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lèvement

gnes.

Ces observations conduisent à examiner un ité du sou- des points principaux des deux théories rivales, des monta- celui du soulèvement ou de l'affaissement, car les opinions sur le peu d'antiquité de nos continens et sur leur destruction par les eaux courantes, peuvent aussi bien convenir à la théorie des soulèvemens qu'à celle des affaissemens. M. Playfair croit que ces mouvemens angulaires, cette espèce de pirouettement qui a fait mouvoir des masses rompues de manière à former des chaînes de montagnes, et à donner une position inclinée, verticale, contournée, etc.

générale du sol, elles auraient trouvé moins d'obstacles dans les couches meubles que dans les rochers.

Le Rhône offre un exemple semblable entre Genève et Lyon; car ce fleuve, qui jusqu'à Saint-Genis ( Mont-Blanc), coule du Nord au Sud au milieu de rochers calcaires, rencontre vis-à-vis de ce bourg des collines sablonneuses qui forment le commencement des plaines du Dauphiné, et qui semblent également l'obliger de rebrousser chemin et de rentrer dans de hautes montagnes calcaires qu'il traverse en faisant un angle aigu avec sa première direction.

Ce même Rhône, considéré comme une dépendance de la Saône, dont il prend la direction générale, après avoir réuni ses eaux à celles de cette rivière, présente un autre phénomène qui doit, peut-être, son origine à la même cause, c'est que ces deux fleuves ne coulent pas au milieu des vastes plaines qui séparent le Jura et les Alpes des montagnes de la Bourgogne et des Cévennes, mais longent continuellement ces dernières montagnes, et paraissent dans plusieurs circonstances s'être frayé un chemin au travers de quelques-unes de leurs parties qui s'avançaient plus à l'Est que la masse générale, et qui forment encore de petites collines sur la rive orientale, composées des mêmes roches que les montagnes opposées. Tel est le cas des granites de la Chartreuse de Lyon, de Vienne (Isère), de Tain (Drôme), etc. J. J. O. 'H.

à des couches qui étaient primitivement horizontales, n'a pu se faire que par un violent effort, agissant de bas en haut, tandis que M. de Luc croit que ces faits même prouvent l'impossibilité des soulèvemens.

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Pour trouver une cause à ces soulèvemens, M. Playfair a recours à la chaleur, non pas à une chaleur analogue aux opérations volcaniques, mais à une chaleur interne, constante, qui après avoir consolidé les couches miné» rales, a agi sur ces mêmes couches avec une énergie incroyable, comme pouvoir d'expan>>sion dans la direction du centre à la circon»férence ». Cette hypothèse, loin d'être fondée sur de véritables faits, n'est qu'une conclusion tirée de propositions qui ne sont rien moins que prouvées; car voici la marche des démonstrations de l'auteur anglais. Nos couches minérales sont produites par des matériaux provenant d'anciens continens, qui pour se consolider ont eu besoin d'être fondus par une chaleur considérable; donc cette chaleur existe; et comme on connait la force expansive d'un tel pouvoir, on doit aussi, lui attribuer le soulèvement de ces mêmes couches minérales qu'il avait d'abord consolidées.

Une objection qui se présente naturellement à ce soulèvement des couches par l'action d'un fluide expansible, c'est que ce fluide doit s'échapper par les ouvertures que forment les couches en se rompant, et qu'alors ces dernières ne pouvant plus se soutenir, doivent retomber en pièces dans le creux qui s'est formé sous elles, ce qui oblige M. Playfair à admettre l'existence de matériaux d'espèces particulières

qui n'ont aucun vestige de stratification, et qui se trouvaient dans des positions très-différentes. Les uns situés entre les fluides expansibles et les véritables couches minérales, formaient une masse extrêmement épaisse, qui était tenue à l'état de liquidité par l'action même de la chaleur ce sont les granites. Les autres, placés à ⚫ la surface, sont venus fermer toutes les fentes et crevasses qui se formaient dans les couches : ce sont les matières des filons.

M. de Luc examinant d'abord ces dernières, démontre, d'après les observations et les opinions du célèbre Werner, que les filons ont aussi une stratification particulière, différente, à la vérité, de celles des couches minérales ; mais qui prouve que ces fentes ont été remplies lentement et après les catastrophes qui les ont formées. Ces faits montrent que ces matières n'ont pu fermer le passage aux fluides élastiques, d'autant plus qu'un grand nombre de fentes sont demeurées vides, et que les catastrophes qui ont suivi la formation des premiers filons, ont ouvert un grand nombre d'autres passages, soit par de nouvelles fentes, soit par des cavernes qui sont si abondantes dans certaines contrées. L'auteur passant aux granites, rapporte toutes les belles observations de Saussure, qui tion des cou- ne laissent plus de doute sur la disposition de ces roches en couches analogues à celles des autres masses minérales. Il entre ensuite dans des discussions très-étendues, pour démontrer qu'il est impossible que l'action de la chaleur, consolidant des amas confus de sédimens apportés des continens préexistans, pût séparer ces sédimens, de manière à donner naissance à

Impossibie

lité de la

consolida

ches par la chaleur.

des couches successivement différentes dans leur espèce. Il établit enfin, avec nos deux plus célèbres géologues, Saussure et Dolomieu, que le seul moyen de rendre raison de ce phénomène, c'est de l'attribuer à des précipitations chimiques dans le liquide de l'ancienne mer.

Eloignant même toute idée de menstrue et de dissolution, M. de Luc pense que ce liquide primordial contenait dès son origine les élémens de toutes les matières, qui ont formé depuis les couches minérales, l'atmosphère, l'eau de la mer et l'eau commune; il établit comme le dilemme le plus formel, que les substances qui ont produit la masse des couches sur le fond de l'ancienne mer, ont été séparées de ce liquide même, ou transportées des continens environnans, ne faisant point attention qu'il est des géologues qui regardent l'idée intermédiaire des dissolvans, comme aussi plausible que les deux autres hypothèses.

L'auteur s'attache aussi à prouver par un grand nombre de motifs, qu'en accordant même la non stratification du granite, on ne pourrait pas encore soutenir l'opinion du soulèvement des continens par la force expansive du fluide igné. Il examine les effets de cette force dans les volcans, où elle produit des élévations partielles, des cônes, de nouvelles îles, etc., phénomènes analogues au travail des taupes qui rejettent la terre en dehors par une ouverture, mais qui n'ont aucun rapport avec le soulèvement de masses suffisantes pour former nos chaînes de montagnes. Il fait sentir que cette hypothèse obligeant, comme celle des affaissemens, d'admettre l'existence de grandes cavernes,

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il est bien plus naturel de croire que ces cavernes ont précédé et occasionné les affaissemens, que de les supposer formées par des soulèvemens, puisque dans le premier cas les masses affaissées s'étant appuyées sur le fond des cavernes, doivent demeurer stables, tandis que dans l'hypothèse contraire, ces continens tout brisés demeurent suspendus au-dessus de vastes

cavernes.

M. Playfair n'a pas cherché à répondre à cette difficulté, il a seulement tâché de prévenir l'objection tirée de ce que la masse de granite étant fluide, aurait dû s'écouler des lieux élevés, où, comme au Mont-Blanc, elle se trouve à découvert, et pour cet effet, il suppose qu'elle était enveloppée de couches solides de schiste micacé, qui auront été emportées depuis par l'action des eaux; ce qui le conduit à admettre que la région occupée aujourd'hui par les Alpes était entièrement recouverte à la naissance de nos continens, par une seule masse continue, plus élevée que ne l'est actuellement le Mont-Blanc. Cette proposition ramène encore au creusement des vallées par les eaux courantes que l'auteur examine de nouveau, en se proposant cependant, pour but principal, le phénomène des blocs de pierre épars à la surface des plaines.

L'hypothèse du soulèvement ne donnant pas d'autres moyens d'expliquer l'origine de ces blocs, que par leur transport des montagnes aux moyen des eaux courantes, M. Playfair dit, que malgré la quantité et la grandeur des fragmens, ce transport ne doit paraître incroyable qu'à ceux qui n'ont pas réfléchi sur l'effet que peut

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