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que

se retirer, s'il en arrive une des ennemis beaucoup plus nombreuse, sa retraite, ni les troupes les ennemis jetteront dans Barcelone, ne vous empêcheroient pas de prendre cette place, dont la garnison doit être fort affoiblie par celles de Girone, Lérida, Tortose, etc.

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A LA REINE D'ESPAGNE.

14 mars 1706.

Je ne suis point en peine des affaires que le roi d'Espagne laisse à Madrid, depuis que je sais qu'il vous a confié le gouvernement pendant son absence. J'étois bien persuadé qu'en l'acceptant, vous préféreriez la satisfaction de lui plaire, à celle que vous auriez trouvée dans une vie paisible, et occupée seulement du soin de savoir de ses nouvelles. Il y a des temps où il n'est pas permis de consulter sa propre inclination. V. M. pourra suivre celle. qu'elle a pour le repos, lorsque les affaires seront plus tranquilles; mais il faut présentement employer, pour les intérêts du roi votre mari, les heureux talens que vous avez, et vous en servir pour contenir les peuples dans le devoir, et pour animer leur zèle en faveur du roi leur maître. L'expérience du passé

m'assure, que vos soins et votre application aux affaires ne réussiront pas moins dans les conjonctures présentes ; et si les succès du roi mon petit-fils, sont tels que je l'espère des bénédictions de Dieu sur les mesures que j'ai prises, cette campagne doit terminer les agitations que vous avez jusqu'à présent souffertes. Je n'ai rien oublié pour faire en sorte que les événemens soient heureux. Je puis vous assurer que ma tendresse étant égale pour vous et pour le roi mon petit-fils, je souhaite autant pour vous que pour lui-même, que vous le revoyiez bientôt plein de gloire et triomphant de ses ennemis.

A MADAME DE MAINTENON.

Avril 1706.

Je crois que vous ne serez pas fâchée de la nouvelle que je viens de recevoir : M. de Vendôme, avec douze cents chevaux, a battu toute la cavalerie ennemie, au nombre de quatre mille cinq cents (1); tous les officiers-généraux y ont fait merveille. Longueval y a été blessé. Vous en sauréz tantôt davantage. Je ne pour

(1) A Calcinato, le 19 avril.

rai être chez vous qu'à trois heures; prenez des mesures pour éviter les importuns. Je suis très-fâché de ce retardement, mais le conseil ne finira pas plutôt.

AU DUC DE VENDÔME.

2 mai 1706.

MON COUSIN, je ne sais qui est le plus aise de vous ou de moi, de nos heureux succès. Rien n'est si brillant ni si avantageux pour les affaires d'Italie, que le commencement de cette campagne; je ne doute pas que vous ne le souteniez avec la même sagesse et la même valeur. Personne n'en est si persuadé que moi, ni ne le souhaite davantage, par toutes les raisons qui nous sont communes, pensant l'un pour l'autre, et pour la France, comme nous faisons. Vous devez être persuadé qu'en toutes occasions je vous ferai connoître mon amitié et la confiance que j'ai en vous.

A PHILIPPE V.

29 mai 1706.

VOTRE douleur est très-juste, mais je suis bien aise de voir qu'elle n'abat point votre

courage: il paroît autant dans les adversités que dans les conquêtes; et le malheur que vous avez eu de lever le siége de Barcelone, n'est pas irréparable, puisque je vois que Vous pensez comme vous le devez, étant du ́s sang dont vous êtes, et dans le rang où Dieu vous a placé.

J'espère qu'il voudra bien maintenir son ouvrage, et je n'oublierai aucun des moyens qu'il m'a donnés pour vous soutenir. Le duc de Noailles vous informera de ce que j'ai dessein de faire pour vous. Je vous dirai seulement en général, que j'envoie mes ordres pour faire avancer jusqu'à Bayonne trente bataillons et vingt escadrons, qui se rendront à Pampelune avec toute la diligence possible. Vous ne devez point hasarder de passer à Madrid seul et peu accompagné. Vous êtes dans une conjoncture où tout dépend de la conservation de votre personne: ainsi vous devez seulement marcher jusqu'à Pampelune avec quelques régimens de cavalerie et de dragons, et vous y attendrez le reste des troupes.

J'espère que leur valeur et leur zèle pour V. M., rendront les efforts de vos ennemis inutiles. Nous n'avons pas été heureux en Flandre. Il faut se soumettre aux jugemens de Dieu, et croire que si nous profitons des disgraces qu'il

nous envoie, elles nous procureront des biens solides et éternels. Soyez bien assuré de mon amitié tendre et constante pour vous, et croyez qu'en quelque occasion que ce soit, je vous en donnerai toujours des marques essentielles.

AU MÊME.

5 août 1706.

Vos ennemis ne doivent plus espérer de réussir, puisque leurs progrès n'ont servi qu'à faire paroître le courage, et la fidélité d'une nation, toujours également brave, et constamment attachée à ses maîtres. Vos peuples ne se distinguent point des troupes réglées ; et je comprends aisément que tant de preuves de leur amour pour vous, augmentant la tendresse particulière que vous avez toujours eue pour eux, elle leur est due; et je vous exhorterois à leur en donner de fréquens témoignages, si je ne savois que vos sentimens sur ce sujet, sont entièrement conformes aux miens.

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