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Je ne vous dis rien, Monsieur, de ma situation; vous en serez instruit par M. de Voss. J'attends sa réponse avec impatience. Si aujourd'hui je me permets une plainte, c'est celle d'avoir été si long-tems privé de vos nouvelles. Depuis que S. M. le roi notre maître est sur le trône, je n'ai jamais impor-" tuné ce prince, quoique je me trouve dans une situation qui n'en a pas de pareille. Je ne puis pas me résoudre à m'adresser à S. M. mais je crains bien de m'y voir forcé.

En date du 14 Novembre, j'ai écrit à M. de Stein une lettre très-détaillée relative à l'état de nos finances, et je souhaiterais qu'on la communiquât à V. Exc. Quoique je ne possède pas les connaissances qu'il faut avoir de nos jours pour être grand homme d'état, les opérations que l'on a faites jusqu'ici me font craindre que M. de Stein n'ait bien de la peine à remplir les obligations qu'a contractées l'état : je crains bien qu'il ne se trouve très-embarrassé.

J'ai des maux de tête violens: cependant je considère ce mal comme le moindre de ceux que je souffre. V. Exc. recevra la présente par l'entremise de M. de Voss, auquel je l'ai adressée, avec prière de la faire passer de suite à Koenigs berg.

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Recevez, Monsieur, etc.

P. S. Quel censeur a permis que l'on insérât dans la Gazette de Koenigsberg les charmans vers qu'on y lit? Que de mal ces spirituelles folies font à l'état. Que l'auteur rend grâce à Dieu de ce que je ne suis pas lieutenant de police à Konigsberg.

M. de Wittgenstein à M. de Stein, datée Hambourg, le 22 Novembre 1808, insérée idem.

Dans la situation où je me trouve, V. Exc. m'excusera sans doute de ne pas répondre en chiffres à sa dernière lettre chiffrée, qui de nouveau était sans signature, et cachetée d'un cachet étranger. V. Exc. m'excusera de commencer aujourd'hui ma lettre par la même réflexion qui termine la dernière, que recevoir par la poste des letlettres chiffrées, sans lieu de départ, sans date, sans signature cachetées d'un cachet inconnu, ne peut qu'attirer sur moi l'attention et d'une manière très-désagréable. Une telle lettre ne peut qu'occasionner de fausses interprétations, et, comme elle vient de Koenigsberg, elle peut unir à la cour même. L'on ne s'étonne pas de voir un employé ou un chargé-d'affaires recevoir de sa cour des notes chiffrées, mais l'on est très-frappé de voir arriver des lettres comme les deux dernières que V. Exc. m'a adressées, vu l'état actuel des choses, surtout depuis l'affaire de la lettre imprimée. Je crois que c'est un de voir d'éviter tout ce qui peut faire croire que l'on s'occupe à

Koenigsberg d'objets d'un certain genre. Il n'y a de compromis par ces lettres chiffrées que moi. V. Exc. voudra bien ne pas regarder ce que je dis là comme l'expression de la pusil lanimité et de la crainte; mais comme je ne voudrais pas que notre cour fût compro:nise par ma correspondance, vous voudrez bien, M. le Baron, m'excuser, par la droiture de mon caractère, si aujourd'hui je vous parle si franchement sur ce sujet. Je sais, monsieur, que vous aimez la franchise; par conséquent vous êtes incapable de mal interpréter ce que je vous dis là. Si V. Exc. me fait parvenir encore une lettre du même genre,je la remettrai aux autorités françaises avec une note adoptée aux circonstances. Je me suis persuadé que je rendrai par là un plus grand service à ma cour, qu'en en déchiftrant le contenu. V. E. a jugé à propos de m'entretenir de la nécessité de vendre des domaines pour acquitter les contributions, et des avantages dont jouiraient les acheteurs de ces biens fonts; elle m'engage à rendre attentives à ces avantages les personnes de ma connaissance qui pourraient faire des spéculations de ce genre, en particulier d'agir sur l'electeur de Hesse, et en cas de besoin d'aller le joindre à Prague. Je me réfère à ma dernière lettre du 14 d. c. pour ce qui regarde nos affaires d'argent; pour ce qui est de l'électeur de He-se, je vous repète, M. le Baron, que, depuis que ce prince est en Bohême, je suis presque sans nouvelles qui le concernent, n'ayant reçu de lui qu'une lettre insignificante pour affaires, qu'il m'a écrite au mois d'Août, et que j'ai eu l'honneur de communiquer à V. Exc. La lettre imprimée, et la manière dont il y est question de lui, lui ont fait, dit-on, beaucoup d'impression, et il ne paraît pas disposé à entrer en relations intimes avec notre cour. Au surplus, je n'ai pas connaissance que depuis ses pertes, l'electeur puisse disposer de fonds comptans un peu considérables. De tout cela, je conclus que, dans l'état actuel des choses, il ne faut pas compter sur l'électeur, et je me réfère à ma dernière lettre. Pour replir les vues de V. Exc. autant que cela dépend de moi, je me suis entretenu avec quelques banquiers et avec quelques rentiers d'ici, de la vente des domaines.

L'on est généralement d'avis qu'une pareille vente précipitée des domaines serait pernicieuse au roi, et que le premier effet s'en manifesterait par la perte que souffriraient nos papiers. Si nos papiers perdent encore plus qu'à présent, notre credit dans l'étranger sans lequel nous ne pouvous guère nous tirer d'affaire, est entièrement ruiné. Les banquiers croient que V. Exc. doit tout employer pour soutenir et nos papiers et notre crédit dans l'étranger, dût-on faire à cet effet les plus grands sacrifices.

Comme je remarque, M. le Baron, que vous manquez d'hommes doués du talent de se procurer du crédit dans l'étranger et d'en tirer parti, je crains bien que ce ne soit

qu'avec des efforts inouïs que vous parveniez à remplir les obligations extraordinaires de l'état. Vous avez en main pour trois ou quatre millions d'effets: avec un peu de prudence, d'adresse et de connaissance des affaires, l'on eût pu aisément se procurer avec cela un crédit de huit à douze millions! mais il ue fallait pas commencer par envoyer avec tant d'éclat le service d'or à Hambourg pour le faire fondre.

Notre crédit dans l'étranger baisse de jour en jour, toute confiance se perd; l'on paraît avoir l'intention de détruire l'un et l'autre de fond en comble. Quelqu'insignifians que soient les vers insérés dans la Gazette de Koenigsberg, et les remarques que fait à ce sujet la Gazette de Berlin, ils n'eu font pas moins une impression incalculable dans l'étranger. Il est inconcevable que le censeur de Koenigsberg laisse passer des articles comme cela. Ces enfantillages réveillant l'esprit de parti qui a déjà fait des blesseurs si profondes à notre monarchie, et qui ne peut pas faire naître de confiance dans l'étranger.

Recevez, etc.

FIN DE L'AN 1808.`

AN 1809.

BANQUE DE FRANCE.

Assemblée Générale

Des actionnaires de la banque de France,

Du 19 Janvier, 1809.

Compte rendu par monsieur le comte Jaubert, conseillerd'état, commandant de la légion d'homeur, gouverneur de la banque de France, au nom du conseil-général de la Banque.

Messieurs,

Vos assemblées annuelles avaient été fixées au mois de Vendémiaire.

Alors les dividendes se payaient en Vendémiaire et Germinal.

Depuis le retour à l'ancien calendrier, les paiemens des dividendes ont été ouverts en Janvier et Juillet.

Il était naturel que l'assemblée générale n'eût lieu qu'à une époque correspondante; l'article 24 du décret impérial, du 16 Janvier, 1808, a ordonné que ce fût en Janvier.

Les attributions de l'assemblée générale sont toujours les mêmes:

Elle nomme les régens et les censeurs, et il lui est rendu compte des opérations.

Vous aurez à vous occuper, messieurs, de la nomination d'un censeur et de quatre régens.

M. Martin (de la maison Martin, Puech, et Compagnie), avait été nommé censeur le 25 Vendémiraire an 14 (17 Octobre, 1805) son exerciee est fini.

M. Perregaux régent, qui avait été renommé le 17 Octobre, 1804, est décédé depuis votre dernière réunion.

M. Perregaux était uu des fondateurs de la Banque; son zèle et son dévouement pour l'établissement étaient bien connus; aussi cette perte a été vivement sentie.

Le remplaçant de M. Perregaux aura un an d'exercice. MM. Guiton et Moreau occupent les places des régens, qui avaient été nommé le 25 Vendémiaire, an 12 (17 Octobre, 1803.)

M. Cordier avait été nommé régent le même jour 17 Octobre, 1803.

L'exercice quinquennal de ces trois régens est terminé. Votre réunion n'ayant eu lieu qu'en Octobre, 1807, le conseil-général vous présente, messieurs, outre le compte de 1808, celui du 2me semestre 1807.

Résultat des opérations de la Banque de France depuis le ler Juillet, 1807, jusques et compris le 31 Décembre, même année.

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