Page images
PDF
EPUB

N°. II.

A Monsieur mon frère S. M. le Roi de Naples, S. M. le Roi de Westphalie.

(AUTOGRAPHE.)

MON CHER FRÈRE,

J'apprends que tu arrives aujourd'hui à Vach; cela m'inquiète; depuis un mois suis dans une situation terrible. Dismoi ce qui en est, si je dois me replier; car je n'ai avec moi que 4 à 5,000 conscrits. Comment se porte l'empereur? Ne me fais pas attendre la réponse; tu con

cevras mon anxiété (1).

Je t'embrasse comme je t'aime.

Ton bon frère,

JÉRÔME NAPOLÉON.

Cassel, le 25 octobre 1813, à deux

heures après-midi.

furent même forcés de céder leurs chevaux à ces nouveaux venus. On voit combien peu ceux-ci en surent faire usage, et l'on ne conçoit pas quels services ont pu rendre des hussards qui, dans chaque charge, tom. baient de cheval.

(1) Afin que cette lettre lamentable n'inspire pas

N°. III

MORFONTAINE.

Le Sénateur Comte Ræderer, Ministre Secrétaire d'Etat du grand - duché de Berg, à M. le Comte Dumas, Général de division, Intendant-Général de l'armée.

Paris, le 29 septembre 1813.

Mon cher Général, j'ai reçu à Cher

plus d'intérêt qu'elle n'en mérite, il suffira de citer les traits suivans. Depuis le dernier printemps, on a fusillé des individus dans le royaume de Westphalie pour de simples propos. Lors de la première prise de Cassel, la citadelle était comble de prisonniers d'état, c'està-dire d'honnêtes gens amis de leur patrie, lesquels furent tous délivrés par les généreux soins du général Czernicheff. Pendant les quinze jours de sa dernière résidence, le roi fit repeupler la prison d'état d'un grand nombre de détenus; on n'eut cependant pas le temps de leur faire leur procès, et à l'approche des alliés, le chef de la gendarmerie Bongars les relâcha. A son second départ, le roi Jérôme ne laissa que les murs des châteaux de Cassel et de Brunswick; il enleva l'ameublement, fourni par le pays et épargné par le général ennemi. Toutes les troupes allemandes ayant

bourg la lettre que vous m'avez fait l'hon neur de m'écrire de Dresde le 18 août. J'ai voulu attendre, pour y répondre que je fusse à portée de faire la commission dont elle me charge près du roi d'Espagne. J'ai passé les journées d'avanthier et d'hier à Morfontaine ; j'ai lu à S. M. les six lignes où vous exprimez vos sentimens pour elle et vos vœux pour sa prospérité. Le roi y a paru fort sensible, et m'a chargé de vous en remercier. S. M. se porte fort bien; elle est engraissée depuis son séjour à Morfontaine. On y mène la vie que vous y avez vue: on déjeûne

quitté le ci-devant roi, quarante cuirassiers westphaliens de la garde du corps, par un excès de loyauté militaire, offrirent de l'escorter jusqu'au Rhin. Arrivés à Cologne, le roi Jérôme les renvoya non-seulement sans leur dire un mot d'adicu et sans rénumération quelconque, mais après les avoir dépouillés de leurs uniformes, armes et chevaux ; de sorte que ces braves gens, tous très-bien nés, et qui avaient dépensé leur propre argent au service, sont revenus auprès de leurs familles, sans le sou et dans le dénuement le plus complet.

1

dans quelque fabrique du parc, on chasse, on pêche, on navigue, on ne parle point d'affaires, on dîne, on joue au billard et on se couche. Le roi garde le plus sévère incognito pour tout le monde, et ne reçoit ni ministres, ni sénateurs, ni conseillers d'état, ni militaires, personne enfin. Vous sentez que sa position et l'absence de l'Empereur ont fait une sorte de nécessité de ce régime. La princesse Zénaïde est une petite personne toute ronde, toute formée, très-bien élevée, parlant avec beaucoup de raison et d'aplomb. On ne voit pas ce qui pourrait faire différer de lui donner un mari. L'autre est toujours grêle, mais spirituelle. Le Roi paraît s'accommoder de la vie privée; du moins y est-il fort à son aise, et comme s'il y était à son gré. Il a son ancienne aménité; la Reine toujours son tact, son coup-d'œil et sa raison assaisonnée de piquant sans venin.

Vous avez bien voulu me donner les

premières nouvelles de mon fils depuis sa captivité; cela m'autorise à vous en parler. Il m'a écrit du 19 juin. On se disposait à transférer les prisonniers dans l'intérieur : il espérait d'obtenir d'aller à Pétersbourg; mais s'il faut beaucoup prier pour cela, vous le connaissez, il ne le fera pas. Il se portait bien, recevait de l'argent que je lui faisais passer, mais jamais de mes nouvelles, ni de personne

de France.

Recevez, mon cher général, les tendres assurances de mon inviolable attachement et de ma haute considération.

No. IV.

RODERER,

A S. M. le Roi des Deux-Siciles, la Reine des Deux-Siciles (1).

(LETTRE DE CABINET.)

SIRE,

Vos lettres de Volnitz et Freyberg sur

(1) Nous conservons les titres tels qu'ils sont écrits

« PreviousContinue »