Page images
PDF
EPUB

plus où la diplomatie particulière put l'emporter sur l'union générale, L'idée de former une ligue défensivé, ou plutôt offensive, entre les Gouvernemens Constitutionnels, contre les Monarchies, n'est pas de saison, et le grand ápôtre des Chartes est trop bien connu ici: Parrivée de M. de Chateaubriand à Vérone est donc peu opportune; c'est, il faut le dire, un contresens diplomatique, à moins que le Ministère de Louis XVIII. ne veuille fonder ses rapports avec ses alliés sur une défiance réciproque. Croire que M. de Chateaubriand sera admis à connaître les résolutions intimes des Cabinets, c'est se faire une illusion plus grande que toutes celles que le célèbre écrivain a consignées dans sa prose poétique. Je dois dire aussi à Votre Excellence, que cette légion de Diplomats que la France a envoyés au Congrès actuel, ressemble plus, aux yeux des Puissances, à une armée d'observation qu'à une légation d'amitié et de confiance.

[ocr errors]

D'après les communications qui m'ont été faites, je dois certifier à Votre Excellence que les Cabinets d'Autriche, de Russie et de Prusse, pendant les dix jours qui viennent de s'écouler, se sont mis parfaitement d'accord, par écrit, sur toutes les questions qui vont s'agiter au Congrès. Ils répondront à tout d'une voix unamine. Votre Excellence sentira combien cette circonstance est grave, qu'est qu'une union entre cinq Puissances, dans laquelle trois d'entre elles se présentent d'abord avec une opinion unique toute formée.

Que peut faire la France dans ce cas? rompre ou se trouver à la suite, ainsi qu'elle l'a fait jusqu'ici. Il importe à sa dignité, de paraître en même temps que les autres, de discuter avec égalité.

Votre Excellence comprendra mieux que je ne pourrais le dire, combien le fait que je viens de lui soumettre est digne de sa plus profonde attention. Il touche aux bases fondamentales de l'Alliance, qui ne peut subsister que lorsque la dignité de chaque Partie Contractante est conservée. C'est à Votre Excellence à réparer le tort que les Ministères précédens ont fait à notre diplomatie.

Ce fait prouvera du moins à Votre Excellence, que l'Alliance monarchique est devenue aussi simple dans sa marche que formidable dans les ressources qu'elle présente. La France veut-elle s'isoler d'un tel système quand elle peut y occuper un des premiers rangs? Il est impossible de prévoir au juste les dispositions que le Duc de Wellington apportera au Congrès. La mort de Lord Londonderry fait craindre quelque changement défavorable dans les dispositions du Cabinet de Londres. En définitive, s'il ne veut rien faire pour l'Espagne, on est sûr qu'il laissera tout faire. Dans tous les cas, c'est à vous, Monseigneur, d'entamer ce point important. Si la restauration de l'Espagne ne se fait pas à l'aide de la France, elle se fera tôt ou tard sans elle. Déjà un Roi Bourbon a été rétabli sur le trône de Naples par des étrangers, sans que nous ayons pu lui porter autre assistance que l'offre inutile d'une Charte de transaction avec ses sujets rébelles. Continuerons

nous de joner ce rôle pen convenable et peu digne d'une grande Monarchie! Laisserons-nous toujours à l'Europe le soin de venger l'autorité royale chez nos voisins, chez nos parens? et le Gouvernement du chef de la dynastie de Louis XVI. ne sera-t-il occupé qu'à proposer sans cesse des garanties en faveur des Sujets révoltés contre les Rois de cette Auguste Famille ?

Dans la circonstance présente, je crois que la Providence offre à Votre Excellence une occasion de faire un grand bien et d'acquérir une grande gloire. Quelle que soit la nature des instructions que Votre Excellence a reçues du Conseil des Ministres, il est impossible que ces instructions soient assez précises pour l'êmpécher de profiter de cette occasion.

La restauration française a été imparfaite, parce que la révolution avait duré un quart de siècle, et parce que l'expérience des restaurations n'était pas encore acquise. La restauration d'Espagne doit être complète. Les principes réligieux et monarchiques doivent être rétablis dans toute la pureté et dans tout leur éclat. Les cabinets professent unanimement cette opinion, et elle sera manifestée à Votre Excellence.

Eh bien, Monseigneur, ce que l'Europe desire et projette, c'est à la France à exécuter. La France a dans ce moment les yeux fixés sur l'importante mission que vous êtes venu remplir. Il n'y a rien à gagner en opposant des délais aux vœux de l'Europe, il n'y a rien à perdre en s'empressant de les accomplir, vû que, plus tôt, on plus tard, l'Espagne sera délivrée et restaurée. Que ce soit vous, Monseigneur, qui remportiez l'honneur d'y avoir contribué le premier. La mémoire de vas aieux vous sollicite à cette entreprise. Ce n'est pas pour rien que la Providence a placé un Montmorency au timon des affaires, lorsqu' un Roi Bourbon est dans les malheurs.

Il est peut-être réservé à un Descendant du premier Baron Chrétien d'attacher son nom au raffermissement des autels, de la foi Catholique en Espagne, et au rétablissement du sceptre que Louis-le-Grand dépos dans les mains de son petit-fils.

S. E. Le Vicomte de Montmorency.

ACHILLE DE JOUFFROY.

PROCLAMATION of the Duke d'Angoulême, on the Entrance of the French Army into Spain.—April 2, 1823. ESPAGNOLS,

Le Roi de France, en rappelant son Ambassadeur de Madrid, avait espéré que le Gouvernement Espagnol, averti de ses dangers, revien drait à des sentimens plus modérés et cesserait d'être sourd aux conseils de la bienveillance, et de la raison. Deux mois et demi se sont écoulés, et Sa Majesté a vainement attendu qu'il s'établis en Espagne un ordre de choses compatible avec la sureté des Etats voisins.

Le Gouvernement Français a supporté, deux années entières, avec une longanimité sans exemple, les provocations les moins méritées. La faction Révolutionnaire qui a détruit dans votre pays l'Autorité Royale, qui tient votre Roi captif, qui demande sa déchéance, qui menace sa vie et celle de sa famille, a porté au-dela de vos Frontières ses coupables efforts. Elle a tout tenté pour corrompre l'Armée de Sa Majesté Très-Chrétienne, et pour exciter des troubles en France, comme elle était parvenue, par la contagion de ses doctrines et de ses exemples, à opérer les soulèvemens de Naples et du Piémont. Trompée dans ses coupables espérances, elle a appelé des Traitres condamnés par nos tribunaux à consommer, sous la protection de la rebellion triomphante, les complots qu'ils avaient formés contre leur patrie.

Il est tems de mettre un terme à l'anarchie qui déchire l'Espagne, qui lui ôte le pouvoir de pacifier ses Colonies, qui la sépare de l'Europe, qui a rompu toutes ses relations avec les Augustes Souverains que les mêmes intentions et les mêmes vœux unissent à Sa Majesté Très Chrétienne, et qui compromet le repos et les intérêts de la France.

Espagnols, la France n'est point en guerre avec votre Patrie. Né du même sang que vos Rois, je ne puis desirer que votre indépendance, votre bonheur, et votre gloire. Je vais franchir les Pyrénées à la tête de 100,000 Français, mais c'est pour m'unir aux Espagnols, amis de l'ordre et des lois, pour les aider à délivrer leur Roi prisonnier, à relever l'autel et le trône, à arracher les prêtres à la proscription, les propriétaires à la spoliation, le peuple entier à la domination de quelques ambitieux qui, en proclamant la liberté, ne préparent que la ruine de l'Espagne.

Espagnols! tout se fera pour vous et avec vous: les Français ne sont et ne veulent être que vos auxiliaires; votre drapeau flottera seul sur vos Cités; les Provinces, traversées par nos soldats, seront administrées au nom de Ferdinand par des Autorités Espagnoles. La discipline la plus sévère sera observée; tout ce qui sera nécessaire au service de l'armée sera payé avec une religieuse exactitude. Nous ne prétendons ni vous imposer des lois, ni occuper votre pays; nous ne voulons que votre délivrance. Dès que nous l'aurons obtenue, nous rentrerons dans notre Patrie, heureux d'avoir préservé un Peuple généreux des malheurs qu'enfante une révolution, et que l'expérience ne nous a que trop appris à connaître.

Au Quartier-général à Bayonne, le 2 Avril, 1823.

LOUIS-ANTOINE.

Par Son Altesse Royale le Prince Général en Chef, Le Conseiller d'état, Commissaire Civil de Sa Majesté Très Chrétienne, DE MARTIGNAC.

SPEECH of the King of Spain, on closing the Extraordi nary Cortes.—Madrid, 19th February, 1823.

SENHORS DEPUTIES,

(Translation.) In closing this extraordinary Session, I take pleasure in expressing my satisfaction and acknowledgment, for the decision, disinterestedness, and patriotism, which have marked your proceedings.

It has been necessary to make sacrifices of men and money in order to remedy the evils of the State; and the salutary effect which it was hoped those sacrifices would produce, have been such as correspond with the effectual manner in which they were conceded. The factious who meditated the overthrow of the Fundamental Law of the State, are retreating before the valour of the National Troops. The Junta of perjured men, styling themselves the Spanish Regency, has disappeared like a cloud of mist; and the Rebels, who calculated on triumphs so easy and secure, now begin to feel the sad result of their disorders.

The Troops who so gloriously support the National Cause are worthy of all praise. Besides the reward which victory has secured to them, they must experience no small satisfaction in seeing that the Extraordinary Cortes has been occupied in providing for them a system of Regulations analogous to the Fundamental Code by which we are governed. This measure, which is already considerably advanced, is to them a certain guarantee that the Civil and Military Laws will be speedily placed on a footing of harmony, and that there will be an end to that conflict between them which gives rise to so much dissatisfaction and discord.

Other measures, equally important, have distinguished this Extraordinary Session. The Regulation of the Police, the Law for Recruiting, the Powers granted to my Government, with the view of consolidating the Constitutional System, and some other points which have come under the consideration of the Cortes during this period, attest the assiduity and firmness with which the Representatives of the People repay the confidence of their Constituents.

Some of the days of this Session will be celebrated for the pure patriotism which they have exhibited. In those days recompenses have been decreed to those whose conduct, on the 7th of July, entitled them to the gratitude of their Country, and the Principal Chiefs who figured in that memorable event were presented at its bar. The Sittings of the 9th and 11th of January were distinguished be yond the others, and will form the chief splendour of this Extraor dinary Cortes. The voice of National honour has resounded, in the most sublime manner, in the Sanctuary of the Laws, and every Spaniard felt penetrated with the conviction that nothing was equal to the happiness of possessing a Country.

Some of our Diplomatic Relations have been interrupted during the Sittings of this Cortes; but these misunderstandings between Cabinet

and Cabinet have increased the moral force of the Nation in the eyes of the Civilized World, where honour, probity, and justice, are professed. Seeing that Spain does not capitulate in order to her degradation, a just idea will be formed of the firmness of her character, and of the happy influence of the Institutions by which she is governed,

The King of France has declared his intentions, with respect to Spain, to the two Chambers of the Legislative Body. Mine are already publick, and are recorded in the most solemn manner, Valour, decision, constancy, love of National Independence, and the increased conviction of the necessity of preserving the National Code of 1812: these are the vigorous answers which the Nation must give to the anti-social principles contained in the Speech of the Most Christian Monarch.

The circumstances in which the publick affairs are placed are of a serious character; but there is no reason to be apprehensive either for my Government or for the Cortes. My firm and constant union with the Deputies of the Nation will be the secure guarantee of a happy issue, and of the new days of glory which are preparing for us. The day for the opening of the Session of the Cortes is near at hand. A new field of patriotism is about to present itself to the Representatives of the Nation, and new motives offer themselves to me for making my sentiments publick. FERDINAND.

SPEECH of the King of Spain, on the Opening of the Cortes.-Madrid, 1st March, 1823.

GENTLEMEN,

(Translation.)

THE extraordinary circumstances under which the Session of the Cortes for this Year commences, open a vast field for the patriotism of the Representatives of the Spanish Nation, and will ensure them a distinguished place in the annals of the Country.

Spain, at present the great object of the attention of Europe, is about to solve the problem which occupies alike, Kings and their Subjects. In it are centered the hopes, the fears, the interests of humanity, and the caprices of ambition and pride.

The Continental Powers which compose the Holy Alliance have raised their voice against the Political Institutions of this Nation, which has conquered its Independence and liberty with its blood! Spain, in answer to the insidious accusations of those Powers, has declared solemnly to the World, that her fundamental Laws can alone be dictated by herself.

This simple and clear principle can only be attacked by sophisms supported by Arms; and those who, in the 19th century, are forced to have recourse to arguments of this description, give the best possible proof of the injustice of their Cause.

« PreviousContinue »