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De manière qu'une couche de houille est comprise entre deux couches d'argile. Cet ordre se trouve suivi de la manière la plus évidente à Cammerbac et Mannebach près d'Ilmenau. Cependant la nature ne s'y est pas toujours strictement astreinte, et dans quelques endroits on trouve le grès immédiatement au-dessus ou audessous des couches de houille. Il se trouve quelquefois des couches calcaires entremêlées dans cette formation; en Angleterre même, on y voit des couches de mine argileuse de fer (1). Je n'ai jamais vu un pareil fait. En général le calcaire est rare dans cette formation: je n'en ai trouvé qu'à Troc, où, à mon grand étonnement, toutes les couches en contenaient et faisaient effervescence avec l'eau forte. On met également au rang des raretés, les pétrifications de coquilles qu'on trouve dans la formation des houilles: je n'en possède d'autre échantillon qu'un petit morceau d'argile schisteuse approchant du grès, et sur laquelle on voit quelques petites muskulites et tellinites. On dit qu'en Bavière on trouve entre les couches appartenant aux houilles, et les couches secondaires qui les accompagnent, des couches de pierre puante pleine de pétrifications; mais ces houilles appartiennent-elles à la formation des houilles schisteuses, ou sont-elles plus nouvelles ?

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(1) Une partie de la mine de fer que l'on fond à Gleiwitz en Silésie, est retirée des houillères de ce pays. A Frugères, dans le département de la Haute-Loire, on voit paraître au jour les affleuremens d'une couche de mine de fer (mine de fer argileuse et brune en géodes) près des affleuremens d'une couche de houille.,

Les failles qui coupent les couches de houille et celles qui les accompagnent, et qui leur font faire des sauts; ces failles, dis-je, sont caractéristiques pour la formation des houilles, car dans aucune autre elles ne sont ni si fréquentes, nisi régulières. Elles sont quelquefois verticales, mais le plus souvent elles ont une inclinaison. Dans plusieurs endroits, lorsque ces dérangemens sont survenus, il s'est formé des fentes qui se sont ensuite remplies de substances étrangères, et quelques personnes leur ont donné. mal à propos le nom de filons (on les nomine barrages dans quelques départemens): souvent les deux parties séparées par une faille se touchent de manière qu'il n'y a point d'espace et par conséquent pas de remplissage entre elles.

S. X.

Similitude de la formation des houilles schisteuses en divers pays.

Si on ne trouve pas toujours les couches appartenant à la formation des houilles exactement dans le même ordre en tout pays, il n'en est pas moins vrai qu'elles se trouvent toujours ensemble. Pour le faire voir, et en même tems pour bien préciser ce que j'entends par formamation de houille schisteuse, je vais citer ici quelques exemples pris des auteurs authentiques et de ma propre expérience.

Dans le second volume des Mémoires de la Société des Amis de la Nature de Berlin (Neuen schriften der Gesselschaft Natur forschenden freunde zu Berlin, page 268),

M. Karsten donne une notice sur les houillères du comté de Lingen en Westphalie, et il rapporte que, par une galerie faite auprès d'Ibbenbûhren dans le Dickeberg, on a traversé successivement les couches suivantes, en allant du toit vers le mur.

1. Marne rouge sablonneuse.

2. Calcaire compacte avec peu de pétrification.
3. Encore marne rouge.

4. Grès à petits grains.

5. Grès à gros grains avec des galets de quartz.
6. Argile schisteuse avec de belles empreintes.
7. Houille schisteuse.

8. Argile schisteuse.

9. Grès.

On voit combien cet ordre, à compter du no. 4, est semblable à celui qu'on voit dans les houillères de Cammerberg. La marne et le calcaire compacte, compris sous les n°. 1,2,3, appartiennent à une formation plus récente, quis'est postérieurement déposée sur les houilles. Lorsqu'on s'enfoncera au-dessous du no. y, il est très vraisemblable que l'on trouvera de nouvelles couches de houille, car dans cette formation, on a l'espoir d'en trouver jusqu'à ce que l'on ait atteint le terrain primitif. La couche qu'on exploite a dix-huit pouces d'épaisseur: on peut même ne l'estimer qu'à douze, parce qu'elle contient beaucoup de schiste bitumineux et d'argile schisteuse. Karsten dit positivement que cette houille est de la houille schisteuse.

D'après le même écrivain, on trouve dans le district de Buckholtz, à peu de distance

du lieu précédent, et immédiatement sous le

terreau,

Conglomérat (bèche ou poudding).

2. Argile schisteuse.

3. Houille schisteuse.

4. Grès.

Ici la formation est seule et n'est pas recouverte par de la marne ou du calcaire commne au Dickeberg, qui est dans le voisinage; ce qui fait voir que cette marne, dans ce dernier endroit, n'est qu'accidentelle. Sous la houille, il est vrai, on ne trouve pas l'argile schisteuse; cette petite aberration est de peu de conséquence, et peut-être même n'existe-t-elle pas dans tout le district de Buckholtz. La puissance de la couche de houille est de cinq pieds, mais elle est souvent interrompue par de minces bandes de grès et d'argile schisteuse, et la houille est d'une qualité bien inférieure à celle du Dickeberg. Je remarquerai ici qu'il est très-ordinaire de voir que plus une couche est puissante, et plus la houille est mauvaise et mélangée à des corps étrangers; qu'au contraire, plus la couche est mince, et plus la houille est pure et belle.

Au Sud-Ouest de Buckholtz se trouve le Schaafberg; immédiatement au-dessous du terreau, on a

1. Grès à grains fins, mais contenant une quantité de gros galets.

2. Argile schisteuse de 12 p. d'épaisseur.

3. Houille schisteuse.

4. Argile schisteuse.

5. Grès à grains fins et durs.

Il n'y a nul doute que les grès désignés par

C3

les n°. 1 et 5 ne soient le grès des houillères. La couche de houille a deux et deux pieds et demi, elle est assez pure: il est vraisemblable qu'on en trouverait d'autres si l'on continuait à s'enfonçer.

Si tous les auteurs qui ont écrit sur les houilles. l'avaient fait avec autant d'exactitude, et avaient eu autant de connaissances sur cet objet que M. Karsten, nos progrès dans cette partie de l'histoire naturelle auraient été bien plus considérables. Mais combien ne voit-on pas d'ouvrages, universellement répandus, écrits depuis peu de tems, et dans lesquels on ne peut pas seulement voir si l'auteur parle de la houille ou du bois bitumineux, si ce combustible est accompagné de l'argile schisteuse, d'une simple argile ordinaire qui se déliterait en feuillets; s'il se trouve ou non avec du grès? A plus forte raison n'apprendra-t-il pas si ce grès diffère ou non de ceux que l'on connaît déjà en géologie.

M. Karsten dit, dans ses observations géognostiques sur un voyage en Silésie, qu'outre les couches de houille, l'argile schisteuse et le grès caractérisent la formation de houille qui est entre Waldenburg et Gottesberg. Il ajoute qu'il a été très-intéressant pour lui de voir que la majeure partie de ce grès appartenait à la grauwacke, substance inconnue jusqu'alors en Silésie Qu'est-ce qui ne reconnaîtra pas à ces expressions qu'il s'agit du grès des houillères? En le considérant orictognostiquement (1), on

(1) C'est-à-dire, en n'ayant égard qu'aux caractères que présente un échantillon détaché et isolé.

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