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Toute l'armée de Wittgenstein vient de passer l'Oder entre Stettin et Custrin; Yorck arrive à sa

suite.

L'armée russe de Wintzingerode vient de passer également ce fleuve du côté de Glogau.

Il faut donc évacuer Berlin. Le vice-roi s'y décide dans la nuit du 2 au 3 mars. Laissant trois mille hommes à Spandau, sous les ordres du général Bruni, il se retire sur l'Elbe, par la route de Vittenberg.

Nos braves de l'armée de Russie, fatigués de reculer toujours, font encore un dernier effort de marche en apprenant qu'ils vont trouver sur l'Elbe les renforts si souvent promis.

Là sont déjà réunis,

1o. Le général Lauriston, à la tête du cinquième corps, formé de trois divisions qu'il a organisées en février à Magdebourg;

2o. Le duc de Bellune, qui achève la forma

hommes le nombre des troupes russes qui avaient pu arriver jusqu'alors en Prusse, et n'évalue qu'à 30,000 hommes celles que l'on réunissait à Kalitch où l'empereur de Russie avait son quartier-général. Après avoir fait connaître l'emplacement des différens corps russes il ajoute : « Il est clair, d'après cet exposé, que, sans l'adhésion de » la Prusse, la Russie n'aurait pu, pour le moment, pour>> suivre ses succès, et qu'elle aurait été forcée de borner » ses opérations à la Vistule. »

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tion du deuxième corps, composé de deux divisions arrivant de Mayence;

3. Le prince d'Eckmulh, qui prend le commandement du premier corps; mais il n'a encore qu'une division, celle du général Lagrange, organisée à Osnabruck;

4o. Le général Reynier, que nous venons de voir se retirer sur Dresde à travers la Lusace.

Appuyé désormais sur l'Elbe et sur tant de renforts, le vice-roi ordonne qu'on s'arrête, et la retraite est terminée.

Quant à l'armée du prince de Schwartzenberg, elle a pris ses quartiers d'hiver sur la Pilica, en avant de Cracovie, et s'y trouve à l'abri d'un arrangement qui a été conclu entre son chef et les Russes. Les Polonais et la cavalerie saxonne se sont réunis à l'armée autrichienne.

Pendant que notre armée s'établit dans des positions qui donnent moins d'inquiétudes, revenons à Paris, où le corps législatif est assem blé. Napoléon n'a jamais paru en présence de la nation dans des circonstances aussi graves. Elle lui prête une oreille attentive.

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OUVERTURE DE LA SESSION DU CORPS LÉGISLATIF. · EXPOSÉ DE LA SITUATION de l'empire.

Le corps législatif tient sa première séance le 14 février. A peine la tribune nationale est-elle ouverte, que l'empereur y monte: «< Je désire la

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paix, dit-il; elle est nécessaire au monde : mais je ne ferai jamais qu'une paix honorable et con» forme aux intérêts de la grandeur de mon empire. Une mauvaise paix nous ferait perdre jusqu'à l'espérance. >>

>>

Cette constance au milieu de tant de malheurs ne vient pas seulement d'une résolution opiniâtre de ne céder jamais à la fortune, mais d'une profonde connaissance de ses forces et des forces ennemies'. Dès les premiers momens de son retour il a tout calculé; il a mesuré lui-même ses besoins dans toute leur étendue; il a fait lui

• Bossuet, Révolutions des empires, p. 587.

même le relevé de tout ce qui lui reste de ressources. « Voyons, examinons, a-t-il dit à ses » ministres l'empire est-il énervé, appauvri, » dépeuplé, comme on affecte de le dire? Ne » me dissimulez rien; il faut que je sache le vé>> ritable état des choses. » Et aussitôt on a interrogé tous les cartons; on lui a remis sur toutes les parties les états les plus détaillés; il les a étudiés avec un soin extrême, les a comparés, vérifiés, et voici sous quel aspect la France s'est présentée à ses regards.

Malgré vingt ans d'une guerre acharnée, la population de la vieille France s'est accrue d'un dixième, et l'empire, avec les acquisitions qu'il a faites, présente une population totale de quarante-deux millions d'habitans '.

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L'augmentation considérable que la population de la France a reçue depuis 1800 réfute, de la manière la plus victorieuse, ces vaines déclamations propagées par l'ignorance ou la haine qui ont fait croire à l'Europe, en 1814, qu'il n'y avait plus d'hommes, plus de bestiaux, plus d'agriculture, plus d'argent en France; que le peuple était réduit au dernier état de misère; qu'on ne voyait plus dans les campagnes que des vieillards, des femmes et des enfans... La France alors était le pays le plus riche de l'univers; elle avait plus de numéraire que le reste de l'Europe réuni. (Mémoires de Napoléon, écrits par le comte de Montholon, t. 1, p. 58.)

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« Les produits de l'agriculture ont suivi les développemens de la population. Les assole» mens sont mieux entendus. Les améliorations » de cette partie sont dues à la révolution, qui » a changé en propriétaires une multitude de >> familles prolétaires. »>

En ajoutant au produit de nos récoltes celui des vins, des bois, des bestiaux, etc., on trouve un revenu total de cinq milliards en matières brutes et premières. L'accroissement que ce premier produit obtient par la main-d'œuvre et la fabrication n'est pas moindre de treize cents millions.

L'ensemble des nouveaux produits, qui sont la conquête de l'industrie et de la chimie moderne, peut être évalué à soixante-cinq millions.

Enfin, les deuxième et troisième degrés de fabrication, et la perfection des dernières mainsd'œuvre produisent un supplément de revenu qui porte à sept milliards la valeur de la reproduction annuelle en France. Telle est la masse des richesses que le commerce français exploite; et, si nous recherchions tous les détails, nous pourrions arriver à un produit annuel de dix milliards.

« La balance du commerce, en 1788, n'of» frait que soixante-quinze millions à l'avantage

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