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J'ai reçu la dépêche que V. M. m'a fait l'honneur de m'adresser le 23 du mois dernier, et qui est relative à une demande de 15,000 fusils. J'ai soumis cet objet à la décision de S. M. l'Empereur et Roi qui m'a précédemment prescrit de ne céder des armes aux puissances alliées que lorsque le prix de celles qui

ont été antérieurement fournies aurait été soldé. V. M. est informée qu'il n'a encore été rien payé sur la valeur des 10,000 fusils que j'ai mis l'année dernière à sa disposition.

D'un autre côté, je ne pourrais disposer pour l'armement des troupes des puissances alliées que de 6000 fusils

étrangers de bon service, qui existent à l'île d'Elbe et à Mantoue, et ce sont les seuls que je puisse mettre à la disposition de V. M.

Je prie V. M. de me faire savoir si, à défaut de fusils français neufs, elle cousentira à prendre ces fusils étrangers à raison de 21 fr. l'un.

Je suis avec respect, Madame,
De Votre Majesté,

Le très-humble et très-obéissant
serviteur,

Le ministre de la guerre, (Signé) LE DUC DE FELTRE.

N°. VI.

AS. M. le Roi des Deux-Siciles, la Reine.

de

(AUTOGRAPHE.

Mon ami, je t'envoye par les aidescamp du général Dumont le travail des ministres; j'ei pensé que tu serais bien aise que ce malheureux général

reçût cette consolation d'avoir près de lui ces jeunes officiers auxquels il s'intéresse, et qui le soigneront jusqu'à ce qu'il soit en état de revenir ou de te rejoindre. D'ailleurs, ils m'ont assuré que tu avais donné ton consentement et que c'était avec ta permission que le général Dumont les demandait. Je les ai donc laissé partir. Ils te remettront une boîte de jus de réglisse pour l'Empereur. Présente lui mes respects. Nous avons appris avec bien de la peine l'affaire du général Vandamme mais l'Empereur sait tout réparer et rien ne peut lui résister. J'ai lu, ou plutôt nous avons lu avec attendrissement ton rapport à l'Empereur. Mon ami, comment veux-tu que je sois tranquille! Je ne puis te dire combien je suis triste depuis quelques jours. Je ne puis me rendre compte du pourquoi, car j'espère ton prompt retour et la paix; cependant plusieurs choses y ont contribué. D'abord le long tems où

l'on est resté sans recevoir de détails sur la bataille; ton silence, la privation que tu éprouvais par la blessure du général Dumont; enfin mon voyage qui m'a rendue malade au point que, sans le ministre des finances (1) qui ne m'a pas quittée et a pris sur lui de donner les ordres pour mon débarquement, ce que je n'avais pas la force de faire, et que personne n'eût osé prendre sur soi, je crois que j'y serais morte. Le pauvre Monchelet en a été la victime; car en me voyant si faible, et n'ayant trouvé ni chevaux, ni voiture, il a voulu monter la montagne à pied, malgré une pluie affreuse, pour me préparer un bouillon dont j'avais grand besoin, et ce malheureux homme a pris une fluxion de poitrine, fièvre putride, maligne; bref il a été emporté en deux jours, avant, pour ainsi

(1) Le comte de Mosbourg dont on va lire une longue dépêche. La reine ne sera peut-être pas toujours aussi contente de ses soins.

dire, qu'on ait su qu'il était malade. Cela m'a frappé; il était depuis si longtems à nous et était un si brave homme, si zélé, que je n'ai pu me défendre d'une certaine impression de tristesse. J'ai presque regretté ce malheureux voyage qui depuis huit jours fait le bonheur des princes et princesses. Le prince royal a été avant-hier faire un tour de promenade dans le golfe sur le même vaisseau : il est revenu dans l'enchantement. Les princesses doivent y aller demain, et se promettent le même plaisir, avec Lucien qui est leur chevalier.

Je ne sais pas si tu reçois mes lettres, mais je t'écris bien souvent. Tout est parfaitement calme et tranquille, et je désire que tu le sois aussi. Ma santé n'est pas trèsmauvaise; celle de tes enfans est excellente. J'ai bien recommandé à Campomelle de t'envoyer tout ce dont tu pouvais avoir besoin. J'espère qu'il l'aura fait et que tu ne manqueras de rien. Je l'ai fait

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