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2o. La jouissance du revenu de toutes leurs commanderies en Espagne, leur vie durant.

3o. Une rente appanagère de 400,000 francs, pour en jonir. eux et leurs héritiers à perpétuité, entendant S. M. I. que les infants don Antoine, don Charles et don Francisque, venant à mourir sans laisser d'héritiers, ou leur postérité venant à s'éteindre, lesdites rentes appanagères appartiendront à S. A. R. le prince des Asturies, où à ces descendans et héritiers; le tout aux conditions que LL. AA. RR. don Charles, don Antoine et don Francisque adhèrent au présent traité.

8. Le présent traité sera ratifié et les ratifications en seront échangées dans huit jours ou plutôt si faire se peut.

Bayonne, le 10 Mai, 1808.

(Signé)

DUROC.

(Signé) JUAN DE ESCOIQUITZ. Rapport du ministre de la guerre à S. Majesté l'empereur

et roi.

Sire,

Du ler Septembre, 1808.

J'ai l'honneur de soumettre à votre majesté l'état de situation de ses armées en Pologne, en Prusse, et en Silésie, en Danemarck, en Dalmatie, en Albanie, en Italie, à Naples et dans les Espagnes j'y joins celui de ses armées de réserve, à Boulogne, sur les côtes sur le Rhin et dans l'intérieur.

Votre Majesté, verra que jamais la France n'a eu de plus nombreuses et de plus belles armées, et que jamais elles n'ont été mieux entretenues, ni mieux approvisionuées.

Cependant les divers événemens qui ont eu lieu en Espagne ont produit une perte assez considérable résultat de l'opération, aussi inconcevable que pénible pour l'honneur Français du corps du général Dupont, V. M. a fait connaître. l'intention où elle était de réunir plus des 200,000 hommes audelà des Pyrenées, sans cependant affaiblir ni ses armées d'Allemagne ni celle de Dalmatie.

Pour arriver à ce but une levée de 80,000 hommes paraît indispensable. V. M. ne peut prendre ces 80,000 hommes que dans les quatre classes de la conscription des années 1806, 1807, 1808, et 1809.

Il est constaté par les registres tenus dans mon ministère qu'indépendamment des hommes qui se sont mariés depuis quatre ans la conscription de ces années en pourrait encore fournir 600,000. En faisant sur ce nombre une levée de 80,000 hommes. V. M. aura appelé un conscrit sur sept, et les cadres de l'armée se rempliront de soldats de 21, de 22, et de 23 ans, c'est-à-dire, d'hommes faits et prêts à supporter les fatigues de la guerre.

*

Il n'a point échappé à la prévoyance de V. M. qu'un tel accroissement de forces nécessiterait une augmentation de dépense de plusieurs millions pour le département de la guerre. V. M. ne veut pas que je l'entretienne de cet objet dans ce rapport; son ministre des finances s'est chargé d'y faire face saus augmenter en aucune manière les impositions établies par la dernière loi.

Il est vrai, Sire, que l'usage suivi dans ces dernières années aurait pu jusqu'à un certain point porter une partie de vos peuples à se regarder comme libérés du devoir de la conscription, du moment où ils auraient, sur la masse totale, fourni le contingent demandé pour l'année, et sous ce rapport, ce que je propose à V. M. semblerait exiger de la part de ses sujets un sacrifice. Mais, Sire, il n'est personne qui ne sache qu'aux termes des lois V. M. serait autorisée à appeler sous ses drapeaux la totalité de la conscription non seulement des quatre dernières années, mais même des années antérieures: et quand il s'agirait d'un sacritice réel, quel est le sacrifice que V. M. n'ait pas le droit d'attendre de l'amour de ses peuples? Qui de nous ignore que V. M. se sacrifie ellemême entièrement pour le bonhenr de la France, et que de la prompte réussite de ses grands desseins dépend le repos du monde, la sûreté future et le rétablissement de la paix maritime, sans laquelle il n'est pour la France ni calme ni tranquillité? En proposant à V. M. de déclarer que désormais aucun rappel de couscription antérieure n'aura lieu, je ne fais, Sire, que prévenir vos vues paternelles.

Je crois utile de proposer en même tems à V. M. de décrétér la levée de la conscription de 1810, et d'en déterminer le nombre, dès ce moment, à 80,000, afin de former au besoin des camps de reserve, et de garder nos côtés au printems. Cette conscription ne serait levée que dans le cas où V. M. aurait à craindre la guerre de la part d'autres puissances, et elle ne serait pas avant le mois de Janvier prochain.

Sire, c'est un malheur attaché à la situation actuelle de l'Europe, que lorsqu'une puissance sort de l'état de forces que comporte sa population, les autres puissances ne peuvent se dispenser d'augmenter le leur dans la même propor

tion.

L'Angleterre, indépendamment de l'immense quantité de ses matelots a plus de 200,000 hommes sur pied: elle ne s'occupe à toutes les sessions de sa législature, que de l'accroissement de ses troupes de terre. Les forces de l'Autriche ont été considérablement augmentées. La France, quoi qu'elle ait des armées plus nombreuses que toutes les autres puissances, a cependant moins d'hommes sous les armes qu'aucune d'elles relativement à sa population.

Votre ministre des relations extérieures m'a assuré qu'une

étroite alliance 'existait entre V. M. et la Russie. Les armemens de l'Autriche avaient souvent excité ma sollicitude: le ministre y a répondu en me donnant la certitude que les meilleurs rapports existaient avec l'Autriche, et qu'il fallait regarder ses levées, soit comme des précautions, soit comme le résultat des craintes que s'efforcent de faire naître dans toutes les cours de l'Europe les nombreux agens que l'Angleterre soudoie encore sur le Continent.

Mais s'il n'appartient pas à mon ministère d'approfondir les vues et les intérêts des cours et de pénétrar dans le labyrinthe de la politique, il n'en est pas moins de mon devoir de ne rien négliger pour que les armées de V. M. conservent sur tous les points, toute la supériorité qu'elles peuvent avoir. Celles d'Albanie et de Dalmatie, de Danemarck et de l'Elbe ne peuvent point éprouver de diminution dans les circonstances actuelles.

Les dispositions que je propose à V. M. donnent à l'armée d'Espagne 200,000 hommes sans affaiblir les autres armées; de sorte que, malgré, l'accroissement de nos forces au-delà des Pyrénées, lorsque la conscription de 1810, viendra à être levée, V. M. aura accru ses armées d'Allemagne, du Nord et d'Italie de plus de 80,000 honines.

Et quand pour éviter la crise où l'a entraîné une politique aussi fausse que passionée le gouvernement anglais s'agitant de toutes parts, ne craint pas de réunir aux ressources qu'il tire de ses vastes finances et de ses nombreuses flottes, toutes les armes de l'intrigue, de la corruption et de l'imposture qu'y aurait-il d'extraordinaire que l'immense population de la France, offrit le spectacle d'un million d'hommes armés, prêts à punir de l'Angleterre, et tous ceux qu'elle aurait séduits, et présentant partout cette masse de forces pour couvrir du même bouclier l'honneur et la sûreté de la France.

Quel autre résultat, Sire devra-t-on attendre d'armées si nombreuses et d'une position si formidable, si ce n'est le prompt rétablissement du calme en Espagne, celui de la paix maritime, et cette tranquillité générale, l'objet des vœux coustans de V. M.

Beaucoup de sang aura été épargné, parce que beaucoup d'hommes auront été prêts à en répandre; un bonheur permanent préparé par les combinaisons de votre puissant génie sera l'effet, Sire, des nouvelles preuves d'amour et de dévouement que vous donnèrent vos peuples, et de la noble contenance de cette nation que V. M. a désignée sous le nom de Grande à la postérité

Ministre de la guerre et à ce titre, organe des soldats Français, qu'il me soit permis, Sire, d'être l'interprète de leurs sentimens pour vous? V. M. nous verra toujours prêts à acrifier notre vie pour sa gloire qui est inséparable de la

gloire nationale à laquelle elle a tant ajouté, et pour les grands intérêts de la patrie.

Je suis avec respect,

Sire,

De votre Majesté Impériale et Royale,

Le très-humble serviteur, et le très-dévoue et très-fidele

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"Mon ministre des relations extérieurs mettra sous vos yeux les différens traités rélatifs à l'Espagne, et les constitutions acceptées par la junte espagnole.

Mon ministre de la guerre vous fera connaître les besoins et la situation de mes armées dans les différentes parties du monde.

"Je suis résolu à pousser les affaires d'Espagne avec la plus grande activité, et à détruire les armées que l'Angleterre a débarquées dans ce pays.

"La sécurité future de mes peuples, la prospérité du commerce, et la paix maritime sont également attachées à ces importantes opérations.

"Mon alliance avec l'empereur de Russie ne laisse à l'Angleterre aucun espoir dans ses projets. Je crois à la paix du Continent: mais je ne veux ni ne dois dépendre des faux calculs et des erreurs des autres cours, et puisque mes voisins augmentent leurs armées, il est de mon devoir d'augmenter

les miennes.

"L'empire de Constantinople est en proie aux plus affreux bouleversemens; le sultan Sélim, le meilleur empereur qu'aient eu depuis long-tems les Ottomans, vientde mourir de la main de ses propres neveux. Cette catastrophe m'a été

sensible.

"J'impose avec confiance de nouveaux sacrifices à mes peuples, ils sont nécessaires pour leur en épargner de plus considérables, et pour nous conduire au grand résultat de la paix générale qui doit seul être regardé comme le moment du repos.

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Français, je n'ai dans mes projets qu'un but, votre bonheur et la sécurité de vos enfans; et si je vous connais bien vous vous hâtérez de répondre au nouvel appel qu'exige l'in térêt de la patrie. Vous m'avez dit si souvent que vous m'aimiez ! Je reconnaîtrai la vérité de vos sentimens à l'empres sement que vous mettrez à seconder des projets si intimement liés à vos plus chers intérêts, à l'honneur de l'empire et à ma gloire.

Donné en notre palais impérial de Saint Cloud, le 4 Sep

tembre, 1808.

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Par l'empereur,

Le ministre secrétaire d'état,

(Signé) H. B. MARET

Paris, le 8 Septembre, 1808.

Berlin, le 26 Août.

Un assesseur prussien nommé Koppé, était désigné comme un agent d'intrigues. Le maréchal Soult ayant été dans le cas de le faire arrêter et conduire à Spandau, on a saisi ses papiers où l'on a trouvé l'original de la lettre qu'on va lire.

Nous croyons devoir la publier comme un monument des causes de la prospérité et de la chute des empires. Elle révèle la manière de penser du ministère prussien, et elle fait connaltre particulièrement M. de Stein qui a pendant long-tems exercé le ministère, et qui est aujourd'hui presqu'exclusivement chargé de la direction des affaires. On plaindra le roi de Prusse d'avoir des ministres aussi malhabiles que pervers.

Koenigsberg, le 15 Août, 1808. Par la lettre officielle que M. de Koppe aura l'honneur de remettre à V. A., elle apprendra tout ce qui a rapport à nos affaires de France; je ne me permettrai que quelques obser vations sur notre état et notre position en général.

D'après le conseil des comtes de G. et W., on a donné itérativement des ordres au prince Ge de proposer une alliance

et un corps de troupes auxiliaires, et de demander une dimi

nution ou un délai pour les contributions; on a voulu que le` prince s'éloignât d'une manière décente dans le cas où l'empereur partirait pour de nouvelles entreprises. Si dans les circonstances actuelles, où nous pourrons être utiles à l'empereur S. M. n'accepte pas nos propositions, elle prouve que son dessein est de nous anéantir et alors il faut nous attendre à

tout.

L'exaspération augmente tous les jours en Allemagne; il faut la nourrir, et chercher à travailler les hommes. Je vou◄ drais bien qu'on pût entretenir des liaisons dans la Hesse et dans la Westphalie, et qu'on se préparât à de certains événemens: qu'on cherchât à maintenir des rapports avec des hommes d'énergie et bien intentionnés, et que l'on pût mettre Dans le cas où V. A. ces gens-là en contact avec d'autres. pourrait me donner des renseignemens à cet égard, je le prie de vouloir bien me renvoyer M. Koppe ou un autre homme de

confiance.

Les affaires de l'Espagne font une impression très-vive; elles

TOME II.L

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