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trouvez moyen de faire échouer les projets les ennemis ont faits.

que

Il n'est pas possible qu'ils recommencent pour l'année prochaine, d'aussi puissans efforts que ceux qu'ils ont faits pour celle-ci, ni même que les Anglais et Hollandais laissent hiverner toutes leurs troupes au milieu de l'Empire, à moins qu'ils ne se mettent en état par des avantages considérables, d'établir leurs troupes dans des pays de conquêtes, ce que j'ai lieu, d'espérer que vous empêcherez.

A LA REINE D'ESPAGNE.

6 août 1704.

Je trouve avec plaisir dans votre lettre, un nouveau sujet de vous louer; rien ne le mérite davantage, que la crainte que vous avez d'entrer dans la connoissance des affaires, et que votre attention à faire tout à la gloire du roi d'Espagne. Plus j'approuve vos sentimens et plus je vous crois capable de lui donner des conseils excellens. Vos ménagemens pour le public, sont dignes de vous et au-dessus de votre âge. Je suis bien aise de voir que V. M. pense d'elle-même à ce qu'il y a de plus convenable. Je conseille au roi mon petit-fils, de rendre au

marquis de Rivas les fonctions de sa charge. Il m'a paru par sa lettre qu'il y avoit quelque répugnance, mais je crois nécessaire pour son service de la surmonter. C'est de vous principalement que je veux me servir pour l'y déterminer.

L'état des affaires ne permet pas de délibérer long-temps. Comptez aussi sur la tendresse et la parfaite amitié que j'ai pour vous.

A PHILIPPE V.

20 août 1704.

Vous me demandez mes conseils ; je vous écris ce que je pense, mais les meilleurs deviennent inutiles, lorsqu'on attend à les demander et à les suivre, que le mal soit arrivé : il est souvent plus facile de le prévoir que d'y remédier; et je prévois avec douleur d'étranges embarras, si vous n'établissez un ordre dans l'administration de vos affaires. Vous avezdonné jusqu'à présent votre confiance à des gens incapables ou intéressés. Je vous demande de vous défaire de Canalés, je rappelle Orri ; j'y trouve de la résistance et de l'opposition de votre part. Vous voyez la fin de leur travail par le sort de vos armées et celui de vos places.

GUV. DE LOUIS XIV. TOME VI.

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II

Il semble cependant que l'intérêt de ces particuliers vous occupe tout entier, et dans le temps que vous ne le devriez être que de grandes vues, vous le rabaissez aux cabales de la princesse des Ursins, dont on ne cesse de me fatiguer, Je suis persuadé de votre sincérité; et si malheureusement vous perdiez cette vertu qui vous est si naturelle, je crois que vous aimez assez votre état, pour ne point tromper à son préjudice. Je crois donc, puisque vous m'en assurez, que vous voulez effectivement suivre mes avis. Profitez, je vous prie, de ceux que je vais vous donner encore avec la même amitié et la même tendresse pour vous, dont je ne me lasserai point de vous faire ressentir les effets.

Il est impossible que vous puissiez réussir, tant que le désordre régnera dans vos affaires au point où il est présentement. Etablissez un conseil sage et éclairé ; le duc de Grammont vous nommera ceux que je crois capables de le composer. Ne différez point à les assembler; consultez-les sur toutes les matières de guerre, de finance et de politique; servez-vous de leurs lumières et de leur expérience, et ne donnez point d'ordres dont ils ne soient instruits. Quand je verrai cette forme de conseil établie, je vous enverrai plus hardiment les secours

dont vous avez besoin. Avant qu'elle le soit, je n'ai que trop sujet de regarder comme perdues les troupes que je fais passer en Espagne. Faites voir qu'il y a un roi et un conseil en Espagne, que vous y commandez, et que des particuliers qui ont abusé de votre confiance, ne sont pas les maîtres de la monarchie. Je n'ai jamais recommandé à V. M. que sa véritable gloire et l'intérêt de ses états. Travaillez pour l'un et pour l'autre. C'est le seul prix que je vous demande de tout ce que je fais et de toute la tendresse que j'ai pour vous.

AU MARECHAL DE MARCIN.

Versailles, le 21 août 1704.

MON COUSIN, les nouvelles que j'ai reçues de Stuttgard, de Bâle et de différens endroits des villes à portée du Rhin, joint au grand nombre de lettres d'officiers de mes troupes prisonniers de guerre, qu'ils ont écrites à leurs parens, ne me laissent pas lieu de douter qu'il ne se soit passé une action le 13 à Hochstett, dans laquelle les ennemis doivent avoir eu un avantage considérable (1). J'ai peine à croire

(1) Il l'étoit au point que l'armée combinée de France et

que vous ayez des troupes pour soutenir la guerre contre les forces de l'Empereur, de l'Empire, des Anglais et Hollandais, avec l'égalité qu'il convient, pour n'avoir pas à craindre la perte de celles qui restent sous vos ordres et ceux de M. de Tallard, à moins que l'événement de cette journée n'ait été fort différent,de ce que j'ai lieu de croire. Dans cet état, et pour prévenir des suites encore. plus fâcheuses, il n'y a point d'autre parti à prendre, que celui de retirer mes armées, en prenant les précautions nécessaires pour qu'elles ne soient pas attaquées dans la retraite. Si vous y

de Bavière fut à-peu-près rùinée. Voici le billet très-simple par lequel le duc de Marlborough donna avis en Angleterre, de la victoire qu'il venoit de remporter avec le prince Eugène de Savoie :

Le 13 août 1704.

Je n'ai le pas temps de vous rien dire davantage, sinon que je vous prie d'assurer la Reine de mes respects, et d'annoncer à S. M., que son armée a remporté une glorieuse victoire. Le maréchal de Tallard et deux autres généraux sont dans mon carrosse, et je suis occupé à poursuivre le reste. Quant au surplus, je m'en réfère au colonel Parck, mon aide-de-camp, qui vous fera le récit de ce qui s'est passé. Dans un jour ou deux, j'en dépêcherai un autre avec une ample relatión.

MARLBOROUGH.

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