Page images
PDF
EPUB

avec ostentation dans les ports de l'Angleterre. Soit que le but de notre constant ennemi fût déterminé, soit qu'il ait changé de dessein, lorsqu'il a appris la signature de l'armistice, on l'a vu successivement se présenter sur différents points de la côte septentrionale de la France, et effectuer un débarquement dans l'ile de Walcheren sur le territoire hollandais.

Au premier avis de cette tentative, le ministre de la guerre a développé le zèle et l'activité que l'on avait le droit d'attendre de l'un des principaux dépositaires de la confiance de l'EMPEREUR.

Des détachements de gardes nationales ont été appelés de service, des troupes de ligne ont été mises en mouvement; on a fait acheminer des trains d'artillerie vers la frontière de Hollande; et l'on y a envoyé des officiers du génie, pour tirer avantage de toutes les positions susceptibles d'être fortifiées. Partout la bonne volonté a prévenu les ordres, on les a exécutés avec empressement.

Des lettres circulaires du ministre de la police générale, ont redoublé l'activité des fonctionnaires et accéléré le succès des différentes missions qui leur étaient confiées.

Le ministre de la marine, animé du même esprit, a donné aux chefs de la flotte les instructions convenables. Tout ce qu'il a été possible de prévoir a été prévu de sa part.

Enfin, l'on à travaillé de concert à assurer la défense d'Anvers.

Par l'effet de ces différentes dispositions, dont vous saisirez mieux les détails, après avoir entendu la lecture du compte rendu par le ministre de la guerre, l'ennemi, tenu constamment en échec n'a pu pénétrer sur le territoire de l'empire.

SA MAJESTÉ a daigné approuyer les mesures qui ont été prises; elle en a prescrit d'autres que l'on se met en devoir d'exécuter, et qui en même temps qu'elles pourvoient aux besoins du moment, établiront aussi la sécurité de l'avenir. Elles ont essentiellement pour objet de mettre en activité des gardes nationales dans les divisions qui avoisinent les arrondissements menacés. Ces levées seront sous le commandement de généraux distingués par leurs services, et qui en ont reçu la digne récompense, en venant s'asseoir parmi

vous.

Vous le savez, Messieurs, dans toutes les circonstances, l'EMPEREUR aime à multiplier avec le Sénat des communications dont la chose publique a toujours retiré de grands avantages.

C'est par le même motif que je viens vous instruire de tout ce qui a été fait depuis le débarquement des Anglais, et m'aider de votre influence pour ce qui reste à faire.

Vos sages résolutions rempliront le double but de porter au prince l'expression du dévouement de son peuple, et d'éclairer dans cette occasion les sujets de SA MAJESTÉ, sur la constante sollicitude dont ils sont l'objet.

Vous apprécierez, Messieurs, combien il importe à la nation de repousser par les seuls moyens que nous avons sous la main l'ennemi qui ose la menacer. Cet ennemi aurait obtenu une sorte de succès, si, par une diversion téméraire, il parvenait à faire reculer nos drapeaux des limites où la victoire les a placés. Qu'il sache que de vains efforts ne sauraient interrompre le cours des destinées de la France! qu'au moment même où nos armées couvrent l'Europe, une population toute guerrière n'attend que le premier signal, pour offrir à la patrie de nouveaux soldats.

Ainsi, Messieurs, la fureur des Anglais nous avertit sans cesse de nos ressources; chaque tentative de leur part développe et confirme les sentiments réciproques de confiance et d'amour qui unissent le prince et la nation. Je suis bien certain, Messieurs, que, dans cette conjoncture, le Sénat s'empressera de justifier par son opinion l'opinion publique déjà si favorablement disposée, et donnera un nouveau témoignage de son dévouement pour la personne sacrée de notre auguste souverain, et pour la gloire du nom français.

S. Exc. le Président du Sénat, au nom de l'assemblée, a répondu au prince archichancelier, que le Sénat avait entendu avec le plus haut intérêt les communications qui venaient de lui être faites; qu'il y trouvait une nouvelle preuve de la sagesse de Son Altesse Sérénissime, et du zèle dont elle est constamment animée pour le bien de l'Etat et le service de Sa Majesté ; qu'il délibérerait sur ces communications, après avoir entendu les détails qui allaient être donnés par le ministre de la guerre.

S. Exe. M. le comte d'Hunebourg, MINISTRE DE LA GUERRE, ayant ensuite obtenu la parole, a fait lecture du compte rendu annoncé dans le discours du prince archichancelier :

Compte rendu par S. Exc. le comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, au conseil tenu par S. A. S. Mgr. le prince archichancelier de l'empire, duc de Parme, etc., le 14 août 1809.

Monseigneur,

Lorsque les immenses préparatifs de guerre de la part de l'Autriche appelèrent l'EMPEREUR en Allemagne, SA MAJESTE n'eut pas besoin, pour combattre de nouveaux ennemis, de retirer ses troupes de l'Espagne; celles qu'elle avait sagement conservées en Allemagne, jointes à une partie des nouvelles levées qui furent ordonnées à cette époque et aux troupes de la Confédération du Rhin, ont suffi pour vaincre l'Autriche dans des batailles mémorables, et pour amener cette puissance à chercher son salut dans un armistice qu'elle a demandé, et dans les espérances de paix que cet armistice a fait naître.

Avant de quitter la France, l'EMPEREUR, dont la sollicitude paternelle pour ses sujets sait tout prévoir, organisa diverses réserves sur plusieurs points de son empire. SA MAJESTÉ les disposa de telle sorte que le territoire français ne pût être insulté, et qu'une partie des nouvelles levées exercées pendant plusieurs mois, jointes à de vieilles troupes. se portassent avec rapidité sur les points de l'empire qui pourraient être menacés.

Mais à peine la nouvelle de l'armistice accordé par l'EMPEREUR d'Autriche était-elle parvenue à Londres, que l'Angleterre, qui y préparait une expédition considérable, destinée sans doute à augmenter ses forces en Portugal et en Espagne, et à réparer les pertes qu'elle venait d'essuyer, se détermina brusquement à jeter cette expédition, non sur le territoire français qu'elle n'a pas osé attaquer, mais sur le territoire hollandais, où la lâcheté, et peut-être la trahison d'un chef étranger à cette nation et à la nôtre, lui réservaient un succès momentané qui sans cela eût été pour ainsi dire impossible.

On ne peut douter que l'Angleterre n'ait eu pour principal but de s'opposer, par une diversion, à la paix continentale qu'elle redoute et qu'elle empêche depuis si longtemps, et d'essayer de détruire nos établissements maritimes à An

vers, notre flotte de l'Escaut, et la marine de nos alliés.

Le 29 juillet, l'expédition anglaise parut devant les îles de Walcheren et de Cadzan; ses troupes de débarquement, après avoir essuyé une grande perte de la part d'une de nos brigades, en descendant au nord de Walcheren, se rendirent maîtresses de Middelbourg et de Tervere qui se défendit pendant trente heures, et bientôt après de l'ile de Sud-Beveland, où l'important fort de Batz fut abandonné trois heures avant que les ennemis y parussent.

Dès que cette nouvelle parvint à ma connaissance, je m'empressai d'expédier, en conformité de ce qu'avait prescrit l'EMPEREUR avant son départ, tous les ordres nécessaires pour faire arriver rapidement des renforts sur les points menacés par l'ennemi; en moins de trois jours, plus de vingt mille hommes, sous les ordres du général sénateur Rampon, se trouvaient en ligne sur la partie de l'Escaut qui sépare la Hollande de l'empire français, pendant que le général sénateur Sainte-Suzanne était à Boulogne vainement menacé, et en mesure de repousser les ennemis.

Depuis, ces forces se sont accrues et s'accroissent journellement.

La garnison de Flessingue se porta en avant de cette place; elle en défendit les approches qu'elle défend encore; elle reçut plusieurs mille hommes de renfort, qui traversèrent audacieusement l'Escaut à la vue de l'ennemi, et même à travers ses bâtiments armés, sans qu'il pût s'opposer à leur passage.

La batterie impériale de l'ile de Cadzan, celle de Napoléon, ont foudroyé les vaisseaux anglais qui avaient osé tenter de franchir le passage de l'Escaut, entre Flessingue et Breskens, et ont forcé l'ennemi de respecter ce passage et d'en chercher un autre du côté de la Zélande.

Les forts de Lillo et de Liefkenshoëck, qui croisent leurs feux sur l'Escaut en avant d'Anvers, défendent les approches du port et des chantiers de cette place importante, quí, depuis si longtemps, excite la jalousie des Anglais. L'armement de ces forts a été augmenté, ainsi que leurs moyens de résistance.

L'avant-garde de l'armée du Nord est maintenant réunie sur l'Escaut; elle présente déjà des forces considérables, et qui surpassent même en nombre celles qu'on suppose à l'ennemi. Nos troupes se lient, du côté de Berg-op-Zoom, au corps d'armée que commande Sa Majesté le roi de Hollande en personne, tandis que la gauche se prolonge le long de l'Escaut, depuis Anvers jusques et y compris l'ile de Cadzan, et couvrent ainsi notre frontière du Nord. Les Anglais n'ont point encore mis le pied sur le sol français

Mais de nouveaux convois de bâtiments venant des ports de l'Angleterre, annoncent que l'ennemi rassemble dans l'Escaut oriental toutes les forces qu'il a pu ramasser, pour vaincre, par son opiniâtreté et par de nouveaux efforts, les obstacles qui l'ont tenu en échec dans les îles de la Zélande.

On pourrait se demander ce que les Anglais espèrent obtenir de leurs efforts? Prendront-ils Flessingue? cette place est dans un bon état de défense; s'empareront-ils de l'escadre? les dispositions habilement exécutées par l'amiral qui commande la flotte, lui ont permis de prendre une position devant Anvers, qui réunit les moyens de la terre et de la mer pour la défense de cette place. Mais si les Anglais avaient des succès, ils pourraient retarder la paix, violer notre terri

toire, et nuire essentiellement à nos alliés, dont la cause est la nôtre.

SA MAJESTÉ L'EMPEREUR ET ROI est persuadée qu'après avoir fait respecter ses armes dans toutes les parties du monde, les Français ne se laisseront pas insulter chez eux, pendant son absence, par vingt-cinq ou trente mille Anglais.

Dans cette circonstance, l'EMPEREUR a confié à M. le maréchal prince de Ponte-Corvo le commandement de la nouvelle armée du Nord, et elle a confié celui de deux corps d'observation, qui se forment en ce moment à Wesel et à Lille, au maréchal duc de Valmy et au maréchal duc de Conegliano.

Cette situation des choses intéresse de trop près l'honnenr national pour ne pas imposer l'obligation de requérir et d'appeler momentanément dans les rangs de l'armée du Nord de nombreux corps de grenadiers et de chasseurs de la garde nationale de quelques départements, pour concourir à repousser loin du territoire français et à chasser de la Hollande les bandes ennemies.

Plusieurs départements sont naturellement appelés à prendre part à cette expédition, quoique les plus rapprochés de la frontière, tels que les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Lys, aient semblé réclamer pour eux seuls cet honneur, si l'on en juge par l'extrême empressement qu'ils ont mis à organiser les cohortes de leurs gardes nationales, et à les transporter sur la frontière menacée.

Le département du Nord a déjà envoyé sur l'Escaut plusieurs mille grenadiers et chasseurs de sa garde nationale, et des compagnies de canonniers volontaires, qui jadis défendirent si glorieusement la place de Lille contre les efforts impuissants de l'ennemi. Il en est de même du département du Pas-de-Calais et de celui de la Lys.

L'ennemi frémira sans doute lorsqu'il verra tant de forces accourues de divers points de l'empire, prêtes à le combattre avec acharnement et à l'envelopper s'il osait mettre le pied sur le territoire français; l'élan de la nation entière contre son éternel ennemi ôtera sans doute pour toujours aux Anglais l'espérance de réussir dans de pareilles entreprises, et mettra peut-être un frein à leur haine contre le peuple français par l'impossibilité de jamais la satisfaire.

Le ministre de la guerre,

[blocks in formation]

ayant resté comme de coutume dans leurs ports pendant que leurs alliés se sont fait battre ?

En supposant que cette grande expédition soit donc pour l'Escaut, j'ai supposé qu'elle pouvait sortir des Dunes vers huit heures du soir, et arriver en présence des îles entre une et deux heures du matin, vu le peu de distance, et faire de suite leurs préparatifs de descente, qui peuvent être effectués en cinq à six heures.

Ne pouvant être prévenu qu'au jour, je fais nes dispositions en conséquence, et j'envoie une ordonnance à Ecloo pour faire partir les dix brigades qui s'y trouvent. Il faut à peu près douze heures du départ de l'ordonnance à leur arrivée dans l'ile, et plus de vingt-quatre pour ceux de Gand.

J'ai cru, dans ces circonstances, devoir ordonner aux officiers du génie d'achever la fermeture de la batterie impériale; ce poste sera défendu avec la plus grande vigueur, puisqu'il défend la passe. Ysendyck pouvant soutenir longtemps les efforts de l'ennemi, une partie des magasíns de subsistances et de la manutention s'y trouvant, j'y ai fait porter aussi des munitions de guerre pour l'artillerie qui s'y trouve.

En parcourant l'île, je me suis convaincu que même quatre mille hommes suffiraient pour s'opposer aux succès de douze mille ennemis. Extrait de la correspondance du ministre de la guerre, reçue à Paris, le 30 juillet 1809.

:

M. le général Monnet, commandant à Flessingue, mande sous la date du 26 juillet « que le 23 de ce mois, on a signalé 2 bricks, 4 cutters 2 lougres, un schoner et une frégate anglaise à l'ancre près de Steediep; que le 24, il y avait en vue de Walcheren 1 frégate, 4 bricks, 2 schoners, 6 cutters et 2 lougres anglais, et que la frégate et les 4 bricks étaient à l'ancre près de West-Pust; que le 25, on a signalé une frégate, 4 bricks, 2 schoners, 8 cutters et 2 lougres anglais, tant à l'ancre que croisant autour de l'ile de Walcheren. Il annonce que cette augmentation de la croisière ne provient que de l'apparition de 4 vaisseaux français de l'escadre de l'Escaut, qui, depuis quelques jours, manœuvrent pour l'instruction des équipages jusqu'à l'embouchure de ce fleuve, opération qui durera pendant toute la belle saison, et il ajoute, qu'il ne serait pas étonné qu'avant peu il y eût des vaisseaux de ligne anglais en vue de l'île. Il mande également, qu'il est instruit, que l'embargo général mis dans les ports d'Angleterre vient d'être levé, et qu'il n'a point de nouvelles des deux expéditions en partance. »

Il donne avis, sous la même date, que le lieutenant général hollandais Bruce a reçu, il y a deux jours, un faux avis de ses postes, qui lui indiquait que « l'ennemi allait débarquer, et que ce général est parti subitement pendant la nuit avec cent hommes sans le prévenir du renseignement qu'il avait reçu; qu'il lui en fait des reproches, d'autant plus fondés, qu'ils s'étaient promis réciproquement de s'entendre sur toutes les opérations militaires; que si ce général l'eût consulté, il n'eût pas fait cette fausse démarche, parce qu'elle ne se conciliait pas avec la marée qui est la boussole des débarquements; il représente que, d'après la situation du camp et la force des troupes qu'il y a placées, il ne redoute point une surprise de l'ennemi. »

M. le général Sainte-Suzanne, commandant à Boulogne, par une dépêche télégraphique de Boulogne, le 29 juillet, après-midi, rend compte,

que Flessingue a signalé dans la matinée 62 bâtiments anglais, dont 2 vaisseaux, 4 frégates, 36 corvettes et 20 transports qui étaient mouillés dans l'ouest 1/4 nord-ouest à la distance d'environ sept lieues, et que l'ennemi a des troupes de débarquement. »

:

Par une autre dépêche du même jour, au soir, il informe que les signaux de côtes annoncent que les bâtiments ennemis qui étaient mouillés dans l'ouest 1/4 nord-ouest de Flessingue, ont appareillé, qu'ils ont couru au nord, et qu'ils se sont approchés de terre. »

M. le général Chambarlhac, commandant la 24e division militaire, par une dépêche télégraphique de Gand, du 29 juillet, à 6 heures du soir, transmise de Bruxelles, le 30 au matin, annonce : «que 50 à 60 bâtiments anglais sont à l'ancre au large de Blankenberg, et qu'il prend les mesures nécessaires pour repousser l'ennemi en cas d'attaque.

[ocr errors]

Extrait de la correspondance du ministre de la guerre, reçue le 1er août 1809.

M. le général Chambarlhac, commandant la 24 division militaire, annonce de Gand, le 29 juillet « que six péniches ou cutters anglais sont venus sonder tous les environs des embouchures de la plage dite Marché aux Chevaux, entre la batterie Desaix et celle de gauche. »>

Il informe que les vaisseaux de notre flotte qui étaient devant Flessingue, ont remonté l'Escaut et repris leur position. »

M. le général Lamorlière, commandant la 15 division militaire, rend compte du Havre le 30 juillet « qu'il vient d'être informé qu'une flotte anglaise, composé de 9 vaisseaux de guerre, 5 frégates, 4 corvettes, et 250 bâtiments de transport, ayant des troupes de débarquement, a été signalée le 29 dans l'ouest-nord-ouest de Dunkerque, sous voiles, et à douze lieues de distance. » Il mande « qu'il a pris les mesures pour arrêter et prévenir toute tentative sur les côtés de la 15e division. »

M. le général sénateur Sainte-Suzanne, commandant à Boulogne, donne avis, par une dépêche télégraphique de ce jour : « que malgré que sa santé soit très-mauvaise, il gardera le commandement jusqu'à la dernière extrémité, et que le général Rampon arrive aujourd'hui (fer août) à Gand.»

M. le général Chambarlhac, commandant la 24e division militaire, par une dépêche télégraphique de la batterie Napoléon, le 31 juillet, annonce, que l'ennemi a débarqué cinq mille hommes à Walcheren; qu'il est sur le point d'être attaqué dans l'ile de Cadzan. »>

M. le général Sainte-Suzanne, commandant à Boulogne, par une dépêche télégraphique du 31 juillet après midi, arrivée le 1er août, fait part « que 80 des bâtiments qui étaient le 31 juillet au matin dans les Dunes, ont appareillé à sept heures un quart par un vent sud-ouest, sous l'escorte de 2 bricks, 3 cutters et un lougre, et ont louvoyé à l'ouest; qu'à la même heure, une frégate a appareillé des Dunes, et s'est dirigée vers le nord-est; et qu'à une heure, les 80 bâtiments louvoyaient à l'ouest à la vue de Boulogne. »

M. le général commandant la 16e division militaire annonce également par la même voie du télégraphe de Lille le 1er août : « qu'il a fait partir pour l'ile de Cadzan les nombreuses gardes nationales du département du Nord; et celles déjà rassemblées depuis quatre mois à Saint-Omer, vont partir en poste pour la même destination. »

[blocks in formation]

seaux.

Le général Osten, à qui j'avais donné l'ordre de suivre avec sa brigade les mouvements de l'ennemi, et qui avait bivouaqué à Brie-Zandt, se trouva en sa présence, et l'affaire s'engagea. Mais, l'ennemi opposant des forces très-supérieures, et menaçant de tourner la brigade du général Osten, ce dernier exécuta les ordres que je lui avais donnés et opéra sa retraite sur Flessingue par Seroskerke et les glacis de Midelburg. Ce général occupe maintenant les positions suivantes en avant de Flessingue: Il s'appuie, d'une part, à Dishok, et, de l'autre, au fort de Rammekens, son centre à La Belle, à une lieue de distance dé Flessingue.

J'ai vu, ce matin à quatre heures, la brigade du général Osten. Je ne puis vous rendre un compte exact des pertes qu'elle a éprouvées. J'attends un rapport détaillé à cet égard. J'aurai l'honneur de l'adresser à Votre Excellence.

L'ennemi, ce matin, menaçait trois points à la fois celui sur lequel il a débarqué, Vest-Capelle et Flessingue; ce qui m'a empêché de me porter sur le point réel du débarquement, et retenu à Flessingue, le considérant comme le plus important.

Les cent voiles mouillées devant Flessingue ne se sont pas éloignées un seul instant; et font, dans ce moment, des mouvements pour se diriger sur Flessingue ou sur l'ile de Cadzan. Les batteries de Cadzan tirent, et, de mon côté, je fais tout disposer du côté de la mer pour combattre l'ennemi.

Les forces de terre de l'ennemi se sont concentrées à peu de distance de Midelburg: elles se montent, d'après les différents rapports que j'ai reçus, à quinze à dix-huit mille hommes.

L'ennemi bombarde la place de Terveere, où le lieutenant général Bruce s'est retiré après avoir évacué le fort de Haak, dont l'ennemi s'était emparé.

Copie du rapport du ministre de la guerre à
S. M. L'EMPEREUR ET ROI.

Du 1er août 1809.

J'ai eu l'honneur de rendre compte à l'EMPEREUR, par un rapport en date du 31 juillet, de l'apparition et du mouvement d'une flotte ennemie du côté de Flessingue, et des mesures prises jusqu'à ce moment pour la défense de l'Escaut.

Je me suis concerté ce matin avec le ministre de la marine, et il a jugé nécessaire, ainsi que moi, de faire diriger provisoirement sur l'Escaut et sur Boulogne tout les renforts qui pourraient être tirés de la garnison de Paris.

En conséquence, j'ai chargé le général Hulin de faire diriger dans la journée les demi-brigades de réserve, moitié sur Luzarches et moitié sur Senlis.

Ces troupes trouveront à leur arrivée à Luzarches et à Senlis des voitures destinées à les transporter à leur destination. Celles qui vont à Boulogne y seront rendues le 4 août. Les demi

brigades qui vont de Senlis à Gand, arriveront le 5 août, pour se rendre de là sur l'Escaut.

J'ai également donné des ordres pour faire arriver sur les côtes de Boulogne plusieurs bataillons et plusieurs escadrons de la 2e division militaire.

Tous les ordres venaient d'être expédiés, lorsque j'ai reçu une dépêche télégraphique du général Sainte-Suzanne, qui m'annonce qu'il a fait diriger en poste sur l'ile de Cadzan les gardes nationales du département du Nord, indépendamment de celles aux ordres du général Rampon, qui sont en marche pour la inême destination.

D'après ces dispositions, la force des troupes. employées sur la côte sera, d'ici à trois jours, très-considérable, non compris la gendarmerie et les compagnies de réserve, et les préposés aux douanes qui sont appelés. Indépendamment de ces forces, je fais réunir dans les 24, 16, 2e et 4* divisions militaires, des bataillons et escadrons provisoires qui seront dirigés en poste, faisant triple étape par jour, sur Anvers.

J'ai chargé le général d'artillerie Saint-Laurent, dont la santé est rétablie, et qui se trouve en ce moment disponible à Paris, de se rendre en poste à Anvers, et de là sur l'Escaut et dans l'île de Cadzan, pour diriger le service de l'artillerie, et s'assurer de l'état des batteries et de leur approvisionnement.

Il est également chargé d'inspecter l'artillerie des côtes de la 10e division militaire du camp de Boulogne, et de donner tous les ordres nécessaires pour y assurer le service dans toutes ses parties.

Indépendamment des forces employées entre la Somme et l'Escaut, tout est disposé dans la 15e division militaire, d'après les ordres que j'ai donnés précédemment et que j'ai renouvelés en dernier lieu, pour faire mettre sur pied, au premier ordre, un corps de six mille gardes nationales d'élite tirées des légions qui avoisinent la côte, et qui doivent se réunir sur les quatres points principaux de la côte, tels que le Havre, Fécamp, Dieppe et Saint-Valery, non compris une forte réserve destinée à se porter sur le point d'attaque qui serait plus particulièrement menacé par l'ennemi.

J'ai également donné tous les ordres et instructons nécessaires pour la défense des côtes, depuis le Havre jusqu'à Bayonne.

J'aurai l'honneur de rendre compte à SA MAJESTÉ du résultat des mesures prises pour repousser les attaques de l'ennemi du côté de l'Escaut, aussitôt que les généraux m'auront fait parvenir leurs rapports.

:

Le ministre de la guerre,
Signe Comte D'HUNEBOURG.

Un rapport d'un agent comptable, M. Baillehache, en date du 4 août, donne des détails sur ce qui a suivi la défection du commandant du fort de Batz. La garnison venait d'abandonner le fort, et les Anglais n'étaient qu'à un quart de lieue les canons n'étaient pas tous encloués: cet agent, aidé de quelques marins et trouvant de bonnes dispositions dans des paysans hollandais, a réussi à renverser les deux batteries du fort, de manière à empêcher les Anglais de tirer sur aucun des bâtiments de l'escadre. L'opération était difficile et hasardeuse : le zèle supplée au petit nombre d'hommes; en moins de trois heures les batteries furent détruites, ainsi que tout ce qui, dans le fort, eût pu servir aux Anglais quelques minutes plus tard, les travailleurs étaient prisonniers ils étaient à peine embarqués, que l'Anglais

[ocr errors][ocr errors]

entrait dans le fort, évacué sans résistance et sans précaution par le cómmandant, le général Bruce. Copie de la lettre de M. le lieutenant général Tarayre, datée de Berg-op-Zoom, le 3 aout 1809, adressée à M. le général Fauconnet à Anvers.

Monsieur le général,

La nouvelle que je vous ai fait donner, hier, par mon aide de camp, n'était que trop vraie. A peine arrivé à Berg-op-Zoom, le lieutenant général Bruce, qui commandait à Batz, s'est présenté aux portes; mais sachant qu'il avait évacué lâchement fe fort qui lui était confié, sans tirer un coup de canon ni un coup de fusil, et même sans avoir vu l'ennemi, qui n'est entré à Batz que trois heures après qu'il l'eût évacué, je lui ai fait défendre la porte de la ville et n'ai pas voulu le voir; mais j'ai gardé la garnison qui était sous ses ordres. Il se trouve parmi quelques Français dont je fais former un détachement que je dirigerai de suite sur Anvers.

Le lieutenant général Bruce n'était pas sous mes ordres, mais je lui avais envoyé des avis qui lui faisaient connaître toute l'importance du fort de Batz, qu'il avait promis de défendre à outrance. Je lui avais envoyé des munitions et des vivres, et au moment où il évacuait Batz il y avait cent hommes d'embarqués pour aller le renforcer. Je n'ai donc pu prévoir ni parer la lâcheté du général Bruce, quí, j'espère, ne restera pas impunie.

Aussitôt que j'ai appris l'évacuation de Batz, j'ai envoyé des troupes dans les villages de Waensdrecht, Hogerheide et Assendrecht, qui font des reconnaissances tout le long de la côte.

Copie du rapport du ministre de la guerre à
S. M. L'EMPEREUR ET ROI.

Paris, le 2 août 1809.

J'ai eu l'honneur de rendre compte à l'EMPEREUR par un rapport du 31 juillet, de l'apparition subite de deux cent quatorze voiles ennemies, à l'embouchure de l'Escaut, et des mesures qui avaient été provisoirement prises pour renforcer la garnison de l'ile de Cadzan, ainsi que les autres points qui paraissaient alors menacés par l'ennemi.

J'ai eu également l'honneur de rendre compte à SA MAJESTÉ, par mon rapport en date du 1er août, des ordres qui avaient été donnés, d'après dé nouveaux renseignements, sur le but de cette expédition de l'ennemi, pour faire parvenir de nouveaux renforts sur l'Escaut.

Il résulte de ces dispositions que le général Rampon, qui a dû arriver hier fer août à Gand, a sous ses ordres environ quarante mille hommes, indépendamment de la gendarmerie, des préposés des douanes, des gardes forestiers, des compagnies de réserve, etc., qui ont dû être appelés à la défense de l'escadre de SA MAJESTÉ ainsi que j'en ai donné l'ordre. Les routes sont couvertes de troupes.

Il paraît, d'après une dépêche qui m'a été adressée de Flessingue, le 31 juillet, par le général Monnet, que l'ennemi est parvenu, dans la journée du 30, à jeter quinze à dix-huit mille hommes dans l'ile de Walcheren, et que le lieutenant général hollandais Bruce a évacué le fort du Haak, et s'est retiré à Terwere.

Le général de brigade Osten,qui s'était porté avec mille six cents hommes pour observer le débarquement de l'ennemi, a dû se replier sur Flessingue.

Aussitôt que j'ai eu connaissance de cet événenement, je me suis empressé d'expédier l'ordre au général Rampon de faire passer au général Monnet tous les secours dont il aurait besoin pour

|

assurer Flessingue. Six mille hommes paraissent suffisants.

J'ai informé le général Monnet de cette disposition, en lui rappelant les ordres et instructions qu'il avait reçus de SA MAJESTÉ, sur la conduite qu'il avait à tenir, suivant les circonstances, pour empêcher l'ennemi de prendre position dans l'ile de Walcheren.

Le général Sainte-Suzanne m'ayant informé par une dépêche télégraphique, en date du 1er août, que malgré sa mauvaise santé, il était résolu à conserver le commandement qui lui avait été confié par SA MAJESTÉ, j'ai informé de cette disposition le général Rampon, en lui faisant connaître qu'il était spécialement chargé du commandement des troupes réunies sur l'Escaut, et qu'il devait correspondre avec le général Sainte-Suzanne, qui demeurait chargé du commandement du camp de Boulogne.

J'ai expressément recommandé au général Rampon de s'entendre avec les généraux hollandais; et j'ai en même temps appelé son attention sur la place et les chantiers d'Anvers en lui recommandant de prendre toutes les mesures nécessaires pour en défendre les approches.

J'ai informé de ces dispositions les généraux Chambarlhac et Monnet, afin de les mettre à portée de seconder les opérations du général Rampon, pour protéger l'escadre de SA MAJESTÉ, et défendre l'Escaut et Anvers.

Le général Rampon me marque que toutes les troupes sont animées du meilleur esprit, et qu'elles se sont portées avec rapidité sur l'Escaut, aux cris répétés de vive l'Empereur!

Le général Olivier, commandant la 16 division militaire, a dirigé lui-même sur l'île de Cadzan les gardes nationales, et les compagnies de canonniers des grades nationales de Lille et de Dunkerque, avec de l'artillerie. Il a joint à cette colonne le bataillon de la 16e division militaire, ainsi que tous les détachements qu'il a pu tirer des différentes garnisons.

Lettre du ministre de la guerre à S. M. L'EMPEREUR ET ROI.

[blocks in formation]

Monseigneur,

Votre Excellence est sans doute instruite par MM. les généraux Monnet et Chambarlhac de la descente que les Anglais ont effectuée dans l'ile de Walcheren, et des progrès qu'ils ont faits en Zélande, puisqu'on assure qu'ils se sont emparés de Midlebourg. J'ai pris les mesures que j'ai jugées nécessaires pour m'opposer momentanément aux tentatives de débarquement que l'ennemi pourrait faire sur la rive droite de l'Escaut. Je me suis, en conséquence, concerté aujourd'hui sur le terrain même avec M. le commandant des troupes de S. M. le roi de Hollande. Nous sommes convenus de notre ligne de défense, que je fais occuper de

« PreviousContinue »