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advertis comment, au jour d'ier xe jour de ce present mois de septembre, fu la ville de Ciney assaillie tres aigrement et asprement par les ennemis et adversaires de ce pays, lesquelx de Ciney, moiennant l'aidde de Dieu et de leurs bons amis, ont tellement obtenu et resisté contre lesdits ennemis, qu'il en y a eu iij charees d'iceux tant mors comme affolés (a), et y sont demourees pluseurs eschielles aux murs, et n'ont lesdits de Ciney en ce point esté adommagiés ne bleciés, dont grandement font à prisier et loer, en les assistant et subvenant en leurs necessités, comme fait avons; car, incontinent que fumes dudit assault advertis, nous metimes à puissance en armes, en alant à leur secours, et trouvons leurs ennemis alors departis, excepté aucuns d'iceux jusques au nombre de vij à ix, qui par les nostres ont esté tués et occis. Et pour tant, tres chiers et amés confreres, en tant que lesdits de Ciney sont sourseans de vostre chastellerie, et que audit lieu est le principal resort et passage de tout le Condros, vous prions amiablement que les veulliés avoir pour recommandés en leurs affaires, les administrant d'artilleries et habillemens de guerre necessaires à leurs defences, aveuc les faisant aidde et secours, quant sarés leur estre besoingnable; en quoy, aveuc ce que ferés le bien de tout le pays generallement, nous ferés tres singulier plaisir, comme scet Nostre Seigneur, qui vous ait en sa sainte garde! Escript à Dinant le xje jour de septembre l'an lxv.

A le ville de Huy.

(a) Affolés, blessés,

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Lettre des Dinantais aux bourguemaîtres de Liége, touchant l'ambassade envoyée par ceux-ci au roi de France : 22 septembre 1465.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol, 107.) *

Honnourés seigneurs, tres chiers et amés confreres, touttes fraternelles recommandacions premises, vous savés assez comment ceste ville est sur frontiere de ce pays, environnee et enclose de pluseurs garnisons de gens d'armes estantes ès pays de hault prince le duc de Bourgoingne, et sont à icelles faittes tres grans doubtes de icelle assegier ou assaillir. Sur quoy, aians consideracions que contre la puissance dudit tres hault prince ne porions contrestier (a), se nous entreprendoit, se n'estoit à ce pourveu et remediet moiennant l'aidde de Dieu, du tres chrestien roy de France, de vous et tout le pays de Liege generallement, et pour tant que avons cognoissance que pardevers ledit tres chrestien roy avés envoiés ambasadeurs, et que de la charge par vous à eulx donnee n'estons en riens advertis, vous prions que, par le porteur de cestes, nous veuilliés rescripre se de nostre cause avés riens touchiet

(a) Contrestier, tenir contre.

pour nous estre assistés, et la maniere de la charge que sur ce leur avez donnee, affin que selonc ce nous puissons conduire et ordonner, et que, se missive à ceste cause envoions envers ledit tres chrestien roy, posissions continuer en samblables termes que les vostres, sans dissonance; aveuc escripre de vous nouvelles tant du regent, duquel nous sont fais divers rapors, comme du conduit de vous armees, affin que sur le tout puissons tousjours avoir conseil et advis, et selonc ce nous disposer et rieuler (a). Honnourés seigneurs, etc., sur tout ce que dit est vous plaise nous rescripre, ou signifier par ce porteur vostre intencion, le plus tost et hastivement que faire se pora, attendu la disposicion où sommes au present. Nostre Seigneur vous ait en sa sainte garde! Escript à Dinant le xxije jour de septembre.

Aux maistres de Liege.

XXX

Commission donnée par les Dinantais à trois députés envoyés en France: 23 septembre 1465.

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol. 109.)

Les maistres et conseil jurés de la ville de Dinant. A nous chiers et bien amés Gille Dawaingne, Wautier

(a) Riculer, régler.

que vous

Damient et Jehan De Gerin, jadis maistres de laditte ville, salut et dilection. Comme, le merquedi xviije jour de septembre present, par la generalité de laditte ville convocquié ensemble en lieu acostumé, ait esté sequallement (a) acordé d'envoier envers le tres chrestien roy de France de chascune partie de laditte ville (1) ung homme, dont, en suivant ce, somes enlieus (6) de par icelles. POUR CE EST IL que, nous au plain confians de vous sens, loiaultés, preudommies et bonnes diligences, vous avons commis et rechargiés, commettons et rechargons, par ces presentes, pour audit tres chrestien roy et touttes aultres personnes en tous lieux sembleront expedientes, diere, exposer et faire requestes sur les fais avenus de la guerre presente, en suivant les avis sur ce fais et à nous monstrés. Et, pour tant que, à l'encommencement d'une besoingne, n'est nul si sage qui saroit preciseement ordonner de faire proposicions ou requestes sur fais à venir, ou faire responces sur choses dont l'en pouroit estre araisinés (c), est il que vous donnons plain pooir et rechargement de proposer, faire requestes et responces sur tout ce qui evidemment vous appara estre proufitauble et honnourable pour le pays de Liege et ville de Dinant, à toutes personnes et en tous lieux que vous sembleront expedientes, sans mal engien: En tesmoing desquelles choses, avons à cesdittes presentes fait applacquier le seal aux causes de laditte ville sur l'an mil iiije. lxv, le xxiije jour de septembre.

(a) Sequallement, par délibération, de sequela. Il manque dans Roquefort. (1) La ville de Dinant était divisée en trois parties, savoir: la partie des bourgeois du centre de la ville, la partie du bon métier de la batterie, et la partie des neuf bons métiers.

(b) Enlieus, élus, commis.

(c) Araisinés, araisonné, interrogé.

XXXI.

Instruction pour les députés envoyés en France: 23 septembre 1465 (1).

(Extrait du registre de Dinant ci-devant mentionné, fol. 110.)

Advis sur ce qu'il fauldra besoingnier en France.

Premiers. Seroit necessaire de parler à nostre maistre Jehan Heynneman (2), qui le pora trouver, en allant ou vennant devers le tres crestien roy, pour savoir ce qu'il ara besoingnié et le maniere de ses propositions et requestes, affin que les nostres ne soient dissonnans aux leurs; et, se on ne le puelt trouver, faudra sivant ce enquerir ce qu'on pora.

Item. Samblablement, fauroit parler à monsieur De

(1) J'ai déjà publié, dans les Analectes belgiques, pages 8-11, des extraits de cette pièce, ainsi que des lettres écrites par les Dinantais à Louis XI les 24 septembre et 13 décembre 1465 et 23 février 1466. Si je reproduis dans ce volume les mêmes documens, c'est afin que l'on y trouve réunis tous ceux qui concernent les démêlés des Dinantais avec la maison de Bourgogne : d'ailleurs, bien des personnes qui possèdent la Collection de Documens pourraient n'avoir pas les Analectes.

(2) Il paraît que le bourguemaître Heynneman avait été précédemment député par la ville en France.

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