Page images
PDF
EPUB

les brillantes journées des derniers jours d'août, auxquelles vous avez pris une part si glorieuse, me sont arrivées le 8 septembre, au moment où j'allais m'embarquer pour le petit voyage que j'avais projeté dans le Golfe; et c'est au bruit des salves que vous aviez ordonnées, que je suis montée à bord, heureuse de vos succès, et ce qui mettait le comble à ma joie, sans trouble et sans inquiétude sur votre santé. La mienne n'a pu résister long-temps àl'épreuve de la mer, qui bientôt est devenue mauvaise. Mes efforts pour en triompher n'ont pas réussi; et après avoir inutilement lutté contre le vent sur la côte de Sorrento, j'ai pris terre le soir à Castellamare, dans un état de faiblesse et d'épuisement dont je puis vous parler

sur les enveloppes. Comme cependant l'ancienne famille royale, encore en possession de la Sicile, conserve également, et avec plus de raison, le titre de Roi des Deux-Siciles, cela produit une singulière multiplication de cette île.

à présent que j'en suis bien remise. Le prince royal a été plus heureux dans la promenade que je lui ai fait faire, il y a deux jours, par le plus beau temps du monde, il est vrai. Le plaisir qu'il y a pris, n'a été troublé par aucune espèce d'indisposition. Ce sera demain le tour du prince Lucien et des princesses, et comme la mer promet d'être aussi belle, j'espère le même résultat de leur voyage. La duchesse de Corigliano était du mien; il n'y avait d'ailleurs d'étranger que le comte de Rohan-Chabot, chambellan de l'Empereur, jeune homme du caractère le plus doux et le plus aimable, mais d'une bien misérable santé, dont il est venu chercher ici le rétablissement.

J'ai fait, suivant vos intentions, chanter un Te Deum. Les réparations de la chapelle n'étant pas encore terminées, la cérémonie a eu lieu le 12 à Sainte-ClaireElle était noble et imposante.

J'envoie à V. M. le travail des ministres,

avec les états et rapports ordinaires, et quelques demandes particulières sur lesquelles vous aurez à prononcer.

J'y joins trois rapports de l'intendant général. Il établit dans l'un d'eux la nécessité d'une augmentation de 350,000 f. au fonds de réserve du budjet. Les deux autres sont accessoires et rentrent dans les dispositions du premier. Il est à souhaiter que V.M. veuille statuer promptement sur cette demande de l'intendant; car il est telle dépense, celle de bouche par exemple, sur laquelle je serais bien forcée de prévenir sa décision, ce qu'en tout je suis jalouse d'éviter.

Il est nécessaire aussi que vous veuillez m'indiquer sur quel fonds je dois assigner le paiement de 80,000 francs environ de dépenses faites pour votre service à Paris par Belleville. M. de Campomele, en me demandant de faire acquitter cette somme, réclame aussi le paiement de l'assignation mensuelle qui

lui est attribuée pour les frais de votre toilette; je lui ai dit de vous en écrire et j'attendrai votre consentement pour faire régulariser et liquider tout cela.

er

Les officiers français qui ont reçu l'autorisation de rester à notre service, commencent à s'inquiéter des dispositions du décret impérial qui, sous peine de déchéance, fixe le 1. janvier prochain comme terme de rigueur pour retirer les lettres-patentes. L'Empereur avait eu la bonté de ine promettre que les nôtres seraient affranchis du paiement de ces lettres. J'invite V. M. à profiter de sa situation auprès de S. M. T. pour en obtenir la confirmation de cette faveur.

J'ai déja reçu de M. Livron quelques rapports assez satisfaisans sur l'inspection dont je l'ai chargé; quand sa tournée sera faite, j'en mettrai les résultats sous les yeux de V. M.

Nous venons d'essuyer encore un vol assez considérable de deniers publics dans

la vallée de Bovino; quelques mesures ont été prises déja pour assurer les Procacci, mais je n'en suis pas satisfaite, et je m'occupe de leur donner plus de force et d'étendue.

J'avais demandé quinze mille fusils au duc de Feltre; je vous envoie copie de la réponse que j'en ai reçue. Ne pourriezvous essayer auprès de l'Empereur une tentative pour en obtenir? V. M. sait combien un secours de cette espèce nous serait nécessaire.

Mes dépêches vous sont portées par les aides-de-camp du général Dumont qui les appelle auprès de lui. Dans le vif intérêt que m'inspire son état, je n'ai pas cru le refus possible, et j'ai la confiance 'd'avoir pressenti vos intentions.

Naples, le 18 septembre 1813.

CAROLINE.

« PreviousContinue »