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reçue, de vous mettre en état d'exécuter les premiers ordres que je vous avois donnés, et de prendre si bien vos mesures, que vous puissiez vous rendre à Schaffouse le 9 du mois prochain, ou le 10 au matin au plus tard, afin de pouvoir passer avec l'escorte qui s'y trouvera, pour joindre l'électeur de Bavière. J'ai lieu de croire que vous aurez des nouvelles de M. de Villars avant ce temps-là, ou que du moins il se servira de cette même escorte pour revenir. Vous ne devez point être en peine de votre réputation, quelque chose qui arrive. J'espère qu'elle ne fera qu'augmenter par votre bonne conduite. S'il arrivoit par quelque événement malheureux qu'elle pût être attaquée, je prendrai soin de vous justifier, mais rien ne doit plus vous retenir présentement. Je vous envoie la copie de l'instruction, dont le sieur de Tressemanes étoit chargé pour vous la remettre à Schaffouse: vous y connoîtrez mes intentions, et la conduite que vous devez tenir.

AU MARECHAL DE VILLARS.

21 octobre 1703.

S'IL n'est pas possible de préserver les Etats du duc de Bavière, je lui mande par la lettre

ŒUV. DE LOUIS XIV. TOME VI.

ΙΟ

que vous trouverez dans votre paquet, qué dans l'extrémité où il se trouve réduit, ses intérêts m'étant aussi chers que les miens, il doit travailler à faire son accommodement avec l'Empereur, plutôt que de perdre ses Etats, et dans cet accommodement, procurer une entière sûreté, pour que mon armée puisse rentrer en Alsace. Je mande au maréchal de Tallard de se tenir prêt à marcher sur Willingen, pour se rendre à jour nommé, aussitôt que vous lui aurez donné de vos nouvelles ; et en les attendant, de se tenir de l'autre côté du Rhin, afin d'être plus à portée de vous se courir, si vous êtes forcé de prendre le parti de vous retirer.

AU MÊME.

Versailles, le 24 novembre 1703.

MON COUSIN, il y a déjà long-temps que je ne vous ai donné de mes nouvelles, parce que je croyois que vous deviez repasser en France dès le 2 de ce mois, comme vous me l'aviez mandé. Il eût été à desirer que vous eussiez exécuté ledit projet que vous aviez fait, d'attaquer le prince de Bade avant que le comte de Styrum l'eût joint ; j'ai peine à comprendre

E LIBRAR

OF THE

UNIVERSITY

OF

CALIFORNIA
ANNÉE 1703.

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les raisons qui ont pu en empêcher l'électeur de Bavière. Ce projet étoit infiniment meilleur dans la situation où vous étiez le 12, que de songer à attaquer Augsbourg. Il faut espérer que la grande victoire que le maréchal de Tallard vient de remporter(1), lui donnera assez de confiance en la valeur de mes troupes, pour ne pas appréhender les événemens d'une action, lorsqu'il trouvera occasion de les employer. Je ne doute point que vous n'ayez été informé de bonne heure de tous les détails de ce qui s'est passé; si la cavalerie avoit tenu comme l'infanterie, l'armée ennemie auroit été entièrement détruite. Je joins à ma lettre un détail qui est dans la dernière exactitude : vous le ferez voir à l'électeur de Bavière, afin qu'il soit informé de la vérité, en cas que l'on ait voulu la lui déguiser. Mandez-moi quel peut être le fruit de cet heureux événement, par rapport à vous et à l'usage que l'on en pourra faire pour la campagne prochaine. Mandezmoi en même temps si vous avez lieu d'espérer de passer facilement à Schaffouse, où le comte de Marcin s'est rendu le 10, et où il attendra fant que vous le jugerez à propos.

(i) Près de Spire, le 15 novembre.

AU MÊME.

Versailles, le 25 novembre 1703.

MON COUSIN, j'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite du 23 du mois passé, par laquelle vous me marquez que vous avez passé à Schaffouse le 15 du courant, et que vous vous rendrez ensuite auprès de moi le plutôt que vous pourrez. Je me réserve à vous entretenir lorsque vous serez arrivé; mais je ne veux point attendre à ce temps-là, à vous donner des assurances de la satisfaction que j'ai des services importans que vous m'avez rendus.

A L'ÉLECTEUR DE BAVIÈRE.

Marli, le 21 décembre 1703.

MON FRÈRE, on ne peut s'intéresser plus que je ne le fais, à tout ce qui peut vous faire plaisir, et à la gloire que vous acquérez journellement.

Je sais la part que vous avez à l'heureux retour de l'escorte qui a conduit le maréchal de Marcin auprès de vous, et j'ai vu avec beaucoup de satisfaction et bien du contente

ment, tous les témoignages que vous me rendez en sa faveur. Je suis bien persuadé de la joie que vous avez ressentie, lorsque vous avez appris la victoire que mes armes ont remportée près de Spire, et de la reddition de la ville de Landau à mon obéissance; soyez-le aussi de mon attention à vous donner des marques effectives de mon estime et de mon amitié.

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AU MÊME.

Versailles, le 28 décembre 1703.

MON FRÈRE, le comte Albert m'a rendu la lettre que vous m'avez écrite le 13 de ce mois, par laquelle vous m'apprenez que la ville d'Augsbourg s'est rendue par capitulation. 'Un événement aussi heureux, qui est dû à votre bonne conduite, et aux justes mesures que vous avez prises, assure entièrement la Bavière, et donnera dans la suite de grandes commodités pour la subsistance des troupes et pour les quartiers d'hiver. Il auroit été à desirer qu'il y eût encore assez de temps pour aller à Passau. La foiblesse de nos ennemis est si grande, qu'il n'y a pas lieu de croire qu'ils soient en état de rien hasarder pour leur défense. J'ai donné des ordres pour tout ce qui

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