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sanctuaire de la gloire; le génie des arts s'est éveillé à la voix de l'empereur et à la pensée d'un ouvrage où tout se réunit pour l'exalter. Malgré l'extrême briéveté du tems, aucun concours d'architecture n'avait été aussi brillant que celui ordonné pour le plan de ce moment, qui sera la première décoration de la capitale.

Les travaux du Panthéon avancent: ceux de Saint-Denis sont à-peu-prês terminés; les constructions de Napoléon et celles de Napoléonville se poursuivent. Plusieurs églises, divers palais épiscopaux, ont été restaurés dans les departemens. Le tombeaux de Désaix est assis sur le sommet des Alpes, non moins étonnées de voir pour la première fois un monument sorti du ciseau de nos artistes, qu'ils ne l'ont été du passage également sans exemple, d'une armée traînant à bras d'hommes sa nombreuse artillerie. Dominant d'un côté sur la France, de l'autre sur l'Italie, ce tombeau attestera à toutes deux les honneurs rendus par leur common libérateur, à son compagnon, à son ami, mort au sein du triomphe qui acheva leur alliance et fixa leurs doubles destinées.

Les monumens fondés ou restaurés, seront revêtus d'inscriptions analogues à leurs caractères. L'institut de France a reçu l'honorable mission de les tracer; il rédigera le projet des médailles frappées par le gouvernement, et la science ainsi s'unira aux arts pour perpétuer tous les souvenirs chers à la gloire nationale.

Quelle plus noble carrière fut jamais ouverte aux beaux arts. Jamais règne plus propre à nourrir dans leur âme la pensée et le sentiment du beau, put-il offrir tant de prodiges à leur enthousiasme, à leurs traxaux tant de nobles sujets, à leurs efforts d'aussi nombreux encouragemens ?

L'Ecole française est occupée presqu'entière à retracer sur le marbre ou sur la toile les principales époques de ce règne glorieux, pendant que l'empereur lui envoie, du sein des états conquis, de nouvelles collections de modèles. L'école des beaux-arts de Lyon a pris naissance cette année.

THEATRES.

Un cours de déclamation a été joint au Conservatoire de musique, il sera utile tout ensemble et à la langue et à l'art théâtral.

INSTRUCTION PUBLIQUE.

Les intérêts de l'enseignement sont une des pensées habituelles de l'empereur. Pendant le période trop court de son séjour à Paris c'est l'objet qui l'a le plus occupé, un plan d'université générale, embrassant tout le système de l'éducation publique, établissant les rapports de ceux qui doivent y concourir, avec le gouvernement, entre eux-mêmes et avec les citoyens, tendant à leur donner un esprit commun, un grand intérêt au succès de leurs travaux dont il leur assure la récompense, ce plan a donné lieu à de nombreuses et profondes dis

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cussions au conseil d'état. La guerre a retardé pour la France le moment de jouir de cet estimable bienfait; l'empereur veut encore le perfectionner. Avant de s'en occuper, ou plûtôt de paraître s'en occuper, il s'était fait mettre sous les yeux le compte le plus détaillé de la situation de tous les établissemens actuels, du nombre de leurs éièves, de leur discipline, de leurs études, de leurs ressources et de leurs dépenses. Plusieurs Lycées ont été organisés cette année; leur nombre total s'élève en ce moment à 35; le nombre des élèves admis à partager les bienfaits du gouvernement s'est trouvé beaucoup accru année cette par l'exécution de l'arrêté du 3 Floréal,

an 13.

Là se forment pour l'honneur des sciences et des lettres, pour la gloire et le service de l'état plus de huit mille élèves, dont trois mille sept cents doivent en tout ou partie leur éducation à la munificence nationale.

Il n'est presque plus une ville qui n'entretienne une école secondaire à ses frais et n'en possède plusieurs particulières; le nombre d'élèves des lycées et de ces écoles excède de beaucoup le nombre des étudians que l'on comptait avant la révolution dans les universités et dans les colléges; les inspecteursgénérax des études, dans la dernière inspection qu'ils ont faite des écoles de Paris, ont trouvé le degré d'avancement dans les études supérieur à ce qu'il était autrefois.

Supplément au No. 241, 29 Août, 1807.

Les douze écoles de droit sont organisées; déjà plus 2000 étudians s'empressent d'y puiser la connaissance des lois, et promettent à l'état une pépinière de savans jurisconsultes et de magistrats éclairés.

On a suivi le développement du système qui vous fut exposé l'année dernière, et qui a pour objet de faire servir les hospices à l'avancement de l'art médical dans les provinces, tirant ainsi du soulagement donné à l'humanité souffrante, de nouveaux moyens pour en prévenir ou en diminuer les maux. Des écoles gratuites de médecine pratique ont été établies dans les villes d'Amiens, Besançon, Bruges, Bruxelles, Gand, Clermont-Ferrand, Angers, Grenoble, et Poitiers. cours de accouchement établis à l'hospice de la Maternité et qui, depuis leur formation, ont déjà donné près de 400 sagesfemmes instruites aux départemens, viennent d'être soumis à des mesures qui achèveront d'en régulariser les travaux et d'en assurer les succès.

Les

Les opérations relatives à la mesure de l'arc du méridien de Barcelone aux fles Baleares, ont été reprises et seront con/tinuées cet hiver. L'observatoire du Panthéon a été rétabli, celui de Turin rendu à l'astronomie.

LITTÉRATURE,

L'empereur désire que les belles-lettres partagent sous son

règne l'impulsion donnée à tout ce qui est grand, utile et ho norable à la nation; que la langue française, devenue plus que jamais la langue de l'Europe, continue de justifier ce privilége éclatant, par son élégance, sa pureté et le choix de ses productions. Son vœu ne sera point trompé : des talens s'annoncent qui donnent de précieuses espérances. Que l'opinion publique encourage leur naissance, les protége contre les atteintes du dénigrement et de la malignité: qu'il n'y ait désormais pas plus de sectes parmi les gens de lettres qu'il n'y a de partis politiques dans l'état ; que la littérature trouve dans l'alliance du goût avec la morale, le principe le plus certain de ses succès; que la critique devienne décente pour être utile; que les hommes appelés à la noble fonction d'éclairer et d'ins truire, dédaignent les suffrages mendiés, les prétentions puériles et les succès d'un jour; que le regard fixé sur le but élevé qui leur est offert, sur les glorieux objets qui les entourent, ils aspirent aux couronnes qui ne peuvent se flétrir, qu'à la voix d'un prince généreux s'allume dans leurs âmes la flamme créa- trice de toutes les grandes conceptions; qu'ils soient les dignes témoins d'un tel siècle; ils mériteront d'en être les peintres, et de passer avec lui, à la dernière postérité.

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Les sociétés littéraires secondèrent cet essor. L'empereur désire qu'elles servent de guide à l'opinion publique, qu'elles soient le tribunal du goût; il les invite à reprendre les travaux entrepris en divers tems par le concert d'écrivains laborieux. H veut que l'histoire littéraire de France, tracée par leurs soins énonce des jugemens calmes et durables, et devienne le monument solennel qui conservera les souvenirs des écrivains dignes d'estime, honorés du suffrage publicet des témoignages de sa bienveillance; ces compagnies répondront à son attente par leur impartialité et par un redoublement de zèle, les talens qu'elles auront signalés, les écrits utiles qu'elles auront remarqués pendant le cours de l'année, recevront la plus précieuse des récompenses, en obtenant l'attention du souverain qui si puissant dans les arts de la guerre a voulu être le restaurateur, le promoteur de tous les arts de la paix.

Cependant ce chef de l'état ne dédaigné pas d'étendre aussi sa pensée sur le genre d'instruction qui convient aux classes inférieures de la société; instruction qui, en les formant dans l'habitude des bonnes mœurs, leur donne les notions élémentaires utiles à leurs travaux. Plusieurs institutions ont été autorisées, dont le zéle répandra cette simple et utile instruction dans les atteliers et dans les campagnes. Elles seront secondées par les soins paternels de ces pasteurs dont la présence et les fonctions sont aussi une sorte d'euseignement continuel de la première de toutes les sciences, l'amour du bien et la pratique des vertus,

CULTE,

Le gouvernement n'a que de la satisfaction à témoigner en

général aux membres du clergé; dans tous les degrés de la hiérarchie, il offre plus qu'à aucune époque des mœurs pures, une piété tolérante, un grand désintéressement, une application constante à ses devoirs. S'occupant sans relâche de la noble tache qui lui fut donnée, la restauration de la mo rale publique et privée, il sent que l'obéisance aux lois est une branche essentielle de l'une et de l'aure, et que de toutes les lois, la loi qui a pour objet la défense de l'état est la plus sacrée de toutes celles dont la prompte et entière exécution est la plus recommandée par les sentimeus religieux comme par l'amour de la patrie.

Les divers cultes autorisés dans l'empire vivent dans une union digne de l'esprit qui leur est commun, et honorables pour leurs ministres.

Israélites.

Des départemens qui avoisinent le Rhin sont arrivées à l'empereur de plaintes unanimes sur les usures exercées par quelques individus professant la religion juive. La vérification des faits a prouvé que sans un prompt remède, le fruit de ces usures aurait consommé en entier les richesses et les ressources de ces belles provinces. L'empereur a dû calmer les justes craintes de tant de milliers de cultivateurs : mais en apportant ce remède partiel et momentané, l'empereur a formé une conception plus vaste et d'une influence plus durable, il a vu dans les habitudes anciennes, et dans la fausse interprétation de quelques points de doctrine, la premiere cause du mal qui avait excité ces réclamations.

Pour se dispenser de perpétuer ou les précautions ou les peines, il a voulu régénérer les mœurs d'une portion de cette classe par le concours de la classe toute entière, par l'influence de l'autorité religieuse dont elle reconnaît les lois. L'empereur savait qu'il est parmi les Juifs de ses états un grand nombre d'hommes dont les opinions sont saines, la conduite irréprochable, qui gémissent les premiers des torts de leurs co-religionnaires, et loin de confondre ces hommes estimables avec ceux qui méritent une juste censure, il a appelé les premiers à exécuter les mesures qui doivent préparer le réforme des autres. Une assemblée générale a eu lieu, qui a projeté les règlemens de police; un grand sanhédrin, assemblée dont les Juifs depuis tant de siécles n'avaient point vu d'exemple, a ploclamé les devoirs religieux. Il a solenellement déclaré que la loi de Moïse bien loin d'autoriser ses sectateurs à devenir habitans d'un état sans en adopter les intérêts, sans en connaître les autorités, sans en suivre les lois, leur prescrit un contraire et les sentimens qui les attachent à leur patrie adoptive, et l'obéissance à toutes ses institutions et le devoir de s'armer pour sa défense. Bientôt des règlemens seront arrêtés, qui achèverout ce grand ouvrage, régulariseront l'exercice du culte hébraïque:

cette réforme qui fera époque dans les annales des Israélites, sera pour eux le sujet d'une éternelle reconnaissance. La sévérité méritée par quelques individus a été l'occasion des bienfaits répandus sur tous. Le premier de ces bienfaits est, en leur conservant le non français, de les rendre dignes de le porter.

Finances.

Telles sont les améliorations opérées dans l'administration intérieure de la France depuis votre dernière session: mais il y manque encore le trait principal, celui qui mérite le plus de fixer votre attention, l'état de nos finances; aucune époque ne les montre aussi prospères, aucune période aussi courte n'a été témoin d'une pareille amélioration. Le trésor public a été affranchi de la dépendance où le tenaient des entrepeneurs de service qui usaient, pour sa ruine, de ses propres moyens. Les négociations, autrefois si onéreuses, sont devenues faciles et se font à un taux très-modéré; le trésor escompte ses effets audessous de cinq pour cent, ce dont l'ancienne monarchie n'offre aucun exemple. Une caisse de service placée près du trésor servant à ses rapports avec les comptables et avec le public, leur donne la facilité d'accélérer les versemens qu'ils doivent faire, offre aux particuliers un placement sûr que l'agitage ne peut atteindre.

Par elle le trèsor public peut sans transport d'argent, en employant dans chaque lieu les recettes qui y ont été faites, en faire trouver là où les paiemens sont à faire; ses ressources sont accrues au-delà de ses besoins; l'anciene monarchie, dans ses énormes emprunts ne trouvait pas une mine aussi féconde; jamais expendant il ne fut moins nécessaire de l'exploiter; les caisses sont pleines, les paiemens se font à point nommé, les ordonnances sur le trésor public sont devepues les lettres de change les plus sûres; les effets publics sont ceux qui inspirent le plus de confiance.

Tel est l'effet des premiers regards que l'empereur a donnés à l'état des finances après son retour de Vienne, et de l'attention avec laquelle il a suivi cette branche importante d'admi. nistration, et cependant aucun impôt n'a été ajouté à ceux qui existaient, aucune source de richesse nouvelle ne s'est ouverte pour le trésor; l'ordre et la prévoyance du chef du gouvernement ont seuls opéré cette incroyable amélioration.

Aperçu de la dernière guerre.

Ne croyez-vous pas, Messieurs, que je viens de vous parler de ce qui a été fait pendant une longue et heureuse paix, où la France environnée de peuples amis recevant le tribut que son industrie leur impose, riche de tous ses moyens, n'avait à s'occuper que de perfectionner son administration intérieure et d'accroître sa richesse? Non, vous le savez, cette année a

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