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Leurs Majestés, desiraient bien sincèrement que l'état des choses qui leur avait imposé ce pénible devoir, vint à cesser le plustôt possible et ne se reproduisit jamais." Ainsi s'évanouissent les fausses alarmes, les interprétations hostiles, les prédictions sinistres que l'ignorance et la mauvaise foi avaient fait retentir en Europe, pour égarer l'opinion des Peuples sur les intentions franches et loyal des Monarques! Aucune vue secrète, aucun calcul d'ambition ni d'intérêt n'avait eu part aux résolutions qu'une nécessité impérieuse leur avait dictées en 1821; résister à la Révolution, prévenir les désordres, les crimes, les calamités innombrables qu'elle appelait sur l'Italie toute entière; y rétablir l'ordre et la paix: fournir aux Gouvernemens légitimes l'appui qu'ils étaient en droit de réclamer; tel a été l'unique objet des pensées et des efforts des Monarques. A mesure que cet objet s'accomplit, ils retirent et retireront des secours qu'un besoin trop réel avait seul pu provoquer et justifier: heureux de pouvoir abandonner aux Princes que la Providence en a chargés, le soin de veiller à la sûreté et à la tranquillité de leurs Peuples, et d'enlever ainsi à la malveillance jusqu'au dernier prétexte dont elle ait pu se servir pour répandre des doutes sur l'Independance des Souverains de l'Italie.

Le but du Congrès de Vérone, tel qu'un engagement positif l'avoit désigné, aurait été rempli par des résolutions adoptées pour le soulage. ment de l'Italie; mais les Souverains et les Cabinets réunis n'ont pa se dispenser de porter leurs regards sur deux graves complications, dont le développement les avait constamment occupés depuis la réunion de Laybach.

Un évènement d'une importance majeure avait éclaté vers la fin de cette dernière réunion. Ce que le génie révolutionnaire avait commencé dans la Péninsule occidentale, ce qu'il avait tenté en Italie, il était parvenu à l'exécuter aux extrémités orientales de l'Europe. A l'époque même où les révoltes militaires de Naples et de Turin cédèrent à l'approche d'une force régulière, le brandon de l'insurrection fut lancé au milieu de l'Empire Ottoman. La coincidence des évènemens ne pouvait laisser aucun doute sur l'identité de leur origine. Le même mal se reproduisant sur tant de points divers, et toujours avec des formes et un langage analogue, quoique, sous des prétextes dif férens, trahissait trop évidemment le foyer commun d'où il était sorti Les hommes qui avaient dirigé ce mouvement s'étaient flattés d'en tirer parti, pour semer la division dans les Conseils des Puissances, et pour neutraliser les forces que de nouveaux dangers pouvaient appeler sur d'autres points de l'Europe. Cet espoir fut trompé. Les Monarques, décidés à repousser le principe de la révolte, en quelque lieu et sous quelque forme qu'il se montrât, se hâtèrent de la frapper d'une égale et unanime réprobation. Invariablement occupés du grand objet de leurs sollicitudes communes, ils surent résister à toute

considération qui aurait pu les détourner de leur route; mais écoutant en même tems la voix de leur conscience et d'un devoir sacré, ils plaidèrent la cause de l'humanité, en faveur des victimes d'une entreprise aussi irréfléchie que coupable.

Les nombreuses communications confidentielles qui ont eu lieu entre les cinq Cours pendant cette époque, une des plus mémorables de leur alliance, ayant placé les questions de l'Orient sur une base d'unanimité, et d'accord complètement satisfaisante, leur réunion à Vérone n'a eu qu'à consacrer et à confirmer ces résultats, et les Puissances amies de la Russie peuvent se flatter qu'elles feront disparaître, par des démarches communes, les obstacles qui ont pu retarder l'accomplissement définitif de leurs vœux.

D'autres évènemens dignes de toute la sollicitude des Monarques ont fixé leurs vues sur la position déplorable de la Péninsule occidentale de l'Europe.

L'Espagne subit le sort réservé à tous les Pays qui ont eu le malheur de chercher le bien dans des voies qui n'y conduissent jamais. Elle parcourt aujourd'hui le cercle fatal de sa révolution; d'une révolution que des hommes égarés ou pervers ont prétendu représenter comme un bienfait, comme le triomphe même d'un siècle de lumières. Tous les Gouvernemens ont été témoins des efforts que ces hommes ont faits pour persuader à leurs contemporains, que cette révolution était le fruit nécessaire et heureux des progrès de la civilisation, et le moyen par lequel elle a été opérée et soutenue, le plus bel élan d'un patriotisme généreux. Si la civilisation pouvait avoir pour but la de struction de la société, et s'il était permis d'admettre que la force militaire pût s'emparer impunément de la direction des Empires dont elle n'est appelée qu'à maintenir la paix intérieure et extérieure, certes, la Révolution Espagnole aurait des titres à l'admiration des siècles, et la révolte militaire de l'Ile de Léon pourrait servir de modèle aux réformateurs. Mais la vérité n'a pas tardé à reprendre ses droits, et l'Espagne a fourni, aux dépens de son bonheur et de sa gloire, un triste exemple de plus des conséquences infallibles de tout attentat contre les lois éternelles du monde moral.

Le pouvoir légitime enchainé et servant lui-même d'instrument pour renverser tous les droits, et toutes les libertés légales, toutes les classes de la population bouleversées par une mouvement révolutionnaire: l'arbitraire et l'oppression exercés sous les formes de la loi; un Royaume livré à tous les genres de convulsions et de désordres; de riches Colonies justifiant leur émancipation par les mêmes maximes sur lesquelles la Mèrepatrie a fondé son droit public, et qu'elle tenterait en vain de condamner dans un autre Hémisphere; la guerre civile consumant les dernières ressources de l'Etat: tel est le tableau que nous présente la situation actuelle de l'Espagne; tels sont les malheurs qui affligent un Peuple loyal et digne d'un meilleur sort; telle est enfin la cause

directe des justes inquiétudes que tant d'élémens réunis de troubles et de confusion ont pû inspirer aux Pays immédiatement en contact avec la Péninsule. Si jamais il s'est élevé au sein de la civilisation une Puissance ennemie des principes conservateurs, ennemie surtout de ceux qui font la base de l'Alliance Européenne, c'est l'Espagne dans sa désorganisation présente.

Les Monarques auraient-ils pu contempler avec indifférence tant de maux accumulés sur un Pays, et accompagnés de tant de dangers pour les autres? N'ayant à consulter dans cette grave question que leur propre jugement et leur propre conscience, ils ont dû se demander si, dans un état de choses que chaque jour menace de rendre plus cruel et plus alarmant, il leur était permis de rester spectateurs tranquilles, de prêter, même par la présence de leur Représentans, la fausse couleur d'une approbation tacite aux actes d'une faction, déterminé à tout entreprendre pour conserver son funeste pouvoir. Leur décision n'a pu être douteuse. Leurs Missions ont reçu l'ordre de quitter la Péninsule.

Quelles que puissent être les suites de cette démarche, les Monarques auront prouvé à l'Europe que rien ne peut les engager à reculer devant une détermination sanctionnée par leur conviction intime. Plus ils vouent d'amitié à Sa Majesté Catholique et d'intérêt au bienêtre d'une Nation que tant de vertus et de grandeur ont distinguée dans plus d'une époque de son histoire, et plus ils ont senti la nécessité de prendre le parti auquel ils se sont arrêtés, et qu'ils sauront soutenir,

Vous vous convaincrez par le précédent exposé que les principes qui ont constamment guidé les Monarques dans les grandes questions d'ordre et de stabilité, auxquelles les évènemens de nos jours ont donné une si haute importance, n'ont point été démentis dans leurs dernières transactions. Leur union, essentiellement fondée sur ces principes, loin de s'affaiblir, acquiert, d'époque en époque plus de cohésion et de force. Il serait superflu de venger encore la loyauté et la bienveillance de leurs intentions contre de méprisables calomnies que chaque jour l'évidence des faits réduit à leur juste valeur. L'Europe entière doit enfin reconnaître que la marche suivie par les Monarques est égale ment en harmonie avec l'indépendance et la force des Gouvernemens, et avec les intérêts bien entendus des Peuples. Ils ne regardent comme Ennemis que ceux qui conspirent contre l'autorité légitime des uns, et en imposent à la bonne foi des autres, pour les entraîner dans un abime commun. Les vœux des Monarques ne sont dirigés que vers la Paix; mais cette Paix, bien que solidement établie entre les Puissances, ne peut répandre sur la société la plénitude de ses bienfaits, tant que la fermentation qui agite encore les esprits dans plus d'un Pays, sera entretenue par les suggestions perfides et par les tentatives criminelles d'une faction, qui ne veut que Révolutions et bouleversemens; ant que les Chefs et les instrumens de cette faction, soit qu'ils marhent à front découvert, attaquant les Trônes et les Institutions, soit

qu'ils travaillent dans les ténébres, organisant des projets sinistres, préparant des complots ou empoisonnant l'opinion publique, ne cesseront de tourmenter les Peuples par le tableau sombre et mensonger du présent, et par des alarmes chimériques sur l'avenir. Les mesures les plus sages des Gouvernemens ne prospèreront, les améliorations les mieux combinées ne seront couronnées de succés, la confiance enfin ne renaîtra parmi les hommes, que lorsque ces fauteurs de trames odieuses seront réduits à une impuissance complête; et les Monarques ne croiront point avoir rempli leur noble tâche, avant de leur avoir arraché les armes qu'ils pourraient tourner contre la tranquillité du Monde.

En faisant part au Cabinet près duquel vous êtes accrédité, des notions et des déclarations que renferme la présente Pièce, vous aurez soin de rappeler en même temps ce que les Monarques regardent comme la condition indispensable de l'accomplissement de leurs vues bienveillantes. Pour assurer à l'Europe, avec la Paix dont elle jouit sous l'égide des Traités, cet état de calme et de stabilité, hors duquel il n'y a pas de vrai bonheur pour les Nations, ils doivent compter sur l'appui sincère et constant de tous les Gouvernemens. C'est au nom de leurs premiers intérêts, c'est au nom de la conservation de l'ordre social et au nom des générations futures, qu'ils le réclament. Qu'ils soient tous pénétrés de cette grande vérité, que le pouvoir remis entre leurs mains est un dépôt sacré, dont ils ont à rendre compte et à leurs' Peuples et à la postérité, et qu'ils encourent une responsabilité sévère, en se livrant à des erreurs, ou en écoutant des Conseils, qui tôt ou tard les mettraient dans l'impossibilité de sauver leurs Sujets des malheurs qu'ils leur auraient préparés eux-mêmes. Les Monarques aiment à croire que partout ils trouveront dans ceux qui sont appelés à exercer l'Autorité suprême, sous quelque forme que ce soit, de véritables Alliés, des Alliés ne respectant pas moins l'esprit et les principes que la lettre et les stipulations positives des Actes qui forment aujourd'hui la base du systême Européen; et ils se flattent que leurs paroles seront regardées comme un nouveau gage de leur résolution ferme et invariable de consacrer au salut de l'Europe tous les moyens que la Providence a mis à leur disposition.

Recevez, Monsieur, l'assurance, &c.

METTERNICH.

NESSELRODE.

BERNSTORFF.

INSTRUCTIONS to the Representatives of Spain, at the Courts of Vienna, Berlin, and St. Petersburgh, relative to the Decisions of the Congress of Verona. (Translation.) (CIRCULAR.) Palace, January 9, 1823. His Catholick Majesty's Government has received the communication of a Note from that of to its Chargé

d'Affaires at this Court, a Copy of which Note is transmitted to you for your information.

This Document, full of perverted facts, of calumnious suppositions, of accusations as unjust as they are unfounded, and of vague demands, does not call for a categorical or formal answer on any of the points alluded to in it. The Spanish Government will take a more suitable opportunity of presenting to all Nations, in a publick and solema manner, its principles and sentiments, its determinations, and the justice of the Cause of the generous Nation at the head of which it is placed, and contents itself for the present with stating:

1. That the Spanish Nation is governed by a Constitution which was solemnly recognized by the Emperor of all the Russias, in the Year 1812.

2. That the Spaniards, lovers of their Country, who, in the be ginning of 1820, proclaimed anew that Constitution which was abolished by violence in 1814, not only were not perjured men, but had the unfading honour of being the instrument of the general will of the Nation.

3. That the Constitutional King of the Spains is in the free exercise of the rights assigned to him by the Fundamental Code, and whatever may be alleged to the contrary, proceeds from the Enemies of Spain, for the purpose of calumniating and degrading it.

4. That the Spanish Nation has never interfered with the Institutions, or internal Affairs of any other State.

5. That Spain is more deeply interested than any other Country in applying a remedy to the evils with which it may be afflicted.

6. That these evils are not a consequence of the Constitution, but of the intrigues of those who attempt to overturn it.

7. That the Spanish Nation will never acknowledge in any Power a right to interfere or intermeddle in its affairs.

8. That His Catholick Majesty's Government will not depart from the line traced out for it, by its duty, its regard for the honour of the Nation, and its determination to adhere invariably to the Fundamental Code, sworn to in the Year 1812.

You are authorized to communicate this Despatch, verbally, to the Minister of Foreign Affairs, at —, giving him a Copy of the same, if he requests it. His Majesty hopes that your prudence, zeal, and patriotism, will suggest to you the firm line of conduct, worthy of the Spanish Name, which you ought to follow under the present circum

stances.

I have the honour to communicate this to you by His Majesty's Orders, and remain, &c.

EVARISTO SAN MIGUEL

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