Page images
PDF
EPUB

sans avoir rencontré les insurgés; mais il fut alors informé, par une reconnaissance dirigée sur Alcolea, à peu de distance de Cordoue, qu'ils étaient en force sur ce point, et qu'ils paraissaient vouloir disputer le passage du Guadal quivir.

Le pont d'Alcolea est très-long et d'un difficile accès; il était défendu par une tête de pont, par des batteries disposées sur une éminence, et par de l'infanterie qui faisait d'une rive à l'autre un feu de mousqueterie très-vif. La première atta que fut faite le 7 à la pointe du jour. On s'aperçut que le pont n'était pas coupé, et l'attaque des retranchemens, dont les fossés étaient très-fonds, fut aussitôt ordonnée. La tête de pont, le pont et le village d'Alcolea furent emportés en très-peu d'instans. Les insurgés s'enfuirent dans le plus grand désordre, abandonnant leurs pièces et un grand nombre d'hommes tués et blessés.

Tout ce qui avait échappé au combat d'Alcolea se retira sur Cordoue, sans oser tenir le camp que les insurgés avaient eu avant de la ville, et où l'on trouva des armes de forme bizarre et inusitée, des piques et des fusils anglais,

Le corps d'armée étant arrivé devant Cordoue le général fit demander le corrégidor, et envoya le prieur d'un couvent pour inviter à ne point faire de résistance et à accepter la clémence qui était offerte. Ces mesures avant été inutiles et les insurgés, qui étaient au nombre de 15,000 hommes de levées insurrectionnelles et de 2,000 hommes de troupes réglées, faisant feu de toutes parts le canon battit en brêche, les portes furent enfoncées et la ville fut enlevée de vive force,

Le succès de cette journée a été complet; l'ennemi perdu beaucoup de monde, et le calme a été établi dans la

ville.

Le 19, le capitaine Baste fut envoyé avec une calonne de 900 hommes d'infanterie et 100 hommes de cavalerie et de l'artillerie pour faire des vivres à Jaen. Il se fit précéder par deux parlementaires sur lesquels les insurgés tirèrent. Le lendemain à six heures du matin il attaqua le camp retranché, le château fort et la ville. L'attaque fut vive, toutes les posi-. tions furent emportées. Les insurgés perdirent 200 homines tués et 5,000 blessés. La colonne n'eut hommes blessés. Cependant deux divisions de contrebandiers formant àpeu-près 3,000 hommes, s'étaient portées sur la Sierra-Morena, et interceptaient les communications avec Madrid. Le duc de Rovigo qui avait pris le commandement après le départ du grand duc de Berg, fit marcher le général Vedel, avec sa division et la division Gobert.

que cinq

L

Le général Vedel arriva le 26 Juin aux défilés de Pena Pennor. Voir l'ennemi, l'attaquer, le mettre en déroute, ce fut l'affaire d'un instant. Les insurgés perdirent 900 hommes, leur artillerie, et leurs munitions de guerre et de bouche,

Nous eûmes 2 hommes tués et 10 blessés. La jonction du général Vedel avec le général Dupont fut ainsi opérée.

Le général Dupont plaça le général Vedel à Baylen, et le général Gobert à la Caroline.

Il occupa avec sa première division Andujar sur le Guadalquivir où il fit une tête de pout. Une autre tête de point fut construite au village de Maojibar sur la route de Jaen à Baylen.

Il était important de tenir le poste de Jaen puisque ce poste étant plus près de la ligne de communication qu'Andujar, cette dernière position cessant d'être tenable du moment où Jaen était occupé par l'ennemi. Le général de brigade Cassagne fut envoyé à Jaen. Il eut dans les premiers jours de Juillet plusieurs combats d'avant garde où il fut toujours victorieux.

La situation du général Dupont, qui avait d'abord donné de l'inquiétude, ne devait plus en causer aucune, puisqu'il était renforcé, et qu'il pouvait dans une journée mettre les défilés de la Sierra Morena entre l'ennemi et lui, il avait plus de forces qu'il n'en fallait sinon pour soumettre la province, du moins pour être à l'abri de tout événement.

Telle était la situation des choses vers le 20 Juillet, époque de l'entrée du roi d'Espagne. Partout les insurgés avaient été dissipés, désarmés, soumis ou contenus. Ils n'avaient opposé nulle part une résistance de quelque considération.

Les opérations du siége de Saragosse étaient poursuivies avec activité. L'artillerie nécessaire y était arrivée de Bayonne et de Pampelone. Les insurgés avaient fait le 23 Juillet une sortie sur les troupes qui occupaient la rive gauche de l'Ebre. Le 30, un rassemblement dont le 3e battalion des volontaires d'Arragon formait le noyau, s'était avancé pour tenter de s'introduire dans la place et de la se courir. Les insurgés dans toutes leurs tentatives avaient été constamment repoussés avec une grande perte, forcés, culbutés et poursuivis l'épée dans les reins.

Le 4 Aout, à la pointe du jour une brêche ayant été reconnue praticable, l'assaut fut donné. La porte de San en Gracio et celle des carmes furent enlevées. Après des combats opiniâtres qui durèrent pendant plusieurs jours, quatorze couvens qui avaient été retranchés, les trois quarts de la ville, l'arsenal et tous les magasins se trouverent occupés. Les habitans paisibles qui encouragés par les progrès des Français, arboraient le drapeau blanc ou venaient eu parlementaires pour proposer de se soumettre, étaient massacrés par les insurgés, à la tête desquels on voyait des moines de venus capitaines, colonels. Un grand nombre de ces misé rables a péri, et la malheureuse ville de Saragosse a élé presque détruite par les sappes, les bombes et les incendies.

Cependant toute l'armée de ligne espagnole de Galice et d'Andalusie avait pris part à l'insurrection. Les troupes de

ligne qui s'étaient trouvées à Madrid, à Saint Sebastien, à Barcelone, etc. avaient déserté pour rejoindre les insurgès. Les Français étant entrés en amis dans l'Espagne, et agissant de concert avec les ministres, les conseils et les principaux citoyens, n'avaient pas voulu désarmer les troupes espagnoles, et avaient persisté trop long-tems à ne se porter à aucun acte hostile. L'expérience à prouvé combien cette générosité

était funeste.

On fut bientôt informé qu'un corps de 35,000 hommes avec 40 pieces d'artillerie attelées était réuni à Benavente ; qu'il avait avec lui des commissaires et des officiers anglais, et tous les prisonniers espagnols qui s'étaient trouvés en Angleterre ; que le gouvernement avait renvoyés en Espagne, et que l'on reconnaissait à l'uniforme rouge qu'ils avaient reçu à Londres.

Cette armée prit sa direction comme si ell eût voulu reporter sur Burgos. Le maréchal Bessières marche à sa rencontre avec les divisions d'infanterie des généraux Mouton et Merle, et avec la division de cavalerie du général Lasalle, formant ense eable douze mille hommes.

Le 14, à la pointe du jour, il rencontre l'ennemi, occupant une étendue immense de terrein sur les hauteurs de Medinadel-Rio-Secco. Aussitôt que la position de l'ennemi fut reconnue, le maréchal prit la résolution d'attaquer par sa gauche. Le général Darmagnac, à la tête de sa brigade s'est trouvé le premier engagé. Dans la même moment l'attaque a été générale.

Le général de division, Mouton, s'est emparé à la baïonnette de la ville de Medina-del-Rio-Secco. Les généraux Lasalle, Ducos, et Sabatier enlevèrent leur corps aux cris de Vive l'empereur! Toutes les positions furent emportées. L'ennemie fut enfoncé et culbuté à la baïonnette. Toute l'artil lerie, montant à quarante pièces de canon, a été prise, et l'ar mée insurgée espagnole mise dans une déronte complette. Six mille hommes ont été faits prisonniers. Plus de dix mille sont restés sur le champ de bataille. Les bagages et les munitions sont tombés en notre pouvoir. Uu grand nombre d'officiers supérieurs a été tué. Les 10e et 22e de chasseurs, 'et en général toutes les troupes se sont couvertes de gloire. Le colonel Pieton, du 22e régiment de chasseurs, officier du plus grand mérite, a été tué. Le géneral Dormagnac a été légèrement blessé, ainsi que le major commandant le 3e régiment provisoire. L'adjudant commandant Guilleminot, chef d'étatmajor du maréchal Bessières, a montré beaucoup de talent et d'activité. Le maréchal n'a eu que 300 hommes tués ou blessés.

L'ennemi, dans sa déroute, s'enfuit, jusqu'à Benavente, où il ne s'arrêta qu'un moment, et d'où il se porta sur Labenara, Astorga, et Léon. Il a laissé à Villa-Pardo 5 milliers de poudre et 100,000 cartouches d'infanterie. Le colonel anglais qui était à l'armée en qualité de commissaire, s'était retiré, avant la bataille, sur Lugo,

Le marechal Bessières poursuivant l'ennemi, arriva le 19 à Benavente, où il trouva 10,000 fusils, 26 milliers de poudre, et 200,000 cartouches, que les insurgés avaient abandonnés, dans la rapidité de leur fuite. Il reçut une lettre de soumission des habitans de Zamora, et le lendemain 20, il entra dans cette ville, d'où il se dirigea sur Majorga, où il était informé que le général Cuesta, qui avoit passé à Léon avec 500 chevaux seulement, avait ordonné aux fuyards de se réunir.

Arrivé à Majorga, une députation de Léon lui fut présentée; le général Cuesta avait abandonnée cette ville, en y laissant 12,000 fusils neufs, beaucoup de pistolets, de sabres, de munitions, et 5 pièces de canon.

Le 26, le maréchal Bessières entra à Léon. L'évêque était venu à deux lieues au-devant de lui, et les magistrats avaient reçu l'armée hors des portes, protestant de la soumission des habitans, et sollicitant pour la ville et pour la province, l'indulgence et la protection du vainqueur.

Par cette victoire importante, les provinces de Léon, de Palencia, de Valladolid, de Zamora, et de Salamanque, se trouvaient soumises et désarmées, et les communications étaient assurés avec le Portugal.

Tous ces succès joints à l'arrivée du roi à Madrid, faisaient présager une heureuse et prompte issue aux affaires d'Espagne, lorsque le général Dupont, d'après une série d'événements que nous ne pouvons décrire, puisqu'ils doivent être l'objet de recherches, de rapports et d'interrogations, non-sculement fit la triple faute de laisser couper sa communication avec Madrid, ce qui est pis encore, de se laisser séparer des deux tiers de ses forces, restées à six lieues de sa communication, et enfin de se battre, le 19 Juillet, avec le tiers de son monde, dans une position désavantageuse après une marche forcée de nuit, et sans avoir eu le tems de prendre du repos.

Il y a peu d'exemples d'une conduite aussi contraire à tous les principes de la guerre. Ce général qui n'a pas su diriger son armée a ensuite montré dans les négociations encore moins de courage civil et d'habileté. Comme Sabinus Titurius, il a été entréine à sa porte par un esprit de vertige, et il s'est laissé tromper par les ruses et les insinuations d'un autre Ambiorix: mais, plus heureux que les nôtres, les soldats romains moururent tous les armes à la main.

Cette nouvelle inattendue, plus importante encore par l'audace qu'elle devait donner aux insurgés, les avis que l'on recevait que de nombreaux débarquemens d'anglais menaçaient les côtes de la Galice, et la châleur accablante de la saison qui contrariait la rapidité des mouvemens que les circonstances auraient exigés,, déterminèrent le roi à concentrer ses troupes et à les placer dans un pays moins ardent que les plaines de la Nouvelle-Castille, et dont la position pût offrir en même tems un air plus doux et des eaux plus salubres.

Нин

*

Le roi quitta Madrid le 1er Août, et toute l'armée rentra dans des quartiers de rafraîchissement.

Le 22 Août, les insurgés n'étaient point encore entrés à Madrid; ils paraissaient livrés au désordre et à la division.

Le 2o le roi était à Burgos, et les partis envoyés à 15 et 20 lieues n'avaient eu connaissance de l'ennemi dans aucune direction.

Tous les hommes d'un sens droit voient avec douleur l'Angleterre obtenir le triste succès d'établir au milieu des espagnols une guerre civile dont l'issue ne saurait être dou

teuse.

Mais que peuvent les lumières et la raison de la classe intermédiaire sur un peuple ignorant, en proie à toute la séduc tion du fanatisme, des illusions populaires, et de la corruption étrangère !

Le général Duhesme est rentré à Barcelone pour réunir son corps et contenir cette ville importante dont il occupe tous les forts.

La croisière anglaise étant parvenue à jeter quelques agens à Bilbao, le peuple de cette ville avait été assez insensé pour se porter à une insurrection, à laquelle les négocians et les hommes honnêtes n'avaient pris aucune part. Le général Merlin à marché sur cette place avec deux escadrons et deux régimens d'infanterie ; il a enlevé deux couvens de vive force, a désarmé les insurgés et a rétabli le gouvernement de la province. La perte des insurgés a été de 500 hommes. Nous avons eu trois hommes tués et douze blessés.

Tel est le récit exact des événemens de la campagne d'Espagne. Il n'y a pas eu un combat pas une seule action où le courage des troupes ne se soit signalé avec avantage.

Si le général Dupont avait tenu ses troupes réunies, il aurait sans effort culbuté les insurgés, puisque leur armée n'était composée que de trois divisions formant à peine 20,000 hommes.

Les rassemblemens des insurgés méritent à peine de compter dans cette guerre. Ils se défendent derirère un mur, une maison, mais ils ne tiennent jamais en pleine campagne, et un escadron ou un bataillon suffit pour en disperser plusieurs milliers. La principale armée des insurgés était celle que le maréchal Bessières a détruite à Medina-del-Rio-Secco.

Tout ce que les papiers anglais ont publié sur les affaires d'Espagne est faux et absurde. L'Angleterre sait fort bien à quoi s'en tenir à cet égard: elle sait aussi ce qu'elle peut espérer de tous ses efforts: son but est d'agiter les Espagnes pour se saisir ensuite de quelques positions à sa convenance.

Paris, le 7 Septembre, 1808.

Le sénat s'est réuni, hier 5 Septembre, sous la présidence de S. A. S. le prince archi-chancelier. Le prince archi-tré

« PreviousContinue »