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Notices.

NOTICE

SUR LES ARCHIVES DE LA VILLE D'ANVERS.

Le dimanche 4 novembre 1576, les Espagnols de la garnison du château d'Anvers, renforcés de gens de guerre de la même nation qu'ils avaient appelés de Maestricht et de Lierre, de ceux qui s'étaient, quelques mois auparavant, mutinés à Alost, et de plusieurs compagnies d'Allemands que l'espoir du pillage avait attirés à leur parti, assaillirent la ville, où des moyens suffisans de défense n'avaient pu être organisés. Malgré les efforts de Frédéric Perrenot, sieur de Champagney, frère du cardinal de Granvelle, qui y commandait, et la vigoureuse résistance des bourgeois, ils s'en emparèrent. Alors ils commirent les plus grands brigandages: ils ne se contentèrent pas de piller les maisons; des rues entières furent livrées aux flammes; l'hôtel-deville même ne fut point épargné : Van Meteren rapporte qu'il fut « tout brûlé, tellement que rien ne demeura de >> reste que les murailles (1). »

(1) Histoire des Pays-Bas, livre VI.

Au milieu de ce désastre, ce fut un grand bonheur que les chartes de la ville n'eussent pas péri (1). Futon redevable de leur conservation à des mesures de prévoyance, ou seulement au hasard? C'est ce que l'on ignore.

Lorsque, après la sortie des Espagnols de la ville et du château, en exécution de la pacification de Gand, l'ordre eut été rétabli, les magistrats d'Anvers chargèrent un des secrétaires de la ville, Henri De Moy, de recueillir tous les documens appartenans aux archives, de les mettre en ordre, et d'en dresser un inventaire. De Moy s'acquitta avec zèle et intelligence de cette commission: il ne se borna pas à classer les titres qu'il trouva dans les archives; mais il visita les maisons mortuaires de plusieurs personnes qui avaient été au service de la ville, et il en retira, pour les réintégrer au dépôt d'où ils avaient été extraits, les papiers que ces per

(1) Dans le préambule de son inventaire, dont il est question plus bas, De Moy dit que, lors du saccagement de la ville, la plus grande partie des livres, papiers et documens qui se conservaient aux archives furent détruits, et le reste dispersé et gâté : mais il n'apporte aucune preuve à l'appui de cette assertion; il ne cite aucune collection, ni même aucune pièce, dont il ait remarqué l'absence. Il y a plus : c'est que l'examen de son travail ne laisse pas apercevoir de lacunes dans les différentes séries des documens qui y sont mentionnés. Si les archives de la ville firent des pertes en 1576, elles ne furent donc que peu considérables et peu importantes.

On sait, par exemple, que quelques-uns des registres aux protocoles de la secrétairerie, dans lesquels sont contenus les actes d'adhéritance et de déshéritance passés par-devant les échevins (ceux de 1480 à 1499), ainsi qu'un autre registre dit Certificatie Boeck, de l'année 1574, périrent en 1576; on le sait d'après une déclaration, qui se conserve aux archives, d'un nommé François Ketgen, notaire, en date du 24 octobre 1639, déclaration donnée par lui en qualité de plus ancien clerc de la secrétairerie de la ville. Elle porte que, dès l'an 1587, il avait appris de ses prédécesseurs, dont il désigne les noms, que les registres mentionnés ci-dessus avaient été détruits le 4 novembre 1576. Le reste des protocoles, dit la même déclaration, fut sauvé par Pierre Smit, avec l'assistance d'un soldat espagnol, auquel, ledit jour, celui-ci dut la conservation de sa maison, de sa personne et de sa famille.

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