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seroit ou préjudice de leur église, le descorz seroit aportez à nostre bailleus d'Amiens et il en connoistroit de plain. Et se li bailleus veoit, les parties oïes, que che fust pourfit de che faire et non préjudice as devantdiz religieus, les maires et jurez devantdiz le pourroient faire.

19. Li devantdit maires et juré feront sonner l'eure des marcheandises, toutes les fois que il leur semblera que che soit pourfiz.

20. Li maires et li juré devantdit auront le justiche ez yeaues dedenz le ville et le banlieue de Corbie, en le manière qu'il est ordonné chi-dessus, qui sont en le terre, sauf che que li devantdit religieus i auront leur garde pour garder leur pescherie et leurs engiens. Et se aucuns i estoit trouvé peschant ou meffaisant as engiens, li devantdit religieus ou leur commans pourront penre le maufaiteur se il leur plest, et cheli maufaiteur prins, eux ou leur commans le bailleront au maieur et as jurez pour li punir du meffait. Et se il ne plaisoit asdiz religieus à prandre ou à faire prandre icheli maufaiteur, si porroient lidit religieus ou leur commans prendre les engiens que chil maufaittières aroit aportez et le poisson comme il auroit prins, et le batel se point en avoit aucune, et retenir. Et se le maufaitières s'en voloit douloir, il convendroit que il s'en traisist au bailleu d'Amiens, et li feroit droit, lesdiz religieus oïz en leur resons se avant comme il apartendroit. Et se aucuns des engiens prins par les devantdiz religieus ou leur commans estoient tel que il les convenist ardoir par l'ordenanche que nous avons faite, li devandit religieus ou leur commans les bailleront au maieur et as jurez devantdiz et il l'arderont en prandant congié as devantdiz religieuz, liquelz congiez ne pourront estre néez.

21. Li devantdit religieus pourront enclore tout ce qu'il ont acquis à Corbie qui marchist à leur meson et à leur moustier, et i aront toute le justiche haute et basse, sauf che que, se il i mettoient hostes, manans ou par loier ou sans loier ou en autre manière, li maires et li juré devantdit i auront autele justiche comme en le ville de Corbie.

22. Tout li amortissement, soit dedenz le ville ou le banlieue de Corbie, demourront puis ore en avant paisiblement en l'estat là où il sont maintenant, sauf nostre droit.

23. Le garde de l'estallon, du patron et du seing demourront en le garde du maieur et des jurez de Corbie, et les bailleront à le justiche et as eschevins des devantdiz religieus, toutes les foiz que mestiers sera de justefier et de séigner mesures, et il les doivent justefier tantost sans délay et renvoier par le message qui leur apportera ou baillera.

24. Li maires et li juré devantdit auront le saisine des biens aprez mort de homme et de fame à Corbie et en le banlieue pour sauffaisant et sans riens

lever, et pour rendre au dit des eschevins asdiz religieus, sauf che que li devantdit religieus auront le saisine des biens des clercs qui seront bénéficié de sainte église et des prestres, pour rendre et bailler à cheus à qui il apartendront.

25. Li maires et juré devantdit feront donner asseurement toutes les fois que il leur pléra, se il leur semble que le cas le requière.

26. Toutes les fois que li maieur et li juré vaurront bannir aucune personne, pour quelconque cas que che soit, il en prandront congié asdiz religieus ou à leur commans, lequel il ne pueent dénéer, et se il plest au maieur et as jurez devantdiz de rapeler ices banniz ou aucuns d'aus, faire le pueent sans le congié desdiz religieus, exceptez chiaus qui seront banniz pour cas de criême.

27. De tant comme à le justiche de Foilloy apartient, li maires et li juré de Corbie n'i auront autre chose pour cheste ordenanche que il i avoit devant que

chis accorz fust faiz.

28. Se aucuns se combat ou fait meffait en le ville de Corbie ou en le banlieue, là où li devantdit religieus doivent avoir leurs bans, est à savoir sept sols et sis deniers pour chascun ban, et ichil maufaitières est prins et tenuz du maieur et des jurez de Corbie, li devantdit religieus ou leur commans requièrent que au maieur et as jurez que cheli maufaiteur, quant il aront eu leur amende et fait leur devoir, il leur délivrent pour avoir leurs bans et pour faire che que raisons porte, li maires et li juré devantdit icheli maufaiteur seront tenu à délivrer sans délay as devantdiz religieus ou à leur commans, et se li maires et juré laissoient aler chil maufaiteur sans rendre as devantdiz religieus ou leur commans, li devantdit maires et juré seroient tenu à rendre asdiz religieus, pour chascunz bans en quoi lidit maufaitières seront tenuz à eus paier, sept sols sis deniers.

29. Toute la juridiction et le justiche de le Neuville dont débaz estoit sera devisé entre les parties en autele manière comme la justiche et la juridiction de la ville de Corbie et de le banlieue, est assavoir que li devantdit religieus auront en ledite ville de le Neuville tele juridiction, tele justiche, teles droitures comme elles leur sont esclarcies et otroiées en le ville de Corbie et en le banlieue par les articles qui sont escriz en ceste ordenanche, et tout aussi lidiz maieur et juré de Corbie auront en ledite ville de le Neuville tele justiche, tele juridiction, teles droitures comme il leur est esclarchi et otroié en le ville de Corbie et en le banlieue par les articles qui sont escriz en cheste ordenanche, sauf le droit d'autrui, se aucun autre en i a point, et sauf che que les choses qui sont à Corbie et en le banlieue sont mises et doivent estre mises ou jugement des eschevins. Li cas qui escharront à le Neuville à jugier seront jugiées par les masnières, si comme il ont accoustumé.

30. Se aucuns de le mesgnée des devantdiz religieus est prins en présent

472 meffait en le ville de Corbie ou en le banlieue, li maire et li juré le pourront tenir sans mettre en prison vilaine et lui bien faire garder selon le meffait, et ne iront point lidit maires et juré avant en le venjanche du meffait, duques à tant que li devantdit maires et juré l'aient fait savoir à nostre baillieu d'Amiens, liquelz maire et jurez li doivent faire savoir sans délay, et nostre baillieu d'Amiens i doit envoier un preudomme pour veoir que il ne fachent autre chose que raison.

31. Se li devantdit religieus veulent faire prendre aucuns clers pour meffaiz que il aient faiz, il requerront au maieur et as jurez que il leur baille ou à leur commans forche et aide; et li maires et juré leur sont tenu bailler sans délay et ne le pueent veer. Et se li maires et juré ne le faisoient sans délay, nostre prévost de Foilloy le puet et doit faire.

32. Li maires et li juré de Corbie feront garder, en le ville de Corbie et en le banlieue, l'ordonnanche des monnoies faite de par nous en nostre royaume, et corrigeront et puniront chiaus qui en iront encontre, et en tele mainère que li pourfiz d'ices esploiz seront parti à moittié, et li devantdit religieus en auront l'une moittié et lidit maires et juré l'autre.

33. Et comme descorz fust de le banlieue de Corbie, lequele li maires et juré disoient qu'elle duroit juques à l'ourmel que on appele l'ourmel de le banlieue par devers le bos de Treu, et lidit religieus disoient que le banlieue ne duroit point outre les mettes de leur esquevinage et des fourches asdiz religieus, accordé est que, veu et seu le fin dudit esquevinage, ledite banlieue sera assise et devisée en mi voie del fin dudit esquevinage et des fourches asdiz religieus, et tout aussi par droite mesure, si comme li terrouers se comporte, par devers Bonnay juques as mareys qui sont en le ville de Corbie et d'autre part par droite mesure, si comme li terrouers se comporte, à venir droit as mareys par

devers Vers.

34. Les chartres et les lettres que les parties ont demourront en leurs vertuz, sauves les choses qui sont déterminées par ceste pronunciation chi dessus escrite, qui tendront fermement, selon che que il est dessus pronunchié.

35. Li arrest qui doivent estre fait des personnes foraines par le justiche asdiz religieus en le ville de Corbie et en le banlieue demourront en l'estat où il estoient avant cheste pronunciacion.

36. Des marès communs qui sont en le ville de Corbie et en le banlieue n'est riens déterminé par ceste pronunciacion, ainz demeure à chascune desdites parties tel droit comme il i avoient avant ceste pronunciacion.

37. Et avec tout che, pronunchièrent lidit arbitre que, se au tans avenir aucunes desdites parties se mettoit en saisine de fait encontre aucunes choses

contenues en cheste pronunchiacion chi-dessus escrite, que cheste saisine fust de nule valeur.

Et nous, toutes les choses devantdites ci-desus pronunchiées par lesditz Oudart de le Neuville et Guillaume de Hangest, arbitres, voulons, approuvons et de nostre autorité royal confermons, sauf en toutes choses nostre droit et le droit d'autrui. Et pour che que ces choses aient perpétuel forche et estableté, nous avons fet mettre nostre seel à ches présentes lettres. Ce fu fet à Paris l'an de grâce mil deus cenz quatre-vinz et seize, ou mois de mars.

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Arch. départementales de la Somme, armoire 1re, liasse 23, n° 7, original en parchemin, sceau
détaché. — Arch. imp., Trésor des chartes, carton J 231, no 5, Corbie. Biblioth. imp.,
cartul. Esdras, no 21, fol. 29 vo. D. Grenier, xxx paq., no 4, et vie paq., no 4.
fol. 249 ro. Cabinet des chartes, copies de chartes, carton cc, 144.
ΙΟΙ Β, Saint-

Germain, 448, fol. 31.

XXXII.

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ARRÊT DU PARLEMENT SUR DE NOUVELLES CONTESTATIONS ENTRE LA COMMUNE ET LES RELIGIEUX DE CORBIE.

Malgré les diverses sentences arbitrales rendues pour mettre fin aux différends de la commune et de l'abbaye de Corbie, quelques points restèrent encore en litige. Le maire et les jurés soutenaient que la recréance 1, c'est-à-dire la mise en possession des biens, leur appartenait, lorsqu'ils prêtaient main-forte aux religieux dans les saisies opérées par ces derniers pour cause de non-payement des cens; que les ajournements quels qu'ils fussent devaient être donnés par eux à la requête des gens du roi; - qu'ils devaient connaître de tous les débats soulevés par la vente des marchandises, quand le terme du payement n'était pas fixé ou n'excédait pas huit jours; enfin, que c'était devant eux que devaient être portées les demandes en répétition des objets perdus ou volés.

Les religieux, de leur côté, protestaient contre ces prétentions et réclamaient en leur faveur les droits invoqués par la commune. Le parlement, devant lequel l'instance fut portée, décida par l'arrêt suivant, en date de décembre 1300, que la recréance des biens appartiendrait aux religieux, qu'ils conserveraient le droit de donner des

Recredentia, in integrum restitutio, missio iu posse-sionem, adeo ut res ipsa ei, dato vade,

T. III.

reddatur et restituatur interim, maxime dum lis intentata finiatur. (Du Cange.)

60

1300. décembre.

ajournements dans les procès soulevés par des questions mobilières ou immobilières; mais que, dans tous les autres cas, les ajournements seraient faits par le maire et les jurés; - que les religieux connaîtraient de toute plainte formée sur vente de marchandises, et des plaintes en répétition des objets volés ou perdus, la connaissance du vol étant maintenue au maire et aux échevins 1.

Philippus, Dei gratia Francorum rex, notum facimus universis tam presentibus quam futuris quod, cum inter majorem et juratos ville Corbeye ex una parte, et abbatem et conventum dicte ville ex altera, esset discordia coram nobis, super eo quod dicti major et jurati dicebant quod in casibus forciarum rescussarum et violentiarum per eos amotarum de prisiis bonorum, ratione censuum in dicta villa factis, ipsi bonorum hujusmodi recredenciam causa pen-dente super hoc facere debebant per manum suam; dictis religiosis e contrario dicentibus recredenciam hujusmodi per eorum manum esse faciendam ; tandem, auditis partibus et visis earum litteris et privilegiis, per judicium nostre curie dictum fuit quod predicta recredencia fieri debet per religiosos predictos.

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Item, super eo quod dicti major et jurati proponebant quod per eos, ad requisitionem gencium nostrarum, in omnibus causis fieri debebant adjornamenta in villa predicta, religiosis predictis e contrario dicentibus quod ad eos pertinebat facere hujusmodi adjornamenta, tandem dictum fuit quod hujusmodi adjornamenta super mobilibus et catallis et trefundis et similibus casibus in dicta villa fient per religiosos predictos; cetera vero adjornamenta per dictos majorem et juratos fient ibidem. Item, super eo quod ipsi major et jurati dicebant quod de mercaturis in dicta villa sine termino et die factis, ipsi ad octo dies, et non dicti religiosi, cognitionem habebant; religiosis eisdem proponentibus ex adverso, quod ipsi hujusmodi cognitionem habebant, quandocumque super hoc querimonia deferebatur; ad ipsos tandem dictum fuit, quod de dictis mercaturis sine die et termino factis in dicta villa, dicti major et jurati, si ipsi super hoc infra octo dies a die contractus dictarum mercaturarum et non ultra adeantur, cognoscere poterunt, et nichilominus hujusmodi contrahentes, si voluerint, poterunt se super hoc trahere ad dictos religiosos, et ipsi religiosi super hoc cognitionem habebunt. — Item, super eo quod in dicta villa aliquis vestem, pecudem vel aliam rem suam mo

On trouve dans le Cartulaire noir (B. I. no 19, fol. 64 vo) un arrêt du parlement au sujet d'un appel porté par le maire et les jurés de Corbie

contre le prévôt de Fouilloy, agissant pour l'abbaye, dans une affaire de pâturage et de tourbage. 30 décembre 1300.

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