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On combattit même au bagage jusque bien avant dans la nuit, parce que les Suisses avoient mis devant eux leurs chariots en forme de rempart, du haut desquels ils lançoient des dards sur les nôtres, et quelques-uns passoient des piques et des hallebardes à travers les chariots et les roues, et ainsi nous blessoient. Mais enfin après avoir long-temps combattu, les nôtres se rendirent maîtres du bagage et du camp, où l'on fit la fille d'Orgetorix prisonnière, avec un de ses fils.

De ce combat il resta environ cent trente mille hommes qui marchèrent toute la nuit sans se reposer, et qui arrivèrent le quatrième jour sur les terres de ceux deLangres, les nôtres n'ayant pu les suivre tant à cause des blessures de leurs soldats, que pour la sépulture des morts à laquelle ils employèrent trois jours.

CHAPITRE XVI.

César continue à suivre ce qui restoit des ennemis. Ils se rendent à lui, et il leur commande de retourner en leur pays.

CÉSAR dépêcha aussitôt lettres et courriers à ceux de Langres, qu'ils se gardassent bien de les secourir de vivres ni d'aucune autre

chose, et que s'ils les assistoient il les tiendroit au même rang que les Suisses.

Trois jours après il commença à les suivre.

avec toute son armée.

Les Suisses réduits à la nécessité de toutes choses, lui envoyèrent des Ambassadeurs pour traiter de leur reddition: lesquels l'ayant rencontré sur le chemin, s'étant jetés à ses pieds. et lui ayant demandé la paix avec larmes. César leur commande de l'attendre au lieu où leurs gens étoient pour lors, et ils obéirent (1).

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César y étant arrivé, leur demande des otages, leurs armes et les esclaves qui s'étoient retirés vers eux.

Pendant qu'on cherche et qu'on amasse tout cela, la nuit étant survenue, environ six mille hommes du canton qui s'appelle Verbigenne (soit de crainte qu'on ne les fit mourir après avoir rendu les armes, soit par espérance de se sauver, s'imaginant que dans une si grande multitude de gens qui se rendoient, leur fuite pourroit être couverte ou entièrement ignorée) sitôt qu'il commença à faire brun sortirent du camp des Suisses, et tirèrent vers le Rhin et les terres des Allemands.

(1) Le vainqueur donne la loi aux vaincus telle que bon lui semble.

César en étant averti commanda à ceux 2. par le pays desquels ils avoient passé, de les chercher et de les ramener, en cas qu'ils ne voulussent pas qu'il se plaignît d'eux.

Il traita d'ennemis tous ceux qu'on lui ramena et pardonna à tous les autres, après qu'ils eurent donné des otages et rendu les armes et les fugitifs.

Il ordonna aux Suisses, à ceux de Stulinghen et de Lausanne, de retourner dans leurs pays, d'où ils étoient partis, et parce qu'ayant consommé tous leurs vivres il n'y avoit plus rien chez eux pour les nourrir, il commanda à ceux de Savoie de leur fournir du blé; et à eux il leur ordonna de rebâtir leurs villes et leurs villages qu'ils avoient brûlés. Ce qu'il fit principalement à cause qu'il ne vouloit pas que le lieu que les Suisses avoient abandonné demeurât sans habitans, de peur que les Allemands qui sont au-delà du Rhin ne passassent de leur pays dans celui-là, à cause de la bonté du terroir, et qu'ainsi ils ne fussent voisins de la province de la Gaule et de la Savoie.

Il accorda les Boiiens à ceux d'Autun, qui les demandoient pour les établir dans leur pays, à cause qu'ils les connoissoient gens de grand cœur : cœur auxquels ils donnèrent des terres,

et ensuite les reçurent en la même condition de droits et de libertés dont ils jouissoient eux-mêmes.

On trouva dans le camp des Suisses des rôles écrits en caractères grecs et qui furent apportés à César, dans lesquels étoient nommément le nombre de ceux qui étoient sortis de

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leur pays en âge de porter les armes : et séparément aussi les enfans, les vieillards et les femmes, dont le sommaire étoit tel:

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Des Suisses deux cent soixante et trois mille.

De ceux de Stulinghen trente-six mille.
De ceux de Lausanne quatorze mille.
De ceux de Bâle vingt-trois mille.
Des Boiiens trente-deux mille.

De ces gens-là il y en avoit jusqu'à quatrevingt-douze mille qui pouvoient porter les

armes.

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En tout ils étoient trois cent soixante et huit mille.

De ceux qui retournèrent dans leur pays, la revue en ayant été faite comme César l'avoit commandé, il s'en trouva le nombre de cent dix mille.

AMUSEMENS POÉTIQUES.

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LOUIS XIV, dit l'historien de son siècle, se plaisoit et se connoissoit aux choses ingénieuses, aux impromptus et aux chansons agréables: quelquefois même il faisoit sur-le-champ de petites parodies sur les airs qui étoient en vogue. Nous en avons recueilli trois de ce genre. Nous les tirons d'un manuscrit qui contient beaucoup de vers anecdotiques, et dont les notes sont d'un contemporain; homme de la cour, très au fait de toutes les occasions qui faisoient naître ces bagatelles.

I.

OR vous dites, la Tambonne,

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"La Tambonne Tambonneau qu Pour l'appui de la Couronne

allin P.

Qui fit le marquis Michaud?onë
Notre histoire peu sincère
A toujours pris soin de tairé
Qui fit le marquis Michaud,
A Tambonne Tambonneau.

Le roi fit, avec madame de Montespan, cette chanson sur la présidente Tambonneau et son fils. La présidente avoit eu, ce que notre manuscrit appelle

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