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Nous nous mettrons en route également demain

pour le camp de Sankala. L'Empereur s'y rend par Kazwina.

J'ai l'honneur, etc.

Lettre adressée à S. Exc. le Ministre des relations

extérieures, M" de Champagny.

Au camp de Sultanié, le 2 juillet 1808.

Monseigneur,

Sa Hautesse a désiré nous voir ce matin. Nous nous sommes rendu à onze heures à l'audience avec S. Exc. Mirza-Chefi. Feth-Ali-Chah voulait me donner lui-même l'assurance que toute négociation était rompue entre la Perse et l'Angleterre, et que l'on faisait de part et d'autre des préparatifs hostiles. Sa Hautesse espère que son au

guste frère trouvera cet état de choses conforme aux intentions que Sa Majesté lui a souvent manifestées.

D'après les derniers avis reçus du golfe Persique, il paraît que la flotte anglaise qui s'y trouve est composée de dix-huit bâtiments de toutes grandeurs. Le capitaine Malcolm cherche à attirer les Persans au service de la Compagnie. On dit qu'il offre cent piastres par mois à chaque individu qui voudrait servir à bord des bâtiments. On mande que les Anglais ayant appris la cession faite à Sa Majesté de l'île de Karek, se disposent à s'en emparer comme d'une propriété.

Les troubles du Candahar continuent. Les deux frères Chegia-el-Muek et Mahmoud font de nouveaux préparatifs de guerre l'un contre l'autre, à Candahar et à Péichawer.

M. le capitaine du génie Truilhier est parti de Téhéran pour Méched dans le Khorassan. Je lui ai prescrit, vu les circonstances actuelles, de

ne point pousser la reconnaissance au-delà des frontières persanes. Je remettrai son itinéraire d'Alexandrette à Téhéran, au premier officier que j'aurai l'honneur d'expédier à Votre Excellence.

Veuillez agréer, etc.

Lettre adressée à S. Exc. le Ministre des affaires extérieures, M" de Champagny.

Au camp de Sultanié, le 26 août 1808.

Monseigneur,

Mirza-Chefi m'a remis avant-hier soir la minute originale des communications verbales que Sa Hautesse devait me faire en présence de M. le capitaine du génie Bianchi d'Adda. J'ai l'honneur d'en adresser ci-joint la traduction à Votre Excellence.

Cette pièce est extrêmement remarquable; elle contient le développement de la politique de la Perse et des bases sur lesquelles Feth-Ali-Chah fonde son alliance avec Sa Majesté. Les points qui excitent sa plus grande sollicitude y sont indiqués; et la conclusion par laquelle Sa Hautesse termine fait pressentir un changement dans sa conduite envers la France, si ses espérances ne sont pas réalisées.

Les faits qu'Elle énonce ne sont pas toujours représentés d'une manière véridique. Plusieurs paragraphes offrent même des assertions auxquelles il est de mon devoir d'opposer ce qui est à ma connaissance. Votre Excellence pourra les comparer avec les observations que je vais lui

soumettre.

Le premier et le deuxième paragraphe ne contiennent qu'une récapitulation des missions que les deux augustes cours se sont envoyées et des engagements qu'elles ont réciproquement contrac

tés. Dans le troisième paragraphe, Sa Hautesse commence l'exposition des faits. Elle annonce des préparatifs contre les Afghans et contre l'Indoustan. Je suis porté à croire qu'elle n'a point donné des ordres au Chahzadé, gouverneur du Khorassan, pour ces expéditions. On sait seulement qu'il a marché contre Merw avec un nombre de troupes peu considérable. La Perse n'entreprendra certainement rien contre l'Indoustan, aussi longtemps que son territoire sera ouvert aux Russes. Le caractère d'exagération naturel aux Persans se retrouve dans l'assurance avec laquelle Sa Hautesse parle souvent de la facilité de cette expédition. Elle a même donné quelquefois à entendre qu'elle ne désirerait être aidée que par un petit nombre de troupes françaises qu'Elle regarderait comme auxiliaires. Mais Elle n'a pu dissimuler aussi qu'elle ne pouvait songer à cette entreprise, tant que les Russes occuperaient la Géorgie.

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