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et de Ham à Péronne est bien essentiel, parce que les communications sont interceptées, n'y ayant que de faux ponts de mauvaise construction sur lesquels on n'ose se hasarder pour le transport des denrées et marchandises. Ces travaux avanceroient bien plus promptement, si on y employoit des troupes. La direction en seroit laissée à l'officier choisi par l'administration, et l'inspection en seroit confiée aux officiers municipaux.

3o Les états-majors des villes et places du royaume étant supprimés, le château de Ham serviroit utilement à loger un bataillon d'infanterie. Cette garnison pourroit être employée au parachèvement des travaux du canal et à l'entretien des principales routes. Ce château a servi à renfermer des prisonniers d'état ; mais il y aura assez d'autres citadelles à cet usage, quand les lettres de cachet seront soumises à des formes légales, si toutefois l'usage n'en est pas entièrement proscrit.

4o La suppression des états-majors produira un autre bien à la ville de Ham, c'est-à-dire la décharge d'une somme de 700" que le gouvernement lui fait payer pour le logement des officiers de l'état-major, d'un garde magasin, du directeur des fortifications, de l'ingénieur. Quoique le logement leur soit payé, ils sont pour la plupart logés dans des appartements qui ont été construits en dernier lieu et qui ont beaucoup coûté au roi.

5o La ville de Ham n'a pas de revenus patrimoniaux. Elle perçoit un octroi et la moitié d'un autre ; ces deux octrois sont une charge qu'elle impose sur elle-même. La moitié du premier octroi que Louis XIV s'est attribuée par son ordonnance de 1681, et les 10 sous pour livre qui se perçoivent sur les deux octrois au profit du roy, lui font de cet impôt une nouvelle taille et une taille plus onéreuse que la taille ordinaire. Elle en requiert la suppression et le remplacement, pour subvenir à ces charges par l'abandon des fortifications, glacis et autres fonds, sur lesquels le gouvernement et l'état-major prennent ce qu'ils appellent leurs émolumens, à moins qu'on ne préfère de leur concéder des domaines dépendans de quelque établissement à supprimer.

6o M. le marquis d'Hautefort perçoit à Ham un droit de péage qu'il tient en engagement de la châtellenie de Ham. La perception de ce droit met des entraves au commerce. La ville demande à racheter ce droit pour le prix qui doit être estimé, déduction faite de la charge de l'entretien de la chaussée sur laquelle il est à percevoir. On n'a jamais vu M. le marquis de Hautefort ni ses auteurs dépenser un sol pour cet entretien; on espère que monseigneur le duc d'Orléans, apanagiste de la seigneurie de Ham, voudra bien faire le sacrifice de sa domaine féodale sur le droit du péage.

7° Le même seigneur perçoit aussi un droit de mesurage sur les biens qui

se vendent au marché. Il est intéressant pour l'approvisionnement de la ville et pour la liberté du commerce que le droit soit supprimé. La ville indemnisera M. le marquis d'Hautefort par voie d'accord. Elle demande à y être autorisée.

8° Les chemins de Ham à Péronne, à la Fère, à Chauny, ont besoin d'être réparés et mis en état. Ils auroient la double utilité de procurer l'importation dans la basse Picardie et dans l'Artois des vins du Soissonnois, du Laonnois et de la Champagne et de servir au passage des troupes et au transport des armées et munitions de guerre, sans parler des autres avantages qu'on en pourra retirer en général.

9o Le faubourg de Ham appelé faubourg de Saint-Sulpice est séparé de la ville par la rivière de Somme, au delà il est de la généralité d'Amiens, tandis que la ville est de la généralité de Soissons. Il est juste que le faubourg soit de la généralité de Soissons, comme la ville de qui il dépend et qu'il soit compris comme elle dans l'élection de Noyon, au lieu de faire partie de l'élection de Saint-Quentin.

10° L'emplacement de la ville sur une grande route rendra plus avantageux au commerce l'établissement d'une foire franche fixée au 18 de chaque mois, qui se tiendra alternativement dans la ville et dans le fauxbourg de SaintSulpice, au moyen de quoi les deux foires qui ont coutume de se tenir en mai et en septembre seront supprimées.

11o La ville de Ham n'a dans son bailliage qu'un ressort très-resséré. Elle demande, avec tous les habitans des campagnes voisines, un arrondissement qui peut lui être accordé facilement, sans démembrer entièrement les bailliages voisins qui ont trop d'étendue.

Le présent cahier a été fait et arrêté le 4o jour d'avril 1789, sur le rapport de MM. les commissaires nommés le 2 de ce mois et signé d'eux et de nous président de l'assemblée, suivant le procès-verbal de cejourd'hui.

Arch. imp., sect. législat., B. III, 4, p. 206. (Collection générale des procès-verbaux, mémoires, lettres et autres pièces concernant les députations à l'assemblée nationale de 1788, t. III, bailliage d'Amiens, 2o partic.)

DE

L'HISTOIRE DU TIERS ÉTAT.

CHARTES, ORDONNANCES, COUTUMES, STATUTS, RÈGLEMENTS, ET AUTRES ACTES

CONCERNANT

L'HISTOIRE MUNICIPALE DE CORBIE

ET CELLE DES AUTRES VILLES, BOURGS ET VILLAGES
DE L'AMIÉNOIS.

I.

CORBIE.

NOTICE PRÉLIMINAIRE.

Cette ville, dans laquelle on a cru, mais sans preuves, reconnaître le Curmiliaca de l'Itinéraire d'Antonin, est située à quatre lieues Est d'Amiens et à trente lieues Nord de Paris. Elle faisait partie à l'époque mérovingienne du pagus Ambianensis, et on la trouve, dès le milieu du vii siècle, désignée sous le nom de Corbeia ou Corbegia villa'. Ce nom, s'il faut en croire l'ancien auteur d'une histoire de la vie et des miracles de saint Adalhard, abbé de Corbie, vient de

Itiner. Antonini Augusti, ap. script. rer. gallic. (Script. rer. gall. et franc., t. IV, p. 65a).—Monaset franc., t. I, p. 107, col. 2. terium quod vocatur Corbegia, in Ambianensi parrochia, suo opere construxit (Vita sanctæ Batthildis,

• Corbeia, dans un diplôme de Chlotaire III

celui d'une petite rivière appelée Corbeia, aujourd'hui la Corbie, qui se jette dans la Somme. L'abbaye, à laquelle la ville doit son origine ou au moins ses principaux accroissements, fut dotée et construite, vers l'an 657, par la reine Bathilde et son fils Chlotaire III, sur un domaine appartenant au fisc, et qui provenait d'un seigneur appelé Guntland 2. La charte de fondation n'est point datée; elle contient la concession au nouveau couvent d'un grand nombre de terres dans les pagi d'Amiens et d'Arras. Un autre diplôme du 23 décembre 661 ajouta d'importants priviléges à ceux qui avaient été concédés par la charte primitive 3.

Nous possédons, sous le nom de statuts de saint Adalbard, des réglements et un censier rédigés vers l'an 822 pour le monastère de Corbie 4. Ce document ne fournit que très-peu de données sur ce que pouvait ètre à cette époque la ville de Corbie; il montre seulement comme existantes au 1x siècle, outre l'église de l'abbaye, consacrée à SaintPierre, les églises de Saint-Albin et de Saint-Étienne, qui ont formé plus tard deux paroisses importantes. Le monastère avec ses dépendances fut dans le même siècle plusieurs fois dévasté par les Normands, qui y mirent le feu en 859; l'ayant menacé d'une attaque en 879 5, ils furent contraints par Louis, frère de Carloman, de se retirer sans avoir rien entrepris; deux ans plus tard, en 881, ils l'incendièrent de nouveau, après en avoir tué ou mis en fuite les habitants. Pour prévenir le retour de semblables désastres, l'abbé Francon prit la résolution d'a

ap. Acta sanctorum ord. sancti Benedicti, sæc. II,
P. 779).
Voy. aussi collect, de D. Grenier, à la
Biblioth. imp., xx paq., art. 1, E, fol. 178.

Corbeia fluviolus vocabulum loco tribuit (4eta sanctorum ord. sancti Benedicti, sæc. IV, pars prima, p. 358.)--- Deinde veniens (sanctus Furseus, abbas Latiniacensis) in pagum ambianensein et in curtem vocabulo Antiolum super fluvium Corbeiam, ibi obviavit ei vir malignus. (Ibid., sæc. II, p. 311.)

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3 Script. rer. gallic. et franc., t. IV, p. 643. 4 Statuta antiqua abbatiæ Sancti Petri Corbeiensis, dans l'appendix du polyptique d'Irminon, publ. par M. B. Guérard, p. 306 et suiv. 5 Hist. reg. francorum (Script. rer. gall. et franc., t. IX, p. 42). — Chron. turon (id., p. 46). · - Chron. sithiense (id., p. 70).

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