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Parti de Saint-Cloud le 15 avril, à une heure du matin, l'empereur arrive à Mayence le 16 à minuit, à Erfurth le 25, à Naumbourg, sur la Saale, le 29, et dans la plaine de Lutzen le 1er. mai.... Ma plume ne saurait suivre la rapidité de son entrée en campagne; elle ne peut que se traîner sur ses pas.

A Mayence, l'empereur apprend que l'alarme est sur la route d'Erfurth et dans toute la Westphalie.

Les Cosaques de Dornberg, de Tettenborn, de Benckendorff et de Czernicheff, répandus entre l'Elbe et le Wéser, poussent des patrouilles jusqu'à Nordhausen et Langen-Salza. A LangenSalza, ils ont surpris les cadres de la division bavaroise du général Rechberg, qui venait de quitter l'armée du prince Eugène pour aller se recruter à Bamberg. D'un autre côté, la grande armée ennemie, qui se rassemble dans les environs de Dresde, s'est avancée jusqu'à Hoff et Plauen, et a jeté dans la Thuringe des coureurs qui, le 12, ont enlevé à Gotha un secrétaire de la légation française.

Le bataillon de la Saxe ducale, composé des contingens de Weymar, de Gotha et de Hildeburghausen, était non loin de là, à Eisenach. Il aurait pu opposer quelque résistance; mais il vient de se laisser désarmer par les Prussiens, qui l'ont emmené le 15 avec eux 1.

D'un autre côté, le roi de Saxe paraît embarrassé de sa situation à Ratisbonne. Divers ren

1 Le 25 avril, on vit arriver à Dresde le bataillon de la Saxe ducale, qui s'était rendu aux Prussiens en Thuringe, et auquel on avait restitué, à Altembourg, ses armes et son artillerie. Ce bataillon défila tambours battans devant l'hôtel du roi de Prusse, et fut passé en revue par les deux monarques. (Récit de ce qui s'est passé à Dresde en 1813, par un Saxon, témoin oculaire, page 112.)

seignemens s'accordent à donner des inquiétudes sur la conduite ultérieure de ce prince. On parle d'une convention secrète qui stipule la remise de Torgau si, dans six semaines, cette place n'est pas secourue; on parle d'un autre traité, ou plutôt d'une capitulation en vertu de laquelle les Autrichiens seraient autorisés à se débarrasser de l'armée de Poniatowski, et à la renvoyer en Saxe.

Il est temps d'arriver! L'empereur envoie son aide de camp, le général Flahaut, au roi de Saxe, pour annoncer la prochaine ouverture de la campagne. En l'absence du ministre des affaires étrangères, retenu à Paris, il charge le duc de Vicence de suivre une correspondance active avec tous nos ministres de la confédération, et de recevoir les courriers de M. de Narbonne. Sur toutes les routes de l'Allemagne il fait annoncer son passage à Mayence; il presse la marche des arrière-gardes qui encombrent encore les ponts du Rhin. Les quatre régimens de la vieille garde, qu'il a fait venir en poste, il les fait partir aussitôt pour Erfurth. Il veille à ce qu'on tire de Mayence toutes les ressources que ce grand arsenal peut encore nous fournir. Douze régimens de la jeune garde achèvent de s'organiser. Au milieu de tant de soins, l'empereur reçoit la visite du grand-duc et de la grande

duchesse de Bade, du grand-duc de Hesse Darmstadt, du prince primat et du duc de Nassau. Il concerte avec chacun d'eux tout ce qui est relatif à la sûreté de leurs états, et leur fait partager ses espérances.

Le vice-roi est toujours posté sur l'Elbe, à l'embouchure de la Saale, couvrant la route par laquelle l'empereur doit venir. La présence de Napoléon à Mayence a déjà suffi pour rassurer la Thuringe; et, quant aux excursions des Cosaques dans les plaines de Westphalie, l'arrivée du prince d'Eckmulh (Davoust) va promptement y mettre ordre. Il a des pouvoirs extraordinaires; il va rallier à lui la division Lagrange, le corps du général Vandamme, composé des divisions Dumonceau et Dufour, la division Carra-SaintCyr, qui s'est retirée de Hambourg, et les troupes du général Morand, qui arrivent de la Po

méranie.

Avant de quitter Mayence, Napoléon veut aussi pourvoir à la sûreté des portes du Rhin, et il en confie la garde au maréchal duc de Castiglione (Augereau), qui désormais prendra le titre de gouverneur militaire des grands-duchés de Francfort et de Wurtzbourg.

Le 24 avril, on allait quitter Mayence, lorsque l'empereur reçoit une lettre du roi de Saxe.

L'officier des gardes saxonnes, qui en est porteur, est en route depuis le 19. Dirigé d'abord sur Paris, il a été obligé de revenir sur ses pas pour gagner Mayence. Ce message confirme les avis déjà parvenus. On désespère à Ratisbonne au moment même où nous arrivons pour tout sauver, et le roi de Saxe, tiraillé par les intrigues de l'Autriche, se laisse entraîner à Prague.... Mais rien ne peut ébranler la confiance que l'empereur a dans son allié. La mission du général Flahaut aura déjà suffi pour rassurer le cabinet saxon, et l'empereur se fie aux événemens qui se préparent pour dissiper rapidement toutes les influences qui nous seraient contraires, nonseulement à Prague, mais même à Vienne.

Arrivé à Erfurth, l'empereur se trouve à la tête d'une grande armée dont, quelques jours auparavant, l'existence n'était pas même soupçonnée sur les lieux où elle se rassemble. Depuis trois mois, les soldats destinés à la former sont en mouvement. Sortis de tous les dépôts épars dans l'empire et dans l'Italie, ils ont marché par une infinité de routes vers le point où Napoléon se propose de les réunir. Leurs marches ont été calculées de manière qu'ils y arrivent tous au moment où l'empereur y arrive lui-même. Les routes parallèles qui, de Francfort, de Wurtz

TOME I.

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