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vestiture a dû vous faire de la peine (1); mais le ressentiment ne doit paroître que quand le bien de l'Etat le demande. Il faut l'éteindre ou le témoigner, suivant les circonstances. Si l'effet ne suit immédiatement les menaces, elles sont presque inutiles et ridicules. Il n'y a pas d'apparence que le pape donne l'investiture de Naples à l'archiduc : il ne vient point en Italie. J'avoue que la pensée que vous aviez me fait un sensible plaisir; elle est digne de votre sang, et je souhaiterois que l'état de vos affaires et la saison vous eussent permis de l'exécuter; mais il ne faut pas y songer pour cette année. Non-seulement je consentirai que vous passiez au printemps en Italie, si la guerre dure encore; mais dès à présent, je vous le conseille, indépendamment de ce que l'archiduc ou le roi des Romains pourront faire. Rien ne vous donnera plus de réputation, et de gloire dans le monde, particulièrement dans vos royaumes. Gardez le secret de cette résolution, si vous voulez qu'elle réussisse quand vous l'exécuterez. Vous gagnerez le cœur de vos sujets; vos ennemis seront forcés à vous estimer et à vous craindre. Que je serai heu

(1) Il s'agit de l'investiture du royaume de Naples sur laquelle le Pape tergiversoit.

reux, quand je vous verrai dans le haut point de gloire, où j'espère que votre courage vous élevera! Je vous aimerai davantage ; et mon estime se fortifiant, ma tendresse augmentera, en vous voyant tel que je vous desire, et que je me persuade que vous serez.

AU MÊME.

Versailles, le 21 août 1701.

JE renvoie votre courrier, et j'ai écrit à Castel-Rodrigo (1) de conclure votre mariage. Vous en apprendrez les raisons; le détail en seroit trop long à vous expliquer. Votre déférence à mes conseils augmente encore mon attention à vous les donner conformes à vos intérêts. Celui d'aller en Italie au printemps prochain, sera certainement de votre goût. Je crois ce voyage nécessaire, si la guerre conti.nue; mais je souhaite en même temps qu'elle soit terminée cette campagne. Je l'espère, si le maréchal de Villeroi exécute mes ordres, comme j'ai lieu de le croire.

(1) Ministre d'Espagne à Turin: il avoit conclu le mariage de Philippe avec la princesse de Savoie, sœur de la duchesse de Bourgogne.

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La guerre ne recommencera pas apparemment en Flandre cette année. Je vois avec plaisir l'effet de votre amitié pour votre frère: rien ne me peut toucher davantage, que la continuation de cette union. Décidez en faveur de Fernand - Nugnès son zèle vous est connu ; c'est une qualité principale, et que vous devez fortifier dans le commencement de votre règne. Je comprends que l'affaire du duc de Montéléon vous embarrasse. Laissez agir le cardinal comme archevêque de Tolède. Ne compromettez point votre autorité; on l'a trop engagée. Que cet incident vous serve désormais à prendre du temps, pour examiner ce qu'on veut vous faire signer dans votre despacho, hors les expéditions ordinaires. Je serai bien aise d'apprendre, que Marcin Ꭹ soit entré en l'absence du duc d'Harcourt. Vous jugez bien que je souhaite que votre voyage soit heureux, et que les prospérités de V. M. répondent aux vœux que ma tendresse me fait.farre pour vous.

AU MÊME.

Fontainebleau, le 2 octobre 1701.

JE persiste toujours dans la pensée que vous devez passer en Italie au commencement du

printemps prochain. Je suis persuadé que l'idée seule de ce voyage vous fait plaisir. J'aurai soin, puisque vous le souhaitez, de régler dans le temps tout ce que je croirai nécessaire pour la descente et pour la commodité de V. M. Il conviendra peut-être de publier bientôt votre passage. La nouvelle en sera vraisemblablement bien reçue, et produira de bons effets en Italie. Je vous avertirai quand je croirai qu'il sera temps de déclarer cette résolution, qui vous fait honneur. Vous pour rez l'exécuter dès le mois de mars. Je crois vous faire plaisir en avançant le terme de deux mois. Vous aurez apparemment attendu plusieurs jours la reine à Barcelone. Je n'ai point encore de nouvelles qu'elle se soit embarquée sur vos galères. J'espère que vous serez content de Marcin. Il a vu que je préférois ses services auprès de vous, à ceux qu'il me rendoit dans mes armées. La santé de la duchesse de Bourgogne est entièrement rétablie. Je ne douterai jamais de votre bon naturel. Je suis très-sensible aux sentimens que vous témoignez, à l'égard de ceux que vous devez aimer; les miens pour vous sont tels que vous les méritez, et je ne puis vous exprimer plus fortement ma tendresse et mon amitié, qui dureront toujours pour vous.

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AU MÊME.

Fontainebleau, le 12 octobre 1701.

La navigation des galères a paru si fatigante à la reine d'Espagne, et même si dangereuse dans cette saison, qu'elle souhaite d'achever son voyage par terre, depuis Marseille jusqu'à Barcelone j'y ai consenti. Marcin vous en rendra compte, et des ordres que j'ai donnés dans une conjoncture aussi imprévue. Vous serez peut-être bien aise de vous avancer pour la recevoir jusqu'à Girone. Si vous voulez passer jusqu'à Perpignan, vous en serez le maître. Il n'y a pas un lieu dans mon royaume où V. M. ne soit regardée comme un fils que j'aime tendrement; et je suis persuadé qu'en cette qualité, l'empressement de mes sujets vous fera plus de plaisir que les traitemens dus à votre rang.

AU COMTE DE MARCIN.

31 octobre 1701.

L'ARGENT manque absolument (en Espagne) pour les dépenses les plus nécessaires; on ne peut en trouver pour soutenir la guerre en

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