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sans morale, proclamant l'injustice avec autant d'impudeut que le tyran des Sept-Montagnes. Et c'est par de tels argu mens que les ministres espèrent convaincre la nation Anglaise, cette nation si fière, que chacun de leurs actes dévoue au mé. pris de l'Europe!

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"Nonobstant la déclaration de guerre faite par le gouverne "ment danois, il reste au Danemarck à décider si la guerre " continuera entre les deux nations. S. M. propose encore un arrangement à l'amiable: elle souhaite ardemment de " remettre dans le fourreau l'épée qu'elle en a tirée avec tant "de répugnance; elle est prête à prouver au Danemarck et au monde, qu'ayant agi seulement pour assurer la tranquil"lité de ses propres domaines, aucun autre motif, aucun "projet d'agrandissement ou d'avantage quelconque, ne lui "font désirer de prolonger la guerre au-delà du tems fixé par "la nécessité qui l'a produite."

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Ce dernier paragraphe prouve, comme tout le reste de la déclaration, qu'an esprit de vertige s'est emparé des conseils de la Grande-Bretagne.

Le Danemarck ne peut plus faire la paix avec l'Angleterre; il fait actuellement, il fera desormais cause commune avec le Continent.

Ou les Anglais resteront quelques tems dans la Zéelande, et alors ils ne tarderont pas à en être chassés, et 20,000 hom hommes prisonniers vengeront assez la perte de quelques vaisseaux dérobés et d'un arsenal livré au pillage; ou ils fuiront lâchement, et alors, le Sund, Tonningen, la Norwège leur se ront à jamais fermés; et ces résultats assurés seront une preuve de plus de cette maxime incontestable, que ce qui est injuste ne peut être utile à une nation.

On cherche en vain, non pas une excuse, mais un prétexte à l'attentat de l'Angleterre euvers le Danemarck dans cette déclaration qui est un nouvel outrage fait à l'Europe. Les ministres du roi d'Angleterre, impatiens de faire quelque entreprise qui occupât l'esprit inquiet de leur nation, ont été ravis d'en trouver une qui n'exigeait ni bravoure, ni habileté, ni génie ils ont fermé les yeux sur la situation de l'Europe; ils ont méconnu le caractére du prince royal; ils n'ont écouté que leurs passions. Malheur au pays où il n'est perinis qu'à l'ignorance, à l'imprudence, à la haine, d'élever la voix dans les conseils ! Tout ce qui se passe en Angleterre prouve les avantages du gouvernement monarchique modéré, et les dangers du gouvernement oligarchique. Un monarque a des entrailles; les ministres, sous un tel guide, sont justes et éclairés. Mais une oligarchie ue considère ni les intérêts de la patrie, ni les droits de l'humanité, ni les règles de la justice. Heureuse l'Angleterre quand elle redeviendra une narchie! Nous nous exprimous ainsi parce que ce pays, véri tablement privé d'un monarque depuis si long-tems frappé d'infirmités, manque de son premier magistrat. L'histoire

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nous apprend que c'est lorsque le gouvernement d'un état a fait sa derniére tendance vers l'oligarchie, qu'il est le plus près de sa ruine. Quels moyens de salut restent à l'Angleterre ? Les trouvera-t-elle dans ce parlement qu'on achete, qu'on proroge et qu'on dissout à volonté ? Les trouvera-t-elle daus ce club de ministres, présidé par ce lord Melville dont les malversations et les rapines furent nagueres dénoncées à son pays et à l'Europe? Quand ce club oligarchique s'apercevra qu'il a fatigué les destinées et lassé la patience du peuple, il ne verra que ses propres périls, et il abandonnera le salut de l'état à d'autres mains. Un monarque ne sépare point ainsi ses intérêts de ceux de la patrie; c'est avec elle qu'il veut périr; ce n'est qu'avec elle qu'il peut se sauver.

Paris, le 12 Novembre.

L'Angleterre depuis deux ans a fait quatre expéditions. La première devant Constantinople. Elle a tourné à sa honte; elle lui a valu la perte de plusieurs vaisseaux, la confiscation de toutes ses marchandises et l'expulsion de son commerce de toutes les échelles du Levant. Lord Duckworth et son escadre ont été heureux de pouvoir trouver leur salut dans la fuite.

La seconde expédition de l'Angleterre a été contre l'Egypte. Elle a été plus honteuse encore, plus fuueste, plus déshonorante. Son armée battue à Rosette, cernée dans la route, a perdu plus de 4000 hommes d'élites qui ont été tués ou faits prisonniers. En vain les Anglais out coupé des digues, rompu des canaux, inondé ce malheureux pays pour se mettre à l'abri dass Alexandrie; le 22 Septembre le Pacha du Caire arrive, les bat, et les oblige à lui remettre Alexandrie où le Pacha fait son entrée le 24. Il est difficile de citer une expédition plus humiliante.

La troisième expédition de l'Angletterre a été celle de Moute-Vidéo et de Buenos-Ayres. 10,000 Anglais échouent devant une ville ouverte ! Il est vrai que la haine que ces ennemis de la religion inspirent aux catholiques espagnols avait donué de nouveaux moyens contre eux, avait animé d'une nouvelle ardeur la population toute entiére; et 10,000 hommes ont été trop heureux qu'on leur accordât la permission de se retirer. Cette expédition qui avait coûté aux Anglais des sommes énormes n'a donc servi qu'à détruire l'illusion qui leur persuadait qu'il était facile de s'emparer des possessions espagnoles. Les possessions portugaises ne leur opposeraient pas moins de résistance. Partout où il y a des catholiques les intoléraps Anglais trouveront des ennemis. Dans cette funeste expédition ils ont perdu plus de 5,000 hommes. Leur quatrième expédition, a fait le plus de bruit. C'est celle de Copenhague, la plus atroce expédition dont l'histoire

puisse conserver le souvenir; la honte dont elle a couvert le gouvernement britannique est ineffaçable. Pourquoi les Anglais évacuent-ils la Zéelande et Copenhague, lorsque le gouvernement danois ne reconnaît pas la capitulation, et que l'engagement d'évacuer n'existe plus? Pourquoi les Anglais évacuent-ils lors que le prince royal refuse de recevoir leur envoyé, lors que ce prince conclut une alliance offensive et défensive avec la France, lors qu'il ne répond à leurs propositions que par le rappel de l'agent qu'il avait à Londres; enfin, lors que dans ses négociations politiques il ne parle des Anglais qu'en les appelant brigands, titre qu'ils ont si bien mérité ? Pourquoi? parce qu'ils sont pleins du sentiment de leur faiblesse et de leur malhabileté sur terre: l'approche du moment où les glaces rendront possible l'arrivée des troupes danoises, les décide de prendre prudemment le parti de la fuite, au lieu d'attendre l'ennemi qu'ils avaient surpris, désarmé, et que bientôt il faudrait combattre: fuite honteuse, et sur laquelle on ne peut trop verser de mépris!-Après ces quatre expéditions qui déterminent si bien la décadence morale et militaire de l'Angleterre, nous parlerons de la situation où ils laissent anjourd'hui le Portugal. Le prince régent de Portugal perd son trône; il le perd influencé par les intrigues des Anglais; il le perd pour n'avoir pas voulu saisir les marchandises anglaises qui sont à Lisbonne: que fait donc l'Angleterre, cette alliée si puissante? Elle regarde avec in différence ce qui se passe en Portugal. Que fera-t-elle quand le Portugal sera pris? Ira-t-elle s'emparer du Brésil? Non: si les Anglais font cette tentative, les Catholiques les chasseront. La chute de la maison de Bragance restera une nouvelle preuve que la perte de quiconque s'attache aux Anglais,

est inévitable.

Mais au milien de tant d'événemens sinistres, que veulent donc les ministres anglais ? Nous ne disons pas l'Angleterre; l'Angleterre ne veut que ce que veulent toutes les nations, la paix, et jouir enfin du repos sous le règne de la morale et des lois; mais que veut le comité d'oligarques qui dirige son gouvernement? Il l'a déclaré: la guerre perpétuelle. Ces systêmes de guerre perpétuelle ne dureront pas plus que n'ont duré ces crises où des hommes farouches et exagérés voulaient briser le droit des gens et pousse tout à l'extrême. Le comité des oligarques de Londres est travaillé par les mêmes sentimens qui animaient nos comités révolutionnaires; ceux qui le dirigent sont aussi atroces que Marat. Qu'est-ce que celui-ci a fait de plus atroce? C'est de présenter au monde le spectacle d'une guerre perpétuelle. Ces meneurs finiront comme finissent tous les hommes furibonds et exagérés: ils seront l'opprobre de leur pays et la haine des nations.

Le refus de la médiation de l'empereur Alexandre et l'expéBb

TOME III.

dition de Copenhague décelaient assez les sentimens du ministère anglais et son système de la guerre perpétuelle; aussi le premier résultat de ces événemens a-t-il été de décider les peuples du Continent qui étaient encore en paix avec l'Angleterre, à rompre désormais toute relation avec elle. L'Autriche n'a pas hésité: à peine l'empereur François II. a-t-il eu connaissance des événemens de Copenhague et du refus des Anglais d'accepter la médiation de la Rossie, qu'il a déclaré la guerre à l'Angleterre. Déjà le blocus se resserre de toutes parts; Lord Pembrocke, parti de Vienne, a dú, pour se endre à Londres, s'embarquer à Trieste; les correspondances de Vienne ne peuvent plus arriver à Londres; les correspondances d'Angleterre avec tout le continent sont interceptées; on en dépôt plus de cent mille lettres anglaises, et des lettres de change pour plusieurs millions sterling, arrêtées par l'effet du blocus. Ces mesures pèsent sur la nation anglaise, la font souffrir, et auront pour résultat de la mettre dans une situation violente. Mais qu'importe aux hommes exagérés qui gouverment cette nation! qu'ont ils de commun avec le peuple an glais? Heureusement le jour où ils seront culbutés du ministère, ils ne seront plus rien; ils peuvent suivre encore quelque tems leurs maximes; mais une catastrophe est infaillible. L'injustice et l'exagération peuvent quelquefois se jouer des nations; mais l'experience a prouvé que la durée de ces fleaux est passagère. La paix, le premier des biens pour les nations, doit être le principal but de toutes les actions de ceux qui gouvernent. Un ministère qui professe la guerre perpétuelle, trahit les plus chers intérêts de son pays; il a perdu sa confiance: sa chute inévitable et prochaine satisfera l'intérêt national et la morale publique.

Paris, le 13 Novembre.

L'échange des ratifications d'une convention qui a été con❤ clue entre la France et l'Autriche, a eu lieu le 10 à Fontaine bleau, entre M. de Champagny, et M. de Metternich.

Par cette convention, la place de Brannau sera évacuée par les troupes françaises avant le 10 Décembre et rendue à l'Autriche. La province de Montefalcone est cédée par l'empereur à l'Autriche, et la limite du royaume d'Italie avec les états autrichiens sera le Thalweg de l'Isonzo. Par ces arrangemens, toutes les difficultés qui subsistaient encore sur l'exécution du traité de Presbourg, sont entièrement levées.

'Paris, le 29 Novembre.

Ea Angleterre, les élections sont précédées et accompa gnées d'excès de tous les genres. Les moyens de séduction

les plus honteux sont employés par les compétiteurs: ils se dé chirent réciproquement avec une fureur inexprimable; ils excitent et mettent en mouvement des passions tellement violentes, qu'il ne se forme pas un nouveau parlement dont les élections n'aient été souillées du sang de quelques électeurs. Le ministère, qui se croirait perdu s'il existait un parlement qui ne fût pas corrompu, commence tonjours par déshonorer la majorité de ses membres eu les achetant.

Il n'est peut-être pas sans utilité et sans intérêt d'opposer au tableau de ces turbulentes et scandaleuses brigues, celui des tranquilles et décentes élections de France. Če tableau est l'une des plus solides réfutations qu'on puisse faire des calomnies que le gouvernement anglais ne cesse de répandre depuis tant d'années, dans toute l'Europe, contre le gouverne ment français.

Les assemblées électorales de France ont donné cette année, comme les précédentes, un nouvel exemple de l'excellent esprit qui les anime, de l'union qui règne parmi leurs membres, de cette émulation qui n'est point rivalité, et de ses prétentions sages et modérées qui ne s'établissent que sur des titres réels, et qui cèdent, sans combat, devant des titres plus recommandables. Elles ont employé en général, la moitié seulement, où même le tiers du tems que la loi leur accordait. Leurs opérations ont été rapides, comme elles devaient être uniformes; la loi a toujours paru claire et son exécution a toujours été facile.

On pourrait appliquer cet éloge à toutes les assemblées qui viennent d'être convoquées; toutes ont prouvé qu'elles en étaient dignes; mais on nous permettra de ne citer ici particulièrement que les opérations du collège électoral da départe ment de la Seine, présidé par S. Em. M. le cardinal archevêque de Paris.

Les électeurs de ce collége ont donné la preuve d'un noble désintéressement en choisissans hors de leur sein les deux candidats pour le sénat. Ils ont ensuite prouvé une louable émulation et un dévouement généreux à l'utilité publique par leur empressement à briguer les cauditatures au conseil général, dont les fonctions sont pénibles et gratuites.

Mais ce qui a rendu surtout la session de cette année mémorable, c'est la manière dont le vénérable président du collége a rempli ses fonctions. Ce vieillard presque centenaire a porté l'exactitude plus loin qu'on ne peut l'imaginer, il a pris un vif intérêt à toutes les opérations; au moment de la cloture de l'assemblée, il a remercié les électeurs des bontés qu'ils avaient eues pour lui; ce sont ses expressions. Il leur a dit qu'il avait été édifié du bonlesprit qui avait dirigé leur choix, de l'ordre et de la décence qui avaient constamment regné parmi eux. Il les BB 2

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