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qu'elles soient seront respectées; bien entendu que tout magasin naval ou militaire sera tenu en réquisition jusqu'à ce qu'il soit prouvé qu'il est la propriété particulière d'un individu, et dans ce cas, le gouvernement britannique se réserve la liberté de s'en servir en payant un prix convenable au propriétaire.

7. Il sera accordé par les commissaires anglais et aux frais de leur gouvernement, les voitures et bateaux nécessaires pour transporter de la place sur le territoire français les malades, les bagages et effets des officiers. Ces effets ne pourront ètre visités. Il leur sera accordé toute sûreté pendant le passage.

Réponse. Toutes les dépenses nécessaires pour le transport de la garnison française, les malades et leurs bagages en Angleterre, seront naturellement supportées par le gouvernement britannique.

8. S'il survenait quelques difficultés dans l'interprétation des articles ci-dessus, elles seront levées par les commissaires soussignés, et autant que possible à l'avantage de la garnison.

Accordé.

Fait à Flessingue, le 15 août 1809.

Signé COCKBURN, capitaine; LONG,
MOUTONNET, LÉVÊQUE.

Articles supplémentaires.

Art. 1. Il est convenu entre les commissaires soussignés que les magasins d'artillerie et du génie, les approvisionnements de guerre de toute espèce, ainsi que les cartes et plans, mémoires, etc. et les propriétés publiques seront remis sur inventaire par les commissaires désignés par M. le général Monnet à ceux nommés par M. le général anglais.

2. Il est également convenu qu'aussitôt l'échange des ratifications des deux généraux en chef, les portes de la ville et les écluses seront occupées par des détachements de l'armée britannique. Les troupes françaises évacueront la place à midi le 17 du courant.

3. Il est de plus convenu que cette capitulation sera ratifiée par les commandants en chef des deux armées, et que les ratifications seront échangées aujourd'hui à minuit à l'avant-poste français sur la route de Middelbourg. En cas contraire, la présente capitulation et la suspension d'armes seront regardées dès lors comme non

avenues.

Fait à Flessingue, le 15 août 1809.

Signé, COCKBURN, capitaine commandant la flottille anglaise; LONG, colonel adjudant général.

MOUTONNET, capitaine d'artillerie; LEVEQUE, capitaine du génie. Ratifiée et approuvée par nous :

"Signé CHATAM, lieutenant général commandant les forces de terre; et STRACHAN, commandant en chef l'armée navale.

Après la prise de Flessingue, du 15 au 19 août, toutes les forces de terre et de mer de l'ennemi, remontant l'Escaut, ou passant de l'île de Walcheren dans celle de Sud-Beveland, parurent se concentrer autour du fort de Batz, situé sur l'extrémité de cette ile, au point où l'Escaut se divise en deux bras. Tout indiquait dans l'ennemi le projet de transporter son armée à travers l'Escaut oriental, sur la rive droite entre Sandvliet et Berg-op-Zoom, tandis que sa flottille et ses vaisseaux attaqueraient les forts de l'Escaut et la flottille stationnée sur le fleuve.

Mais S. Exc. le prince de Ponte-Corvo, arrivé le 15, avait profité du temps consumé par les Anglais dans ce mouvement offensif, pour exécuter les intentions de l'EMPEREUR, pour organiser, disposeret animer les troupes, accélérer les travaux de défense, et remplir l'armée de confiance, et pour ravir à l'ennemi la possibilité d'attaquer Anvers. S. Exc. le général Dejean, arrivé le 16, coopérait à ces dispositions, comme ministre directeur de l'administration de la guerre, et comme premier inspecteur général du génie. Le vice-amiral Missiessy, les généraux, les chefs de l'artillerie et du génie, le préfet maritime, le préfet du département, toutes les autorités, déployant, en des fonctions diverses, un même zèle et des talents soutenus par le même esprit, offraient le spectacle de toutes les volontés unies et dirigées, comme les ressources, vers un seul et même but, la honte de l'ennemi et la gloire des armes de la France.

A mesure que les forces de l'ennemi se rassemblaient devant Batz, de nouvelles troupes, de la cavalerie, de l'artillerie, arrivant de toutes parts, augmentaient l'armée sous Anvers. Les deux corps hollandais et français, postés sous Berg-opZoom et sous Hulst, se renforçaient et se tenaient prêts à tomber sur les derrières et les flancs de l'ennemi, tandis que l'armée l'attaquerait de front, et le rejetterait dans l'Escaut, à l'instant et durant la confusion d'un débarquement sur les digues ou sur les plages de sable et de vase qui forment les bords de ce fleuve.

L'escadre française remontait l'Escaut, et cédant à l'armée une partie de ses marins et de son artillerie, concourait à la défense de la terre, tandis que sa flottille, couverte par une estacade et protégée par des canonnières échouées sur les rives, donnait une courtine et de doubles flancs aux forts de Lillo et de Liefkenshoeck.

A ces forts, déjà mis à l'abri d'insulte et armés de leur artillerie, on ajoutait des batteries nouvelles placées dans leurs chemins couverts, et destinées à raser le fleuve.

Sous la protection de cette première ligne, on en formait une seconde : on rélevait les anciens forts de l'Escaut, et l'on construisait des batteries sur les ruines de ceux qui ne pouvaient recouvrer leurs formes primitives. On voyait se couvrir tour à tour de travailleurs, de canons et de soldats, ces postes oubliés depuis le fameux siége d'Anvers (1583) les forts de Saint-Philippe et de Sainte-Marie, auxquels s'appuyait jadis le pont jeté sur l'Escaut par le duc de Parme; le fort la Perle qui couvrait le débouché du canal ouvert pendant le siége et pour l'arrivée des convois, depuis Gand jusqu'au-dessous d'Anvers; le fort de la Croix, qui protégeait la digue de Cowestein, dont la défense opiniâtre empêcha alors la flottille de secours d'entrer dans la place, en naviguant sur les inondations: on ajoutait à ces postes la nouvelle batterie de Melkhuys, heureusement située sur une portion de digue perpendiculaire à l'axe du fleuve.

Dans cette position, illustrée, il y a deux siècles, par les travaux de l'attaque, la marine reproduisait ces mêmes travaux pour la défense, battait des pieux, rassemblait des bateaux, en disposait l'intérieur pour les rendre insubmersibles, et formait une double estacade sous les feux des forts ou batteries de la Croix, de Melkhuys, de la Perle, de Saint-Philippe et de Sainte-Marie.

Sous la protection de cette estacade et en deçà du point où les vaisseaux, pour doubler le cap du fort Saint-Philippe, sont obligés de décrire une

courbe dans l'Escaut, trois vaisseaux de guerre, stationnés et dirigeant dans la passe les feux de leurs triples batteries, devaient battre de front l'ennemi pris en flanc et de revers par les forts et les batteries des deux rives.

En arrière, les forts Isabelle et Ferdinand, soutenus par la batterie Impériale, cavalier formé des déblais du bassin, offraient une troisième ligne qu'il fallait forcer pour arriver, par le fleuve, jusqu'aux vaisseaux et aux chantiers, et qu'on eût pu barrer, d'ailleurs, en coulant des carcasses susceptibles d'être relevées après le siége: extrême et dernier moyen de ravir aux Anglais une proie qu'ils se croiraient prêts à saisir.

Enfin la place et la citadelle, après tant d'efforts, laissaient à l'ennemi les plus grands efforts à faire contre une brave garnison protégée par de bons ouvrages et disposée à se défendre, comme celles de Gênes et de Mayence, c'est-à-dire à livrer ses combats loin de ses murs, et à disputer, au milieu des inondations, cette foule de postes naturels dont Anvers est environné.

A ce système de défense, les dispositions menançantes des Anglais ne firent qu'inspirer la hardiesse d'en ajouter de nouvelles. Trois batteries, ordonnées par le prince, s'élevèrent sous le feu même des canonnières de l'ennemi, l'une à la pointe de Doel, l'autre dans les ruines de l'ancien fort de Frédérick-Henri, et la troisième, entre ce fort et celui de Lillo, dans le coude que forme la digue près du criqué de Blawgaëren.

Tel était le système de défense d'Anvers, de ses chantiers et de l'escadre.

Toutefois, il faut l'avouer, le temps eût manqué pour en achever, dans tous les points, l'immense dispositif, et la fortune contraire eût pu donner à l'ennemi quelques succès momentanés, si, dès le 19, il eût fait son attaque en déployant tous ses moyens avec la sagesse et l'audace indispensables contre de tels obstacles et contre de tels adversaires. Mais ce cas même était prévu. Des positions défensives étaient marquées, sous Anvers, à l'armée dont les renforts arrivaient tous les jours; et les mesures étaient prises, en conformité des ordres de l'EMPEREUR, pour que les progrès de l'ennemi ne servissent qu'à le séparer de ses vaisseaux, et qu'à rendre plus complet et plus mémorable le châtiment de sa témérité.

Chaque jour de délai lui rendait l'attaque plus difficile et le succès plus douteux. Des légions nouvelles suivaient celles qu'un premier appel avait créées, et de toutes parts les Français accourus vers la frontière montraient cette volonté, qui fut le principe de leur salut en des temps malheureux, de ne jamais souffrir l'ennemi sur leur territoire. Des troupes et de l'artillerie renforçaient l'armée; ou formait les premières inondations, et l'on se tenait prêt à tendre les autres: les bras et les transports se multipliaient, et l'œil du soldat suivait avec complaisance les progrès des travaux qui couvraient le fleuve de forts, de batteries et de barrières. Chaque jour, en un mot, il devenait plus probable que les forces navales de l'ennemi ne s'engageraient pas dans les sinuosités du fleuve, à travers ces obstacles et au péril de se fermer elles-mêmes toute retraite ; que l'ennemi chercherait d'abord à détruire les défenses des deux rives; qu'il ne pouvait le faire qu'en attaquant l'armée, et qu'il ne résisterait

pas lui-même au choc des forces disposées pour l'attaquer à l'instant et dans le trouble de son débarquement, ou s'il différait de l'entreprendre.

Tout, au reste, montrait l'ennemi incertain, mal instruit ou défiant, étonné à l'aspect d'obs

tacles imprévus, employant à les reconnaître le temps qui servait à les accroître, et perdant avec l'occasion la volonté d'attaquer. Ses canots, sondant les passes de l'Escaut, faisaient voir qu'il ne les connaissait pas; ses canonnières, labourant chaque nuit de leurs projectiles la batterie qu on achevait à Doel, et celle de Frédérick-Henri, n'arrétaient pas le perfectionnement de ces ouvrages de contre-approche par lesquels on le bravait en allant au-devant de lui. Enfin, si l'amas de voiles assemblées sous le fort de Batz fit plusieurs fois des démonstrations offensives, elles n'eurent rien de ce qui caractérise entièrement le transport et le débarquement d'un grand corps de troupes et de son artillerie, à travers le bras d'un grand fleuve, sur un point de débarquement prévu et défendu par une armée.

Cependant des avis, fondés sur ces démonstrations, firent croire plusieurs fois, mais surtout le 22 août, que l'ennemi voulait en effet attaquer; et le prince de Ponte-Corvo annonça l'attaque, dans l'ordre du jour, comme un événement ordinaire et attendu par l'armée. Tout fut tranquille, et jusqu'au 28 août, des bombes et des boulets lancés par les canonnières de l'ennemi contre les batteries de Doel et de Frédérick-Henri, des fusillades contre les digues, en un mot, un vain jeu d'artillerie et des actions d'avant-postes, ont été les seules hostilités de l'ennemi.

En perdant, avec l'espoir d'une victoire facile, le désir d'attaquer l'armée, les Anglais, si du moins on en croit les bruits semés dans la Zélande, s'occupèrent des moyens de lancer, contre la flotte et les estacades, des brùlots et des machines infernales, et de fermer l'Escaut, en coulant dans les passes des carcasses pleines de pierres ou de blocs de maçonnerie. On pouvait se reposer sur le fleuve du soin de détruire ces obstacles, et d'ouvrir de nouvelles passes à nos vaisseaux; mais des mesures pleines de prudence et d'audace furent prises pour remorquer et faire échouer ces mines flottantes ; et la marine, usant de représailles, augmenta le nombre de ses brûlots, pour combattre l'ennemi avec ses propres armes, et par des moyens que le nombre et la réunion de ses bâtiments lui rendaient plus redoutables.

Enfin les Anglais, convaincus que leurs misérables tentatives, après l'appareil de leur expédition, couvriraient leur armes de honte et de ridicule, semblèrent vouloir porter leurs forces de terre et de mer sur des points qu'ils croyaient moins préparés à les recevoir. On les vit menacer à la fois la Hollande, les pays d'Hulst et d'Axel, l'ile de Cadzan et les côtes de la Flandre. Mais du côté de la Hollande l'ennemi devait rencontrer la division du général Gratien, arrivant du nord de l'Allemagne, et les Hollandais s'armant pour la défense de leur roi, de leur territoire et de leurs alliés dans les pays d'Hulst, d'Axel et de Cadzan, une armée, créée pendant que l'ennemi menaçait Anvers, l'attendait sous les ordres du maréchal duc de Conégliano, et sur la ligne de cette armée, le ministre, premier inspecteur général du génie, faisait mettre hors d'insulte toutes les places de la Flandre hollandaise et des côtes, depuis Hulst jusqu'à Nieuport. De quelque côté que les Anglais se portassent, le prince de PonteCorvo, placé sous Anvers, au centre de la ligne générale, les suivait et arrivait avec son armée pour les vaincre. Tout enfin leur montrait la France et la Hollande en mesuré de repousser leurs atteintes.

A l'aspect de tant d'obstacles accrus par les maladies de son armée, la honte d'une retraite parut

moindre à l'ennemi que celle d'un échec. Ses dernières démonstrations n'eurent pour objet que de masquer l'évacuation de ses malades et de son artillerie.L'ile de Beveland et le fort de Batz furent abandonnés. Dès le 29 août, cent cinquante voiles, plusieurs vaisseaux, frégates ou cutters étaient revenus près de Flessingue peu de jours après le reste des voiles descendit l'Escaut le 4 septembre, on n'en voyait plus devant Batz: nos canonnières allèrent s'en emparer, et le remirent quelques heures après aux troupes hollandaises du corps du maréchal Dumonceau.

Tel est le résultat de cette grande expédition. Pour en diminuer la honte, l'ennemi ne manquera pas sans doute d'exagérer l'importance d'une conquête qu'il a trouvée facile (Flessingue). L'Europe verra, par ses propres aveux, qu'il a manqué le but principal de son expédition. Ses alliés lui reprocheront d'avoir sacrifié la cause commune à l'avidité de son commerce. Le désir d'ajouter à ses forces maritimes en prenant ou en brûlant quelques vaisseaux, le vain espoir de fermer un fleuve rival de la Tamise, l'ont plus occupé au milieu des grands événements de l'Allemagne et de l'Espagne, que l'intérêt de ses alliés. Ne suffisait-il pas d'ailleurs, pour déjouer ses projets, de ces mêmes gardes nationales qui l'ont, il y a vingt ans, arrêté sous les murs de Dunkerque? Si l'Espagne est pacifiée plutôt, si l'Autriche souscrit plus vite à la paix, l'Europe cette fois en sera redevable à l'Angleterre. La France lui doit dès ce moment de lui avoir offert l'occasion de déployer sa puissance contre une attaque inopinée, d'avoir fait voir qu'il suffirait d'un appel de l'EMPEREUR à vingt de ses départements pour opposer à ses ennemis, en moins d'un mois, plus de cent mille soldats armés, tandis que ses armées combattaient au loin et sans qu'il ait été nécessaire d'en détacher un seul homme.

SÉNAT CONSERVATEUR

PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE G. GARNIER.
Séance du 15 août 1809.

Aujourd'hui 15, à dix heures du matin, le Sénat s'est de nouveau réuni. Le sénateur Lacépède, organe de la commission, nommée dans la séance d'hier, a proposé à l'assemblée de proclamer les sentiments du peuple français par une adresse qui serait présentée à S. M. L'EMPEREUR ET ROI.

Cette proposition ayant été adoptée par le Sénat, le rapporteur a soumis, en conséquence, à l'assemblée un projet d'adresse qui a été pareillement adopté dans les termes suivants :

«Le Sénat conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par l'article 90 de l'acte des constitutions du 22′ frimaire an VIII;

« Délibérant sur les communications qui lui ont été faites par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire, dans la séance du 14 de ce mois;

« Après avoir entendu le rapport de sa commission spéciale, nommée dans la même séance,

« Arrête que sur l'objet desdites communications, il sera fait à S. M. L'EMPEREUR ET ROI, l'adresse dont la teneur suit :

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troupes sur deux îles de la Zélande. Le cri de guerre a retenti à l'instant sur les rives françaises. Tous les départements voisins ont répondu à ce cri, qui pour les Français fut toujours le cri de la victoire, et les braves gardes nationales ont accouru de toutes parts pour venger la violation du territoire d'une nation voisine et alliée.

<< Dans ces circonstances mémorables, SIRE, le Sénat, qui partage si vivement tous les sentiments du peuple français, a besoin de les exprimer à VOTRE MAJESTÉ.

« Que toute espérance s'évanouisse sur les bords de la Tamise. Jamais un plus noble enthousiasme n'aura animé le peuple français.

« VOTRE MAJESTÉ, SIRE (les braves de l'intérieur de l'empire vous en conjurent), VOTRE MAJESTÉ n'éloignera des rives du Danube, ni de celles du Tage, aucune de ces légions invincibles qui ont eu si souvent le bonheur de combattre sous les yeux de VOTRE MAJESTÉ, et rien ne retardera le moment si désiré par vous, où l'olivier de la paix s'élèvera au-dessus de vos aigles triomphantes.

« Partout où il y aura des Français, il y aura une armée; et partout où ils recevront le signal des combats, le génie de VOTRE MAJESTÉ les animera, parce qu'ils éprouvent partout le même dévouement, le même amour, la même admiration pour VOTRE MAJESTÉ.

« Ceux qui, plus éloignés des nouveaux champs de gloire que la victoire prépare au nom de l'honneur, de la patrie et de NAPOLÉON, ne pourront parvenir jusques aux cohortes ennemies qu'en traversant une grande partie de votre empire, ne ressentiront d'autre peine que la crainte de n'arriver que pour couronner leurs frères du laurier civique et militaire.

« Les bras ne manqueront pas pour lancer ces foudres terribles que la haute prévoyance de VOTRE MAJESTÉ avait fait préparer sur toutes les côtes de son empire.

«La sagesse du prince dépositaire de votre confiance, le dévouement de vos ministres, le zèle de tous les chefs civils et militaires, ont secondé ces mouvements généreux. ·

« Ces vétérans de la gloire, qui gémissaient depuis longtemps de ne plus suivre VOTRE MAJESTÉ au milieu des batailles, vont diriger par leur expérience l'élan belliqueux de vos jeunes Français. Ils leur montreront les nobles palmes dont VOTRE MAJESTÉ a couvert leurs nobles cicatrices.

« Des généraux illustres, choisis par VOTRE MAJESTÉ et remplis de son esprit, marchent à leur tête. « Sept sénateurs partagent cet honneur éclatant.

«Vos vaisseaux de l'Escaut, protégés par de formidables batteries, et les protégeant à leur tour, doublent la barrière de fer et de feu qui borde les rivages voisins de la Zélande.

« La nation hollandaise, dont le territoire est attaqué, lève avec fierté ses antiques bannières qui rappellent tant de hauts faits des valeureux Bataves; et celui de vos augustes frères, qui règne sur eux, est à leur tête.

« Tous s'avancent sous l'influence irrésistible et présente en tous lieux du plus grand des héros; bientôt les Anglais seront repoussés sur leurs vaisseaux.

« Ah! si nous pouvions cesser d'écouter un moment la voix de l'humanité, avec quelle ardeur nour désirerions que leurs cohortes, osant s'éloigner des flottes destinées à favoriser leur fuite prochaine, s'avançassent sur la terre sacrée des Français! Aucun Anglais ne reverrait le toit de sa famille.

« Les débris de leurs armes, SIRE, seront les tro

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«Messieurs,

« Un message de l'EMPEREUR, dont vous allez entendre la lecture, donne communication au Sénat de nouveaux témoignages de munificence par lesquels SA MAJESTÉ a voulu reconnaître d'importans services :

«S. A. S. le prince de Neuchâtel (Berthier), vice-connétable, est créé prince de Wagram.

«M. le maréchal duc d'Auerstaedt (Davoust) est créé prince d'Eckmühl;

« M. le maréchal duc de Rivoli (Masséna), est créé prince d'Essling.

« Ces titres héréditaires sont assis sur des propriétés considérables que l'EMPEREUR vient d'acquérir de la Légion d'honneur.

«La dénomination des nouvelles principautés rappelle le souvenir des victoires où le courage des titulaires a secondé le génie de SA MAJESTÉ.

Par cette heureuse alliance, le prix dont I'EMPEREUR honore le mérite personnel devient en même temps un monument de la gloire nationale.

« Le Sénat aura autant de plaisir à recevoir cette communication, que j'en éprouve moi-même à la lui transmettre, d'après les ordres de SA MAJESTÉ IMPERIALE ET ROYALE. »

Après ce discours, M. le comte de Sémonville, sécrétaire, a donné lecture du message de SA MAJESTÉ, dont le teneur suit :

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Extrait des minutes de la secrétairerie d'Etat.

« SÉNATEURS,

« Nous avons jugé utile de reconnaître, par des « récompenses éclatantes, les services qui nous " ont été spécialement rendus dans cette dernière « campagne par nos cousins le prince de Neuchâtel « et les maréchaux ducs d'Auerstaedt et de Rivoli. « Nous avons pensé d'ailleurs qu'il convenait de consacrer le souvenir honorable pour nos peuples de ces grandes circonstances où nos ar«mées nous ont donné des preuves signalées de « leur bravoure et de leur dévouement, et que « tout ce qui tendait à en perpétuer la mémoire « dans la postérité, était conforme à la gloire et « aux intérêts de notre couronne.

Nous avons, en conséquence, érigé en princi«pauté, sous le titre de principauté de Wagram, le château de Chambord, que nous avons acquis

"

« de la Légion d'honneur, avec les parcs et forêts qui en dépendent, pour être possédée par notre « cousin le prince de Neuchâtel et ses descen«dants, aux clauses et conditions portées aux leta tres patentes que nous avons ordonné à no're « cousin le prince archichancelier de l'empire « de faire expédier par le conseil du sceau des « titres.

«Nous avons érigé en principauté, sous le titre « de principauté d'Eckmühl, le château de Brulh, « que nous avons acquis de la Légion d'honneur, « avec les domaines qui en dépendent, pour être possédée par notre cousin le maréchal duc « d'Auerstaedt et ses descendants, aux clauses et • conditions portées aux lettres patentes qui lui « seront également délivrées.

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« Nous avons en même temps érigé en principauté, sous le titre de principauté d'Essling, le « château de Thouars, que nous avons également acquis de la Légion d'honneur, avec ses dépen« dances actuelles, pour être possédée par notre « cousin le maréchal duc de Rivoli et ses des«cendants, aux clauses et conditions portées aux << lettres patentes qui lui seront délivrées.

« Nous avons pris des mesures pour que les do«maines desdites principautés soient augmentés « de manière à ce que les titulaires et leurs des«cendants puissent soutenir dignement le nou«veau titre que nous leur avons conféré, et ce « au moyen des dispositions qui nous sont com« pétentes.

Notre intention est, ainsi qu'il est spécifié « dans nos lettres patentes, que les principautés « que nous avons érigées en faveur desdits titu«laires, ne donnent à eux et à leurs descendants d'autres rang et prérogatives que ceux dont jouissent les ducs, parmi lesquels ils prendront «rang selon la date de l'érection des titres.

"

« Donné en notre camp impérial de Schoenbrunn, le 15 août 1809.

a Signé NAPOLÉON. " Par l'Empereur :

« Le ministre secrétaire d'Etat, Signé H. B. MARET.>>

S.A. S. le prince archichancelier a fait lire également les lettres patentes de SA MAJESTÉ, expédiées de son propre mouvement, el a annoncé que, conformément à l'article 22 du deuxième statut du 1er mai 1808, il porterait au Sénat les lettres patentes que l'EMPEREUR lui avait ordonné de faire expédier, aussitôt que lesdites lettres auront été signées par SA MAJESTÉ.

S. A. S. le prince Archichancelier prononce ensuite le discours suivant, relatif à la présentation d'un projet de sénatus-consulte concernant une levée de trente-six mille conscrits:

Messieurs,

« SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE, embrassant d'un coup d'œil la situation présente des affaires, a reconnu la nécessité d'ordonner une levée de trente-six mille hommes.

«Tel est l'objet du projet de sénatus-consulte qui va être soumis à votre délibération, et qui asseoit la nouvelle levée sur les classes de conscription des années 1806, 1807, 1808, 1809 et 1810.

« Votre sagesse apprécie déjà tout ce qu'il y aura d'utile dans cette disposition. Bientôt vous serez assurés qu'elle est le résultat d'une sage prévoyance et de la constante sollicitude de SA MAJESTÉ pour les intérêts de la nation.

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Quelle que soit, Messieurs, l'issue des négociations d'Altenbourg, tout annonce que les Anglais, repoussés de notre territoire, vont s'efforcer de prolonger la guerre d'Espagne. Les nombreux

bataillons que SA MAJESTÉ leur oppose dans ce royaume n'auront besoin que d'être maintenus au complet pour rendre vaines toutes les tentatives de l'ennemi.

« Si la paix se rétablit entre la France et l'Autriche, on ne pourrait, sans de graves inconvéniens, transporter subitement les braves qui l'auront conquise, des rives du Danube aux bords du Guadalquivir. Cette observation n'a point échappé à l'attention paternelle de SA MAJESTÉ, et nous croyons qu'après tant de glorieux travaux, elle veut avec raison que les vainqueurs puissent venir recevoir l'expression de la reconnaissance publique et de l'admiration générale.

« Les considérations, Messieurs, que je viens d'indiquer, vous seront développées par les orateurs du conseil d'Etat, et plus particulièrement dans un rapport du ministre de la guerre, dont l'EMPEREUR a voulu qu'il vous fût donné communication.

«La levée demandée est d'ailleurs de beaucoup inférieure à ce que SA MAJESTÉ pourrait encore retirer des classes qui la fourniront, et elle sera environnée de tous les moyens qui peuvent la rendre facile.

«Dans cette conjoncture, le Sénat s'empressera, comme par le passé, de seconder les intentions de notre auguste souverain pour le bonheur et pour la gloire du peuple français. »

Rapport fait à S. M. l'Empereur et Roi, Protecteur de la Confédération du Rhin, par S. Exc. le comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, le 15 septembre 1809.

SIRE,

Si les nombreuses victoires de VOTRE MAJESTÉ et les immenses succès de ses armées sont à la fois l'ouvrage de son génie, le résultat des plus savantes combinaisons militaires, de sa propre intrépidité et du courage de tant de braves, ces victoires et ces succès ne sont pas moins dus à sa sage prévoyance. C'est elle qui a inspiré à VOTRE MAJESTÉ l'idée de rassembler d'abord dans l'intérieur de l'empire, quels que fussent les événements, les jeunes Français successivement appelés à servir, en les faisant contribuer ainsi constamment à la sûreté de l'Etat en même temps qu'ils se forment au métier des armes.

L'abandon momentané de ce système exposerait l'empire à quelques dangers, et ce serait trop présumer de l'avenir, de quelque apparence de bonheur que les victoires obtenues jusqu'à ce jour l'embellisent en cet instant, que de laisser les dépôts de l'intérieur de la France privés de leur recrutement habituel, dès qu'une partie des jeunes soldats qui les remplissent aura été appelée aux armées actives.

Un coup d'oeil rapide sur la situation des armées de VOTRE MAJESTÉ lui fera connaître que la levée que je crois lui devoir proposer est suffisante pour le moment actuel.

Maîtresse de Vienne et de plus de la moitié du territoire de la monarchie autrichienne, VOTRE MAJESTÉ est à la tête de l'armée la plus formidable que la France ait jamais eue au delà du Rhin, et pour juger de ce qu'elle peut entreprendre, ne suffit-il pas de se rappeler que cette armée était à peine formée, lorsqu'elle vainquit l'Autriche aux champs de Thann, d'Abensberg et d'Eckmühl; soit donc que les négociations d'Altenbourg se terminent par la paix, soit que la guerre continue, VOTRE MAJESTÉ a dans ses dépôts assez d'hommes en état de combattre, pour recruter son armée d'Allemagne.

Au mois de janvier, VOTRE MAJESTÉ poursuivait en Galice l'armée anglaise; au milieu de cette poursuite, VOTRE MAJESTÉ apprit que la cour de Vienne méditait un parjure; quoiqu'un tel événement semblat appeler nos principales forces en Allemagne, VOTRE MAJESTÉ n'en crut pas moins devoir la ser en Espagne sa vieille armée, non que la totalité de cette armée fùt en effet nécessaire pour achever de soumettre les Espagnols rebelles, mais afin d'ôter à l'Angleterre la possibilité de prolonger cette rébellion qui est son ouvrage. Cette puissance, voyant dans le nouveau système qui s'établit en Espagne le présage de sa propre ruine, ne désespéra point toutefois de le renverser, et ses efforts dans cette occasion ont surpassé dé beaucoup tout ce qu'on lui avait vu faire dans des occasions semblables.

Le général Moore n'avait pu ramener de la Galice la moitié de ses troupes. Les pertes immenses qu'avait éprouvées son armée ne détournèrent point le gouvernement anglais d'en envoyer une nouvelle à Lisbonne, forte de quarante mille hommes. On la vit s'avancer jusqu'au milieu de l'Espagne, ralliant autour d'elle les différents corps des insurgés. Les bords de l'Alberche et du Tage ont été témoins de leur fuite et de leur confusion. Obligés de se rejeter au delà de ce fleuve, poursuivis l'épée dans les reins, ils ont évacué toutes les Espagues, et les Portugais les ont vus revenir en désordre sur leur territoire.

A la même époque, une armée non moins forte parut tout-à-coup à l'entrée de l'Escaut avec le projet d'incendier les chantiers d'Anvers : là encore nos ennemis ont été confondus. A leur approche, Flessingue avait été munie d'une nombreuse garnison: douze mille hommes d'élite, partis de Saint-Omer, sous les ordres du général sénateur Rampon, et huit demi-brigades de réserve qui se trouvaient à Boulogne, à Louvain et à Paris, se sont portés en poste sur les points me

nacés.

Ces troupes suffisaient seules pour défendre Anvers. Cette place, couverte par une bonne enceinte et par les ouvrages avancés que VOTRE MAJESTÉ y a fait élever depuis quatre ans, est encore protégée par ses vastes inondations, et sur la rive gauche de l'Escaut, le fort de la Tête de Flandre, entouré lui-même d'une inondation de 2,000 toises, assure les communications d'Anvers avec nos places du Nord.

L'expédition anglaise avait été calculée d'après la supposition qu'Anvers n'était qu'une ville ouverte, et cette place ne peut étre prise qu'après un long siége. Indépendamment des troupes de ligne, VOTRE MAJESTÉ a vu au premier signal cent cinquante mille gardes nationales prêtes à marcher, et à leur tête les majors de son infanterie, des officiers des cinquièmes bataillons et d'anciens officiers; elle a compté dans leurs rangs beaucoup de vieux soldats.

De nombreux détachements de cavalerie de ligne avaient été devancés par la gendarmerie de France. Les Anglais ignorent que cette arme seule peut porter au premier ordre sur un point quelconque soixante escadrons composés d'hommes ayant seize ans de service, tous aussi éprouvés, aussi bien exercés et aussi bien armés que ces vaillants cuirassiers, qui, sous les ordres de VOTRE MAJESTÉ, ont porté si haut la gloire de la cavalerie française.

Comme par enchantement, les dispositions prescrites par VOTRE MAJESTÉ ont fait paraitre au même instant sur les rives de l'Escaut et aux centres de réserve de Lille et de Maestricht, quatre

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