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selin, Boys, Rainier, Serret, Hawkins, Digby, Corden et Mackensie, chargés par le contre-amiral de Courcy de l'embarquement de l'armée, et en conséquence des arrangements faits par le commissaire Bowen, par les capitaines Bowen et Shepherd, et par les autres agents du service de transports, toute l'armée s'est embarquée avec une célérité qui est presque sans exemple. A l'exception des brigades commandées par les majors généraux Hill et Beresford, qui étaient destinées à rester à terre jusqu'à ce que les mouvements de l'ennemi fussent connus, tout se trouvait en mer avant le jour.

La brigade du major général Beresford, qui devait former notre arrière-garde, occupait le front de terre de la ville; celle du major général Hill était en réserve sur le promontoire en arrière de la ville.

Le 17, à huit heures, l'ennemi fit avancer des troupes légères vers la Corogne, et bientôt après occupa les hauteurs de Sainte-Lucie qui dominent la rade; mais malgré cette circonstance et les nombreuses défectuosités de la place, comme il n'était pas à craindre que l'arrière-garde pût être forcée, et que d'ailleurs les dispositions des Espagnols paraissaient être bonnes, l'embarquement de la brigade commandée par le major général Hill fut commencé; à trois heures de l'après-midi il était achevé. Le major général Beresford, avec ce zèle et cette habileté si bien connus de vous et de toute l'armée, ayant parfaitement expliqué, à la satisfaction du gouvernement espagnol, la nature de notre mouvement, et ayant fait les arrangements préalables nécessaires, retira son corps du front de terre de la ville aussitôt qu'il fut nuit. Ce corps, ainsi que tous les blessés demeurés à terre, étaient embarqués ce matin à une heure.

L'état des choses ne nous permet pas d'espérer que la victoire dont la Providence a couronné les efforts de l'armée puisse avoir de brillants résultats pour la Grande-Bretagne : elle est obscurcie par la perte d'un de nos meilleurs capitaines; elle a été obtenue à la fin d'un long et pénible service. La position avantageuse de l'ennemi, la situation ac

tuelle de son armée, la supériorité du nombre, nous ôtent l'espoir de tirer quelque avantage de notre succès. Pour vous cependant, pour l'armée, pour notre pays, il est doux de penser que, dans les circonstances les plus défavorables, les armes de l'Angleterre n'ont rien perdu de leur éclat. L'armée, qui était entrée en Espagne avec les plus belles espérances, n'eut pas plutôt fait sa jonction, que les désastres multipliés, la dispersion des armées nationales, la laissèrent à ses propres ressources. La mise en mouvement d'un corps anglais, marchant du Duero, donnait lieu d'espérer que le midi de l'Espagne pouvait être sauvé; mais cet effort géné– reux, qui avait pour objet la délivrance d'un peuple infortuné, a fourni à l'ennemi l'occasion de réunir ses troupes nombreuses, et de concentrer toutes ses ressources principales pour la destruction des seules troupes réglées qui se trouvaient dans le nord de l'Espagne.

Vous savez avec quelle activité ce système a été suivi. Ces circonstances ont nécessité des marches rapides et pénibles, qui ont diminué le nombre des soldats, épuisé leurs forces, et rendu incomplet l'équipement de l'armée. Nonobstant ces désavantages et ceux plus inhérents à une position défensive, position que l'impérieuse nécessité de couvrir pour un temps le port de la Corogne avait forcé de prendre, le courage intrépide des troupes anglaises ne s'est jamais mieux manifesté : il a outre-passé tout ce que l'expérience que vous avez faite de cette qualité inappréciable qui leur est si naturelle vous avait permis d'espérer. Il n'est pas un soldat qui n'ait ardemment profité de toutes les occasions de se distinguer; aussi est-il difficile pour moi de vous citer des traits de courage particuliers. Les corps qui ont été le plus aux prises avec l'ennemi sont les brigades commandées par les majors généraux lord William Bentinck, Manningham et Leith, et la brigade des gardes, sous les ordres du major général Warde.

On doit les plus grands éloges à ces officiers et à leurs troupes. Le major général Hill et le colonel Carlin Cranford ont habilement soutenu les postes avancés sur la gauche de

la position; les 4°, 42°, 50° et 87° régiments, et une partie de la brigade des gardes et du 26° régiment, ont soutenu le fort de l'action. Le lieutenant-colonel Murray, quartier-maitre général, et les officiers de l'état-major, m'ont été d'une grande utilité. J'ai eu lieu de regretter que la maladie du brigadier général Clinton, adjudant général, me privât de son assistance.

La plus grande partie de la flotte ayant mis à la mer hier soir, et les corps embarqués se trouvant nécessairement entremêlés dans les transports, il m'est impossible de vous faire connaître, quant à présent, le contrôle de nos pertes. Je pense que la perte en hommes n'est pas si considérable qu'on pourrait le supposer: s'il fallait en fixer, par approximation, la quantité, je ne l'estimerais pas, en tués et blessés, à plus de sept ou huit cents hommes. La perte de l'ennemi doit nous être inconnue; mais différentes circonstances me font penser qu'elle est double de la nôtre. Nous avons quelques prisonniers, dont il ne m'a pas été possible de connaître le nombre; cependant il n'est pas considérable. Plusieurs officiers de rang ont été tués ou blessés : je ne puis citer pour le moment que le lieutenant-colonel Napier, du 92 régiment; les majors Napier et Stanhope, du 50", tués; le lieutenant-colonel Winck, du 4o, le lieutenant-colonel Griffith, des gardes, et les majors Miller et Williams, du 81°, blessés.

Je ne vous parlerai pas de la perte que l'armée et la nation viennent de faire, à vous qui savez si bien apprécier les éminentes qualités du lieutenant général sir John Moor. Son trépas m'a privé d'un ami que l'expérience m'avait rendu cher; mais c'est surtout pour la patrie que je déplore sa perte. Tous les hommes qui l'ont connu, qui l'ont respecté, diront qu'après avoir, avec le plus grand courage, opéré une retraite si difficile, il a terminé une carrière honorable par une mort qui rend plus respectable encore aux yeux de l'ennemi le nom du soldat anglais. Comme l'immortel Wolff, il est enlevé à sa patrie au commencement d'une vie qu'il lui avait consacrée; comme Wolff, il entendit

à son dernier moment les acclamations de la victoire; sa mémoire, comme celle de Wolff, sera toujours sacrée dans un pays qu'il a sincèrement aimé et qu'il a fidèlement servi. Il me reste à témoigner l'espérance que j'ai de vous voir promptement rendu au service de la patrie, et à déplorer la malheureuse circonstance qui, en vous éloignant du champ de bataille, a laissé tomber le commandement dans des mains bien moins habiles que les vôtres. »

FIN DES NOTES DU CINQUIÈME VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE CINQUIÈME VOLUME.

ESPAGNE.

LIVRE DEUXIÈME.

Du 22 août au 6 novembre 1808..

SOMMAIRE DU LIVRE DEUXIÈME.

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Les Espagnols refusent le secours d'une armée anglaise.
Cette armée débarque en Portugal. Insurrection générale
dans ce royaume.
Capitulation du général Junot. — Si-
tuation de l'armée française. - Expédition contre un corps
d'armée sorti de Saragosse. Force et position de l'armée
au 20 septembre. — Installation de la junte centrale à Aran-
juez. - Blake et Castanos se rapprochent de l'Ebre. --- Occu-
pation de Bilbao par les Espagnols; ils en sont chassés par le
maréchal Ney. - Nouvelle position prise par le maréchal
Moncey.-Le maréchal Ney retourne à la Guardia. — Le gé-
néral Blake échoue dans une deuxième tentative sur Bilbao.
- Une troisième lui réussit. — Il rassemble son armée à Zar-
noza. — Dispositions pour arrêter l'ennemi devant Durango.
- Plan d'opérations arrêté à Saragosse. Expédition sur
Logrono et Lodosa. Entrée en Espagne des troupes de la
grande-armée. Affaire de Zarnoza. Situation des affaires

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à l'arrivée de l'Empereur à Vittoria, le 5 novembre 1808.

Ouverture de la session du corps législatif.

Correspondance relative au livre deuxième..

Pages.

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