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la partie contraire, où qu'elles furent rescouyes1 de la garnison dudict Gembloux, et aultre fois plusieurs religieuses reprinses mennées jusques à Bruxelles et rançonnées à leur grandz intéretz) elles auroient esté constrainctes quitter et habandonner leurdict monastère et petis biens, et se retirer en la ville de Namur aux Grises Sœurs, où qu'elles ont vescu en grandes ténuitez, en partie d'aulmousnes et bienfaictz de bonne gens et en partie de leur petis labeurs manuelz, habandonnant leurdict monastère et biens, bois, labeurs, haies, viviers, censes, mollin et aultres biens, dont elles avoient accostummé de vivre et s'entretenir au sainct service divin, à la proie, prinse et volunté des ennemis et d'aultres gens de guerre, et qu'elles sont esté constraintes demourer hors de leurdicte maison et biens jusques à la réconciliation de la ville d'Ampvers, le temps d'environ vii à viii ans, tellement que après ladicte réconciliation pour elles remettre au saint service divin et aussy remettre la main à leur biens, labeur et aultrement, par très-grande nécessité, elles ont prins la hardiesse revenir et rentrer en leurdicte maison conventuèle, laquelle elles troeuvent de toutes partes désolée, dévalisée et dérompue par les sectaires, leur terres et labeurs en tryz incultivés, viviers désertz, plains d'espinnes et bois, mollin dérompu, les édifices de leur censes dévalisez; de manière qu'estant ainsy revenues, elles ne trouvent moïen de vivre et elles entretenir au sainct service divin, ny de quoy pour peu à peu remettre la main à leur labeur et réparations des ruynnes de leursdicts petis biens; et, qui plus et pis est, craingnent journèlement aultres passans et rapassans ad cause de leurdicte maison située près du chemin allant de Namur à Bruxelles et aultres villes réconciliées, nonobstant que Vostredicte Altèze les ent auroit affranchy par ses lettres de saulvegarde, lesquelles les

1) Rescouyr, recouvrer, récupérer. ROCQUEFORT, Glossaire de la langue

romane.

2) Cette réconciliation se fit en septembre 1585.

gens de guerre tiennent en nonchaillance, disant icelles estre assopises comme estant données passé environ deux ans. Et pour ce que la vocation de pouvres femmes religieuses n'est d'estre inquiétées par logement de gens de guerre, là que la pauvreté est tant grande et extrême, et qu'icelles n'ont moïen de vivre et s'entretenir, icelles se retirent en toute humilité vers Vostredicte Altèze, la suppliant, pour l'honneur de Dieu, que pour elles aider à vivre et prendre tant plus grand courage au service de Dieu et subvenir à leur tant grandes nécessitez, plaise à icelle leur conférer et donner quelque aulmousne à la charge de Sa Majesté, considérant leurdicte maison estre d'anchienne fondation, et signamment leur renouveller voz lettres de saulvegarde bien estroictement, pour elles povoir demourer en paix et quiétude en leur pouvre maison au service de Dieu. Quoy faisant, elles seront obligées de tant plus ferventement prier Dieu pour la prospérité de Sa Majesté et de Vostredicte Altèze.

Le document est apostille, en marge, dans les termes suirants: Fiant lettres de sauvegarde de lieu sainct in forma, et pour le surplus se face aprez requeste à part. Faict en Anvers le 15 septembre 1585.

Papiers d'État et de l'audience, liasse no 246, aux Archives générales du Royaume. La copie de ce document nous a été communiquée par M. Van Rossum, sous-chef de section aux Archives générales du Royaume.

SUPPLIQUE DES RELIGIEUSES DE L'ABBAYE DE BEAU-PRÉ, POUR ÊTRE EXEMPTES DES LOGEMENTS MILITAIRES.

Septembre 1585.

A Son Altèze.

Remonstrent en toute humilité abbesse, dame et couvent de l'abbaye de Beaulprés sur la Lis comme durant ces guerres

ANALECTES X.

15

civiles ont esté contrainctz par les invasions des ennemis. d'abandonner leur couvent et se retirer ès villes d'Arthois, y ayant vescu en fort petit estat l'espace de cincq à six ans, perdant le peu de revenu de leur maison pour estre situé la meilleure partye en Flandres, davantaige que leur monastère at par diverses fois esté pillé, saccagé et en la fin bruslé, de sorte que pour le présent ne se peuvent maintenir qu'en grand difficultez. Ce nonobstant leur povre estat que dessus, les bailly, eschevins de la Gorgue et paroisse d'icelle, lorsqu'il passe quelque gendarmerie logeant illecq, ne délaissent leur envoyer tousjours bonne portion à leurs fraiz et despens sans aulcun respect. Qui est cause que lesdicts supplians se retirent vers Vostre Altèze, la suppliant très-humblement qu'en considération de ce que dessus icelle soit servye leur accorder lettres de sauvegarde, ensemble ordonner auxdicts de la Gorgue que d'ores en avant ils n'ayent à fourier ny loger aulcuns souldartz en ladicte abbaye, ains les exempter, veu qu'ilz n'ont droict aulcun de ce faire, joinct qu'il n'est honneste de loger souldartz ès couvents de religieuses.

Quoy faisant, seront lesdictes suppliantes de tant plus obligez (comme font journèlement) à prier Dieu pour la longue vie et prospérité de Vostre Altèze.

Apostille [Fiant] lettres de affranchissement de logement informa de lieu de religion de femmes. Faict à Anvers, le 30 septembre 1585.

Papiers d'État et de l'audience, liasse no 246, aux Archives générales du Royaume. La copie de ce document nous a été communiquée par M. Van Rossum, sous-chef de section aux Archives générales du Royaume.

LES AUGUSTINS DE TIRLEMONT PRIENT LES ARCHIDUCS ALBERT ET ISABELLE DE VOULOIR POSER OU FAIRE POSER LA PREMIÈRE PIERRE DE LEUR COUVENT.

Mars ou avril 1620.

A Leurs Altèzes Sérénissimes.

Remonstrent en toute humilité à Voz Altèzes Sérénissimes les prieur et religieux de l'ordre de Sainct-Augustin en vostre ville de Tillemont qu'iceux estans receus en icelle ville depuis quelques années en cà tant seullement, afin d'y enseigner la jeunesse et s'occuper aux vocations religieuses, ils n'ont pas encore les moyens pour y commencer quelques bastimens. Et comme ainsi soit qu'ils désirent pour l'esté prochain jetter les fondemens de leur maison ou couvent, pour y tant mieux servir Dieu et s'employer à l'instruction du peuple et de la jeunesse par les functions de leur ordre : c'est pourquoy ilz supplient que le bon plaisir de Voz Altèzes Sérénissimes soit de vouloir mettre, ou faire mettre en leurs noms, la première pierre de ladicte maison ou couvent nouveau. Au moyen de quoy les remonstrans ressentans de cet honneur prieront continuelle ment Dieu pour la santé et longue vie de Voz Altèzes Sérénissimes, etc.

Papiers d'État et de l'audience, liasse no 511, aux Archives générales du Royaume. La copie de ce document nous a été communiquée par M. Van Rossum, sous-chef de section aux Archives générales du Royaume.

NOTES RELATIVES AUX COMMANDERIES DE WALSBERGEN ET DE BINCKOM, DE L'ORDRE DE SAINT-JEAN-DE-JÉRUSALEM.

Malgré l'excellent travail d'Émile Gachet, intitulé : Essai sur le baillage d'Avalterre et sur les commanderies de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en Belgique, inséré dans le Compte rendu de la commission royale d'histoire (1 série, tome XV), l'histoire des célèbres chevaliers de Saint-Jean dans nos contrées demeure entourée de ténèbres. Quand les Bénédictins publiaient leurs vastes et doctes travaux sur les ordres religieux, l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem était devenu presque exclusivement militaire et profane. C'est sans doute pour ce motif que son histoire n'a pas trouvé place dans leurs publications. Il eût cependant été équitable detenir compte des premiers siècles d'existence de ces chevaliers, lorsqu'ils étaient des religieux plutôt que des soldats. Car, comme le dit très-bien M. Gachet, -considérées au point de vue religieux, les commanderies, avec leurs maîtres, leurs frères chevaliers, leurs chapelains et leurs frères d'obédience, étaient, dès l'origine, de véritables maisons conventuelles qui pouvaient être parfaitement assimilées aux abbayes des autres ordres religieux. >>

Il y a donc encore une lacune à combler dans nos annales ecclésiastiques. Voulant contribuer, selon nos faibles moyens, à élucider l'histoire des ordres militaires en Belgique, nous offrons ici au lecteur quelques notes relatives à la maison de Walsbergen, ainsi qu'un document curieux concernant Binckom.

Nous ferons remarquer tout d'abord qu'en 1773 on

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