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du dehors; mais comme je vois que son service et son autorité souffrent également du peu de moyens qu'il a de soutenir l'un et l'autre; que le mal augmente depuis long-temps; que votre dangereuse maladie vous a mis hors d'état de travailler aux affaires; qu'enfin le cardinal Porto-Carrero m'a fait demander quelqu'un intelligent en matière de finances, pour voir et connoître l'état de celles du roi d'Espagne pour examiner les moyens les plus propres de soulager ses sujets et de pourvoir aux plus pressans besoins du public, qu'il m'assure que toute l'Espagne le desire en général : toutes ces raisons m'ont déterminé à choisir le sieur Orri pour l'envoyer à Madrid (1).

A PHILIPPE V.

Marli, le 27 juin 1701.

Vous verrez par ce que le courrier vous dira de ma part, ce que je pense et ce que j'ai fait sur votre mariage et sur bien d'autres affaires; c'est pourquoi je ne vous en dirai rien dans cette lettre. Les deux que j'ai reçues de vous,

(1) Voyez dans les Mémoires de Saint-Simon toutes les opérations d'Orri et généralement tout ce qui concerne la cour de Philippe v, article fort bien traité.

UV. DE LOUIS XIV. TOME VI,

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sont du 2 et du 10 juin. Je suis très-aise que vous ayez fait tout ce que je vous avois mandé, et vous verrez, par ce qu'on vous dira de ma part, ce que je crois utile au bien de vos affaires. J'attends avec impatience ce que vous m'avez promis de faire pour le marquis de Castel dos Rios. Ne perdez pas de temps pour me satisfaire sur ce que je vous demande. La reconnoissance est un devoir très-pressé. J'ai fait partir un homme très-habile, pour travailler à vos finances; j'espère qu'il vous sera utile dans les suites. Je ferai partir incessamment le comte de Marcin pour soulager le duc d'Harcourt, et pour travailler conjointement avec lui pour le bien de nos affaires communes. Vous pourrez vous fier à lui, et croire qu'il ne vous dira rien que je ne pense. Je suis bien en peine de ce que vous me demandez de votre conseil. Je crois que d'Harcourt et Marcin vous seront d'un grand secours. Vous devez vous fier à eux, puisque je m'y fie, les connoissant comme je fais. Finissez, le plutôt que vous pourrez, le rang des ducs et des grands; cela sera d'une grande commodité. On travaille aux carrosses. On les fait comme le comte Baten dit qu'ils doivent être. Je crois qu'ils ne seront pas trop beaux. Pour ceux de la reine, vous ferez de votre mieux. On ne peut pas vous en

envoyer assez à temps pour servir à votre mariage.

Je crois qu'il ne sera pas retardé bien longtemps, par ce qu'on est obligé de faire, pour obliger le duc de Savoie à exécuter son traité.

Il ne me reste qu'à assurer V. M. de la tendre amitié que j'ai pour elle. La suite du temps vous la fera encore mieux connoître.

AU MÊME.

Meudon, le 13 juillet 1701.

JE Vous envoie Marcin pour demeurer auprès de vous. Il vous dira beaucoup de choses importantes dont je l'ai chargé. Donnez-lui une entière croyance. Je me fie à lui; vous pouvez en faire de même, et être persuadé qu'il ne vous proposera rien qui ne soit utile à nos intérêts communs. Je ne saurois finir sans assurer V. M. de ma tendresse, et lui dire, que je souhaite avec toute l'ardeur dont je suis capable, de vous voir un aussi grand roi que vous pouvez l'être si vous le voulez.

AU MÊME.

Marli, le 29 juillet 1701.

J'AI cru devoir différer votre mariage, sur des avis que j'ai reçus du peu de sincérité du duc de Savoie. Vous connoissez son caractère. J'avois écrit au marquis de Castel-Rodrigo de suspendre la négociation; j'ai appris depuis qu'elle étoit déjà finie. Ne vous étonnez pas cependant s'il fait naître quelque difficulté dans l'exécution: je souhaite qu'il en trouve les moyens. Je n'ai de vue que le bien de V. M. et de la rendre plus heureuse, en retardant même la satisfaction qu'elle croit trouver dans son mariage. Je crois que vous ne devez rien changer à l'égard de votre départ de Madrid.

AU MÊME.

Marli, le 30 juillet 1701.

J'AI appris avec grand plaisir ce que vous avez fait pour le marquis de Castel dos Rios (1). Je vous en suis très-obligé. Je lui ai donné la

(1) Il lui avoit accordé la Grandesse sur la demande de Louis XIV. Il fut ensuite vice-roi du Mexique.

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nouvelle avec joie, que vous l'avez fait Grand. Il a reçu cet honneur comme il le devoit. Duras s'en va, pour instruire le duc d'Harcourt de plusieurs affaires utiles à nos intérêts communs. Donnez attention à tout ce qu'il vous proposera. Tâchez d'en profiter, et me croyez plus tendre et plus plein d'amitié que jamais pour vous.

J'oubliois de vous dire que le portrait que vous desirez est fait. Vous devez m'être obligé du temps que j'ai donné pour vous plaire. Quand le tableau sera achevé, on vous l'enverra sans perdre de temps.

AU MÊME.

Versailles, le 7 août 1701.

Vous jugez parfaitement bien du mémoire. du duc d'Arcos. Il est de votre autorité de soutenir ce que vous avez réglé pour les honneurs réciproques entre les Ducs et les Grands. Blécour (1) vous dira mon avis à l'égard de celui qui vous a présenté ce mémoire. Il faut un exemple ; celui que vous ayez fait sur un de vos Grands, est très à propos. Le refus de l'in

(1) Envoyé de Louis xiv à Madrid.

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