Page images
PDF
EPUB

La garde et la conservation de ce monument sont une charge qui doit grever désormais la propriété de la maison; et c'est à cette condition que Napoléon en fait don à celui qui l'occupe actuellement comme locataire. Le pasteur, le juge et le donataire sont appelés: on leur fait connaître les intentions de l'empereur; ils prennent l'engagement de les remplir; les fonds nécessaires à l'acquisition sont tirés de la cassette particulière de l'empereur, et remis entre leurs mains ; et c'est en s'inclinant avec respect que

sans laisser d'hoirs mâles, une preuve éclatante du souvenir que nous conservons de ses services, nous transmettons à sa fille le duché de Frioul, etc.

Signé, NAPOLÉON.

Décret du 12 août 1813.

Voulant donner à la jeune duchesse de Frioul une nouvelle preuve de notre bienveillance, nous nommons le comte Molé, conseiller en notre conseil d'état, son tuteur spécial pour la conservation des biens de la dotation et l'emploi le plus utile des revenus qui excéderont les dépenses d'éducation et d'entretien de la jeune duchesse de Frioul, etc.

Signe, NAPOLÉON.

' Il faut maintenant apprendre au lecteur ce que cette fondation est devenue. Voici la traduction littérale d'un ordre de l'état major russe :

<< Un protocole en date du

16

28

mars, constate que l'em

le nouveau propriétaire accepte l'espèce de sacerdoce que la douleur de Napoléon lui impose!

pereur Napoléon a remis au ministre du culte Hermann, à Makersdorf, la somme de deux cents napoléons d'or, destinés à l'érection d'un monument à la mémoire du maréchal Duroc, mort sur le champ de bataille. Son excellence le prince Repnin, gouverneur général de la Saxe, ayant ordonné qu'un commis de mes bureaux se rendrait à Makersdorf afin de se faire remettre ladite somme pour m'en faire le dépôt jusqu'à disposition ultérieure, le commis Meyerheim est chargé de cette mission. En conséquence, il se rendra sur-le-champ à Makersdorf à l'effet de s'y légitimer auprès du ministre Hermann, en lui montrant le présent ordre, et saisira entre ses mains la somme énoncée plus haut de deux cents napoléons d'or. Le commis Meyerheim n'aura à rendre compte qu'à moi de l'exécution de cet ordre.

[blocks in formation]

་་་་་་་་་་་ལ་

CHAPITRE VIII.

ENTRÉE EN SILÉSIE.

La mort du maréchal Duroc, celle du général Kirgener, et celle du général Bruyères, tous trois tombés le même jour, et pour ainsi dire sous des boulets perdus, réveillaient dans certains esprits de noirs pressentimens que la mort du maréchal Bessières, tué de même dans une canonnade insignifiante, avait fait naître dès le début de la campagne .... Cette grande victoire de Wurtchen sans trophées 2, ces traces hideuses les fureurs de trois cent mille combattans laissent autour de nous; ces incendies qui nous

que

2

' L'empereur disait à Sainte-Hélène qu'en ouvrant la campagne de Dresde, il avait perdu deux hommes bien précieux et le plus bêtement du monde ! C'était Bessières et Duroc! (Mémorial de Sainte-Hélène, par le comte de LasCases; tom. II, pag. 183.)

• L'ennemi brûle beaucoup de bagages, fait sauter beaucoup de parcs, dissémine dans les villages une grande quantité de blessés. (Bulletin de la bataille. )

disputent chaque village à mesure que nous en prenons possession, et semblent un commencement d'exécution des règlemens de la landsturm; enfin, toutes ces horreurs de détail dont cette guerre de nouvelle espèce abonde, fournissaient aux imaginations mélancoliques une ample matière de réflexions décourageantes. « Quelle guer»re! nous y resterons tous!» Ce honteux soupir échappe à plus d'un personnage, tant la rouille des grandes fortunes a déjà fait de ravages sur l'âme de fer des enfans de nos camps!

Cependant le bruit se répand qu'un parlementaire vient de se présenter aux avant-postes, et qu'il est porteur de lettres pour un armistice.

A ce mot d'armistice les esprits inquiets se rassurent : ce n'est déjà plus sous des couleurs aussi noires que l'avenir se présente à leurs regards, et les plaintes se dissipent dans l'espérance encore vague de la paix et d'un prompt re

tour à Paris 1.

Paris!

que

d'influence ton souvenir exerce ici, même chez les plus honorables guerriers! quelle

I

[ocr errors]

Je vois bien, messieurs, disait l'empereur, que vous ne voulez plus faire la guerre ! Berthier voudrait chasser à Gros-Bois; Rapp habiter son bel hôtel à Paris. J'en conviens, sire,..... je connais fort peu les plaisirs de la capitale (Mémoires de Rapp, pag. 166.)

ridicule impatience de te revoir éclate dans de telles circonstances! on dirait qu'une seule chose est à craindre c'est que Napoléon ne se décide pas assez promptement à souscrire aux conditions de l'ennemi.

Cependant le parlementaire remplit sa mis

sion.

Les alliés, qui voient se multiplier d'heure en heure les embarras de la retraite, ont subi la chance qu'ils ont voulu courir; mais, pour s'y soustraire, ils n'hésitent pas à changer de langage en même temps que de fortune. Cet armistice, qu'ils ont repoussé la veille de la bataille, ils en réclament la faveur dès le lendemain de leur défaite.

Cependant, pour sauver les apparences, M. de Nesselrode, qui écrit au duc de Vicence, date sa lettre du 20 mai, du matin même de la bataille de Bautzen, et l'insère dans une lettre d'envoi qui porte la date du 21, le soir de la bataille de Wurtchen '.

1 Lettre de M. le comte de Nesselrode,

Au duc de Vicence.

Monsieur le duc,

Sa majesté l'empereur vient d'apprendre l'arrivée de V. Exc. aux avant-postes. Quel que soit le plaisir que

« PreviousContinue »