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Paris, le 25 février, par la voie d'Erzéroum et de Constantinople. Je profite d'une occasion pour faire passer ces paquets à Bagdad d'où ils seront portés à Constantinople par les Tartares de Suleyman-Pacha. Je me réserve d'expédier dans une quinzaine de jours un courrier pour adresser à Votre Excellence la reconnaissance que M. le capitaine du génie Truilhier a faite de la route d'Alexandrette à Téhéran par Alep, Bagdad, etc.

Envoyé copie de la lettre de Son Altesse.
L'itinéraire de M. Bianchi,

Le travail de M. le capitaine Truilhier.

A Tauris, le militaire marche, le Chahzadé m'a écrit et il me paraît content de MM. les officiers. On travaille à Ispahan pour l'artillerie, et je préfère cet endroit à Tauris, vu qu'il est plus près de l'Indus.

J'ai écrit à Votre Excellence dans le moment où l'on parlait d'une rupture avec le gouvernement ottoman, que l'on supposait d'accord avec les Anglais, que les Persans restaient leurs ennemis naturels ; ils sont bien placés pour une irruption et ils convoitent toujours Bagdad, ville qui fut remise aux Turcs par Chah-Sefi, successeur d'Abbas le Grand (Chah-Abbas); ils se trouvent avoir plusieurs de leurs saints enterrés sur le territoire de Bagdad, et c'est à un tel point que la plupart des grands Persans, on les porte pour les enterrer dans les villages près de Bagdad, soit à Iman-Moussa (à une demi-heure de Bagdad), Iman-Ali, Iman-Houssein (appelé aussi Kerbella).

Dans le plan de campagne que j'ai eu l'honneur d'adresser à Votre Excellence, je parle de faire porter un corps de l'Ile-de-France qui se dirigerait sur Jesselmere, et que cet endroit devrait être mis en très-bon état, ainsi que d'y as

sembler des vivres et des munitions; ma raison, c'est que peut-être M. le général commandant se déciderait à faire continuer, en avant sur le Gange, la marche de ses troupes qui deviendraient sa droite, tandis qu'il attirerait avec sa gauche le plus que possible les forces de l'ennemi en avant de Delhi, en tirant vers Calcutta; il doit s'attendre à trouver l'air très-mauvais.

A Mardin réside le chef des Nestoriens, patriarche qui y a son couvent; les Nestoriens sont courageux comme des montagnards et habitent ces montagnes difficiles qui s'étendent audelà de Mardin vers la Perse. Il est à croire que leur chef et eux n'aiment pas non plus les Turcs.

Tout autour de la Perse, aucun pays n'est l'ami des Persans, mais eux cependant sont les plus puissants, ayant, dans ce moment, de l'ensemble; avec Bokra, ils sont en paix; ceux-ci, quoique soumis, restent leurs ennemis véritables, la ville de Merw reconnaît Feth - Ali-Chah. Les

Afghans sont en troubles et en guerre avec les Persans; sans cela, le lendemain de mon arrivée à Téhéran, j'eusse envoyé un officier par Hérat pour reconnaître ce pays.

Les Mahrattes Holcar a bien fait sa paix depuis plus d'un an, on dit même qu'on la lui a faite avantageuse, parce qu'on le craint toujours; il peut avoir jusqu'à 90,000 chevaux; on pense qu'il reste leur ennemi secret, son caractère guerrier devant lui rappeler le mysore qui les rendait puissants.

Pour moi, je ne puis pas encore concevoir comment les Russes ne sont pas venus à Téhé– ran et mon avis est que ce qui pourrait arriver de plus heureux aux Persans, ce serait qu'ils tombassent absolument sous l'influence française.

Les provinces de la Perse sont entre les mains des enfants de Son Altesse ; ils sont tous divisés de sentiments, et ce qu'on peut assurer, c'est qu'il existe deux partis bien distincts, l'un pour Abbas

Mirza, l'autre pour Muhamed-Ali-Mirza, à Kermancha.

Quant à Abbas-Mirza, je pense que son penchant est pour nous et que l'on peut se reposer sur lui; je crois pouvoir même avancer que déjà il connaît assez bien ses intérêts pour sentir combien il a besoin de la France pour s'assurer le trône. Il a une grande ardeur pour la gloire, et sous main je fais tout ce qui est en moi pour que son état militaire prenne de la consistance.

Abbas-Mirza n'est pas l'aîné, mais le trône lui revient par le testament de son grand-oncle Aga-Muhamed-Khan, auquel a succédé Feth-AliChah, et d'après la proclamation solennelle de son père; il est fils d'une femme Cagiar, c'est le nom de la tribu ou famille du roi. Il a un autre frère âgé de treize ans, nommé Ali-Chah.

Celui de Kermancha est l'aîné, il a des moyens de paraître un jour, et on assure que quelquefois il le rappelle à son père, ainsi que son droit.

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