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« Ce ne fut que lorsque, parvenu au sommet de sa puissance, Napoléon s'aperçut qu'il manquait de palais pour les rois qui venaient rendre hommage à sa gloire, qu'on lui proposa et qu'il parut agréer l'idée de comprendre le PalaisRoyal dans le plan général de la réunion des palais du Louvre et des Tuileries, et de faire en sorte que par des arcs, des galeries et des colonnades, ces trois grands édifices réunis présentassent le plus vaste ensemble et la plus magnifique résidence de souverain qui eût été connue jusqu'à présent. Néanmoins il ne fut pas donné plus de suite à ce projet qu'aux précédens, et le Palais-Royal, qui n'avait été amélioré en rien par le séjour du Tribunat, resta tellement décrédité, après tant de dégradations, que dans les dernières années de l'empire on alla jusqu'à proposer de le mettre en vente pour en faire un objet de spéculation. » Mais cet édifice était des

tiné à reprendre bientôt son ancienne splendeur.

En 1814, un auguste exilé revient dans sa patrie, il se présente seul et sans se faire connaître au Palais-Royal. Le suisse, qui portait encore la livrée impériale, ne voulait point le laisser entrer; il insiste, il passe, il s'incline, il baise avec respect les marches du grand escalier..... C'était l'héritier des ducs d'Orléans qui rentrait dans le palais de ses pères.

CHAPITRE X.

Le Palais-Royal sous Louis-Philippe, duc d'Orléans.

1814-1er janvier 1830.

Après avoir quitté le Palais-Royal pour l'armée, et combattu pour sa patrie à Valmy, à Jemmapes et à Nerwinde, Louis-Philippe, duc d'Orléans, proscrit en France par ceux qui dressaient les échafauds en 1793, se vit réduit à chercher un asyle dans les pays étrangers où l'attendait un autre genre de proscription. Là, persécuté comme un partisan de la révolution

dont il déplorait les excès, il erra long-temps de contrée en contrée, forcé de cacher un nom qui était devenu pour tous les partis un objet de crainte ou de jalousie. Nous regrettons que les bornes que nous nous sommes imposées ne nous permettent pas de rapporter ici les détails des nombreuses vicissitudes de sa vie errante, soit en Europe, soit en Amérique. Ce fut à Philadelphie, le 5 février 1797, qu'il fut rejoint par les deux princes ses frères, le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais, dont il ne se sépara plus pendant dix ans jusqu'au moment où il eut le malheur de les perdre. Le duc de Montpensier (1) mourut, à Salt-Hill en Angleterre, le 18 mai 1807 (2). Le comte de Beaujo

(1) Antoine-Philippe d'Orléans, né au Palais-Royal le 3 juillet 1775. Ce prince est enterré dans l'église de Westminster, à Londres.

(2) Voici l'épitaphe placée sur son tombeau par les soins du duc d'Orléans, son frère:

Princeps illustrissimus et serenissimus,

lais (1) était déjà attaqué de la poitrine lorsqu'il

Antonius Philippus, dux de Montpensier,

Regibus oriundus,

Ducis Aurelianensis filius natu secundus,
A tenerâ juventute

In armis strenuus,

In vinculis indomitus,

In adversis rebus non fractus,

In secundis non elatus,

Artium liberalium cultor assiduus,

Urbanus, jucundus, omnibus comis,
Fratribus, propinquis, amicis, patriæ

Nunquam non deflendus.

Utcumque fortunæ vicissitudines

Expertus,

Liberali tamen Anglorum hospitalitate

Exceptus,

Hoc demùm in regum asylo

Requiescit.

Natus III julii MDCCLXXV.

Ob. XVIII maii MDCCCVII, ætat. xxx.

In memoriam fratris dilectissimi

Ludovicus Philippus, dux Aurelianensis,

Hoc marmor posuit.

(1) Louis-Charles d'Orléans, né au Palais-Royal le 7 octobre 1779. Ce prince est enterré à Malte, dans l'église de Saint-Jean.

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