Page images
PDF
EPUB

II.

Lettre de Nicolas de Montmorency au secrétaire Prats.

10 octobre 1611.

Monsieur, en suyte de ma lettre à Son Altèze, je vous prie tenir la main que monsieur de Bersée, mon nepveu, soit pourveu de la prévosté de Nivelle; ear elle duict à un personnage de qualité qui a jà practique et expérience de gouverner. Vray est qu'elle ne doit résidence; mais les prévosts ne laissent d'y venir composer les affaires aux occasions, et beaucop de maux et différens se sont engendrez au chapitre du temps du prévost défunct, parce qu'il n'estoit de grande emprinse ny capacité. Les dames de Nivelle en prétendent la collation; mais j'entens que le prince l'ha conféré la dernière fois, et je pense qu'il y sera fondé. Le bon est que les chanoines vouldroient persuader à Son Altèze de supprimer certe dignité : qui seroit chose bien absurde et occasion d'eux en vivre plus licentieusement, jà qu'ils ne sont que trop desbauchez; qu'au contraire vauldroit mieux supprimer quelques chennesses' qui sont en trop grand nombre au regard du revenu. Et enfin Son Altèze n'a que deux ou trois semblables dignitez qui se confèrent à hommes nobles; et ne seroit point raison d'en despouiller la noblesse. Je ne sçay si on prétend ceste prévosté pour le fils de monsieur d'Arenberg; mais il n'a encor l'eage ny l'expérience de mon nepveu, avec ce qu'il est prévost des dames de Mons, et sembleroit inconvénient qu'une mesme personne le fust de celles de Nivelle, pour la jalousie qu'il y a des deux chapitres. Ainsy je vous recommande mon nepveu, et saluant voz bonnes grâces je demeure,

Monsieur,

Très-affectionné à vous faire service,
N. DE MONTMORENCY.

De Bruxelles, 10 d'octobre 1611.

Papiers d'État et de l'audience, liasse 460, aux Archives générales du Royaume.

1) Chennesses, chanoinesses.

III.

Lettre de Nicolas de Montmorency au secrétaire Prats.

14 octobre 1611.

Monsieur, je vous envoye cy joint une mémoire1 que m'a donné monsieur l'audiencier touchant la collation de la prévosté de Nivelle, dont sembleroit que l'élection en seroit au chapitre, et que le duc de Parme sans préjudice l'auroit conféré, quand la ville estoit aux ennemys, et qu'il n'y avoit point de chapitre. Et le bon est que l'on m'avertist que le chapitre envoye à Romme pour supprimer la prévosté, et en augmenter leur prébende ce que je pense Son Altèze ne trouvera jamais bon d'esteindre une dignité principale dont on gratifie la principale noblesse. Gramaye, l'historiographe, m'escript pour le recommander, mais ceste dignité est réservée pour la noblesse, comme l'est celle de Mons. Devant le défunct le prévost Berlaimont l'avoit; et je désirerois fort, si Son Altèze la confère, que mon nepveu en fût pourveu, à ce qu'il aie par dechà quelque tesmoignage de l'inclination de Son Altèze en son endroict, aiant jà faict grand service quand il empescha le dessein des François en Liége, dont Son Altèze monstra d'en avoir grande satisfaction. Et ainsy je vous en recommande la poursuyte.

Je salueray sur ce voz bonnes grâces, et demeure,

Monsieur,

Très-affectionné à vous faire service,

N. DE MONTMORENCY.

Papiers d'État et de l'audience, liasse 460, aux Archives générales du Royaume.

1) Ce mémoire manque.

IV.

Lettre de l'évêque de Namur au secrétaire Prats.

17 octobre 1611.

de jours

Monsieur, j'ay orprismes esté adverti depuis peu que la prévosté de Nivelles est vacante par le trespas de monsieur de Hoocstraten, auquel Dieu face miséricorde, et ay aussi tost envoyé à Bruxelles pour vous prier de vouloir présenter ma requeste icy joincte' à Son Altèze, ne soachant qu'elle en estoit partie, d'où j'entend que le chapittre de Nivelles a présenté requeste pour la faire supprimer que seroit, à mon advis, peu convenable, car c'est une des meilleurs provisions de par deçà; et si pour la non-résidence des possesseurs elle a esté, passés quelque temps, inutille audict chapittre, le vray moyen pour remédier à cest abus est celuy que je mets en avant; car l'évesque diocésain a bien besoin de résider audict lieu pour donner ordre à tout le Walon-Brabant, qui comprend une bonne partie de son diocèse; et le propre chapittre en a grand besoing, pour ce que les dames chanoinesses et les chanoines ne s'accordent, ains sont en continuelles disputes; et l'évesque, comme prévost, et en ceste qualité chef dudict chapittre, pourroit entretenir la paix et le service divin en son honneur, où que maintenant les chanoines, se tenantz exemptz de la jurisdiction ordinaire dudict évesque le font fort irrévéremment et négligément de sorte que ceste provision seroit fort propre aux évesques de Namur, et Son Altèze seroit déchargé de leur poursuittes.

Touchant l'augmentation du dot de l'évesché, qui est à la vérité par trop petit, je vous prie de vouloir présenter madicte requeste et m'advertir par ce porteur si ma présence sera nécessaire, pour m'y acheminer incontinent. Jamays ne se présentera meilleure occasion de me monstrer par effect l'affec

1) Cette requête n'a pas été retrouvée.

tion que me portés et de m'obliger plus que jamais à vous demeurer la reste de ma vie,

Monsieur,

Très-affectionné serviteur,

FRANÇOIS, évesque de Namur.

De Wavre, le XVIIe d'octobre 1611.

Papiers d'État et de l'audience, liasse 460, aux Archives générales du Royaume.

V.

Rapport du conseil privé sur les suppliques adressées
à l'archiduc Albert.

17 octobre 1611.

MONSEIGNEUR,

Ayant pleu à Vostre Altèze Sérénissime nous envoyer les requestes de ceulx requérans la collation de la prévosté de l'église collégiale de Sainte-Getrude, en la ville de Nivelles, se retreuvent entre icelles deux assez de mesme substance, par quelles les dames abbesse, prévoste, doyen et aultres de ladicte église supplient Vostre Altèze leur consentir de poursuyvre vers Sa Sainteté la suppression de ladicte prévosté et incorporation des biens d'icelle au proufict de la généralité en augumentation de leurs prébendes. Et comme cestuy point, si Vostre Altèze y inclinoit, feroit cesser la provision à quoy tendent les aultres requestes, nous l'avons mis en délibération, et sommes tous tombez d'opinion que, pour estre ceste dignité de la fundation des prédécesseurs de Vostre Altèze, ducz e Brabant, et à sa collation, qu'icelle ne doibt aulcunement permectre ladicte suppression, ains la retenir pour en faire la

collation selon qu'ont faict ses prédécesseurs, accoustumez la faire ordinairement à des personnaiges de qualité, mérites et service. Néantmoins, si Vostre Altèze soit servie d'estre informée de plus prèz de la fundation, dotation et qualité de ladicte église de Sainte-Getrude, dignitez et prébendes d'icelle, nous estimons que le chancellier de Brabant y pourra satisfaire plus particulièrement. Sur quoy baisans très-humblement à Vostre Altèze Sérénissime les mains, prions le Créateur qui la conserve, Monseigneur, en très-parfaicte sancté, longues et heureuses années.

De Bruxelles, le 17e d'octobre 1611.

De Vostre Altèze Sérénissime

Très-humbles et très-obéyssans sujets, vassaux et serviteurs. Les gens de son conseil privé.

LE COMTE.

Papiers d'État et de l'audience, liasse 460, aux Archives générales du Royaume.

VI.

Requéte du chapitre de Nivelles adressée à l'archiduc Albert pour que celui-ci veuille recommander au Souverain Pontife la suppression de la prévóté masculine du chapitre.

A Son Altèze Sérénissime.

Remonstrent en deue révérence et humilité les dames abbesse et prévoste, doyen et aultres de l'église collégiale madame saincte Gertrude de vostre ville de Nivelle, comme par les troubles et guerres dernières ilz auroient esté tellement apauvris et détrimentez de leurs biens et revenu annuel de leurs prébendes, que ne leur restoit aultre remède (à l'exemple de plusieurs aultres colléges) que de prendre leur refnge vers Sa Sainteté affin d'obtenir licence de povoir aliéner quelque

« PreviousContinue »