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et de vouloir, par d'orgueilleuses prétentions, s'attirer la haine d'un gouvernement aussi redoutable que celui de Russie? Mais plutôt, ne perdant pas de vue ses véritables intérêts, j'annonce à Votre Altesse Impériale que mon auguste Empereur, en raison de ses sentiments de justice et d'humanité ne veut point profiter du triste état de votre cour. Quoiqu'il ait une puissance à laquelle rien ne peut résister, il vous réitère les propositions que j'ai communiquées, et que Votre Altesse Impériale sait bien être à l'entier avantage de la Perse; elles se bornent à la ratification du traité sans aucun délai ni retard. Enfin comme je connais toute l'étendue de la sagesse et la profondeur du génie de Votre Altesse Impériale, abandonnant entièrement cette matière à sa réflexion pénétrante, je pense que la cour de Russie, parvenue au degré de puissance et de grandeur où elle est, doit pour sa dignité même, garder des pays que le succès de ses armes lui a acquis de

puis nombre d'années, et je ne crois nullement fondées les prétentions que la Perse met en avant sur les possessions actuellement entre nos mains. Après avoir donné ces explications sincères à Votre Altesse Impériale, je pense devoir une dernière fois lui faire ouvrir les yeux sur ses véritables intérêts, lui recommandant de ne point chercher à rejeter ce qui est si fort à l'avantage de la Perse, et une fortune dont profitera l'héritier de la couronne lui-même, si, accédant aux justes et favorables propositions de notre gouvernement, la cour de Perse ratifie sans perdre de temps le traité de paix définitif. Ce n'est que l'admiration que je porte à Votre Altesse Impériale et la haute opinion que j'en ai conçue qui m'ont engagé à lui écrire en ces termes, et si je n'avais pas eu en ceci l'intention pure de la tranquillité de l'Empire persan sur lequel vous devez régner un jour (et cette tranquillité ne peut être le fruit que d'une paix avec une puissance aussi formidable que la

Russie), je n'aurais certainement pas fait les ouvertures précédentes et celles que je fais encore aujourd'hui. »>

La fin de cette pièce est en tout conforme à celle de la lettre précitée; après ces mots : Votre Altesse doit enfin ne pas perdre de vue que si la Perse, par une conduite opposée à ses intérêts, etc. Traduit à Téhéran (le 11 octobre 1808), par le deuxième interprète provisoire de la légation.

AUG. DE NERCIAT.

Lettre adressée à S. Exc. M. le feld-maréchal comte de Goudowitsch, gouverneur civil et militaire de toutes les provinces russes situées entre la mer Caspienne et la mer Noire, etc.

Téhéran, 12 octobre 1808.

Monsieur le Maréchal,

J'ai chargé M. Lajard, secrétaire de ma léga

tion, de faire à Votre Excellence des représentations confidentielles sur le contenu de la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire le 2 septembre dernier, par laquelle Votre Excellence annonçait l'intention d'attaquer la Perse si elle ne se décidait pas, sur-le-champ, à traiter de la paix avec Votre Excellence, directement et sans la médiation de la France qu'elle avait demandée. Si, contre mon attente, ses représentations ne changeaient pas vos déterminations, monsieur le Maréchal, il est de mon devoir de vous déclarer officiellement que la Perse étant l'alliée de S. M. l'Empereur et Roi, mon auguste maître, et que l'intégrité du territoire que ses troupes occupent actuellement, ayant été garantie par Sa Majesté Impériale et Royale, je regarderais toute attaque contre ce territoire comme une provocation envers mon auguste cour. Et j'ai lieu de croire de la sagesse reconnue de Votre Excellence, qu'elle attendra avant de se porter à aucune démarche

contre la Perse, de connaître les déterminations que S. M. l'Empereur, mon auguste maître, aura communiquées à S. M. l'Empereur de toutes les Russies, et qu'elle ne prendra pas sur elle la responsabilité d'un événement qui amènerait nécessairement des discussions d'une nature désagréable entre les deux augustes cours de France et de Russie.

Je suis avec tout le respect que je sais vous devoir,

Général GARDANE.

Lettre adressée à S. Exc. le Ministre des relations

extérieures, M" de Champagny.

Monseigneur,

Téhéran, le 25 octobre 1808.

J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Ex

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