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Totaux généraux des dépenses pendant l'an 1807 53,052,313 144,135,464 | 577,702,249

En numéraire

...

27 Décembre, 1808.

Madrid le 9 Décembre, 1808.

Don Pedro de Mora y Lomas, corregidor de Madrid, a porté la parole, et a présenté à S. M. l'adresse suivante:

Sire,

La ville de Madrid représentée par sa municipalité par le clergé séculier et régulier, par la noblesse et par les députés des quartiers, se présente aux pieds de V. M. I. et R. pour lui offrir les plus respectueuses actions de grâces pour la clémence avec laquelle, daus la conquête que ses armes triomphantes ont faite de cette ville. V. M. a daigué songer au salut et au bonheur de ses habitans, moyennant le traitement honorable et bienfaisant qu'elle a bien voulu fui accorder, et que Madrid regarde comme la garantie du pardon de tout ce qui s'est passé en l'absence de notre roi Joseph, frère de V. M. I. et R.

Les différens corps composant cette assemblée, instruits de l'objet de la convocation, ont résolu et déterminé de supplier V. M. I. et R. de daigner leur accorder la faveur de voir dans Madrid, S. M. le roi Joseph, afin que sous ses lois, Madrid, ainsi que tous les lieux de sa juridiction immédiate, et enfin l'Espagne entière jouissent de la tranquillité et du bonheur qu'ils attendent de la douceur du caractère de S. M.

Enfin Madrid se flatte que la puissance de V. M. I. et R. le protégera en même tems que votre clémence assurera son bonheur.

Aux pieds de V. M. I. et R.

S. M. a répondu:

66 J'agrée les sentimens de la ville de Madrid. Je regrette le mal qu'elle a essuyé, et je tiens à bonheur particulier d'avoir pu, dans ces circonstances, la sauver et lui épargner de plus grand maus.

"Je me suis empressé de prendre de mesures qui tranquili sent toutes les classes de citoyens, sachant combien l'incertitude est pénsible pour tous les peuples et pour tous les hommes.

J'ai conservé les ordres religieux en restreignant les nombre des moins. Il n'est pas un homme sensé qui ne jugeât qu'ils étaient trop nombreux. Ceux qui sont appelés par une vocation qui vient de Dieu, resteront dans leurs couvens. Quand à ceux dont la vocation était peu solide, et déterminée par des considérations mondaines, j'ai assuré leur existence dans l'ordre des ecclésastiques séculiers. Du surplus des couvens, j'ai pourvu aux besoins des curés, de cette classe la plus intéressante et le plus utile parmi la clergé.

"J'ai aboli ce tribunal contre lequel le siècle et l'Europe réclamaient. Les prêtres doivent guider les consciences, mais ne doivent exercer aucune juridiction extérieure et corporelle sur les citoyens.

"J'ai satisfait à ce que je devais à moi et à ma nation; la part de la vengeance est faite; elle est tombée sur dix des principaux coupables; le pardon est entier et absolu pour tous les autres.

"J'ai supprimé des droits usurpés par les seigneurs, dans le tems de guerres civiles, où les rois ont trop souvent été obligés d'abandonner leurs droits pour acheter leur tranquillité et le repos des peuples.

"J'ai supprimé les droits féodaux, et chacun pourra établir des hôtelleries, des fours, des moulins, des madragnes, des pêcheries, et douner un libre essor à son industrie, en observant les lois et les réglemens de la place. L'égoïsme, la richesse et la prospérité d'une petit nombre d'hommes nuisait plus à votre agriculture que les chaleurs de la canicule.

"Comme il n'y a qu'uu Dieu, il ne doit y avoir dans un état qu'une justice. Toutes les justice particulières avaient été usurpées et étaient contraires aux droits de la nation. Je les ai détruites.

"J'ai aussi fait connaître à chacun ce qu'il pouvait avoir à craindre, ce qu'il avait à espérer.

"Les armées anglaises, je les chasserai de la péninsule. "Saragosse, Valence, Seville, seront soumises ou par la persuasion, ou par la force de mes armes.

"Il n'est aucun obstacle capable de retarder long-tems l'exécution de mes volontés.

"Mais ce qui est au-dessus de mon pouvoir, c'est de constituer les Espagnols en nation sous les ordres du roi, s'ils continuent à être imbus des principes de scission et de haine envers la France, que les partisans des Anglais et les ennemis du Continent ont répandus au sein de l'Espagne. Je ne puis établir une nation, un roi et l'independance des Espagnols, si ce roi n'est pas sûr de leur affection et de leur fidélité.

"Les Bourbons ne peuvent plus régner en Europe. Les divisions dans la famille royale avaient été tramées par les Anglais. Ce n'était pas le roi Charles et le favori quele due l'Infantado, instrument de l'Anneterre, comme le prouvent les papiers récemment trouvés dans sa maison, voulait renverser du trône; c'était la préponderance de l'Angleterre qu'on vouJait établir en Espagne; projet insensé, dont le résultat aurait été une guerre de terre sans fin, et qui aurait fait couler des flots de sang. Aucune puissance ne peut exister sur le Continent, influencée par l'Angleterre. S'il en est qui le désirent, leur désir est insénsé et produira tôt ou tard leur ruine."

Il me serait facile et je serais obligé de gouverner l'Espagne, en y établissant autant de vice-rois qu'il y a de provinces. Y Y Y 2

Cependant je ne me refuse point à céder mes droits de conquête au roi et à l'établir, dans Madrid, lorsque les 30,000 citoyens que renferme cette capitale, ecclésiastiques, nobles, negocians, hommes de loi, auront manifesté leurs sentimens et leur fidélité, donné l'exemple aux provinces, éclairé le peuple et fait connaître à la nation que son existence et son bonheur dépendant d'un roi, et d'une constitution libérale, favorable aux peuples et contraire seulement à l'egoïsme et aux passions orgueilleux des grands.

"Si tels sont les sentimens des habitans de la ville de Madrid, que ses 30,000 citoyens se rassemblent dans les églises; qu'ils prêtent devant le Saint-Sacrement un serment qui sorte non-seulement de la bouche, mais du cœur, et qui soit sans restriction jésuitique; qu'ils jureut appui, amour et fidélité au roi; que les prêtres, au confessional et dans la chaire, les négocians dans leurs écrits et leurs discours, inculquent ces sentimens au peuple, alors je me dessaisirai du droit de conquête, je placerai le roi sur le trône, et je me ferai une douce tâche de me conduire envers les Espagnols en ami fidèle. La génération présente pourra varier dans ses opinions; trop de passions ont été mises en jeu; mais vos neveux me béniront comme votre régénérateur: ils placeront au nombre des jours mémorables ceux où j'ai paru parmi vous; et, de ces jours, datera la prospérité de l'Espagne.

"Voilà M. le Corregidor a ajouté l'empereur, ma pensée toute entière. Consultez vos concitoyens, et voyez le parti que vous avez à prendre; mais quel qu'ils soit, prenez-le fran chement, et ne me montrez que des dispositions vraies."

Copie d'un lettre écrite par M. le Prince de Willgenstein, à M. de Goltz à Koenigsberg, datée, Hambourg, le 23 Novembre, 1808, insérée dans le Moniteur du 27 Décembre. Il y a quelque tems que j'ai reçu de M. de Stein deux lettres chiffrées sans date, sans lieu de départ, et cachetées d'un cachet étranger.

L'on me mande de Berlin que cela a fixé sur moi l'attention d'une manière qui peut me devenir dangereuse et qui peut nuire à la cour.

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Par une lettre du 14 du co ant, j'ai tâché de rendre S. Exc. attentive à l'imprudence de ce procédé ; mais je dois craindre que le ministre ne m'honore d'un plus grand nombre de lettres du même genre. J'ai cru me devoir à moi-même et à ma cour de ne point répondre en chiffres à sa dernière lettre. Je prends la liberté d'envoyer ci-jointe la réponse que je fais à M. de Stein, avec prière de la faire remettre à ce ministre. Comme M. de Stein pourrait prendre ma réponse de mauvaise part, j'en ajoute une copie pour vous, et je me flatte, Monsieur, que ma lettre aura votre approbation,

Je ne vous dis rien, Monsieur, de ma situation; vous en serez instruit par M. de Voss. J'attends sa réponse avec impa tience. Si aujourd'hui je me permets une plainte, c'est celle d'avoir été si long-tems privé de vos nouvelles. Depuis que S. M. le roi notre maître est sur le trône, je n'ai jamais impor tuné ce prince, quoique je me trouve dans une situation qui n'en a pas de pareille. Je ne puis pas me résoudre à m'adresser à S. M. mais je crains bien de m'y voir forcé.

En date du 14 Novembre, j'ai écrit à M. de Stein une lettre très-détaillée relative à l'état de nos finances, et je souhaiterais qu'on la communiquât à V. Exc. Quoique je ne possède pas les connaissances qu'il faut avoir de nos jours pour être grand homme d'état, les opérations que l'on a faites jusqu'ici me fout craindre que M. de Stein n'ait bien de la peine à remplir les obligations qu'a contractées l'état: je crains bien qu'il ne se trouve très-embarrassé.

J'ai des maux de tête violens: cependant je considère ce mal comme le moindre de ceux que je souffre. V. Exc. recevra la présente par l'entremise de M. de Voss, auquel je l'ai adressée, avec prière de la faire passer de suite à Koenigs berg.

Recevez, Monsieur, etc.

P. S. Quel censeur a permis que l'on insérât dans la Gazette de Koenigsberg les charmans vers qu'on y lit? Que de mal ces spirituelles folies font à l'état. Que l'auteur rend grâce à Dieu de ce que je ne suis pas lieutenant de police à Koenigsberg.

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M. de Wittgenstein à M. de Stein, datée Hambourg, le 22 Novembre 1808, insérée idem.

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et

Dans la situation où je me trouve, V. Exc. m'excusera sans doute de ne pas répondre en chiffres à sa dernière lettre chiffrée, qui de nouveau était sans signature, cachetée d'un cachet étranger. V. Exc. m'excusera de commencer aujourd'hui ma lettre par la même réflexion qui termine la dernière, que recevoir par la poste des letlettres chiffrées, sans lieu de départ, sans date, sans signature cachetées d'un cachet inconnu, ne peut qu'attirer sur moi l'attention et d'une manière très-désagréable. Une telle lettre ne peut qu'occasionner de fausses interprétations, et, comme elle vient de Koenigsberg, elle peut unir à la cour même. L'on ne s'étonne pas de voir un employé ou un chargé-d'affaires recevoir de sa cour des notes chiffrées, mais l'on est très-frappé de voir arriver des lettres comme les deux dernières que V. Exc. m'a adressées, vu l'état actuel des choses, surtout depuis l'affaire de la lettre imprimée. Je crois que c'est un devoir d'éviter tout ce qui peut faire croire que l'on s'occupe à

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