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avantageux au roi d'Espagne, et j'ai assez de preuves de votre capacité et de votre zèle, pour ne pas douter que vous ne profitiez de tout ce que la conjoncture vous permettra de faire pour le bien de mon service; et la présente n'étant pour autre fin, etc.

A PHILIPPE V.

A Marli, le 16 septembre 1710.

Le duc de Noailles, que j'envoie à Madrid, vous informera des ordres que je lui ai donnés (1). Vous connoissez son zèle pour vos intérêts, et je sais que vous l'aimez autant que vous avez de confiance en lui. Votre majesté me fera plaisir de croire ce qu'il lui dira, et d'être persuadée des assurances qu'il lui renouvellera de la tendre et parfaite amitié que j'ai pour elle.

A LA REINE D'ESPAGNE.

Décembre 1710.

Je m'intéresse trop tendrement au rétablis

(1) Il s'agissoit de déterminer Philippe à faire des cessions, sans lesquelles Louis xiv jugeoit ne pouvoir obtenir des alliés une paix dont il avoit le plus grand besoin.

sement de votre santé, pour ne pas approuver tout ce qui peut y contribuer. Je souhaiterois que la saison fût plus favorable pour user des eaux de Bagnères; mais si l'on vous conseille de vous en servir, je vous prie moimême de ne pas perdre un moment à tenter ce remède. Le repos d'esprit doit y donner une vertu nouvelle, et vous le devez avoir, sachant que vos affaires sont en aussi bon état que vous le pouvez desirer. C'est le seul sujet d'inquiétude qui doit naturellement vous agiter. Mais puisqu'il est nécessaire de rassurer d'autres que votre majesté, je lui promets qu'elle ne sera pas moins maîtresse dans mon royaume qu'elle l'est en Espagne, qu'il dépendra d'elle d'en sortir avec le prince des Asturies, comme il dépend d'elle d'y rester tant qu'elle voudra.

Je ne vous laisserois peut-être pas une liberté si absolue, si des temps plus tranquilles permettoient que vous vinssiez ici; mais il faut attendre la paix pour concerter les moyens de nous voir, et je vous assure que je n'aurois trouvé en ma vie de moment plus heureux, que celui où je pourrois vous dire moi-même, que mon amitié pour vous est aussi tendre et aussi parfaite que vous le méritez.

A MADAME DE MAINTENON.

Décembre 1710.

Je vous envoie une relation imprimée que la comtesse de Grammont ne sera pas fâchée de voir, son frère n'étant que pris. Je sais qu'elle est à Saint-Cyr; c'est pourquoi je me presse de vous apprendre ces nouvelles, qui ne valoient pas la peine de vous être mandées si promptement sans cela.

Les ennemis se sont retirés, et le roi d'Espagne est maître de Madrid (1). J'ai cru que vous ne seriez pas fâchée de savoir cette nouvelle, en attendant que vous sachiez un plus grand détail.

AU DUC DE NOAILLES.

6 février 1711.

MON COUSIN, j'ai appris avec plaisir que la ville de Girone a été obligée de capituler, et que mes troupes y sont entrées en conséquence

(1) Le duc de Vendôme lui gagna le 10 décembre la bataille de Villaviciosa, qui affermit sur sa tête la couronne d'Espagne.

de la capitulation dont vous êtes convenu. J'en approuve fort toutes les conditions, et quoique j'eusse souhaité que la garnison eût pu être faite prisonnière de guerre, comme vous n'auriez pu la réduire à cette nécessité qu'en attaquant les forts, après que vous auriez été le maître de la ville, j'aime encore mieux que vous ayez abrégé la durée du siége, en forçant les ennemis à vous remettre tous les forts en même temps que la ville. Il me paroît, par les mémoires que vous avez envoyés, et encore plus par ce que m'a rapporté le sieur Planque de toutes les particularités du siége, que toutes vos dispositions étoient parfaitement bonnes, et que ceux qui étoient chargés sous vous de les exécuter, n'ont rien omis de leur part pour rendre le succès de cette entreprise aussi heureux et aussi prompt qu'il l'a été. Vous pouvez les assurer que je n'oublierai pas le service qu'ils m'ont rendu en cette occasion, et l'on ne peut être plus satisfait que je le suis de toute la conduite que vous y avez tenue. J'ai fait le sieur Planque maréchal-de-camp. C'est un ancien et bon officier qui mérite cette grace; et si je ne fais pas présentement de promotion, par rapport à ceux qui ont servi avec distinction dans l'armée que vous commandez, je ne les oublierai pas dans la suite.

Je donne le gouvernement de la place au marquis de Brancas, et j'ai nommé aussi pour remplir les autres emplois de l'état-major, ceux que vous m'avez proposés, ne doutant pas que vous n'ayez choisi les meilleurs sujets.

La prise de Girone m'a fait un grand plaisir, et surtout après les difficultés et les contretemps que vous avez surmontés. Je n'en suis point surpris, vous connoissant comme je fais les qualités propres à réussir à ce que vous entreprenez. Je sens ce que vous avez fait pour le bien de l'Etat, mais sur-tout par l'amitié que j'ai pour vous.

A PHILIPPE V.

22 juin 1711.

JE vous assure que vous ne vous trompez pas, quand vous croyez que vos intérêts mesont aussi sensibles que les miens, et que c'est avec une peine infinie que je vous fais des propositions que nous trouvons toujours dures, quand il s'agit de céder quelque partie des Etats que Dieu nous a donnés. Mais il y a des occasions où il faut savoir perdre, et si vous étiez possesseur tranquille de l'Espagne et des Indes, vous n'auriez pas à regretter les places que

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