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Le Chargé d'Affaires de Russie me remit le même jour les Lettres de Rappel de M. le Général de Benkendorff, et le Ministre de Prusse réclama une Audience pour présenter les siennes au Roi.

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Il suffira de jeter un regard calme et impartial sur le passé, pour comprendre combien cette détermination des trois Cours Alliées a dû nous surprendre, et combien peu les motifs allégués dans la Dépêche de M. le Prince de Metternich servent à diminuer cette impression. Récapitulons:

L'entrevue du Roi avec l'Empereur de Russie, à Mittenwalde avait fait naître des bruits qui réclamaient une rectification envers nos Missions à l'étranger. Elle fut donnée par notre Circulaire du 2 Janvier.

Celle des trois Cours Alliées sur le Congrès de Vérone ayant paru à la même époque, elle devient le sujet de quelques observations ajoutées à la nôtre.

Des causes connues donnèrent à celle ci une publicité à laquelle elle n'était pas destinée, à laquelle nous ne pouvions qu'être parfaite ment étranger.

Il nous était d'après cela impossible de rendre de cette pièce un compte quelconque; aussi fut-il décliné lorsque la Cour d'Autriche nous en adressa des plaintes dans une Dépêche de M. le Prince de Metternich au Baron d'Oechsner, en date du 29 Janvier.

En attendant, notre Circulaire parut dans les feuilles Françaises. Nous éprouvâmes trop de regrets de cette publication pour ne pas exprimer publiquement moyennant un Article Officiel, inséré dans la Gazette de la Cour, du 25 Février.

Cet Article contient à la fois une profession de nos principes politiques, propres à répondre à toute fausse induction.

Nous eûmes la satisfaction de leur voir rendre une justice entière et parfaite par la Cour d'Autriche, qui, ayant dès le commencement posé en principe de vouloir se tenir sur la même ligne de conduite avec ses Augustes Alliés, déclara, dans une Dépêche de Monsieur le Prince de Metternich, à Monsieur le Baron d'Oechsner, en date du 8 Mars, que, dès ce moment, toute explication' ultérieure sur la susdite pièce se trouve abandonnée par l'Empereur.

Une autre Dépêche de la même date exprime le désir que le Baron de Wangenheim, notre Ministre à la Diète, reçut une antre destination. L'accomplissement de ce désir n'était en aucune manière rattaché, comme condition, à la déclaration précitée; il était motivé par la ligne de conduite suivie jusqu'ici par ce Ministre; cette ligne de conduite n'était désignée qu'en termes généraux, celle exceptée qu'il avait tout récemment suivie, lors des délibérations de la Diète, sur la Circulaire des trois Cours du 14 Décembre dernier, à laquelle cette Dépêche 'con-" sacra d'amples développemens.

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Done notre vote isolé du 24 Février, conforme à celui que M. de Wangenheim avait déjà émis le 20 Février, était connu du Cabinet d'Autriche, lorsqu'il se déclara parfaitement satisfait par notre Article Officiel du 25 Février, et il ne se plagnit nullement alors d'une contradiction entre cet Article et le vote de notre Ministre, contradiction qui effectivement n'existe pas.

Les votes que M. de Wangenheim avaient donnés au Protocole sur cet objet, lui avaient été prescrits par ses instructions; celles-ci étaient parties du point de vue: que la réponse de la Diète à la communication des trois Cours devaient exprimer la reconnaissance la plus entière des intentions bienfaisantes et conservatrices de ces Cours, mais qu'elle ne devait se permettre aucune opinion sur les principes et les mesures par elles adoptés; vu que, d'un côté, une manifestation de ce genre exigerait, d'après les règlemens de la Diète, une discussion plus approfondis, et des instructions plus particulières, et que, de l'autre, une différence d'opinions entre les Puissances Européennes sur ces objets pourrait compromettre l'attitude éminemment neutre que l'Acte fédéral assigne à la Fédération.

L'émission d'un vote isolé à la Diète ne peut en soi-même faire l'objet d'un grief; tout dépend des raisons sur lesquelles il repose, et une exposition détaillée du point de vue dont nous étions partis en cette occasion, avait déjà été adressée spontanément à la Cour d'Autriche, en date du 27 Février; elle resta sans réponse.

Des développemens ultérieurs lui furent encore donnés par les réponses aux Dépêches de M. le Prince de Metternich, du 8 Mars, qui nous furent adressées le 23 du même mois.

Ces réponses, tout en ne point refusant pour la suite le rappel de M. de Wangenheim, développèrent, avec l'abandon d'une entière confiance, les difficultés qui s'y opposaient.

Votre Dépêche du 5 Avril, M. le Baron, nous informa que ces difficultés n'avaient point paru suffisantes au Cabinet de Vienne, pour se désister de son désir à cet égard; qu'au contraire, M. le Prince de Metternich avait, dans une conversation que vous eûtes avec lui, repré- ! senté le rappel de M. de Wangenheim sous le point de vue d'une condition sous laquelle la déclaration du 8 Mars aurait été donnée.

Ce point de vue était aussi nouveau pour nous que le motif qui en est donnée dans la Dépêche de M. le Prince de Metternich, du 28 Mai, où il est dit que M. de Wangenheim aurait manifesté, dans toutes les occasions des opinions contraires, non-seulement à la marche du Cabinet de Vienne dans les Affaires Fédérales, mais aux principes mêmes de l'Alliance.

Nous n'ignorons pas que des plaintes avaient été élevées contre ce Ministre; mais nous ignorions absolument, et nous ignorons encore que, dans une seule occasion il ait manifesté des opinions contraires aux principes de l'Alliance, et il nous serait facile de prouver que,

dans plusieurs délibérations d'une haute importance, il s'est appliqué, non à soutenir opiniâtrement des opinions contraires à celles du Cabi net de Vienne, mais bien à trouver des termes moyens pour concilier les opinions divergentes.

Cependant cette marche rétrograde de celui-ci était d'autant plus sensible au Roi, qu'il attache plus de prix à ses relations avec Sa Majesté Impériale.

Devant se ménager la conscience de n'avoir rien négligé pour les maintenir telles que ses sentimens et les intérêts de son Pays les réclament, Sa Majesté ne balança point de se rapprocher, à mesure que le Cabinet de Vienne paraissait s'éloigner. La Dépêche que j'eus l'honneur de vous adresser, en date du 17 Avril, M. le Baron, en fait foi; elle exprime dans toute leur vivacité nos regrets du peu de succès de nos démarches précédentes; elles communiqua les instructions ré centes que nous avions spontanément données à notre Ministre à la Diète; elle donna un gage non équivoque que M. de Wangenheim serait rappelé, s'il devait, contre toute probabilité, s'écarter de la ligne de conduite que ces instructions lui prescrivaient, et elle exprimait enfin l'espoir que, d'après cela, la Cour de Vienne ne rétracterait point l'aveu d'être parfaitement satisfaite, donné sans aucune condition.

Selon les rapports que vous me fîtes, M. le Baron, sur la manière dont vous vous êtes acquitté de l'ordre de porter cette Dépêche à la connaissance de M. le Prince de Metternich, ce Ministre, tout en & réservant une réponse ultérieure, ne put cependant refuser une justice entière et parfaite aux principes des instructions données à M. de Wangenheim; il les paya même de retour en nous communiquant les instructions de M. le Baron de Münch, et tout en vous prévenant que Sa Majesté l'Empereur destinait une autre place à M. le Comte de Thurn, rien dans ses communications, telles que vous nous en avez rendu compte, ne fit pressentir ni que la Cour de Vienne insistait sur le rappel instantané de M. de Wangenheim, ni qu'elle le considérait comme une satisfaction dont il n'avait jamais été question, ni enfin que son ajournement conditionnel servirait, sans avertissement et sans aucune ouverture préalable, de motif non-seulement à la Cour d'Autriche, mais même aux deux autres Cours Alliées, pour apporter, en retirant leurs Ministres accrédités auprès du Roi, un changement dans leurs relations diplomatiques...

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Cet exposé fidèle justifiera pleinement l'impression, déjà désignée, que la Dépêche de M. le Prince de Metternich, du 28 Mai, à fait éprouver au Roi.

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En me rapportant à son contenu, je dois, d'ordre de Sa Majesté, y répondre par les observations suivantes :

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Il n'est pas possible qu'un doute quelconque puisse exister sur l'accord parfait de la pensée du Roi avec celle des Alliés, concentré dans la nécessité de raffermir le principe Monarchique et de combattre

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le principe Révolutionnaire. A chaque doute de ce genre, comme à chaque soupçon que Sa Majesté puisse méconnaître les droits éternels des Souverains Alliés à la reconnaissance de l'Europe, pour la sollicitude et les sacrifices avec lesquels ils poursuivent ce but, la tranquillité de son Pays, l'amour de ses Sujets, tous les actes de son Gouvernement, toutes nos.communications diplomatiques, l'Article tant cité du 25 Février, et même le vote de M. de Wangenheim, du 6 et du 20 Février, serviraient de réponse.

Si des motifs, puisés dans les droits de tout Gouvernement Inde pendant, ne nous ont pas permis de répondre jusqui'ici aux accusations dirigées contre notre Circulaire du 2 Janvier, et du reste pleinement démenties par les paroles même de cette pièce, on ne l'attendra plus de nous, lorsque toutes les explications compatibles avec ces droits ont été données et répétées, et lorsque la Cour d'Autriche nous a déclaré en son nom, comme en celui de ses Alliés, et sans condition quel conque: "Que toute explication ultérieure sur cette pièce était abandonnée."

Rien, depuis cette déclaration, n'a été changé, et rien n'a justifié le reproche d'avoir démenti les principes dont la profession publique avait provoqué cette déclaration; le vote de M. de Wangenheim avait, comme je l'ai démontré plus haut, précédé notre Article Officiel ; il serait facile de prouver, s'il le fallait, qu'ils sont loin de se contredire; mais si la Dépêche de Monsieur le Prince de Metternich reproche au vote d'avoir démenti l'Article, cet anachronisme ne peut s'expliquer que par une erreur, sur laquelle nous ne doutons pas que la Cour d'Autriche ne revienne d'autant plus volontiers que les conséquences qu'elle lui a données sont plus graves, vu que ce reproche est cité comme motif principal du rappel de son Ministre.

Ma Dépêche du 17 Avril a déclaré que le Roi était parfaitement disposé, dans les cas y énoncés, de donner à M. de Wangenheim une autre destination. A mesure qu'il eût été plus agréable à Sa Majesté de témoigner, en surmontant les graves inconvéniens de cette mesuré, sa déférence pour le désir de l'Empereur, s'il avait été répété, à mesure aussi elle doit regretter que le prix infini qu'elle attache à l'estime de ses Augustes Alliés ne lui permette point de se décider à cette - démarche, aussi long-temps qu'une condition presque comminatoire y sera attachée, à moins qu'un des cas sans lesquels elle a déjà été prómise ne vienne à échoir.

... Le Roi, loin de méconnaître les deux qualités également respectables de Monarque d'un puissant Empire et de Membre de la Fédération Germanique, qui se réunissent dans l'Auguste Personne de Sa Majesté l'Empereur d'Autriche, à la ferme conscience de n'avoir blessé en rien les égards dus à l'une comme à l'autre ; d'avoir, au contraire, en toute occasion, fait preuve des sentimens d'estime et d'amitié qu'il lui porte, comme du zèle le plus sincère pour la cause commune à tous les Góu

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vernemens légitimes, et de n'avoir, par conséquent, jamais pu se trouver dans le cas de lui faire une réparation, qui de plus n'a jamais été réclamée.

Sa Majesté se flatte que les développemens ci-dessus, en modifiant les suppositions qui devaient établir la nécessité et le droit d'une satisfaction à prendre, feront passer la même conviction dans l'âme de ce Souverain éclairé. Partant, le Roi ne saurait trouver dans le rappel de M. le Comte de Thurn aucun motif pour apporter un change ment à ses relations diplomatiques, qui ne serait en harmonie ni avec sa conviction intime sur l'état de la question, ni avec les sentimens qu'il a voués à Sa Majesté l'Empereur; il devrait même craindre, en tenant une conduite différente, d'infirmer l'expression des uns et de l'autre, qu'il s'est empressé à répéter en toute occasion.

En conséquence, le Roi vous ordonne, M. le Baron, de continuer les relations qui vous sont confiées sur le même pied que par le passé, tant que cela pourra être agréable à Sa Majesté l'Empereur.

Vous êtes chargé de communiquer les présentes à M. le Prince de Metternich, et de remettre en même temps à Son Altesse, les lettres de récréance de M. le Comte de Thurn, que j'ai l'honneur de vous transmettre ci-contre.

Le Baron Gremp.

WINTZINGERODE,

Mem.-Extrait de la Gazette de Stutgardt, du 18 Décembre, 1823.

Nous avons lu avec une étrange surprise, dans les numéros 326 et 341 du Constitutionnel, deux actes qui, d'après leur forme et teneur, semblent avoir le caractère d'authenticité.

En les admettant comme tels, ce serait un soin aussi superflu qu'offensant pour les Gouvernemens immédiatement intéressés à la 'chose, de vouloir établir pour la première fois ici la supposition que la publicité donnée a cos actes n'a pu qu'être complétement improuvée par eux.

Car on ne peut admettre qu'un Gouvernement régulier, même quand il se verrait dans la nécessité de mettre au jour ses démélés avec un autre, pût choisit, pour une pareille mesure, qui, dans l'intérêt bien entendu de tous les Gouvernemens, doit toujours étre regardée comme extrême, une autre forme que celle d'une déclaration publique reconnue et conforme aux usages diplomatiques.

Mais il est encore moins imaginable qu'aucun Gouvernement pût jamais oublier sa dignité, au point d'entreprendre comme correspondant d'un Journal, en lui communiquant des actes détachés de leur connexion; une attaque secréte avec des armes, dont un adversaire qui se respecte devrait dédaigner l'usage,

Mais comment pourrait-on mettre le moins du monde en doute qu'une telle entreprise, exécutée sans la permission des Gouvernemens, seul cas où elle serait possible, ne dût être regardée par eux comme le plus injurieux empiètement sur le droit réservé à eux seules d'expliquer leurs rapports mutuels?

Il y a des principes qu'aucun Gouvernement, quel que puissent être ses rapports momentanés envers un autre, ne peut négliger, sans se dégrader et agis, on quelque sorte, hostilement contre lui-même. Le premier, et le plus important de ces principes, c'est que la base de toute autorité publique régulière, malgré toutes les différences dans les formes, est une base commune et générale,

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