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tiers et de forcer la Perse à conclure la paix sans retard. Il aura dit à S. M. l'Empereur de Russie qu'il se sentait assez fort pour intimider les Persans, en employant les Géorgiens de nouvelle levée avec les troupes russes qui étaient sous ses ordres, mais qu'il craignait que l'organisation adoptée par une partie de l'armée persane ne rendît difficile l'exécution de ses projets, si l'on perdait du temps, et si on laissait la Perse former et exercer tranquillement des troupes, et se préparer ainsi à une guerre qu'elle soutiendrait sans doute avec plus d'avantage et de résistance que dans les campagnes précédentes.

M. le comte de Romanzoff, dans sa réponse, marque au maréchal Goudowitsch que l'Empereur Alexandre avait parlé à S. Exc. le duc de Vicence de son refus d'accepter la médiation proposée en s'excusant sur l'éloignement des lieux, et sur la position géographique de la France et de la Perse. Mais il est à présumer que Sa Majesté

Impériale ne s'en est expliquée que très-légèrement avec l'Ambassadeur de France. M. le duc de Vicence, qui n'avait point encore reçu mes dépêches, n'a pu répondre catégoriquement à cette déclaration, et l'on aura ordonné sur-lechamp au comte de Goudowitsch de frapper les derniers coups sans délai, et de reprendre les armes s'il le jugeait nécessaire. J'ai donc pu croire, d'après ces résultats, que la Russie n'était plus avec la France aux termes où Votre Excellence me le disait dans sa première dépêche officielle (no 1).

Quant au paragraphe du précis de ma dernière audience, où Sa Hautesse rapporte les propos des Anglais sur la convention que j'avais précédemment conclue pour vingt mille fusils, S. Exc. Mirza Chefy savait bien que Sa Majesté déférerait sans difficulté à la demande faite par cette cour, et il m'a même fait entendre que cet

envoi de vingt mille fusils était si peu de chose

pour la France, et Sa Majesté elle-même si grande, qu'elle dédaignerait de regarder de près à ces minuties.

Je prie Votre Excellence d'agréer l'hommage du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, Monseigneur, de Votre Excellence, le très-humble et très-obéissant serviteur.

Lettre adressée à S. Exc. le Ministre des relations extérieures, M de Champagny.

Téhéran, le 12 janvier 1809.

La dernière lettre que j'eus l'honneur de recevoir de Votre Excellence est du 16 juin dernier. Celles de Constantinople sont du 26 juillet suivant.

J'ai dû remettre à M. Lajard, lorsqu'il partit pour sa mission auprès du maréchal Goudowitsch,

le seul chiffre que m'eût adressé le ministère, et il a fallu en conséquence que j'en fisse composer un autre sur la table de déchiffrement marquée D. A. n° 13, la seule également qui m'ait été remise à mon départ pour la Perse. J'ai donc l'honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien ordonner que mes dépêches soient désormais déchiffrées sur le tableau correspondant à celui qui m'a été confié. J'ai l'honneur de joindre ici, à Votre Excellence, un supplément à la table à chiffrer correspondante au tableau D. A. n° 13, ainsi qu'un supplément à la table de déchiffrement, coté D. A. no 13.

Dans le cas où Sa Majesté ne se déciderait pas à envoyer des troupes dans ce pays, et que la guerre eût recommencé avec la Russie, Votre Excellence ne jugerait-elle pas avantageux d'envoyer des officiers entendus aux pachas d'Erzéroum et d'Akalzikè, où, d'après la nature du pays, il paraît que les attaques principales doivent être

dirigées. Retirer les officiers qui se trouvent en Perse pour leur donner la direction des armées turques, serait causer un vif déplaisir à Sa Hautesse, qui apprécie leur mérite et leurs ser

vices.

Sous les rapports politiques, je supplie Votre Excellence de me donner des instructions et des ordres d'après lesquels je puisse diriger ma conduite.

Sa Hautesse et son premier Vizir témoignent toujours la plus grande affection pour la France; je rends hommage à la vérité et à la justice en en donnant à Votre Excellence l'assurance la plus positive. Mais je ne puis céler non plus que l'état des choses de cet Empire est tel qu'il se trouvera toujours sous l'influence et la dépendance du voisin le plus proche, et qui aura à sa disposition une force prépondérante. Je crois même que la France ne peut guère espérer d'affermir, son pouvoir ici tant que ses armées en se

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