que j'y avais fait insérer d'après ta lettre. Cela fait un mauvais effet et ôte la confiance (1). Que ces messieurs annoncent les victoires, rien de mieux; mais qu'ils ne donnent pas de détails, qu'ils ne spécifient pas des nombres qui se trouvent soit en plus, soit en moins, en contradiction avec ceux que je puis recevoir de toi. Prends garde à ceci ; je n'en ai pas eu d'humeur, parce

que je suis bien sûre que tu n'as été pour

rien dans la conduite de ce courrier; mais c'est plus important que tu ne penses; fais-y attention.

(Sans dale.)

(1) Oui, cela ôterait la confiance, s'il en existait encore; mais depuis long-tems personne ne croit plus aux bulletins français.

No. VII.

La Reine des Deux Siciles à M. le Général

Belliard.

(AUTOGRAPHE)

Naples, le 17 7bre.

MONSIEUR LE GÉNÉRAL,

Je viens seulement de recevoir votre lettre qui me parle de l'arrivée du Roi à Dresde. Depuis il s'est passé bien des événemens, des victoires et des pertes, comme c'est l'ordinaire. La blessure du général Dumont va priver le Roi de ses soins, les vôtres vont lai devenir plus indispensables. Je le recommande donc de nouveau à votre zèle et votre attachement qui me sont si bien connus. Je vous prie, monsieur le Général, de modérer, s'il est possible, ce courage trop ardent qui doit l'exposer sans cesse, et encore j'y joindrai la demande de me donner souvent de ses nouvelles, car je ne puis me défendre de l'inquiétude que me cause

la connaisance de sa témérité. Je sais tout ce que vous avez déjà fait, par les Généraux Excelmans et Lamotte. Je vous les recommande toujours. Je sais qu'ils sont attachés de cœur au Roi et que l'on ne peut que bien faire en les remettant dans les bonnes grâces du Roi.

Je compte sur vous, monsieur le Général, et j'aime v ous renouveler l'assurance de mon constant intérêt.

CAROLINE.

N°. VIII.

La Reine des Deux Siciles à M. le Général Lanusse.

(AUTOGRAPHE.)

Naples, le 17 Sept.

MONSIEUR LE GÉNÉRAL,

J'AI reçu vos deux lettres; j'ai appris avec satisfaction votre élévation au grade de Général de Division. Je suis persuadée

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