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LXXII.

Lettre des Dinantais aux bourguemaîtres et conseil de Liége, touchant les négociations avec les princes de Bourgogne: 3 mars 1466.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol. 255 vo.)

Honnourés seigneurs, tres chiers et amés confreres, touttes fraternelles recommendacions premieses, nous avons receu vous lettres escriptes à Liege le derrin jour de fevrier l'an lxvj, le contenu desquelles, tant des sequelles comme cri, dont vous tenons bien memoratifs, avons par copies d'icelles fait liere et publier chascun sur sa partie. Sur quoy, par les parties des bourgois d'enmi le ville et bon mestier de la baterie, est acordé et deliberé que vous remercient, tant que puellent, du bon vouloir que parchoivent vous demonstrez à ceste bonne ville generallement, en tant que avés commis deputés pour, aveuc les leurs, aidier moderer et adoulcir les poins trop estrois en la paix de cesteditte ville, vous priant que veulliés de bien en mieulx perseverer; et, touchant le fait d'enliere deputés, ne veullent aultres que leurs premiers esleus, eulx raportant à ce que pour bien de paix feront aveuc les vostres. Et, par la partie des ix bons mestiers, est passé de vous remercier de vostredit bon vouloir, priant que veulliés

de bien en mieulx perseverer; et, touchant la paix, n'est point leur intencion que la paix soit conclutte ne seree, sans ce que soit à eulx premier remonstré, comme par deputés que de leur part poront enliere poront les vostres estre advertis. Et, au surplus, touchant vous requestes de faire cris que touttes personnes se deportent d'entreprendre ou faire quelque ouvre de fait ou hostilitet, vous signifions que, obtemperant à vosdittes requestes, est par lesdittes iij parties conjointement passet de faire; et, suivant ce, l'avons fait crier ès places de ceste ville acostumees à faire publicacions. Honnourés seigneurs, tres chiers et amés confreres, le benoit Saint Esperit vous ait en sa sainte garde! Escript à Dinant le iije jour de marce l'an lxvj.

A honnourés seigneurs nous tres chiers et amés confreres les maistres et conseil jurés de la noble cité de Liege.

LXXIII.

Lettre des bourgeois de Dinant à leurs députés à Liége, sur le même sujet : 3 mars 1466.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol. 256.)

Honnourables et sages, tres chiers et amés confreres, touttes recommendacions premieses, nous vous tenons

assés advertis comment mesire Jehan De le Bouverie, chevalier, s'est transportés en ceste ville, y faisant relacion de ce que fait avoit envers les princes de Bourgoingne et Charlois, aveuc lequel chascun de nous, les trois parties, avons envoiés deputés en la bonne cité de Liege, qui par deux fois ont esté sur la cité, laquelle a fait sequelle que veult avoir la paix criee, et l'ont fait crier, sur protestacion (1), etc. Au surplus, de par laditte bonne cité, avons receu lettres adreschantes à cesteditte ville generallement, par lesquelles requierent voloir ordiner certainnes personnes cognissables et expers, à iceulx donnant pooir et commission d'eulx transporter, en nom de nous, pardevers hault et puissant prince monseigneur le conte de Charolois, ou ailleurs là il sera expedient, pour iceux, aveuc les deputés que en faveur de nous y ont commis et ordonnet, aidier treuver le milleur voie et le plus expediente d'apointement, moderacion et adoucissement des poins et articles trop estrois contenus ès traitiés de paix fais par les commis et deputés de ceste susditte ville; et, pour tant que ceste bonne ville est dividee par trois membres, et que les aucuns y puellent avoir deputés desja ordonnés, prient à celui desdis trois membres qui point n'ont leursdis deputés, qu'ilz en veullent enliere; priant au surplus voloir cesser d'euvres de fait, en faisant cesser touttes voies d'ostilitet et inimitiet jusques à aultres nouvelles, se dont on ne nous couroit sus ou molestoit. Touttes lesquelles choses ont esté re

(1) Il est fâcheux que la lettre n'indique pas l'objet de cette protestation ; il aurait expliqué vraisemblablement la conduite ultérieure des Liégeois, car, bien qu'ils eussent fait crier la paix, ils ne l'exécutèrent pas davantage pour cela, et la destruction de Dinant put seule, ainsi que je l'ai déjà fait observer, les déterminer à s'y soumettre.

monstrees chascunsur sa partie, et avons passé de nostre part, et aussi a fait la partie du bon mestier de la batterie, de les remercier de leur bon vouloir, les priant que veullent de bien en mieulx perseverer : mais, au regart d'enliere deputés, ne volons que vous, et aussi ne font ilz que les leurs, nous et eulx raportant à ce que ferés ensemble aveuc ceulx de laditte cité. Et, touchant l'euvre de fait, avons aujourd'uy fait crier en commandant que cesse, comme tout ce avons rescript à laditte bonne cité. Nostre Seigneur vous ait en sa sainte garde! Escript à Dinant le iije jour de marce l'an lxvj.

De

par

Jehan De Focant, maistre, et autres personnes des bourgois d'enmi le ville de Dinant.

A honnourables et sages nous tres chiers et amés confreres les deputés de la partie des bourgois d'enmi le ville de Dinant.

LXXIV.

Lettre des Dinantais à leurs députés à Liége, contenant la relation d'hostilités commises par les Bouvignois, et des représailles exercées par eux: 12 mars 1466.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol 261 vo.)

Honnourables et sages, tres chiers et amés combourgois, touttes recommendacions premieses, pour tant que savons vous estre necessaire que soiés de verité acertennés, affin que puissiés respondre et allegier sur les imposicions et charges que l'en poroit faire à ceste bonne ville, vous signifions que, le merquedi ve jour de mars derrin passé, nutrenallement (a), fu par nous adversaires le feu bouté à Herbichaingne, et y ars pluseurs maisonnages, enmenans pans (6) et prisonniers ; et depuis, le dimenche ixe jour dudit mois, fu par ceulx de Bovigne bouté le feu nutrenallement ès fourbours de Dinant, en une maison appartennante à Masart de Creux, estante empres une des portes de ceste ville; et, le lundi ensuivant, aussi nutrenallement, ont esté ceulx de Bovigne empres la laide porte, illecques prin et enmené ung

(a) Nutrenallement. Ce mot n'est pas dans Roquefort. Je crois qu'il faut le traduire par de nuit, dans la nuit

(b) Pans, vols, larcins, choses volées. ROQUEFORT.

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