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me requirent de savoir sur quelle matiere mes lettres parloyent, pour cause qu'ilz envoieroient deux de leurs deputez à Dynant. Et, pour mieulx faire à mon entendement, je leur demanday s'ilz estoient tous du conseil de ladicte cité, lesquelz tous en general me respondirent que oyl, et alors leur monstray mes lettres : sur quoy ilz me respondirent que, le joedi ensuivant, vje jour, s'assembleroit la cité, comme je disiroie, et que là seroient mesdictes lettres publiees devant le poeuple, et que, incontinent qu'ilz seroient prestz, ilz le me feroient savoir, comme ilz firent; et là furent publiquement ou palais toutes mesdictes lettres en fourme de placars et autres leues. Et est verité que de tous ceulx estans oudit palais, ouquel estoient les xxxij mestiers, n'y furent nulz variables; mais tous accepterent ladicte pays. Or est Or est vray, mesdis tres redoubtez seigneurs, que, le vendredi vije jour, vint disner en mon logis messire Jehan De le Bouverie, chevalier et maistre de ladicte cité, acompaignié jusques à vj des eschevins d'icelle cité, et, après icellui, me rendirent response telle que, sur le premier article de venir faire les amendes honnourables, le jour leur estoit trop court; et, sur le second article de faire crier et publier la paix selon le contenu en mesdictes lettres de placart, fut par eulx respondu qu'ilz n'estoient point deliberez de la faire cryer, pour ce qu'ilz eussent voulentiers veu que la ville de Dynant y eubt esté comprinse ; et

des bourguemestres de la cité de Liège, Renard de Rouvroy et Guillaume de Surlet, seigneur de Chockier, frère de Fastré Barré de Surlet, étaient les bourguemaitres en 1466. Jean De la Bouverie, dit le Ruyte, chevalier, seigneur de Viane en Flandre, et Jean De Seraing, chevalier, seigneur de Tinlot, d'Hollogne, etc, l'avaient été en 1465. Il en résulte qu'il y a erreur, ou dans la relation du héraut Charolais, ou dans la compilation de Loyens

quant au iije article, respondirent qu'ilz vouldroyent voulentiers que la paix de monseigneur de Liege fut faicte, affin que paix se peust generalement crier et publier de toutes pars (1). Et, pour ces causes cy dessus escriptes, me dirent que ledit messire Jehan De le Bouverie, chevalier et maistre de ladicte cité, se partiroit de ladicte cité pour venir devers vous, mesdis seigneurs, pour obtenir le ralongement de ladicte journee touchant les amendes honnourables, et aussi pour vous prier et requerir que ne fussiez point malcontens, pour la paix non estre criee. Ces choses dessusdictes, je, Charrolois le herault et marissal d'armes dudit pays de Brabant, certiffie, par la foy et serement de mon corps et en verité de herault, estre veritables. Et, en tesmoing de ce, j'ay ceste certifficacion signé de ma main et sellé de mon seel le xje jour de fevrier l'an mil cccc. lxv.

CHARROLOIS.

(1) Au moyen de ces différentes excuses, les Liégeois éludèrent l'exécution du traité du 22 décembre, jusqu'après la destruction de Dinant. Alors seulement, ils se décidèrent à s'y soumettre.

On peut croire que, s'ils l'avaient scellé au mois de janvier 1466, et s'ils avaient, à la même époque, pris l'engagement de le faire sceller par les autres villes, c'était par la crainte que leur faisait concevoir l'approche de l'armée du comte de Charolais, qui n'était plus qu'à quelques lieues de leur cité.

LXXI.

Lettre des Dinantais à Louis XI, le priant de s'interposer auprès des princes de Bourgogne, pour qu'ils en obtiennent des conditions moins dures que celles qu'on leur impose, et d'ordonner que le passage de la Meuse leur soit ouvert au Château-Regnaut: 23 février 1466.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol. 246 vo. )

Tres crestien et tres excellent, nostre tres redouté et tres honnouré sire, humble reverence aveuc nous possibles services à vostre roiale majestet premis et offers, comme raison est. Tres crestien, etc., comme à vostre noble magnificence aions nagaires escript et fait savoir que, non obstant la paix faitte entre vous et ceulx qui s'estoient contre vous eslevés, en laquelle nous sembloit que deuissions estre comprins, au regart des aliances et confederacions de vostre roiale majestet et pays de Liege ensemble faittes, estions guerroiés et molestés par nous marchissans adversaires des pays de hault et puissant prince le duc de Bourgoingne, etc., et aussi le cours de la riviere de Muese, qui est passant pardevant ceste ville, nous estoit seret au Chastiau Regnaut, presentement est il que derechief certifions à vostre tres excellente majestet que ne poons parvenir à paix envers hauls et puissans princes mon

seigneur le duc de Bourgoingne et le conte de Charolois, son filz, se n'acomplissons pluseurs poins à nous prejudiciables et tres fors à acomplir (1), et que ledit passage de la riviere de Muese nous est defendu audit Chastiau Regnaut, par moien de quoy nous sont substrais grains et vivres à avoir hors de vostre roialme especiallement de la ville de Maisiers : laquelle chose est plainement contre la concession et ottroy, fait par vostre royale haultesse audit pays de Liege, de pooir tirer grains hors de vostre roialme, parmi les deus à ce servans; de quoy nous donnons assés merveille, attendu que laditte ville de Maisiers et Chastiau Regnaut tenons estre soubs vostre puissance. Et pour tant, tres crestien, etc., supplions tant cordialement que poons à vostreditte roialle majestet que plaise icelle tellement ordonner et pourveoir, que brief ausdis hauls princes puissons parvenir à paix, au mieulx et plus convenablement que faire se pora, car, sans autre aidde que la nostre, ne poons bonnement contre iceux resister, attendu la sterilité et oppressions que avons presentement, et que les poins contenus en laditte paix nous sont presque impossibles à tenir et acomplir, comme, par coppie que à vostreditte roiale majestet envoions, pora apparoir, et

(1) On ne voit pas, dans le registre de Dinant, en quoi consistaient ces points prejudiciables et tres fors à acomplir, et je n'ai pu trouver, ni aux archives du royaume, ni au dépôt de Liége, aucune indication à cet égard. Il est permis de conjecturer que, entre les conditions imposées aux Dinantais par le Téméraire, était celle qu'il lui fût livré un certain nombre d'habitans de leur ville, et nommément ceux qui avaient proféré des injures contre lui: or, les peuples avaient justement en horreur un pareil moyen d'obtenir la paix. On a pu remarquer que les habitans de Liége s'étaient refusés à l'acheter à ce prix, et avaient préféré de payer une indemnité pécuniaire beaucoup plus considérable. Les Gantois, lorsqu'ils traitèrent, en 1452, de leur réconciliation avec le duc Philippe, donnèrent, pour instruction spéciale à leurs députés, de ne consentir à livrer aucun individu de leur parti.

aveuc pourveoir à ce que grains et vivres nous soient administrés de vostre roialme, en tenant le cours de la riviere de Muese ouvert sans empeschement, tant audit Chastiau Regnaut comme ailleurs, attendu que ce misme est prejudice aux subges et marchans de vostredit roialme, en tant que ne puellent converser et communiquer en fait de marchandiese en cesteditte ville et pays de Liege. En oultre, remercions vostreditte roialle majestet, tant que poons, des xx coronnes de par icelle delivrees à nostre chevaucheur porteur de cestes, de a quoy esté subvenu en sa necessité. Tres crestien, etc., adès vous plaise nous mander et commander vous nobles plaisirs, comme à vous subges et serviteurs, pour à nous possibilités les acomplir, à l'aidde de Nostre Seigneur, qui vous doint bonne vie et longe, victore en vous affaires, et paradis en la fin! Escript à Dinant ou Liege le xxiije jour de fevrier l'an lxvj, stille dudit Liege.

A vostre tres excellente dominacion apparelliés, les maistres et conseil jurés de la ville de Dinant ou Liege.

A tres crestien et tres excellent nostre tres redouté et tres honnouré sire nostre sire le roy de France.

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