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plaisir de lui rendre hommage et de fêter sa présence. Les beaux-esprits du temps se mirent en frais pour le saluer de leurs petits vers, aux spectacles, aux académies, dans les musées, enfin partout. Le roi (Louis XV) l'accueillit avec grace et lui dit, en parlant de la disproportion d'âge qui existait entre eux : «Je serais « votre grand-père,: »-« C'est ce qui manque à « mon bonheur, » répondit avec effusion le jeune monarque.

Mr le duc de Duras, premier gentilhomme de la chambre du roi, fut chargé de faire les honneurs de Paris et des spectacles à sa majesté danoise. Le duc d'Orléans (Louis-Philippe) s'empressa de donner au roi de Danemarck un bal magnifique au Palais-Royal. Ce fut en y dansant que le duc d'Orléans se cassa le tendon d'Achille dans le salon d'Oppenort (1).

(1) Galerie historique du Palais-Royal: tableau de M. Devéria.

Toutes les célébrités du temps se plaisaient à lui rendre hommage.Les États-Unis de l'Amérique septentrionale ayant proclamé leur indépendance le 4 juillet 1776, le célèbre Franklin vint à Paris, précédé de la brillante nouvelle pour les Américains du succès de leurs armes à Saratoga où la division anglaise du général Burgoyne avait mis bas les armes devant la division américaine du général Gates. Tout Paris se précipitait sur les pas de Franklin et l'intérêt pour les Américains se manifestait de toutes les manières. Franklin fut bientôt autorisé à déployer le caractère de ministre plénipotentiaire des États-Unis. Il parut à Versailles, fut reçu à la cour avec ses cheveux sans poudre et dans la simplicité du costume américain, et, le 6 février 1778, il signa deux traités qui furent conclus entre le roi de France et les États-Unis, l'un de commerce et d'amitié, l'autre d'alliance.

Après avoir été présenté à Versailles, Franklin

fut pareillement présenté au Palais-Royal au duc d'Orléans (Louis-Philippe), aïeul du prince actuel, ainsi qu'au prince son fils, alors duc de Chartres, à madame la duchesse de Chartres et à leurs enfans (1).

Nous ne passerons pas non plus sous silence la visite que Voltaire fit au Palais-Royal, dans cette même année 1778, lorsqu'il vint à Paris jouir de son dernier triomphe, et recevoir à la représentation d'Irène l'hommage de la reconnaissance de tout un peuple peuple (2). Il demanda au

(1) Galerie historique du Palais-Royal: tableau de M. Steuben.

(2)« << Tairons-nous le beau jour où Paris dans l'ivresse,

<< D'un triomphe paisible honorait ta vieillesse !

«< Qu'on étale avec pompe aux yeux des conquérans

<< Des gardes, des vaisseaux, des étendarts sanglans,
« Le glaive humide encore et fumant de carnage,
<< Ou le profane encens vendu par l'esclavage:
<< Ta garde était un peuple accouru sur tes pas;
« Il bénissait ton nom, te portait dans ses bras;
Des pleurs de la tendresse il ranimait ta vie ;

docteur Tronchin, premier médecin du duc d'Orléans, qui logeait au Palais-Royal, à voir les petits-enfans de Louis-Philippe, duc d'Orléans. « Je voudrais, disait-il, voir, avant de mourir, «< cette jolie petite Bourbonnaille! » et quand il remonta dans son grand carrosse bleu de ciel parsemé d'étoiles, il fut salué par les acclamations de la foule rassemblée dans les cours du palais (1).

<< A vanter un grand homme il condamnait l'envie ;
<<< Admirait les éclairs qui brillaient dans tes yeux,
« Contemplait de ton front les sillons radieux,

<«< Creusés par soixante ans de travaux et de gloire,
<< Et qui d'un siècle entier semblaient tracer l'histoire. »
(Chénier, Épître à Voltaire.)

(1) Galerie historique du Palais-Royal.

CHAPITRE VIII.

Le Palais-Royal, sous Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans.

1780-1793.

Nous avons dit plus haut que Louis-Philippe, duc d'Orléans, avait cédé le Palais-Royal à son fils Louis-Philippe-Joseph en 1780. C'était peu après que ce prince, qui portait encore le titre de duc de Chartres, était revenu des campagnes navales qu'il avait faites au commencement de la guerre occasionnée par la protection que la

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