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pas de suivre d'assez près les opérations de la guerre dont vous êtes chargé, vous ferez en sorte de prendre par vous-même les meilleurs partis, et de ne point hasarder mon armée, à moins que vous ne voyiez une retraite assurée: pour elle, en cas que les affaires se tournassent d'une manière à ne rien espérer de mieux.

AU DUC DE SAVOIE, VICTOR-AMÉDÉE (1). Septembre 1703.

MONSIEUR, puisque la religion, l'honneur, l'intérêt, l'alliance et votre propre signature ne sont rien entre nous, j'envoie mon cousin le duc de Vendôme à la tête de mes armées, pour vous expliquer mes intentions. Il ne vous don

(1) Depuis le commencement de la guerre, lié secrètement avec la cour de Vienne, il n'avoit cessé de trahir les intérêts de la France et de l'Espagne, et traita même le 5 janvier avec l'Autriche. On eut enfin des preuves si fortes de sa perfidie, long-temps dissimulée et réprimée trop tard, que Louis XIV envoya ordre le 10 septembre 1703, au duc de Vendôme, d'entrer hostilement dans les Etats du duc avec des forces suffisantes, et sur-tout de désarmer ses troupes; mesure qui fut exécutée le 29 septembre. Victor Amédée recourut à l'inutile précaution de déclarer la guerre à la France le 7 octobre.

nera que vingt-quatre heures pour vous déterminer. LOUIS..

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AU MARECHAL DE VILLARS.

Fontainebleau, le 29 septembre 1703.

MON COUSIN, quoique j'attende avec impatience le détail de ce qui s'est passé le 20 de ce mois, entre l'armée commandée par l'électeur de Bavière, et celle de l'Empereur commandée par le comte de Styrum, la lettre que le marquis d'Usson a écrite à Chamillart ne me laissant pas lieu de douter que la victoire ne soit complète, j'ai tout lieu d'espérer que cet événement pourra faire un changement heureux, et avoir des suites qui vous mettront en état de prendre des quartiers d'hiver dans l'Empire. Si vous y voyez la moindre apparence, vous ne devez rien épargner pour y réussir; vous en connoissez toute l'importance, et la nécessité qu'il y a de soutenir une diversion qui pourroit donner dans la suite ouverture à la paix. La dernière lettre que je vous ai écrite, en réponse à la vôtre du 10, ne me donnoit pas grande espérance; vous n'en ferez aucun usage, que dans le cas que je vous avois mandé, d'une nécessité forcée de vous

retirer. Je ne saurois encore, (quelque chose qui me revienne de la mésintelligence qui est entre vous et l'électeur de Bavière,) croire que vous n'oubliez pas ce qui vous est personnel, pour prendre tous les partis qui conviendront au bien de mon service. Si dans la suite, lorsque la campagne sera finie heureusement pour lui et glorieusement pour moi, vous insistiez à revenir en France, je pourrai vous accorder la permission que vous m'avez demandée; mais en attendant, faites en sorte de bien vivre avec l'électeur de Bavière, et même d'entretenir l'union si nécessaire entre vous et les officiers principaux de ses troupes et des miennes.

A PHILIPPE V.

10 octobre 1703.

PUISQUE VOUS desirez que l'abbé d'Etrées entre dans votre despacho, je lui ordonne de vous obéir. Il est bien important que vous donniez au plutôt une forme à ce conseil, en y appelant, comme vous avez résolu, le président de Castille et le marquis de Mancera. Prenez garde, je vous prie, à maintenir désormais, s'il est possible, l'union entre les Français que vous avez auprès de vous. Leurs divi

sions ont porté jusqu'à présent un si grand préjudice au bien de vos affaires, que nous ne devons plus les souffrir, et je vous assure que s'il paroît encore quelque mésintelligence entr'eux, je prendrai des résolutions extrêmes à leur égard. Je suis persuadé que vous suivrez mes sentimens.

AU MARECHAL DE VILLARS.

14 octobre 1703.

APRÈS avoir pesé toutes vos raisons, j'ai pris le parti de vous accorder la permission que vous me demandez de revenir en France, et d'envoyer le comte de Marcin auprès de l'électeur. Vous lui connoissez les talens propres à gouverner une cour difficile. Vous en voyez la nécessité. Vous m'assurez que vous ne pouvez plus y demeurer. La conjoncture est si délicate, et les conséquences du retardement sont si grandes, que j'ai jugé plus convenable à mes intérêts de vous employer ailleurs, que de vous laisser dans une situation à ne pouvoir me rendre tous les services que vous pourriez faire, si vous n'aviez pas à combattre la mauvaise volonté des uns, et le peu de capacité des autres. Prenez donc vos mesures pour passer

le plus promptement et le plus sûrement que vous pourrez à Schaffhouse, où vous trouverez le comte de Marcin le 9 ou le 10 du mois prochain, et prenez telle escorte que vous jugerez nécessaire. Je me réserve, lorsque vous serez de moi à vous, de vous faire connoître toute ļa satisfaction que j'ai des services importans que vous m'avez rendus.

AU COMTE DE MARCIN.

Fontainebleau, le 14 octobre 1703.

peu de

MONSIEUR LE COMTE DE MARCIN le " concert qui est entre l'électeur de Bavière et le maréchal de Villars, pour toutes les opérations de la guerre qu'ils ont à faire ensemble, , peut avoir plus contribué que toutes les forces de l'Empereur et de l'Empire, à les réduire dans l'embarras où ils sont, de prendre un bon parti pour faire hiverner mes troupes en Allemagne, assurer les Etats de l'électeur et conserver son alliance; il en a été proposé entre eux de différens, et par tout ce que j'apprends et ce qui m'est revenu, il est impossible qu'ils s'accordent.

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Le maréchal de Villars en est tellement per, suadé, qu'il me mande par la lettre que j'ai

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