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des troupes nationales, et nous dirons pourquoi ils n'aiment pas à en disposer. Les 15,000 hommes des milices de la Grande-Bretagne, pouvaient fournir, an mois d'Avril, une armée de 30,000 anglais; mais ce n'était point là ce qui convenait au cabinet de Londres; le sang des peuples du Continent doit seul couler pour la défense de l'Angleterre. Qu'on lise attentivement les débats du parlement, on y trouvera le développement de cette politique; et c'est de cette politique que la Russie se plaint justement. Elle a vait le droit de voir débarquer 40,000 anglais au mois d'Avril, ou à Dantzick ou même à Stralsund. L'Angleterre l'at-elle fait ? non; l'a-t-elle pu faire? Si elle répond nega tivement, elle est donc une nation bien faible et bien miserable; elle a donc bien peu de titres pour être si exigeante envers ses alliés. Mais ce qui manquait aux ministres, c'est la volonté; il ne leur faut que des opérations de pirates; ils calculent les résultats de la guerie à tant pour ceut; ils ne songent qu'à gagner de l'argent, et les champs de la Pologne n'offraient que des dangers et de la gloire. Et si 'Angleterre avait enfin pris part à quelques combats, du સે sang auglais aurait été versé ; le peuple de la Grande-Bre tague én apprenant quels sacrifices exige la guerre, aurait désiré la paix; le deail des pères, des mères pleurant leurs enfans morts au champ d'honneur, aurait peut-être fait naître enfin dans le cœur

des ministres ces mêmes sentimens qu'une longue guerre a inspirés aux français, aux Russes, aux Autrichiens. Le cabinet britannique n'aurait pu se défendre à son tour, d'avoir horreur de la guerre perpétuelle, ou bien les hommes de sang qui le composent seraient devenus l'exécration du peuple. Il n'en est pas de la guerre de terre comme de la gnerre de mer. La plus forte escadre n'exige pas 15 mille hommes parfaitement aprovisionnés et n'ayant à soufrir aucune privation; le plus grand combat naval n'équivaut pas à une escarmouche de terre, il coûte peu de sang et de larmes. La France, l'Au triche, la Russie emploient à la guerre des armées de 400 mille hommes, qui sont exposées à tous les genres de dangers et qui se battent tous les jours. Le désir de le paix naît au sein même de la victotoire et pour des souverains, pères de leurs sujets, il se place bientôt parmi leurs sentimens les plus chers. De tous les gouvernemens l'olygarchie est le plus dur; luimême cependant est aussi ramené vers la paix, quand la guerre coûte tant de victimes. Le système qui a conduit l'Anéleterre à ne point secourir ses alliés, est la suite de son égoïsme, et l'effet de la maxime barbare d'une guerre perpétuelle. Le peuple anglais ne se révolte point à cette idée, parce qu'on à soin d'éloigner de lui les sacrifices de la guerre, C'est ainsi que, pendant quatre coalitions, nous avons vn l'Angleterre

Si cependant la paix de Tilsit doit être considérée comme la conséquence et la punition de l'inactivité qu'on impute à la Grande-Bretagne, S. M. ne peut que regretter que l'empereur de Russie ait adopté si précipitamment une mesure aussi fatale, au moment où il avait reçu des assurances formelles que S. M. faisait les

rire à l'aspect des malheurs du Continent, alimenter son commerce de sang humain, et se faire un jeu des scènes de car nage auxquelles elle ne prenait point de part. Elle rentrera dans l'estime de l'Europe, elle sera digne d'avoir des alliés quand elle se présentera en front de bandière avec 80,000 hommes; alors, et quel que soit l'événement, elle ne voudra pas une guerre perpétuelle; son peuple ne se soumettra point aux caprices d'une ambition désordonnée; ses alliés ne seront pas ses victimes. C'est en se battant que les Russes, les Autrichiens, les Français ont appris à s'estimer; c'est en se battant qu'ils ont appris à faire céder les passion haineuses ou cruelles au désir de la paix. L'Angleterre acquis sa supériorité sur les mes par la trahison, à Toulon et dans la Vendée; elle n'a exposé aux convulsions qu'elle a suscitées que quelques vaisseaux et quelques milliers d'hommes; elle n'a éprouvé ni le besoin de la paix, ni les pertes sanglantes de la guerre. Mais il est naturel que le Continent veuille le paix, et que les puissances continentales aient en horreur la politique de l'Angleterre.

que

plus grands efforts pour remplir l'attente de son allié; assurances S.M.I. avait reçues avec des marques apparentes de confiance et de satisfaction; et au moment où S. M. était en effet préparée à employer pour le but commun de la guerre, les mêmes forces qu'après la paix de Tilsit elle s'est vue dans la nécessité d'employer pour déconcerter une combinaison dirigée contre ses propres intérêts et sa sécurité immédiate.

La vexation du commerce russe par la Grande-Bretagne n'est guères qu'un reproche imaginaire, Après des recherches faites par ordre de S. M. dans les archives de la cour de l'amirauté, on n'a pu découvrir qu'un seul exemple de condamnation d'un bâtiment véritablement russe pendant le cours de la guerre actuelle, et ce bâtiment avait porté des munitions navales dans un port de l'ennemi commun. Il n'existe peu d'exemples de bâtimens russes détenus, et on ne voit, en aucun cas, que la justice ait été refusée aux parties qui se sont plaintes régulièrement d'une telle détention. S. M. est donc aussi surprise qu'affligée que l'empereur de Russie ait condescendu à produire une plainte qui, ne pouvant être sérieusement sentie par ceux en faveur de qui elle est alléguée, ponrrait paraître destinée à appuyer les déclamations exaggérées par le moyen desquelles la France a toujours cherché à exciter la jalousie des autres pays, et a justifier sa haine invétérée contre la Grande-Bretague. (6)

(6) Il est vrai que la cour de

La paix de Tilsit a été suivie, de la part de l'empereur de Russie, de l'offre de sa médiation pour la conclusion de paix entre la Grande Bretagne et la France, médiation qu'on affirme avoir été refusée par S. M.

S. M. n'a point refusé la médiation de l'empereur de Russie, quoique cette offre fut accompagnée de circonstances qui auraient pu justifier son refus.

Les articles du traité de Tilsit ne furent point communiqués à S. M. et particulièrement l'article en vertu duquel la médiation était proposée, et qui prescrivait un tems limité pour le retour de la réponse

TOME III.

l'amirauté n'a condamné qu'un seul bâtiment russe; mais ce raisonnement n'en est pasmoins faux plus de cent bâtimens russes ont été détournés de leur navigation, assujettis à d'odieuses visites et retenus en Angleterre. Depuis le manifeste du cabinet de Londres, plus de douze de ces mêmes vaisseaux, arrêtés pendant que les Russes se battaient pour la cause de l'Angleterre, ont déjà été condamnés. Ce n'est donc point à la cour de l'amirauté qu'il fallait s'adresser pour vérifier les sujets de plaintes de la Russie; ce sont les registres des croiseurs; ce sont ceux des capitaines de ports qu'il faut consulter. C'est une étrange manière de chercher à persuader qu'on n'a point de torts, que de chercher les preuves de ces torts où elle ne sont pas.

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