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Dépêche adressée par S. Exc. le Ministre des relations extérieures, M" de Champagny.

Monsieur,

Fontainebleau, 10 novembre 1807.

J'ai reçu les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser le 23 août et le 9 septembre: les dernières m'annonçaient votre départ immédiat de Constantinople. J'espère que vous aurez fait votre voyage heureusement et que l'ambassadeur de Perse avec qui vous étiez, aura contribué à vous rendre plus facile tout le trajet de l'Asie Mineure.

La continuation de la guerre entre la Perse et la Russie serait aujourd'hui sans utilité. Sa Majesté l'Empereur désire voir rétablir la paix entre les deux puissances et elle y concourra volontiers. Cette paix n'a pu être faite à Tilsitt où Feth-Ali

Chah n'avait pas de plénipotentiaire, mais il a cherché à la préparer dans ses conversations avec l'Empereur de Russie, et aucun motif ne peut s'opposer à sa conclusion. La Perse doit même la désirer, afin de tourner plus librement ses vues contre l'Angleterre, qui est aujourd'hui la seule ennemie à qui elle doit continuer de tenir exactement fermés tous ses ports.

L'Angleterre est déjà exclue de presque tous les ports d'Europe; elle voulait faire le commerce exclusif du continent, et ses propres marchandises ne sont plus admises nulle part; elle voulait être la seule qui naviguât librement, et ses vaisseaux ne peuvent plus aborder en Europe. C'est par les productions de son commerce qu'elle y alimentait la guerre; cette voie se ferme pour elle.

Faites en sorte que les mêmes mesures de prohibition s'exécutent en Perse. Il paraît qu'au mois de mai de l'année dernière, quelques agents

anglais y furent accueillis. Feth-Ali-Chah doit se défier de toutes les missions de ce genre, et l'agrandissement des Anglais dans l'Inde doit constamment exciter sa vigilance. Plus ils se sont étendus dans la presqu'île, plus les Afghans et les tributaires de la Perse sont menacés.

Youssuf-Bey a été bien reçu de Sa Majesté. Elle a vu avec plaisir une personne qui pourrait lui parler de Feth-Ali-Chah, et qui avait part à l'estime et à la confiance de ce Prince. Tout ce qui peut concourir au maintien des relations amicales formées entre les deux pays, entre dans les vues de Sa Majesté.

La date des dernières lettres que nous avons reçues de Perse, est du 24 juin. Celles que vous m'écrirez auront habituellement la même ancienneté de date, et vous avez dès lors à vous attendre à un intervalle de près de sept mois entre vos lettres et mes réponses. Pendant ce temps, les événements marchent, et quelques observations

applicables au moment où la lettre se fait, peuvent cesser de l'être au moment où la réponse arrive; il est des instructions qui portent sur le fond même de votre mission et sur le caractère qu 'elle doit habituellement conserver. Celles-là pourront toujours vous être utiles au moment où elles vous parviendront; j'y reviendrai souvent; et quant aux affaires qui sont passagères de leur nature et qui ne peuvent attendre longtemps l'arrivée d'une décision, j'aurai à m'en remettre à votre discernement et à votre sagesse. Vous aurez du moins pour guide l'esprit de vos instructions dans les cas particuliers qu'elles n'auraient pas formellement prévus.

Recevez, Monsieur, les assurances de ma haute considération.

CHAMPAGNY.

Lettre de Napoléon à Feth-Ali-Chah.

Napoléon, Empereur des Français, roi d'Italie et protecteur de la confédération du Rhin, à Feth-Ali-Chah, Empereur des Persans.

Salut au souverain qui étend la gloire de la Perse par ses victoires, et qui règne avec sagesse et fermeté.

:

J'ai reçu les lettres que Votre Majesté m'a écrites les assurances qu'elle me donne de son amitié m'ont été et me seront toujours agréables.

Votre serviteur Jousset-Aga remettra ma lettre à Votre Majesté. J'ai vu avec plaisir qu'il ait passé quelque temps au milieu de ma capitale. Il a été traité comme l'envoyé d'un Prince qui m'est cher, et j'ai été satisfait de sa conduite.

Je le charge de répéter à Votre Majesté que j'ai pour elle l'attachement le plus sincère; que je désire voir multiplier les relations de bonne intelligence si heureusement établie entre nous.

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