A FUSCUS ARISTIUS. L'homme irréprochable en sa vie, Que le crime aux remords n'a jamais condamné, Sans emprunter à la Mauritanie Ou son carquois empoisonné, Ou son arc, ou sa flèche impie, Des Syrtes sans effroi peut traverser les feux, Ou la cime inhospitalière Du triste Caucase, ou la terre Que caresse en son cours l'Hydaspe fabuleux. Je l'éprouvai, Fuscus : dans la forêt voisine Je marchais au hasard, de soucis dégagé, Et dans mes vers chantant ma Lalagé; A mon aspect, un loup s'enfuit loin de Sabine. D'aucune arme pourtant je n'étais protégé, Et jamais dans ses bois l'Apulie intrépide, Jamais dans ses déserts affreux, Des lions la nourrice aride, L'Afrique, n'enfanta rien de plus monstrueux. Pone me pigris ubi nulla campis Arbor æstiva recreatur aura, Quod latus mundi nebulæ malusque Jupiter urget; Pone sub curru nimium propinqui Dulce ridentem Lalagen amabo, Transportez-moi dans ces champs paresseux, Où jamais des vents amoureux Nul arbre ne reçoit la caresse féconde, Climat glacé, triste côté du monde, Qu'engourdit un ciel rigoureux; Jetez-moi sur ces bords que le soleil inonde, Où nul mortel n'ose affronter ses feux : Partout de Lalagé je chérirai l'image, Partout son doux souris, partout son doux langage. CARMEN XXIV. AD VIRGILIUM. Quis desiderio sit pudor aut modus Ergo Quintilium perpetuus sopor Quando ullum inveniet parem? Multis ille bonis flebilis occidit; Quid? si Threicio blandius Orpheo A VIRGILE. Pleurons, pleurons sans honte une tête si chère ! Inspire-moi de lugubres accents, O Muse des douleurs, toi qui du dieu ton père, Justice, Honneur, Vérité sainte et belle, Où retrouver un cœur qui vous soit plus fidèle? Virgile, et vainement ton amitié rebelle Une ombre vaine, alors qu'en sa rigueur, |