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Cependant le premier carré a franchi le défilé au pas de charge et aux cris de vive l'empereur! Les trois autres carrés de la division Souham soutiennent le premier; on s'empare de la hauteur, et l'on poursuit l'ennemi sur la route de Lutzen.

La division Gérard, qui vient derrière, prend la route de Pegau; mais de puissans renforts arrivent à l'ennemi : une nombreuse cavalerie se

talie, c'est-à-dire depuis seize ans, avait toujours dans différens grades commandé la garde de Napoléon qu'il avait suivi dans toutes ses campagnes et à toutes ses batailles. Ce maréchal, qu'on peut à juste titre nommer brave et juste, était recommandable autant par son coup d'œil militaire et par sa grande expérience de l'arme de la cavalerie que par ses qualités civiles et son attachement à l'empereur. Sa mort au champ d'honneur est digne d'envie. (Napoléon, bulletin du 2 mai. ) « Il est mort de la » mort de Turenne. » Son corps embaumé aussitôt a été envoyé aux Invalides, où il est arrivé le 20 mai. Dans cette triste circonstance, Napoléon s'empressa d'écrire la lettre suivante à la maréchale duchesse d'Istrie :

«Ma cousine, votre mari est mort au champ d'honneur! >> La perte que vous faites et celle de vos enfans est grande » sans doute, mais la mienne l'est davantage encore. Le >> duc d'Istrie est mort de la plus belle mort et sans souf» frir; il laisse une réputation sans tache, c'est le plus bel héritage qu'il ait pu léguer à ses enfans. Ma protection >> leur est acquise. Ils hériteront aussi de l'affection que

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déploie, et son artillerie s'augmente de plus de vingt pièces de canon.

La canonnade recommence de plus belle. Il faut soutenir les batteries de la division Souham et celles de la division Gérard; l'empereur fait mettre en ligne douze pièces de la garde : le général Drouot en dirige les coups, et l'ennemi recule sous la mitraille.

Pendant ce temps, la division Marchand, et successivement les divisions Brenier et Ricard passaient le défilé. Mais l'affaire est à peu près décidée; lorsqu'elles entrent en ligne, l'ennemi est en pleine retraite.

Le gros de l'armée française suit la route de Lutzen. Peu après notre entrée dans cette ville, le général Roguet, détaché de l'armée du prince Eugène, y arrive par le côté opposé. Au bruit du canon de Poserna, le prince s'est vivement porté

» je portais à leur père. Trouvez dans toutes ces considé>> rations des motifs de consolation pour alléger vos pei»nes, et ne doutez jamais de mes sentimens pour vous. » Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu, ma cou>>> sinė, etc. >>

Signe, NAPOLÉON.

Le roi de Saxe fait élever un monument au duc d'Istrie, à l'endroit où il a été frappé. ( Voir le Mémorial de SainteHélène, par le comte de Las Cases, tom, vi, p. 45. )

sur sa droite; il débouche en ce moment sur la grande route au delà de Lutzen; le vice-roi a laissé le duc de Bellune en observation sur la Saale; mais il amène avec lui le corps d'armée du général Lauriston, et celui du maréchal duc de Tarente. Ces troupes prennent position en avant de Lutzen, du côté de Leipsick. La division que le général Roguet ramène à l'empereur se compose des troupes de la vieille garde qui ont fait la campagne d'hiver : c'est l'élite de l'armée. Elle prend dès ce soir même les postes d'honneur autour de la maison du bailliage de Lutzen, où le quartier impérial vient d'être établi..

La jeune garde dresse ses bivouacs en avant sur la route de Leipsick: elle entoure la pyramide de Gustave - Adolphe. On s'empresse d'y placer des sentinelles pour préserver de la hache du sapeur les arbres qui ombragent ce vieux

souvenir.

Le maréchal Ney distribue son corps d'armée dans les villages de la plaine qui se trouvent entre Lutzen et Pegau. Rahna, Kaya, GrosGorschen et Klein-Gorschen sont les noms de ces villages avec lesquels je veux d'avance familiariser mes lecteurs. Le moment de leur destruction est venu; mais de leurs cendres ils renaîtront à jamais célèbres par les beaux faits d'armes dont ils vont être le théâtre.

Le corps d'armée du duc de Raguse et l'avantgarde du général Bertrand n'arrivent qu'à l'entrée de la plaine; ils passeront la nuit, le premier dans les environs de Poserna, le second du côté de Nossen.

Le duc de Reggio et son douzième corps restent encore plus en arrière du côté de Naumbourg.

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Le 2 mai, l'armée s'était remise en route pour arriver à Leipsick.

Le général Lauriston avait pris les devans par la route qui vient de Mersebourg; il arrive à neuf heures du matin devant Lindenau ; et, trouvant de la résistance, il est forcé de préluder par des coups de canon au passage de l'Elster et de la Pleisse.

La deuxième colonne de l'armée du vice-roi, partie de Markranstadt, s'avançait derrière le cinquième corps : c'étaient les troupes du duc de

Tarente.

Tout ce qui avait passé la nuit à Lutzen, la garde et le quartier impérial, venaient ensuite.

Le sixième corps marchait entre Poserna et Lutzen, et formait l'arrière-garde sous les or

'Faubourg de Leipsick.

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