Page images
PDF
EPUB

de la maison d'un commissaire de police. Ils se dirigèrent en criant vive la liberté! à bas les baionnettes! vers le pont de l'Archevêché. Une lutte viofente s'établit entre eux et les gardes nationaux injuries et maltraités, mais qui parvinrent à les repousser. L'attroupement se porta ensuite vers la Chambre des députés; il parait que le but de ce mouvement était d'entraîner les hommes qui achevaient de démolir l'archevêché. Vers une heure après midi, on vit arriver sur le quai des Grands-Augustins deux cents jeunes gens qui se recrute ent en route; à leur tête était un drapeau tricolore surmonté d'un bonnet rouge. Ils criaient vive la liberte à bas la Chambre des depures! et quelquefois vive la république !

Auprès de la rue du Bac, M. Lemercier, colonel de la roe légion, vint à cheval au-devant de l'attroupement. On se précipita sur lui; on s'empara de son épée, dont la pointe fut dirigée sur lui, mais bientôt elle lui fut rendue. La bonne contenance de la garde nationale fit refluer dans la rue du Bac Pattroupement, qui criait: Enfonçons las grenadiers!

Vers trois heures et demie, deux cents jeunes gens porteurs d'un drapean tricolore, criant: A bas la Chambre des députés et vive la liberté! forcèrent le poste de la Légion-d'Honneur, qui, peu nombreux, ne put s'opposer à leur passage; mais l'aspect d'un bataillon venant du pont Louis XVI les détermina à entrer dans la rue de Bellechasse; ceux qui faisaient partie de l'attroupement s'écrierent: « Gredins! nous reviendrons ce soir; nous aurons des armes, nous vous tirerons des coups de fusil, »

Le même jour, à cinq heures et demie, cent cinquante jeunes gens, venant du côté de l'Odéon, traversèrent la place de l'Ecole de Médecine, et descendirent la rue Hautefeuille, ayant à leur tête denx individus en uniforme d'artilleur, Le poste de la garde nationale, rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs anrait dû être composé de dix hommes ; six étaient absents. En passant devant le poste, ils crièrent: Vive la liberté ! il faut nous remettre vos fusils. Ils s'emparèrent, avec violence et menaces de mort, des fusils dont étaient porteurs les gardes nationaux et de ceux qui se trouvaient

dans l'intérieur du corps-de-garde. Un seul homme du poste, M. Legrand, conserva son arme, en feignant de vouloir se joindre à Pattrompeinent; mais à peine sorti du corps-de-garde, il s'échappa et entra dans une maison voisine. L'altroupement emporta le drapeau du corps de garde et neuf fusils. Parmi ceux qui faisaient partie de l'attroupement, il se trouvait déjà des hommes porteurs d'une carabine, de pistolets, de sabres et d'autres armes; ils chargèrent une partie des fusils, et attaquèrent le poste du PetitPont, occupé par huit grenadiers de la ligne. Le factionnaire Lescot fut seul désarmé. La garde nationale vint au secours du poste, et le dégagea an mowent où les séditieux étaient sur le point d'en enfoncer les portes à coups de crosse de fusil et avec le bâton d'un drapeau nicolore.

[ocr errors]

An moment où l'attroupement était dissipé par des gardes nationaux, cenx qui le composaient trèrent trois coups de fosil et deux coups de pistolet, qui heureusement n'atteignirent personne. L'accusé Delachambre est désigné comme ayant tiré sur M. Biffi, garde national, un coup de fusil qui manqua pareillement son effet. M. Billi poursuivit et frappa d'un coup de sabre sur les reins le meurtrier, qui, en fuyant, avait jeté son fusil à térie.

On voit sur le bureau des pièces de conviction, huit des fusils enlevés au poste de la rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs, et le fusil du grenadier Lescot. Plusieurs de ces armes ont été trouvées chargées entre les mains ou au domicile des accusés.

Les témoins assignés tant à charge qu'à décharge sont au nombre de près de quatre-vingts.

Les débats ont rempli les séances du 26 et du 27.

M. Leonce Vincens, président de la Cour, a fait le résumé des débats; MM. les jurés sont entrés ensuite en délibération à neuf heures du soir, sur les questions posées au nombre de 47, et divisées en trois séries.

A dix heures et demie, les jurés sont rentrés en séance. Ils ont déclaré tous les faits constants, mais prononcé qu'aucun des accusés n'était coupable. En conséquence, les dix accusés ont été acquittés. De bruyants applaudissements ont accueilli ce résultat.

[ocr errors]

me,

28. Odéon. Première représentation DU MOINE, drame en cinq actes et en prose, par M. Fontan. Autant le roman de Lewis, d'où procède ce draabonde en intérêt, en passion, et surtout en terrear, autant le drame est froid, languissant, ennuyeux. L'intervention du diable n'y produit nullement l'effet qu'on pouvait en attendre. Le moine Ambrosio, qui lui vend son âme pour du plaisir, est trompé, nonseulement sur la durée, mais encore sur la nature du marché. Au lien de dix années que le moine a stipulées, le diable écrit dix jours; qu'importe? Ambrosio est si malheureux, si triste, qu'on est tenté de le féliciter plutôt que de le plaindre, lorsqu'on voit le diable anticiper le terme de sa vie et de ses maux.

30. Cour d'assises. Affaire du Journal de Paris. M. Léon Pillet, gérant du Nouveau Jourual de Paris, a été cité devant la 2o section de la Cour d'assises, pour avoir inséré, le 10 avril dernier, un article dans lequel sont incriminées les intentions du ininistère public, à l'occasion de l'accusation portée contre MM. Sambuc, Cavaiguac, Trélat et consorts.

M. Persil, procureur général, qui s'était constitué partie civile, ne s'est point présenté à l'audience.

Une partie de l'article inculpé est ainsi conçue: « Qui pourra nous taxer d'injustice envers M. Persil, si nous nous en prenons à lui de l'odieux et du ridicule qui resteront de ce procès ? Nous ne voulons pas faire un reproche à son caractère et à ses intentions; M. Bellard aussi avait de la bonne foi et du zele; comment a-t-il servi la cause pour laquelle il s'est sacrifié ? »

Le jury, après une courte délibération, a répondu sur la question posée, que M. Pillet n'était pas coupable.

M. le président, après avoir prononcé l'acquittement, et ordonné la restitution du numéro saisi, et avoir consulté ses collègues, a prononcé l'arrêt suivant: «La Cour, vu l'ordonnance d'acquittement, condamne M. Persil, partie civile, aux frais du procès.

-

Id. Tribunal de commerce. Billets de la Banque. Beaucoup de personnes ont l'habitude, lorsqu'elles veulent fais e parvenir des billeis de la Banque de France d'un lieu dans un autre, de les couper en deux, et d'envoyer chaque

moitié aux destinataires dans deux lettres distinctes. On croit prendre parlà une précaution infaillible contre les infidélités ou la négligence des employés de la poste; mais cette mesure est plus dangereuse qu'utile, car il suffit qu'une des moitiés vienne à s'égarer, pour qu'on soit absolument sans recours contre la Banque, qui ne peut être tenue de payer que sur la présentation du titre intégral, et non pas sur une fraction de titre. C'est ce que le tribunal de commerce a décidé aujourd'hui, sur la plaidoirie de Me Henri Nouguier, contre Me Vatel. Il s'agissait, dans l'espèce, de la moitié de gauche, ou attenante à la souche, ce qui offrait un moyen facile de vérifier à quelle série appartenait le billet matile. Mais le principe n'en a pas moins été proclamé d'une manière générale et formelle.

31. Théatre-Français. Première représentation de L'AMITIÉ DES FEMMES, comédie en un acte et en vers, par M. Lafitte. Notre époque n'a pas de Molière, mais elle compte au moins un bon nombre d'acteurs-aateurs, parmi lesquels se distingue M. Lafitte. La question de savoir si les femmes peuvent s'aimer entre elles lui fʊarnit lidée principale de la petite pièce, dont on vient de lire le titre, et dans la quelle, à défaut d'intrigue bien piquante et bien neuve, de caractères bien vrais, se trouvaient quelques scènes agréables et plusieurs vers heureux.

JUIN.

1er. Paris. Réouverture de l'Académie royale de Musique. Un nouveau directeur avait été donné à l'Opéra: la conséquence de ce changement de personnes devait être une restauration complète de la salle. Cette restauration ent lieu, et au bout d'une clôture de quelques semaines, le successeur de M. Lubbert, M. Véron, rouvrit ao public une salle rajeunie, rafraîchie, inondée de torrents de lumières. L'opéra de Guillaume Tell, réduit en trois actes, et le ballet de la Somnambule, composaient le spectacle destiné à solenniser la séance de réouverture.

[blocks in formation]

un théâtre de marionnettes s'é'ablit en 1784. Aux comédiens en bois, succédèrent des enfants, comme an théâtre de M. Comte; puis vinrent des comédiens de l'âge et de la taille de tous les autres. L'exploitation de cette entreprise, connue long-temps sous le titre des Petits Comédiens de M. le comte de Beaujolais, ayant passé aux mains de la demoiselle de Montansier, le théâtre, désormais appelé de ce nom, devint populaire. Brunet y commença sa forinne: Damas, mademoiselle Saint-Val, Baptiste cadet, y firent leurs débuts. Depuis l'installation de la troupe de Brunet au boulevart du Panorama, le salle Montansier servit à divers usages, et fut tour à tour club et café. Rendue enfin à sa destination primitive, cette salle a dû subir une reconstruction totale sous les auspices de MM. Dormeuil et Poirson jeune, directeurs du nouveau théâtre, dans lequel le vandeville, déjà maitre exclusif de trois ou quatre scè nes dramatiques à Paris, vint encore élire domicile, et faire acte de propriétaire.

--

9. Ouverture dn Théâtre Molière. Comme le théâtre du Palais-Royal (voy. 4 juin), le Théâtre Molière, situé entre les rues Quincampoix et Saint-Martin, se relevait de ses ruines, mais sous une étoile bien différente: le premier avait jadis prospéré, le second n'avait jamais fait de bonnes affaires. L'ouverture du théâtre Molière fut pourtant assez brillante, un mélodrame, intitulé la Tireuse de Cartes, obtint un graud succès: quelques talens, d'un ordre secondaire il est vrai, se faisaient remarquer dans la troupe. C'était beaucoup, mais ce n'était pas assez encore pour lutter contre la fâcheuse influence du quartier sur la prospérité et l'existence même du theatre. Sons ce rapport, du moins, le Théâtre du PalaisRoyal était assez bien partagé pour avoir des auditeurs, même avec des pièces mé. diocres et des acteurs de la même force.

[blocks in formation]

succès plus franc, plus durable, quoique dans le même genre, avec la petite comédie des Trois Chapeaux.

14. Théatre allemand. Piémière représentation d'EURIANTE, Opéra en trois actes, musique de C. M. Weber. Deux mois auparavant (voy. 6 avril), ce même opéra, traduit en francais, avait été eprésenté à l'Académie royale de musique. Les artistes allemands, qui, pendant l'absence de la troupe italienne, occupaient la salle Favart, voulurent l'exécuter à lenr tour dans sa pureté primitive, c'est-àdire sans appeler au secours de la partition sucon morceau emprunté à des partitions étrangères. Madame Schroe der-Devrient et le ténor Haitzinger remplissaient avec un talent supérieur les deux principaux rôles.

15. Cour d'assises. Affaire des Vendanges de Bourgogne. Accusation de provocation à un attentat contre la vie et la personne du roi des Francais.-Depuis les scandaleux désordres de samedi, des précautions ont été prises contre l'invasion du prétoire par des intrus. Aussi ne voit-on au banc des témoins, et loin des bancs réservés au barreau, qu'un petit nombre de curieux.

L'acte d'accusation renferme les faits suivants :

Le 9 mai dernier, une réunion de 200 personnes s'assembla au restaurant des Vendanges de Bourgogne, faubourg du Temple, pour célébrer l'acquittement de MM. Trélat, Cavaignac, etc. Le repas eut lieu dans une salle au rezde-chaussée donnant sur le jardin. Divers toast furents portés, où se trouvaient les opinions les plus hostiles contre le gouvernement actuel.

C'est au milieu de cette réunion qu'Évariste Gallois se leva, et dit à haute voix, de son propre aveu, à LuisPhilippe en tenant un poignard à la main. Il répéta deux fois ce cri; plusieurs personnes l'imitèrent en levant le bras, et criant à Louis-Philippe ! Alors des sifflets se firent entendre, soit que les convives voulussent désavouer cet affreux attentat, soit, comme le déclare Gallois, qu'on supposât qu'il portait la santé du roi des Français. Il est cependant bien établi que plusienrs convives blâmèrent hautement ce qui s'était passé,

Le contean-poignard avait été commandé par Gallois, le 6 mai, au coutelier Henry; avait paru très pressé

de l'avoir, en alléguant faussement un voyage.

M. Naudin, président, procède à l'interrogatoire de l'accusé, qui déclare avec précision avoir fait partie de la réunion, composée d'environ 200 per

sonnes.

D.

M. Gallois : Voici comment les faits se sont passés: J'avais un couteau qui avait servi à découper pendant le temps du repas. Je levais ce couteau en disant; A Louis-Philippe, s'il trahit! Ces derniers mots n'ont été entendus que de mes voisins, attendu les sifflets qu'avait excités la première partie de la phrase, parce qu'on croyait que je portais la santé de Louis-Philippe. D. Dans votre opinion, le toast porté à la santé du roi était done proscrit de cette réunion ?-R. Assurément. D. Un toast porté parement et simplement à LouisPhilippe, roi des Français, eut sans doute excité l'animadversion de l'assemblée ? - R Oui, monsieur. D. Votre intention était donc de désigner Lonis-Philippe aux poignards, seulement dans le cas où Louis-Philippe trabirait? R. Oui, monsienr. Etait-ce de votre part la manifestation d'un sentiment qui vous fut personnel de présenter le roi des Français comme digne de recevoir un coup de poiguard, ou bien é ait-il dans votre esprit d'appeler une sorte de provocation à une pareille action? R. Je voulais provoquer à une pareille action dans le cas où Louis-Philippe trahirait, c'est-à-dire dans le cas où il sortirait de la légalité pour resserrer les liens du peuple. D. Comment concevezvous cet abandon de la légalité de la part du roi ? - R. Tout engage purter nos prévisions jusque-là. D Expliquez votre pensée. R. Je veux dire que la marche du gouvernement peat faire supposer, sans torturer beaucoup le sens , que Louis-Philippe pourra trahir un jour.

[ocr errors]

Get interrogatoire continue ainsi; mais bientôt sur les observations de l'avocat de l'accusé et du ministère public qui demande que les débats ne soient pas placés sur ce terrain-là, M. le président rentre dans les faits de la cause, M. Evariste Gallois a été déclaré non coupable par le jury.

17. Toulouse. Suicide extraordinaire d'un prisonnier.-Guillaume Granié, de Gaillac Toulza, le même qui avait en la férocité d'assassiner sa femme et de lai couper la tête, ajouta un crime de plus à cet horrible attentat. Détenu dans une des salles de la maison d'arrêt de Muret avec deux autres prisonniers, il assassina l'un de ces malhenreux, et lui fracassa le crâne avec le couvercle d'un baquet. Ce nouveau crime avait été commis le 12 avril, å quatre heures du matin. Lorsqu'on voulut pénétrer dans la salle où ce monstre était renfermé, on le trouva encore armé du couvercle, et menaçant de tuer le premier qui oserait l'approcher. Le cadavre de sa victime gisait sur la paille à ses côtés; le troisième prisonnier, que cette scène sanglante avait frappé de stupeur, semblait résigné à subir le même sort. Au premier avis qu'ils ont reçu de cet événement, M. le juge d'instruction et le ministère public se sont transportés à la maison d'arrêt avec deux officiers de santé, pour constater le crime et commencer une nouvelle procédure.

Conduit dans la prison de Toulouse, Granié prit la résolution de se laisser mourir de faim. Il resta ainsi pendant 63 jours sans faire entrer dans son estomac antre chose qu'un peu d'eau de puits qu'il avait la force de puiser lui-même. A la fin il était totalement exténué; son corps répandait déjà une odeur infecte.

Il mourut le 17 juin après les plas vives convulsions. Malgré les efforts de l'aumônier des prisons, il avait constamment refusé les secours de la religion.

L'autopsie de Granié, à laquelle on a procede 36 heures après le décès, a trompé, sous beancoup de rapports, l'attente de la médecine. L'estomac, malgré 63 jours de diète, loin d'être rétreci, offrait sa capacité naturelle, de telle sorte que la seule inspection ne pouvait faire attribuer au défaut d'aliments la mort de l'individu. Cet organe contenait un verre d'un liquide verdâtre, présumé suc gastrique. Les intestins ne présentaient rien d'extraordinaire.

Quoique réduits à de simples membranes par l'effet d'un marasme complet, les muscles étaient rouges, et leurs fibres résistantes, particularité fort remarquable, Le corps, d'une or.

ganisation vigourense, et d'une taille de 5 pieds 1 pouce, ne pesait que 52 livres.

Des signes précieux pour le physiologiste, se rattachant au système crâniologique, peuvent servir d'applica tion å la doctrine du docteur Gall, qui nons semble, da reste, bien éloignée de l'infaillibilité.

En examinant attentivement le crà ne, on a trouvé une saillie très marquée immédiatement an-dessus et der rière le tron anditif. Gall désigne cette saillie comme le siége de l'instinet car nassier. Sur la partie moyenne et au sommet de la tête, cet auteur indique une proeminence à laquelle il attribue le caractère distinctif de la bonté, de la piété, de l'amour de Dieu, Chez Granié, dépression prononcée de cette partie du crane; l'on sait, au surplus, qu'il a constamment dédaigné les secours de la religion. Enfin, en arrière de cette proeminence et sur la même ligne, l'on a découvert deux bosses annonçant la fermeté de caractère et la persévérance.

18. Paris. Suicide. Avant-hier, un garde du bois de Boulogne aperçut dans un taillis, au bord de l'avenue d'Armenonville, un jeune homme et une jeune fille couchés et paraissant endormis sous des branchages mis en forme de berceau. Il s'approcha pour les réveiller, mais bientôt la vae de deux pistolets et du sang dont l'herbe était trempée, lai apprit la vérité. Les corps ont été enlevés et bientôt

connus.

Ces victimes d'un double suicide étaient un jeune homme de 17 ans et une jeune fille de 14 ans, qu'une passion contrariée avait poussés au désespoir. Divers indices ont fait présumer que cette résolution avait été méditée de concert, et que le jeune homme avait eu l'affreux courage de tuer sa maitresse avant de se fapper Ini-même ; celle-ci avait découvert sa poitrine à l'endroit où l'arme fatale avait été posée.

20. Académie royale de Musique. Première représentation du PHILTRE, opera en deux actes, paroles de M. Scribe, musique de M. Auber, Un poëme spirituel, une partition légère et gracieuse, accompagnés du faxe des accessoires, qu'on ne trouve que sur une scène richement subventionnée, voilà quels furent les éléments principaux

du succès de cet ouvrage. Le Philtre appartenait, par son genre simple et comique, à cette familie de petits opéras, dont le Devin du Village resta long-temps le modèle, et que, malgré la vogue toute moderne du Rossignol, certains critiques n'admettent pas sur le premier théâtre de l'Europe.

21. Odéon. Première représentation de la MARECHALE D'ANCRE, tragédie en cinq actes et en prose, par M. Alfred de Vigny. Le premier jour, deux actes de cette pièce seulement purent être représentés : une indisposition de Mile Georges, chargée du principal rôle, l'empêcha d'aller plus loin. Quatre jours après, le 25 juin, la pièce fut reprise, et marcha jusqu'au bout, avec un succès honorable M. Alfred de Vigny, connu par des poésies, et par le beau roman de Cinq-Mars, n'avait encore donné au théâtre que la traduction de l'Othello de Shakspeare. Une idée dominait dans la Marechale d'ancre, et cette idée est l'expiation de la mort de Henri IV. L'auteur supposait que le poignard de Ravaillac avait été poussé par Concini, et Concili venait expirer, lui et Borgia, l'amant de sa femme, près de cette même borne de la rue de la Féronnerie, où le grand roi avait recu le coup fatal. La maréchale passait par-là, pour se rendre an sapplice, et, placée entre les restes d'un époux et d'un amant, elle embrassait son fils et sa fille. Quoique cet ouvrage eut de fort belles parties, l'ensemble manquait essentiellement de vigueur dramatique on y sentait la main habituée à écrire des scènes de roman plutôt que des scènes de théâ

tre.

21. Cour royale. Procédure sur les causes de la mort du prince de Condé.

Le 16, M. le procureur général a fait aux Chambres des mises en accusation et des appels correctionnels, réunies sous la présidence de M. le premier président Séguier, le rapport de cette procedure. La lecture de ce rapport à duré depuis onze heures du matin jusqu'à quatie heures. Après s'être livré à un examen approfondi de tous les éléments de cette immense procédure, et avoir soutenu que l'existence du suicide en résultait d'une ma nière incontestable, M. le procureur

« PreviousContinue »