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pressions appartiennent à des troncs d'arbre, si les surfaces striées et les noeuds n'indiquaient pas que ce sont des roseaux. Ils sont remplis de la même substance qui les entoure ce qui indique qu'ils étaient creux lorsqu'ils ont été apportés (1) par les eaux, et remplis de matière minérale. Cependant dans quelques couches de houille schisteuse, on tr uve réellement du bois pétrifié : j'en possède des morceaux retirés des houillères de Cammerberg; ils pèsent vingt livres et plus.

Il est singulier que les impressions de coquilles soient si extrêmement rares dans la formation de la houille schisteuse. Je douterais même de leur existence, si je n'avois pas vu, ainsi que je l'ai déjà dit il y a peu de tems, une petite plaque d'argile schisteuse sur laquelle on remarque des impressions de muskulite et de

face verticale de la roche, comme quatre ou cinq troncs d'arbres verticaux de 9 à 12 pouces de diamètre, 5 à 6 pieds de long, non compris ce qui est encore enterré dans le grès, et éloignés de quelques toises les unes des autres : ils sont évidemment en place, et sans en être enlevés, ils ont été enveloppés par le dépôt du grès. Dans un endroit, on ne voit dans la roche que la concavité qui était occupée par le tronc; dans d'autres, la convexité du tronc est saillante audessus de la surface de la roche: il ne reste plus du végétal que l'écorce qui est convertie en une légère couche de houille ou bitume minéral; la masse du tronc est du même grès que celui de la carrière. Le grès, en se déposant peu à peu et par sédimens horizontaux, remplissait ces roseaux à mesure qu'il les enveloppaient.

(1) Ceux dont j'ai parlé dans la note précédente, ne paraissent pas avoir été apportés par des eaux ; leur position verticale et parallèle (entre eux), au milieu des couches. horizontales, semble indiquer le contraire.

tellinites. On dit également que dans les houillères de Wettin, il y a un endroit où l'on trouve des corps marins pétrifiés mais malgré les promesses qu'on m'a faites de m'en envoyer, je n'ai pu encore en voir.

Quelques personnes pensent que la houille schisteuse n'est autre chose qu'un bois et des plantes qui ont subi une simple transmutation; mais cela ne peut être : ils citent en preuve les troncs d'arbres pétrifiés que l'on trouve dans les houillères; mais ces personnes, M. Berolding entr'autres, confondent vraisemblablement les vrais houilles avec les bois bitumineux. Il paraît bien plutôt, que les substances végétales ont d'abord subi une fermentation qui a produit une substance huileuse, et que c'est cette substance qui dans la suite a formé les houilles : de cette manière on peut expliquer la formation de ces petites veinules de houille qui ont à peine une ligne d'epaisseur.

MM. de Charpentier et Werner (1) font mention de filons de houiile qui courent dans une pierre sablonneuse, en Lusace près de Wehrau : ces filons, un seul excepté, n'ont pas plus d'un demi-pouce de puissance. Comment du bois aurait-il pu pénétrer dans ces fentes étroites si auparavant il n'avait été dissous et converti en une substance huileuse et fluide. Au reste, il est à regretter que ces naturalistes, en nous instruisant de ce fait, n'aient pas decrit la variété de houille ou de bois bitumineux qui constitue ces filons.

Les masses pierreuses qui se trouvent dans

(1) Théorie des filons, §. 48.

les couches de houille et dont nous avons parlé paragraphe 8, ainsi que le schiste bitumineux, démontrent encore que les végétaux pour former la houille, doivent avoir été convertis en une substance fluide et déliée. Ces masses pierreuses sont une argile durcie qui passe quelquefois au genre siliceux; le schiste bitumineux est une argile imprégnée d'une plus grande quantité de matière bitumineuse, car il peut être employé comme combustible. Ces substances pierreuses sont d'un gris noirâtre foncé ; mises au feu, elles répandent une odeur de houille, et leur couleur devient blanche. On voit ici combien la substance végétale qui a formé la houille doit avoir été déliée, puisqu'elle est entrée dans la composition de pierres fort dures, comme vraie partie constituante et non comme mélange.

L'opinion de ceux qui regardent la houille comme ayant été jadis un bois bitumineux, et le bois bitumineux une tourbe, ne mérite aucune attention : c'est une idée du cabinet, qui est absolument l'opposé de ce que l'observation nous apprend ce sont les houilles qui sont de formation plus ancienne, les bois bitumineux et les tourbes de formation récente. On doit s'étonner qu'un homme, comme M. Beroldingen, qui avait tant vu et observé des couches de houille, de bois bitumineux et de tourbe, ait avancé et soutenu sérieusement cette idée. Ces trois combustibles fossiles ont été formés à. des époques si différentes, par des causes si dif férentes, et ils sont accompagnés de minéraux si différens, que quand bien même le chimiste, induit par une identité dans les produits, vou

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drait les réunir (les regarder comme une même substance), le géognoste ne pourrait y consentir la suite de cet ouvrage le fera voir. L'opinion dont je parle est exactement l'opposé de ce que nous voyons dans la nature, elle est aussi absurde que si l'on disait que le fils a engendré la mère, et qu'ensuite la mère a engendré la grand'mère; car la houille est ce qu'il y a de plus ancien, la tourbe de plus jeune, et le bois bitumineux est d'un âge intermédiaire. On a aussi voulu regarder les houilles comme du bois qui avait été carbonisé par l'action du feu: mais on n'a pas alors fait attention que le feu convertit le bois en cendres et en charbon, et que ce dernier n'est plus susceptible d'une transformation ultérieure. Mais la quintessence de tous les déraisonnemens (radotages, dit l'auteur) qui ont jamais été publiés sur cette matière, se trouve dans un livre intitulé (en allemand) : Description des plus anciens changemens du globe terrestre, et de l'origine volcanique des houilles et du basalte; Leipsick 1796. L'auteur anonyme regarde, pages 111 et 121, les houilles comme des déjections volcaniques, et il croit qu'avec le tems, les anciens basaltes et les laves, nommément celles du Vésuve et de l'Ethna (pag. 143), se convertiront en entier en houilles. Voilà qui est certainement bien fort!

S. XII.

De l'usage de la houille schisteusé.

De toutes les sortes de houille, la schisteuse est la principale et la plus utile; c'est celle qui,

dans la combustion, donne le plus grand degré de chaleur. Exposée à un feu doux, elle commence par s'y réduire en scorie, puis cette scorie se réduit en une cendre ou terre d'un grès rougeâtre.

Les houilles qui se boursouflent ainsi au feu, et commencent par s'y ramollir et former une pâte, conviennent principalement aux forgerons lorsque la pâte est tenace et visqueuse, ils poussent leur fer dessous, et il y prend bientôt le degré de chaleur convenable. Lorsqu'au contraire les houilles contiennent peu de bitume, qu'elles ne collent pas convenablement, elles ne sont pas propres au feu de forge, et l'on évite de s'en servir autant que possible.

Plus la houille est compacte, solide et brillante, moins elle s'enflamme aisément, moins elle brûle, moins elle se fond et moins elle colle; au contraire, plus elle est tendre, et plus elle colle, et convient aux forgerons, elle attaque moins leur fer (1).

Lorsque ces deux variétés se trouvent ensemble dans la même houillère, on fait bien de les mêler convenablement, l'une bonifie l'autre.

Au reste, si cette propriété de la houille de se fondre et de coller convient principalement aux forgerons, aux cloutiers, aux serruriers, maréchaux; elle est nuisible dans quelques autres usages que l'on fait de la houille. J'ai vu

(1) Ces deux variétés de houille, celle qui colle et celle qui ne colle pas, sont distinguées dans les départemens de la France, sous le nom de houille grasse et de houille maigre.

un

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