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peut le prendre pour une grauwacke, mais jamais lorsqu'on le considère géognostiquement, car la grauwacke est d'une formation plus ancienne; elle alterne avec le schiste argileux, elle est fréquemment traversée par des filons de quartz ou d'autre substance; ce qui n'est pas le cas du grès des houillères : celui-ci est en assises minces et alterne avec l'argile schisteuse et la houille.

Dans ses observations minéralogiques, sur un voyage à Carlsbad, M. Reuss dit, qu'en partant de Saatz, le pays s'élève à mesure que lesol devient de formation plus ancienne : qu'on marche sur la formation de grès, et sur celle des houilles qui y est renfermée, jusqu'à ce qu'on ait atteint le schiste micacé, puis le gneiss, enfin le granite, etc. Il ne peut être ici question que du grès appartenant à la formation des houilles, car les lits de bois bitumineux que ce minéralogiste désigne dans ses ouvrages sous le nom de houille (steinkohle), se distinguent à plusieurs égards, et principalement par leur peu d'ancienneté, de toutes les variétés de houille (1).

D'après la description détaillée et exacte de la couche de houille de Lischwitz près Gera,

(1) Voyez plusieurs autres exemples du gisement des houilles au milieu des grès et argiles schisteuses, dans un Mémoire de M. Duhamel fils, ingénieur en chef des mines, qui a remporté un prix proposé par l'Académie des Sciences de Paris (Journal des Mines, no. 8 ). On trouve encore un exemple circonstancié du même gisement dans la Description des houillères d'Anzin, no. 104 du même Journal. (Note des Rédacteurs.)

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et d'après le dessin qui y est joint, il paraît clairement que ce n'est qu'une couche de houille schisteuse de la plus ancienne formation, car on trouve, dans cet endroit, du grès des houillères, de l'argile schisteuse et de la houille schisteuse, placés dans l'ordre que nous avons indiqué dans les paragraphes précédens. Il paraît seulement que, dans sa description, M. de Romer s'est montré plus orictognoste que géognoste, car, séduit par les apparences, il a pris le grès des houillères pour de la grauwacke; l'argile schisteuse, pour schiste argileux secondaire, et la houille schisteuse, pour de l'anthracite, parce qu'elle ne brûlait que fort difficilement. Ces erreurs sont bien pardonnables, car son mémoire est si clair et si bien fait, que l'on voit bien qu'il est travaillé par un connaisseur, on s'y reconnaît à l'instant, ce qui n'est pas le cas de la plupart des ouvrages de ce genre.

M. Jars, dans ses Voyages métallurgiques, tom. 1, p. 188, dit qu'à Newcastle en Angleterre, «le nombre de couches, qui sont les unes sur les autres, est infini, mais qu'on peut les rapporter à trois ou quatre espèces qui sont répétées plusieurs fois ».

Parmi ces espèces, on reconnaît à la description notre grès des houillères et notre argile schisteuse (1).

(1) Voici comment il s'explique. « La principale et la plus abondante est une pierre de grain, qui varie par la couleur, la dureté et la grosseur du grès... On a un grès presque blanc qui se délite par lames assez minces et qui ressemblent parfaitement à un sable déposé par lit, et qui

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S. X I.

De l'origine des houilles schisteuses.

Il n'est guère permis de douter que la houille schisteuse ne doive son origine au règne végétal, quoique encore ici il y ait des opinions différentes. Green et Fourcroi (1) regardent les houilles en général, comme étant plutôt d'origine animale que végétale, et cela à cause de l'ammoniaque que l'on en retire. Il est très

s'est réuni en une consistance de pierre. On trouve quelquefois des impressions de plantes entre ces différens lits, et des couches du roc bleuâtre (c'est l'argile schisteuse) assez dur à travailler, mais qui se décompose à l'air : on les nomme platte et mettle... On rencontre ordinaiau-dessus et au-dessous de la couche de charbon, un lit de ce roc: on peut le mettre au rang des schistes...

rement,

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(1) Voici comme s'exprime M. Fourcroi, (Système des Connaissances chimiques, tom. 8, p. 24): «La plupart » des naturalistes regardent la houille comme le produit » d'un résidu des bois enfouis et altérés par l'eau et les >sels de la mer. On rencontre souvent au-dessus du char» bon de terre des plantes et des bois en partie reconnais»sables, et en partie convertis en bitume charbonné. Il » paraît que c'est à la décomposition d'une immense quan» tité de végétaux marins et terrestres, et à la sépara» tion de leur huile unie à de l'alumine et de la matière cal>> caire, qu'est due sa formation. On ne peut pas nier que » des matières animales n'entrent aussi dans sa composi» tion. . . . . . Il faut observer que l'ammoniaque fournie » (dans la distillation) en assez grande quantité par la » houille, favorise l'opinion de son origine animale, puis» que, comme on le verra ailleurs, les corps qui appar» tiennent à cette classe de composés, donnent toujours de » l'ammoniaque dans leur distillation ».

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vraisemblable que des matières animales ont contribué à leur formation; mais d'après mes observations, il me paraît que c'est principalement dans le règne végétal qu'il faut aller chercher leur origine. On n'en peut avoir des preuves plus formelles que dans certaines impressions de roseaux que l'on trouve non-seulement dans de l'argile schisteuse, mais encore dans des schistes bitumineux. Ces roseaux y sont couchés de tout leur long : ils ont évidemment été applatis, et leur substance est convertie en houille, au moins tout ce qui était susceptible de cette transmutation; car on sent aisément qu'un mince roseau aqueux, et qui souvent n'est pas plus gros que le doigt, ne pouvait pas fournir une grande quantité de houille. Lorsqu'on vient à fendre ces schistes, la houille provenant du roseau, et qui est souvent trèspure, n'y paraît que comme un léger enduit que l'on peut aisément effacer ou enlever d'un simple souffle. Ces roseaux ont fourni plus ou moins de houille selon qu'ils étaient plus ou moins épais. J'en possède un qui est cilindrique et a environ de trois à quatre pouces de diamètre, il est rempli d'argile schisteuse, et entouré de cette même substance : ce roseau s'est converti en houille, de sorte qu'entre l'argile schisteuse qui lui sert d'enveloppe, et celle qui forme le noyau, on a de la vraie houille qui a une demi-ligne d'épaisseur, et qui est douée d'une certaine consistance. Il est impossible de révoquer en doute l'origine végétale de la houille dans de pareils échantillons, car qu'estce qui aurait pu pénétrer dans l'espace étroit qu'occupait la substance végétale.

Il paraît cependant que certains végétaux les roseaux entr'autres, ont plus contribué que

d'autres à la formation de la houille.

J'ai brisé et fendu une infinité de morceaux d'argile schisteuse pour y chercher des impressions de plantes, et jamais je n'ai trouvé, sur ces impressions, la moindre trace de houille qui aurait dû être produite par cette multitude de plantes qu'on y trouve : à peine l'empreinte était-elle d'une couleur un peu plus foncée que le reste de l'argile schisteuse.

Dans les couches de houille même, on ne trouve pas la moindre impression de plante : il paraît que ces couches ont été des tas de plantes qui ont été charriées et accumulées les unes sur les autres; la fermentation s'est mise dans ces tas, les plantes ont perdu leurs formes, pressées par la masse du terrain qui était audessus, elles ont fini par ne plus faire qu'un

tout.

On trouve, dans l'argile schisteuse, des roseaux de quatre à cinq pouces de large : ils paraissent avoir été ronds et aplatis ensuite par une force de pression, car ils sont couchés entre les feuillets de l'argile schisteuse, des schistes bitumineux et même des grès. Toutes les fois qu'on en rencontre de verticaux, on les voit de forme ronde et traversant perpendiculairement plusieurs couches. Ces végétaux ont depuis un pouce jusqu'à six et plus de diamètre (1) je serais tenté de croire que ces im

(1) En allant du Hainchen en Saxe, aux houillères qui sont dans le voisinage, on passe devant une grande carrière de pierre taillée dans le grès, et l'on aperçoit sur la sur

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